J'inaugure ici une nouvelle rubrique, la mise en ligne de mes émissions de Radio Dialogue, actualisées éventuellement par les programmes présentées par ces lieux dédiés à la musique. J'y laisse, néanmoins, les mentions des disques les illustrant.
Enregistrement 26/11/2012, passage,
semaine du 3/12/2012
RADIO DIALOGUE (Marseille :
89.9 FM, Aubagne ; Aix-Étang de Berre : 101.9)
« LE BLOG-NOTE DE BENITO » N°69
Lundi : 12h45 et
18h45 ; Samedi : 12h30
CITÉ DE LA MUSIQUE
La Cité de la Musique, en face de l’Arc de Triomphe de la Porte
d’Aix fête ses 20 ans. Foyer pédagogique, c’est une ruche centrale qui rayonne
en huit lieux dans la ville, dispensant l’enseignement la musique à quelque
deux mille-deux-cents élèves. Une riche médiathèque offre un large éventail de
documents musicaux, disques et livres. Elle héberge des associations musicales,
dont sept permanentes, accueille des artistes en résidence qui animent des
ateliers pratiques pour amateurs ou professionnels. Par ailleurs, elle offre
près de deux cents concerts et spectacles par an dans l’Auditorium, la Cave ou
la belle Magalone, bastide du XVIIIe siècle, face au
Corbusier : les musiciens professionnels ou les amateurs y ont leur place.
Par ailleurs, en plus d’être un lieu d’accueil pour la musique dans sa
diversité, c’est un centrede création.
La Cité de la Musique de
Marseille est bien un creuset culturel de norte cité et mérite bien son nom : aucune musique ne lui est
étrangère, d’hier ou d’aujourd’hui, des musiques du monde au jazz, du baroque à
la musique la plus contemporaine.
Une large et variée programmation d’une semaine a célébré ses vingt ans, Jazz et salsa, Musicadeaux, Nuit des musiques du monde et, on retiendra ici le
concert de musique électro-acousmatique du 20 novembre.
Mais c’est quoi, la musique électronique, la musique
acousmatique ? La musique est l’art des sons. Le son est un bruit
hiérarchisé en notes qui deviendra musique. Cette musique contemporaine
reconsidère ces notions. Le compositeur de musique concrète/acousmatique part
de bruits, de sons qu’il enregistre et travaille pour réaliser lui-même sa
création. Le compositeur de musique électroacoustique n'utilise que des sons
générés par des appareils électroniques. La plupart des compositions
électroacoustiques utilisent des sons inaccessibles aux instruments
traditionnels.
Ces sons peuvent inclure des sons concrets, des sons de synthèse ou
produits par ordinateur. Acousmatique et électronique sont bien compatibles. Et
peuvent même se combiner avec un instrument traditionnel. L’interprète, c’est
souvent le compositeur lui-même à la console, qui va diffuser sa bande, avec
une possibilité de nuances presque infinies : il va mettre en scène les images, les paysages sonores qu’il va diffuser
pour le public au travers des haut-parleurs dont la salle est munie. Avec ses
manettes, il peut modeler, moduler les sons, les intensifier, les diminuer, les
mêler, les accélérer, les ralentir. C’est, pour le public, une audition sonore
pure, délivrée de l’anecdote, de la recherche de la source instrumentale du
son. L’écoute échappe au conditionnement culturel de l’orchestre, mais,
évidemment, n’exclut pas la perception psychique et affective de cette musique.
Faute de document sonore du concert de la Cité, sur bandes, j’en
suis réduit à un exemple d’un compositeur italien Marco Stroppa (1959), Traiettoria (1982-84), « Dialoghi » pour piano et
ordinateur :
DISQUE I, Marco
Stroppa, PLAGE 2 (copie de disque du compositeur)
Musique électroacoustique, acousmatique, était donc le facteur
commun de ce programme autour de compositeurs et compositrices qui
ont travaillé souvent ensemble et marqué la jeune histoire de la Cité de la
Musique. Mais loin d’être enclos à Marseille, ils ont aussi couru le monde avec
des œuvres primées pour la plupart aux concours internationaux les plus
renommés. Il faut rappeler que la première classe de musique électronique dans
un conservatoire en France, sous l’impulsion de Pierre Barbizet, fut créée par Marcel Frémiot en 1968, suivie en 69 par la fondation du GMEM, le Groupe de Musique Expérimentale de Marseille par
Georges Bœuf. La Cité n’a pas
manqué d’ouvrir elle aussi sa classe de composition électroacoustique.
