C’est notre Marseillais universel, notre ténor international :
Luca Lombardo, dont l’accent et la voix ensoleillée chantent Marseille avant
même qu’il ne chante, réclamé par les quatre coins cardinaux de l’opéra, de
l’Asie à l’Amérique, de l’Europe à l’Afrique en passant par l’Australie, nous
revient pour ouvrir notre saison lyrique, avec le rôle de Don José de Carmen, qu’il a chanté deux-cent-trente fois dans le monde
dans plus de vingt-cinq productions, la dernière en juillet, à Venise, à la
Fenice, avec la production de cet opéra qui tourne actuellement le plus dans le
monde. Il va l’interpréter enfin chez nous, chez lui, dans cette ville qu’il
n’a jamais quittée malgré ses incessantes tournées, puisqu’il y habite. Avec le
bonheur rare, me confie-t-il, de travailler sur place et de pouvoir se lever le
matin, à six heures, pour préparer le petit déjeuner de son fils adolescent.
Cette douceur familiale, entre femme et fils pour Luca, rare pour le
nomadisme des grands artistes qui sont appelés à chanter partout dans le monde,
l’Opéra de Marseille la lui offrira encore cette saison puisqu’on le réentendra
dans la rare Cléopâtre de
Massenet en juin 2013, en plein dans les célébrations de Marseille Capitale
européenne de la culture.
Certes, Luca Lombardo est loin d’être un inconnu à l’Opéra de
Marseille. Nous l’y avons entendu dans Le Roi d’Ys, Bravo Offenbach, L’Atlantide du grand compositeur marseillais Henri Tomasi, il y a longtemps de cela. Plus près de nous, dans Cavalleria
Rusticana en 2011 auprès d’une
partenaire qu’il a beaucoup retrouvée, notamment dans Carmen à la Bastille, Béatrice Uria-Monzon. Il avait défendu naguère un autre grand compositeur
marseillais, Ernest Reyer, dont la place de l’Opéra porte le nom, en étant un
héroïque Sigurd pas très loin, à Montpellier. Il me confie en souriant que
Sigurd était le nom de son premier chien, preuve d’admiration et d’affection.
Le voilà donc chez nous, chez lui. Il retrouvera dans cette
production de Carmen d’autres
partenaires complices qu’il aime
et apprécie, Anne-Catherine Gillet en
Micaëla, et Jean-François Lapointe
en Escamillo. Après Marseille, il ira au Festival Massenet de Saint-Etienne
défendre la résurrection du Mage,
opéra qu’on avait oublié, avec enregistrement de l’œuvre à la clé par le
Palazzo Bru Zane. Il sera à Lyon dans L’Heure Espagnole de Ravel au Capitole de Toulouse dans Manon, et à l’Opéra National de Paris, dont il est un
habitué, pour Werther et Le
Cid. Enfin, après tant de tournées à l’étranger, un peu chez lui,
Français chantant en France et Marseillais à Marseille, une chance pour nous
que cette escale qu’il nous offre.
C’est qu’il est allé loin, notre jeune Marseillais ! Après un
Bac scientifique et des études de droit, faisant ses premières armes au
Conservatoire de Marseille, il part pour Trévise, près de Venise, et y
travaille avec le maître, C. Thiolas. Puis c’est la suite des lauriers de
plusieurs grands concours de chant lauréat internationaux : Prix Caruso de Milan, Prix Georges Thill, du nom du légendaire ténor français, Concours
des Voix d'Or, Concours Viñas de Barcelone, Concours International d’Opéra de
Marseille en 1987, présidé par
Ernest Blanc.
