Enregistrement 8/2/2018, passage,
semaine du 2/4/18
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LE BLOG-NOTE DE BENITO » N° 305
lundi : 18h45 ; mercredi : 20
h ; samedi : 17h30
Semaine 13
Un disque d’Hugo Reyne (Reyne avec un y) et sa
Simphonie du Marais (Simphonie avec
un i, à l’ancienne) est toujours un
cadeau. Un cadeau venu trop tard, sinon dans un siècle trop vieux, dans une fin
d’année trop chargée. Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire un cadeau
sonore et joyeux, même à Pâques. En effet, pour fêter les trente ans de son ensemble il
propose un grand classique, dira-t-on, de la musique baroque Water Music & Royal Fireworks, de
Georg Friedrich Haendel. En somme, non ‘Musique de l’eau mais « Musique
sur l’eau » et, sur l’onde le feu, le feu d’artifice royal.
Hugo Reyne est flûtiste et hautboïste à l’origine,
menant longtemps une carrière remarquable de soliste parmi les meilleures
formations baroques françaises et européennes. Puis, chef d’orchestre, il y a
déjà trente ans, il fonde La Simphonie du Marais dont il est Directeur musical.
Il devient aussi Directeur artistique du festival Musiques à la Chabotterie, en
Vendée où il réside désormais, et du label discographique qui en est issu,
Musiques à la Chabotterie. Par ailleurs, il dirige également le Festival
baroque du Pays du Mont-Blanc. Parallèlement à cette pratique, Hugo Reyne a
enseigné dans de nombreuses structures, conservatoires ou stages et notamment
au conservatoire dont celui de Marseille de 2001 à 2003.
Ses enregistrements se caractérisent par une belle liberté, une
entraînante vivacité, certains sont captés sur le vif et il les présente
souvent avec beaucoup d’humour, un enjouement très contagieux. Ce n’est pas
pour rien qu’il signe le livret érudit mais ludique, joueur, à la première
personne, du titre de "Président de l’ACCG" (Association Contre les
Concerts Guindés). Effectivement, rien de guindé, de corseté, de raide,
d’amidonné dans cette dernière livraison. Et pourtant, le risque était
grand : imaginez, le grand et
sérieux Hændel de son fameux portrait, affublé de sa folle perruque
moutonnante, et ses deux concerts royaux dédiés à deux rois britanniques aussi
saxons que lui, l’un Georges Ier, l’autre son fils, Georges II, tous
deux lourdement coiffés de ces perruques dites à la chien mises à la mode par
un Louis XIV qui ajoutait et surajoutait du postiche sur sa tête dégarnie en
proportion de sa calvitie grandissante, imité par toute l’Europe. Le premier
concert, une suite, accompagnait une
promenade en bateau du roi Georges Ier sur la Tamise avec des
privilégiés de sa cour, en juillet 1717. Hugo Reyne, en fond sonore bruit
d’oiseaux de mer, clapotis de vagues, nous embarque en capitaine chef d’orchestre,
dans un discours précédant certaines plages, savoureusement semé d'algues de mots
d’anglais.
Voici un extrait célèbre que vous reconnaîtrez, intitulé Alla Hornpipe, instrument à vent en bois
et danse populaire, à claquettes, danse de marins, une matelote. Ici, ce sont
les cuivres, qui sonnent mieux en plein air, couronnées de hautbois dans de
beaux effets d’échos fugués, comme répercutés par l’espace :
1) PLAGE 12
Georg Friedrich Haendel (né en 1685, même année que Bach et Domenico
Scarlatti, trilogie d'un apogée du Baroque musical). Il mourra à Londres
en 1659, considéré comme un musicien local. Haendel n’aurait pas aimé le Brexit.
Saxon d’origine, il s’imposa en Italie, devint le maître de l’opéra baroque
napolitain qui devait devenir le modèle européen. Il fera une synthèse magistrale des traditions musicales de
l'Allemagne, de l'Italie, de la France et de l'Angleterre.
Revenu en Saxe, il devient le maître de chapelle, c’est-à-dire musicien
officiel du Prince-Électeur de Hanovre. Ce dernier l’autorise à se rendre en
Angleterre en 1710 où il triomphe avec son opéra Rinaldo. Il rechigne à rentrer à Hanovre, revient encore à Londres
où il rêve de s’installer en dépit de sa charge de maître de Chapelle. Le
Prince-Électeur de Hanovre, bon prince, lui pardonnera : devenu en 1714, par héritage
dynastique, George 1er de
Grande-Bretagne et d'Irlande, le Roi ne vengera pas les infidélités au Prince et reprendra encore le musicien ingrat à son service.
Voici un autre extrait
de ces Waters music où vous guetterez l’entrée de la flûte en guirlandes
virtuoses d’Hugo Reine dans ce joyeux menuet :
2) PLAGE 15
Dix ans après, en
1727, le Prince de Galles succède à son père sous le nom de Georges II. Absent
lors de la fête nautique de 1717, quelque trente ans après, il fait encore
appel à Hændel : célèbre dans toute l’Europe, musicien le plus connu de son
temps —Bach demeurant un illustre inconnu— il est requis pour une célébration par un feu
d’artifice grandiose, de la fin d’une guerre qui mit l’Europe à feu et à sang.
Bref, un feu heureusement d’artifice pour fêter la halte au feu des armes par
le Traité d’Aix-la-Chapelle en 1749, qui marquait la paix entre la
Grande-Bretagne alliée à l’Autriche et la France alliée à la Prusse. Le
spectacle fut suivie par une foule nombreuse (près de 12 000 personnes, dit-on)
provoquant de grands embouteillages de carrosses, émaillé d’incident, dont un
incendie. Quand on jeu avec le feu, pas étonnant et détonant. Hændel disposa d’un nombre
d’instrumentistes impressionnant pour l’époque, près d’une centaine. Il fut
contraint de sacrifier les violons, au son trop faible par rapport aux feux
d’artifices, renforçant les vents et les percussions afin d'atténuer le bruit
des détonations.
Nous nous quittons en
écoutant le début :
3) PLAGE 20
Par Hugo Reyne et la Simphonie du Marais, Water Music
& Royal Fireworks, de Georg Friedrich Haendel, label Musiques à la Chabotterie.
Et puisque
Hugo ne les rebute pas osons ce jeu de mots pour ce disque royal : Musique de
Reyne : plaisir de roi .
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