FESTIVAL INTERNATIONAL DE LA ROQUE D'ANTHÉRON
Trente-trois ans de Festival international de Piano de la Roque d’Anthéron, un
mois
de plein piano dans le plein de l'été :
20 juillet/ 20 août 2013. Il bat son plein et le cœur bat la chamade de ce programme riche, varié programme et, désormais, en lieux.
Répétons-le,
réduire le Festival de Piano de La Roque d’Anthéron à quelques
feuillets, c’est résumer la forêt à un arbre et l’arbre à une
feuille : près d'une centaine de
concerts en un mois, plus de 400
artistes ; le clavier dans tous états, du clavecin au
piano-forte en passant par l’orgue et l’organe vocal de chœurs,
le jazz, les ensembles concertants, symphoniques… L’aristocratie
mondiale du clavier démocratiquement offerte en un éventail qui
embrasse de la musique baroque à la contemporaine en divers lieux,
mais une atmosphère unique pour des lieux variés.
Conque acoutique |
La
Roque a essaimé dans deux lieux tout aussi naturels : les carrières
de Rognes où règne le jazz et l’Etang des Aulnes, qui se niche
dans un creux de la Crau, à Saint-Martin : la pierre dorée et
l’eau argentée.
Ce
sont les trois points cardinaux de ce festival qui a aussi d’autres
lieux dans les villages provençaux d’alentour, Lourmarin, Cucuron,
Lambesc, Saint-Cannat, Mimet, Gordes, Aix-en-Provence, et désormais,
Marseille,
la Criée (qui a accueilli le 24
juillet à 18h30, Bach et Cage, Francesco
Tristano
au piano, avec le danseur japonais Saburo
Teshigawara, musique
classique et dans contemporaine)
et, le lendemain, le
25,
encore à la Criée, la pianiste chinoise Zhu
Xiao-Mei,
pour un récital Couperin, Scarlatti, Bach et Mozart, à 21 heures. En attendant, le samedi 27, Gregory Sokolov dans un récital Schubert et Beethoven.
Sokolov, la tendresse du roc
Et, ce 28, on croit encore avoir rêvé après ce concert qui défie la parole, qui exigerait le silence de stupéfaction, de la bouché bée, de tout en dire en ne disant mot sauf aux applaudissements, tant la salle comble de la Criée n'a eu qu'un seul cri d'admiration pour saluer ce grand bonhomme qui entre en scène, salue à peine, s'assied au piano et se met à jouer et repartira toujours, entre les parties, avec un bref salut de la tête, sans solliciter des bravos qui fusent automatiquement d'un public éperdu et bouleversé. Les Quatre impromptus opus 90 (D. 899) de Schubert sont distillés, adoucis ou intensifiés de beethovénienne façon, de la caresse à la cravache avec un sens de la clarté, une évidence audible qui en font une redécouverte. Même sentiment d'immédiateté pour une interprétation pourtant si pensée, si construite des Trois Klavierstücke (D. 946). La démesure de la Sonate N°29 en si bémol majeur opus 106, "Hammerklavier" de Beethoven semble trouver sa mesure avec ce maître qui maîtrise magistralement cette œuvre : cinquante minutes sans faille, à défaillir on ne sait plus si d'admiration technique, intellectuelle ou affective. Le grand pianiste semble aussi dans un rêve : on comprend qu'il a malgré tout conscience de la salle à la générosité sans étalage avec laquelle il la récompense par une série brillantissime de bis : après ce programme monstrueux, avec une fraîcheur toute juvénile, il enchaîne sans temps mort six bis, cinq morceaux du XVIIIe siècle, perlés de trilles ailés, d'appogiatures, de traits gracieux semblant couler de source, Scarlatti (?) Couperin, Bach, Rameau… comme pour se reposer et finir par un pathos de Brahms bouleversant. Oui, on pourra dire avec étonnement et bonheur : "J'y étais".
