FESTIVAL
DE MARSEILLE,
DE
DANSE ET DES ARTS MULTIPLES
Avec ses dix-huit ans, l'âge de la majorité, sinon de la maturité
qui serait un point limite pour une manifestation qui cherche
toujours un élargissement et une diversification, le Festival
de Marseille, de Danse et des Arts multiples,
s'est fait depuis longtemps sa place parmi les grands festivals
internationaux sous la férule toujours éclairée, curieuse de toute
expression artistique, d'Apolline
Quintrand,
sa directrice.
Sa
vocation première, la danse, a ouvert littéralement et
littérairement le pas, à d'autres expressions artistiques qui
disent, de façon parfois détournée, notre temps, les
interrogations de notre époque, les aspérités souvent cruelles du
quotidien : le
physique parle aussi de métaphysique, le corps, de l'esprit, en
somme, de l'humain. Aristote
disait déjà : « Toute pensée est vie. »
Et
la vie n'est pas que contemplation esthétique mais une éthique à
pratiquer pour peu que le réflexe cède le pas, même le pas de
danse, à la réflexion.
La directrice illustre ce qu'elle appelle son engagement en citant le
dramaturge Valère Novarina
:« Si
nous sommes rassemblés, ce n’est pas pour qu’on nous représente
quelque chose pour la énième fois, mais pour nous laver par le
rire, nous faire renaître par les larmes, nous permettre de
reprendre souffle, nous refaire esprit ».
Nouveauté,
donc, désir d'inédit (pas de « redite »), d'inouï
(jamais « ouï » si possible), mais permanence humaine
dans les deux expressions qui font notre commune et banale vie, rire
et pleur, mais dans le répit, la respiration, le souffle qui est
esprit.
Le
Festival
bat son plein depuis le 19 juin et fermera relativement ses portes au
Silo le 11 juillet : près
de quatre semaines de festival, six créations, sept coproductions et
premières en France, une en Europe.
Entre
Japon et Belgique, de l'est à l'ouest mais posés à Marseille,
Pierre Droulers, Ryoji Ikeda
et
Shiro Takatani
semblent s'être concertés pour interroger la lumière et la
matière.
Ce
dernier a présenté à la Criée Chroma
un
fascinant spectacle, au sens littéral du terme, qui charme comme par
un sortilège, sidérant, qui éblouit jusqu'à l'aveuglement comme
certains astres : un passage de l'ombre à la lumière, de la
lumière à la couleur, de l'informe à la forme, du vide au plein,
un passage des cercles aux lignes, d'une incertaine vie organique à
l'existence organisée, du magmas d'une sorte de soupe cosmique après
un Big bang originel, de l'espace géométrique qui se construit au
lieu humanisé par des meubles, des ameublements, des objets qui ont
sans doute une âme comme les êtres qu'on voit s'agiter dans des
actions quotidiennes, l'élaboration des lettres, les lettres qui donnent les citations, et, enfin jusqu'à un inquiétant éclatement et
effacement après une sorte de cataclysme et de tsunami :
Fukushima nucléaire ?
La
musique, ou, plutôt, les sons, la sonorité : des ondes, des
ondoiements, des ondulations, des vibrations acousmatiques répondant au tremblement de la lumière, qui se
répandent et vont susurrer aux fibres, aux nerfs, des murmures si
amplifiés par la sono qu'ils en perdent la matière sonore pour
n'être ou ne paraître que des limites du son, faisant perdre les
repères entre bruit et silence comme la silhouette qui danse ou se
débat, papillon éperdu, dans une indécise lumière, semble
avoir perdu les repères spatiaux.
Nimbe, halo de lumière, hallucination, halètement du souffle et des sens? Tout se brouille, s'embrouille, s'embrume dans la perception incertaine et l'on ne sait plus de ces mouvantes lignes, stries, traits, barres, raies, de cet univers rectiligne blanc et noir, ce qui bouge, défile, du plateau ou de l'écran en mur du fond : inquiétude au sens propre, 'manque de repos', perpétuel mouvement, d'un univers dont on sent qu'il est rigoureusement géométrique et scientifique, rassurant par la maîtrise technique qu'en possède l'homme et inquiétant, terrifiant, par la technologie qui peut lui échapper un jour d'une science sans conscience. La naissance de la couleur pure devient alors, dans ce sombre univers, une verte espérance technicolor, une assurance de vie, vite démentie par les images angoissantes d'usines désaffectées, ruinées, comme bombardées, et par cette houle de rouleau de mer cataclysmique. Grandeur saisissante d'un spectacle noir puis coloré qui interroge, par la beauté, la laideur de notre monde mais aussi son humanité quotidienne.
Nimbe, halo de lumière, hallucination, halètement du souffle et des sens? Tout se brouille, s'embrouille, s'embrume dans la perception incertaine et l'on ne sait plus de ces mouvantes lignes, stries, traits, barres, raies, de cet univers rectiligne blanc et noir, ce qui bouge, défile, du plateau ou de l'écran en mur du fond : inquiétude au sens propre, 'manque de repos', perpétuel mouvement, d'un univers dont on sent qu'il est rigoureusement géométrique et scientifique, rassurant par la maîtrise technique qu'en possède l'homme et inquiétant, terrifiant, par la technologie qui peut lui échapper un jour d'une science sans conscience. La naissance de la couleur pure devient alors, dans ce sombre univers, une verte espérance technicolor, une assurance de vie, vite démentie par les images angoissantes d'usines désaffectées, ruinées, comme bombardées, et par cette houle de rouleau de mer cataclysmique. Grandeur saisissante d'un spectacle noir puis coloré qui interroge, par la beauté, la laideur de notre monde mais aussi son humanité quotidienne.
Dans
le dernière ligne droite du Festival, on conseillera de n'en pas
rater les derniers éclats : La
Liseuse
/Univers light Oblique de Georges
Appaix,
9
et 10 juillet au studio du GBNM (Grand Ballet National de Marseille)
et, pour finir en beauté,
Gregory
Maqoma,
chorégraphe sud-africain &
Erik Truffaz Quartet
et sa trompette d'or, le 11 juillet au Silo. Avec le
gmem-CNCM-marseille / ce sera la Nuit
Pastré,
une promenade poétique, chorégraphique et musicale dans les jardins
de la villa Pastré, le 12 .
Difficile
de détailler toute la richesse de ce festival. Il vaut mieux en
consulter le programme sur le site
http://festivaldemarseille.com
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