Difficile de résumer ce concert si riche dans sa vaste palette avec
deux pôles extrêmes, deux infinis, qu’on pourrait appeler « La pesanteur
et la grâce », la pesanteur sans intention péjorative, disons plutôt la
puissance. Puissance d’une musique qu’on a le sentiment de pouvoir pousser à
l’infini du forte puis diminuer à l’infiniment petit de la perception auditive.
Ainsi, d’un côté, Dolomythes
de Nicolas Bauffe semblait
une éruption volcanique, une convulsion tellurique dans un magmas sonore en
fusion, en confusion de grondements semblant se dissoudre dans une brume ou des
abysses possibles de silence. De l’autre, la douceur étrange, le tendre
roulement, roucoulement, le gazouillis apaisant le fracas, le balancement
vibrant, de Berceuse pour Emmanuel
de Roland Yvanez. Au milieu, le
scintillement doré, très symphonique, du 1er mouvement, « Les
filles du sommeil », de Pluie d’or, Georges Bœuf, qui fait
rêver de Danaé. Tout serait à citer, de Sonate avec Libenké de Marcel Frémiot avec une belle vidéo, l’angoissant Derrière
les murs, pièce acousmatique de Lucie
Prod’homme, qui a créé la
classe de composition électroacoustique de la Cité de la Musique, avec ces cris
de prisonniers des murs ou de la folie, les captivantes partitions graphique Captives de Jacques Diennet, de Vrai(semblable)ment Jean-Pierre Moreau, sans oublier Les amnésiques n'ont rien vécu
d'inoubliable, pour soprano (Laure Florentin) et électroacoustique de Pierre Malbosc, malheureusement disparu en 2003.
Chaque morceau était séparé ou introduit de façon très inventive et
humoristiques par des intermèdes de Pascal Gobin, actuel professeur de la classe de musique
électronique du Conservatoire, aux commandes ici de la console le plus souvent,
Les Fraises avec la complicité de Guy-André
Lagesse et Yves Fravega : sur le thème de « Bon anniversaire ».
Jusqu’au 17 décembre, des concerts divers se succédèrent pour
célébrer ce bel anniversaire.
Mais la musique contemporaine a un spectre très large comme le
prouve ce disque d’une compositrice franco-américaine, Betsy Jolas :
Née à Paris en 1926, formée aux États-Unis avant de revenir
parachever ses études auprès de Milhaud et de Messiaen, Betsy Jolas, insensible
aux courants, a toujours voulu écrire de la belle musique. Pureté, poésie de
ces sons aérés, transparents, oniriques. : le songe du son. Nous écoutons
un extrait du disque,
2) JOLAS : DISQUE 2,
PLAGE 8
Tout aussi éloigné des modes et des chapelles, on
évoquera pour finir notre longtemps concitoyen Lucien Guérinel, compositeur et poète, né à Grasse en 1930, mais
ayant vécu quarante à Marseille avant de s’installer en Bourgogne.Il a composé
quelque cent-vingt œuvres dont témoignent vingt et un disques.
Nous écoutons Contre-champ (1976), un extrait d’un disque Lyrinx.
Au
carrefour du monde, la Cité de la musique de Marseille
Pour le week-end d’ouverture de Marseille/Provence, Capitale
européenne de la culture 2013, le 12 janvier, la Cité ne pouvait refuser sa
« clameur » pour acclamer l’événement, l’avènement. Et qu’est-ce qui
est mieux qu’une sinon deux clameurs quand elles sont ludiques et
mélodiques ? L’une, jazz plus popu que pop, Freedom, lancée au Silo, la nouvelle cathédrale musicale de
la ville, l’autre, élancée sur un ostinato électronique, Clameur
Majeure sur le parvis de la Major,
la vraie cathédrale prédestinée à la musique par ses pierres blanches et noires
comme des touches de clavier.