Gregory Sokolov |
Sokolov, la tendresse du roc
Et, ce 28, on croit encore avoir rêvé après ce concert qui défie la parole, qui exigerait le silence de stupéfaction, de la bouché bée, de tout en dire en ne disant mot sauf aux applaudissements, tant la salle comble de la Criée n'a eu qu'un seul cri d'admiration pour saluer ce grand bonhomme qui entre en scène, salue à peine, s'assied au piano et se met à jouer et repartira toujours, entre les parties, avec un bref salut de la tête, sans solliciter des bravos qui fusent automatiquement d'un public éperdu et bouleversé. Les Quatre impromptus opus 90 (D. 899) de Schubert sont distillés, adoucis ou intensifiés de beethovénienne façon, de la caresse à la cravache avec un sens de la clarté, une évidence audible qui en font une redécouverte. Même sentiment d'immédiateté pour une interprétation pourtant si pensée, si construite des Trois Klavierstücke (D. 946). La démesure de la Sonate N°29 en si bémol majeur opus 106, "Hammerklavier" de Beethoven semble trouver sa mesure avec ce maître qui maîtrise magistralement cette œuvre : cinquante minutes sans faille, à défaillir on ne sait plus si d'admiration technique, intellectuelle ou affective. Le grand pianiste semble aussi dans un rêve : on comprend qu'il a malgré tout conscience de la salle à la générosité sans étalage avec laquelle il la récompense par une série brillantissime de bis : après ce programme monstrueux, avec une fraîcheur toute juvénile, il enchaîne sans temps mort six bis, cinq morceaux du XVIIIe siècle, perlés de trilles ailés, d'appogiatures, de traits gracieux semblant couler de source, Scarlatti (?) Couperin, Bach, Rameau… comme pour se reposer et finir par un pathos de Brahms bouleversant. Oui, on pourra dire avec étonnement et bonheur : "J'y étais".
L. Ferrari |
Renaud Capuçon |
Marseille
est encore gâtée puisque l'Opéra
accueillera le 13 août
un concert exceptionnel du grand Daniel
Baremboïm et son orchestre West-Estern Divan au
programme Verdi et Berlioz, avec le label
MP13.
Cet orchestre, qui a son siège à Séville, est né en 1999 de
l'initiative de Daniel Baremboïm, pianiste et chef d'orchestre
israélo-argentin et de l'écrivain chrétien américano-palestinien
Eward
Saïd,
un désir de promouvoir,par la musique, l'harmonie, la paix entre ces
peuples tragiquement affrontés du Moyen-Orient. Il réunie 80 jeunes
musiciens israéliens et arabes des pays voisins mais ennemis,
Israël, Syrie, Liban, Jordanie, Égypte. Son nom, Divan, vient du
recueil de Gœthe West-österlicher
Divan,
'Divan
occidental-oriental',
qui rêvait justement d'harmonie
dans ces régions.
A. Queffélec |
Y. Queffélec |
Ashkenazy, Cassard, Duchâble, Engerer, Keffelec, Planès, Pennetier, Lupu, Richter, Ciccolini, qui y fêta il y a deux ans son 85 e anniversaire, Rigutto, Berezovsky, Lugansky, Magaloff, Sokolov, Pires, Volodos, Freire. Bref, etc, tout le gotha du piano mondial, mais fraternellement ou paternellement ouvert aux jeunes talents : on n’oubliera pas ceux dont les arbres du parc virent les premiers pas ou presque, telle la toute jeunette alors Hélène Grimaud, Angelich, et aujourd’hui Neuburger et autres : car la constellation d’étoiles de premières grandeur du firmament confirmé, s’enrichit chaque année de 30% de jeunes, débutants ou presque, auxquels le festival donne une chance d’envol, d’essor, avec près de cent concerts dont la moitié inédits et des résidences… |
Qui
aurait dit, des premiers 300
spectateurs des concerts du début, qu’ils seraient, quelque trois
décennies plus tard, presque 300
fois plus nombreux ? Ni René
Martin,
le directeur artistique (créateur aussi de
la Folle journées de Nantes
et autres lieux du monde et de désormais rituelle « Folle
Criée » à Marseille), ni feu Paul
Onoratini,
fondateurs, ne pouvaient imaginer l’évidence d’un tel succès,
dont Jean-Pierre
et Michel
Onoratini,
présidents aujourd’hui, se réjouissent tout en veillant
jalousement à garder l’esprit, le génie du lieu, agrandi
mais non grossi
ni alourdi, qui garde, malgré sa jauge désormais de 2000 places, un
caractère intime et bon enfant avec ses bénévoles heureux
d’accueillir ce public large et varié.