Il est dès lors aspiré par le succès : les Flandres,
l’Australie, (Sydney, Melbourne), la Suisse, l’Autriche. Il fréquente les plus
prestigieuses salles du monde entier, à Paris, l’Opéra Comique où il alternait
dans Werther avec le légendaire
Alfredo Kraus, l’Opéra Bastille auprès de Plácido Domingo. Il fut aussi à
Bastille le Don José de Carmen,
puis le Hoffmann des Contes, un
de ses meilleurs rôles. Il a fréquenté le Staatsoper de Vienne, le
Festival de Glyndebourne, les Chorégies
d’Orange, en passant par la Scala de Milan où il chanta sous la direction de
Ricardo Muti les rarissimes opéras XVIIIe siècle Lodoiska de Cherubini et La Vestale de Spontini, deux opéras de compositeurs italiens sur
des livrets en français. Luca Lombardo, notre Marseillais, est demandé partout
à l’étranger, comme le meilleur défenseur actuel par l’élégance du chant, la
pureté de la diction, du style français. On lui a même offert le luxe de
chanter les versions originales de la Salomé de Strauss à Nice, sur le texte français d’Oscar
Wilde, et celle du Don Carlos
original de Verdi en Argentine. Il n’est pas abusif de dire que Luca Lombardo
est devenu pratiquement l’identification du chant français pour les rôles
essentiels de ténor : Don José, Hoffmann, Faust, de Gounod et de Berlioz,
Werther…
Il a chanté avec les plus grands chefs, de Casadessus à López Cobos, de Cambreling à Nader Abbassi, sans oublier Ricardo Muti, le patron de la mythique Scala et il a travaillé avec les plus fameux des metteurs en scène. Il garde un excellent souvenir Christoph Marthaler, à la pointe de l’audace, dont la production de Luisa Miller de Verdi, dans laquelle il incarnait Rodolfo, fut sacré meilleur spectacle en Allemagne.
Il a chanté avec les plus grands chefs, de Casadessus à López Cobos, de Cambreling à Nader Abbassi, sans oublier Ricardo Muti, le patron de la mythique Scala et il a travaillé avec les plus fameux des metteurs en scène. Il garde un excellent souvenir Christoph Marthaler, à la pointe de l’audace, dont la production de Luisa Miller de Verdi, dans laquelle il incarnait Rodolfo, fut sacré meilleur spectacle en Allemagne.
S’il a chanté Don José de Carmen au Stade de France devant soixante-douze milles
spectateurs, s’il en est à plus de cinquante Hoffmann, les personnages qu’il a
le plus chantés avec Werther, il a déjà soixante rôles différents à son actif
et en est à trois prises de rôles en moyenne par an sans compter les concerts.
Il a pratiquement chanté tous les rôles célèbres de ténor lyrique italien de
Verdi à Puccini, en passant par le Tamino de La flûte enchantée, pratiquement sa seule incursion dans l’opéra
allemand et La Petite renarde rusée
du tchèque Janacek à l’Opéra Bastille.
Il faut reconnaître qu’il est quelque peu prisonnier de ces rôles
français auxquels on l’identifie et qu’il polit par cette longue fréquentation.
Certes, il les chérit comme il porte au cœur Mario de Tosca, comme il aime Rodolfo de La Bohème, mais il rêve d’autres rôles pour sa voix qui, de
ténor lyrique, évolue vers le lirico spinto plus large et corsée, tels le Des Grieux de Manon
Lescaut (il est réputé pour celui de
Massenet), le Dick Johnson de La fanciulla del west de Puccini, et rêverait d’incarner le poète André
Chénier, vu par Giordano, qui finit sur l’échafaud pendant la Révolution.
Avec cela, Luca Lombardo
révèle une autre face de sa personnalité. S’il avoue vouloir arriver sans idée
préconçue du personnage qu’il doit incarner, même s’il l’a longuement
fréquenté, pour rester ouvert aux propositions du chef et du metteur en scène,
il approfondit toujours l’œuvre qu’il chante en lisant son support littéraire
et les ouvrages qui la concernent, une façon d’en approfondir l’approche. Mais
le cinéma, le sport, le tennis, et le foot pour ce Marseillais, la rencontre
avec ses amis et l’asile de la vie de famille sont des haltes privilégiés dans
le tourbillon de cette belle carrière.
On a plaisir a transcrire ce qu’en disent deux confrères critiques
d’Opéra Magazine :
« Luca Lombardo […]
met sa longue expérience du rôle de Don José au service d'une incarnation de
bout en bout maîtrisée, avec une conduite de la ligne, un naturel dans
l’émission et une conviction dans l’accent qui forcent le respect. » (Richard Martet)
Il faudrait obliger les
élèves des cours de chant à l'écouter pour prendre la mesure de ce qu'est le
style français de demi-caractère, avec l'éclat, le phrasé et la diction qu'il
suppose. (Jacques Bonnaure)
Photos :
1. Portrait par Gilles Swierc;
2. Dans Tosca;
3. Dans Tosca;
4. Dans Carmen à Turin;
5. Dans Carmen à Turin.
1. Portrait par Gilles Swierc;
2. Dans Tosca;
3. Dans Tosca;
4. Dans Carmen à Turin;
5. Dans Carmen à Turin.
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