Après les clameurs, « baletti » et jazz au Silo :
l’orchestre de la Cité, dirigé par Bernard Amrani, y fit danser le public et le Nine spirit Brass Band
de Raphaël Imbert le fit
swinguer.
Cette «Année capitale», la Cité de la Musique va nous la vivre
pleinement. Plus que jamais, elle sera un lieu de passage et d’échanges, fière
de mélanger les genres, les styles. Avec, comme cœur battant, le projet
«Cantates du Monde» qui, mois après mois, accueillera venus d’horizons
différents : Occitanie, Sicile, Italie, Algérie, Grèce, Tunisie, Egypte,
Espagne, Sardaigne… Et Marseille, bien sûr. Plus que jamais, en cette
année 2013, battante «Porte du Sud» et carrefour battant du monde.
La Cité de la Musique se déplace : retrouvez-la au foyer du J1 les jeudis de 15h30 à 16h30 (entrée libre)
PROGRAMMATION :
—17 janvier, la Sicile :chants traditionnels
Radica Sicula, avec Carine Lotta, voix ;
Lionel Romieu (guitare, mandoline), Luca Scalambrino (cajon, percussions) ; —21 février : l’Algérie, avec Fouad Didi (violon, oud), Farid Zebroune (banjo et mandole), Youcef Kasbadji (derbouka) ;
—14 mars : La Grèce / Thrace : (les Cicones, Odyssée IX, 1-61), Vanguelis Dimoudis (chant, oud ; Maria Simoglou (chant, kanoun, percussions) ; Isabelle Courroy (flûtes kaval) ; Georges Mas (klarino, chant, percussions) ; —11 avril : La Tunisie : Zied Zouari (violon), Haki Kikic (accordéon), Imed Alibi (percussions) ;
— 2 mai : L’Egypte - "Wasla-s"- Tarek Abdallaah (oud et chant), Adel Shams Ed-Din (riqq = tambour sur cadre) ;
— 16 mai : L’Espagne - Tchoune Tchanelas (chant), Frasco Santiago (guitare flamenca), Florencia et Teresa Deleria (Danse flamenca).
La Cité de la Musique se déplace : retrouvez-la au foyer du J1 les jeudis de 15h30 à 16h30 (entrée libre)
Adresse : J1 – Quai de la Joliette, boulevard du Littoral 13002 Marseille – Métro ou tram : Joliette.
Production : Cité de la Musique de Marseille,
coproduction : Marseille – Provence 2013, Capitale européenne de la culture
—17 janvier, la Sicile :chants traditionnels
Radica Sicula, avec Carine Lotta, voix ;
Lionel Romieu (guitare, mandoline), Luca Scalambrino (cajon, percussions) ; —21 février : l’Algérie, avec Fouad Didi (violon, oud), Farid Zebroune (banjo et mandole), Youcef Kasbadji (derbouka) ;
—14 mars : La Grèce / Thrace : (les Cicones, Odyssée IX, 1-61), Vanguelis Dimoudis (chant, oud ; Maria Simoglou (chant, kanoun, percussions) ; Isabelle Courroy (flûtes kaval) ; Georges Mas (klarino, chant, percussions) ; —11 avril : La Tunisie : Zied Zouari (violon), Haki Kikic (accordéon), Imed Alibi (percussions) ;
— 2 mai : L’Egypte - "Wasla-s"- Tarek Abdallaah (oud et chant), Adel Shams Ed-Din (riqq = tambour sur cadre) ;
— 16 mai : L’Espagne - Tchoune Tchanelas (chant), Frasco Santiago (guitare flamenca), Florencia et Teresa Deleria (Danse flamenca).
CITÉ DE LA MUSIQUE : 4 Rue Bernard du
Bois, 13001 Marseille / tél : 04 91 39 28 28
RESERVATIONS : 04 91 39 28 28 – www.citemusique-marseille.com <http://www.citemusique-MARSEILLE.cOM> - www .mp2013.fr
Photo : La Magalone, l'un des lieux de la Cité de la Musique.
RESERVATIONS : 04 91 39 28 28 – www.citemusique-marseille.com <http://www.citemusique-MARSEILLE.cOM> - www .mp2013.fr
Photo : La Magalone, l'un des lieux de la Cité de la Musique.
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