N. Freire |
Ce
festival intime et grandiose est fidèle à sa vocation première,
fièrement républicaine : un
art d’élite pour tous.
D’ailleurs, les pelouses du parc, fleuries de nappes, de paniers de
pique-nique avant les concerts, donnent à ce festival, il faut le
redire, un petit air de Glyndebourne populaire, ce fameux festival
anglais où, à l’inverse, ce sont les Rolls-Royce qui débarquent,
avec des valets de pied en grand apparat, la gentry britannique pour
banqueter sur riches nappes blanches et candélabres d’argent,
avant d’aller entendre la musique. À la Roque, concerts pour tous
les goûts et toutes les heures, parfois dès 16 heures selon le
lieu, et les fameuses désormais Nuits
du piano à
thème finissant après minuit : toute la littérature du piano
servie par d’illustres noms qui voisinent donc avec des jeunes
prometteurs.
Notons désormais l'alliance de texte et musique dans certains concerts, récitant et pianiste, instrumentiste, ainsi, ce 23 juillet, sur le parvis de l'église de Lambesc, Renaud Capuçon, violon, Jérôme Ducros, piano et l'Histoire de Babar de Poulenc, par la voix de Laurence Ferrari. Le 31 juillet, même lieu, l'adorable Anne Quéffelec, avec, pour récitant, son frère l'écrivain Yann Queffelec, nous ferons voguer, naviguer, vagabonder, sur les ondes de textes musicaux et littéraires avec leur programme En musique en mer. on se laissera aisément embarquer par ces deux charmeurs talentueux.
Notons désormais l'alliance de texte et musique dans certains concerts, récitant et pianiste, instrumentiste, ainsi, ce 23 juillet, sur le parvis de l'église de Lambesc, Renaud Capuçon, violon, Jérôme Ducros, piano et l'Histoire de Babar de Poulenc, par la voix de Laurence Ferrari. Le 31 juillet, même lieu, l'adorable Anne Quéffelec, avec, pour récitant, son frère l'écrivain Yann Queffelec, nous ferons voguer, naviguer, vagabonder, sur les ondes de textes musicaux et littéraires avec leur programme En musique en mer. on se laissera aisément embarquer par ces deux charmeurs talentueux.
Le
jazz, et la musique électronique, nichent aux carrières de Rognes,
le le clavecin, à l’Abbaye de Silvacane, et le temple de
Lourmarin abritera une Journée Scarlatti. Le Festival international
de Piano de La Roque d’Anthéron, c’est aussi la musique à la
rencontre d’autres arts, la peinture avec, au Musée Granet, un
hommage à Chagall
exposé
actuellement au Musée du Luxembourg.
Un autre habitué du festival, Luis Fernando Pérez, qui y a fait ses
grands débuts, revient avec l'intégrale d'Iberia
d'Albéniz, œuvre dont la difficulté extrême qui n'a d'égale que
sa couleur et sa saveur. Il faut signaler cette musique dans son
disque Verso, Iberia et Navarra, qui fut salué par la grande Alicia de Larrocha qui trouve en lui un digne héritier musical.
Festival de Piano - Parc
du Château de Florans, 13640 La Roque d’Anthéron
Tél : 04 42 50 51 15 -
Télécopie : 04 42 50 46 95
e-mail :
info@festival-piano.com
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