Enregistrement 15/3/2018, passage, semaine du 9/4/18
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« LE BLOG-NOTE
DE BENITO » N° 311
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Semaine
15
L’Opéra
de Toulon présente les 13, 15 et 17 avril L’Italiana in Algeri, ‘L’Italienne à
Alger’, opéra bouffe en deux actes de Giocchino Rossini
Rossini
a vingt et un ans. Il a connu un grand succès à Venise avec La Cambiale di
matrimonio en 1810 et on lui commande en urgence un autre opéra en 1813,
bouclé et monté en moins d’un mois, son quatrième en un an… Pris par le temps,
Rossini prend le livret de L’Italiana in Algeri de Mosca et Anelli
(1808). L’Italiana in Algeri remporte un triomphe à Venise, puis dans
toute l’Italie. Stendhal raconte dans sa Vie de Rossini, que le public
riait aux larmes. Rossini, qui feint de s’étonner d’avoir osé cette
« folie », conclura avec humour, face au succès, que les Vénitiens
sont plus fous que lui. En tous cas, c’est bien le fou rire qui est garanti par
cette œuvre d’une veine et d’une verve éblouissantes de drôlerie.
Et
pourtant, à priori, rien de drôle dans le sujet qui pourrait être un drame
devenu malheureusement d’actualité à notre époque. En effet, il repose sur la
réalité historique des otages, des esclaves, que la piraterie barbaresque, principalement
algérienne, fournit sur les marchés ottomans. Les récits abondent en
Méditerranée : l’Espagne, en particulier, s’en fait une spécialité,
fourmillant de romances de cautivos, ‘poèmes de captifs’ et ce n’est pas
un hasard si les héros de l’Enlèvement au sérail de Mozart ont des noms
espagnols, Belmonte, Pedrillo. Cervantes fut captif des années durant à Alger.
Les
incursions barbaresques font trembler depuis des siècles nos côtes :
interrogez notre topographie qui en garde la trace, les noms de lieux, les
Maures par exemple, et savez-vous que l’étymologie de Ramatuelle serait rahmat Allah (‘miséricorde
de Dieu’) ou « ramatu allah », ‘le
jardin d’Allah ’, voyez nos villages provençaux perchés pour s’en protéger.
Mais avec l’échec des Turcs à prendre
Vienne en 1683, marquant le début de leur recul en Europe, le danger turc et
barbaresque s’éloignant, la dérision approche. Cet opéra en est un témoignage.
Le
livret est dans la veine des turqueries lyriques qui hantent l’opéra depuis
longtemps mais en inverse plaisamment les codes : ce n’est pas le héros
qui va délivrer sa belle des griffes d‘un despote oriental, il ne va pas l’enlever
au sérail comme dans Mozart, mais l’inverse. Ici, c’est la femme qui, usant des
armes du charme et de son intelligence (elle dépasse celle de tous les
personnages masculins), vient audacieusement à Alger pour arracher son amoureux
et passif Lindoro à l’esclavage. Mais ce captif charmant, pas trop maltraité, le
Bey capricieux Mustafa, le destine à sa propre femme Elvira (une Espagnole
enlevée ?) pour s’en débarrasser. Il est fatigué d’elle et de son harem.
Il désire une Italienne et charge son chef corsaire de lui en trouver une. En
voici une, ça tombe bien, tombée dans les filets des corsaires. C’est Isabelle,
déplorant le sort et l’amour, ici chantée par Cecilia Bartoli, accompagnée par
le Wiener Volksopernorchestra conduit
par Giuseppe Patané :
1) DISQUE I, PLAGE
1
La
belle Isabelle vient aussi escortée de Taddeo, un amant, transi ou non, qui
montre que, pendant l’absence de l’aimé captif, elle n’est pas restée sans
ressources. Mais elle ne compte que sur les siennes et se reprend très
vite : un Bey n’est qu’un homme comme les autres et les hommes, elle sait
comment ça marche et comment les faire marcher. Elle détaille les armes
féminines, les siennes, de la séduction dans la suite e son air :
2) DISQUE I, plage
1 : à partir de 3'
Mustafa voit Isabella
et succombe aussitôt à son charme alors que la belle est ébahie, ébaubie du Bey, par sa
figure grotesque, et s’ensuit un duo concordant en musique et discordant
sur le sens, chacun chantant pour soi son opinion bien inverse de l’autre. Le
Bey, éperdu d’admiration et d’amour ne peut rien refuser à Isabelle et ce rien
est beaucoup pour Taddeo qui l’escorte puisque l’astucieuse et audacieuse
Italienne, détournant les soupçons de Mustapha qui sent un rival, le fait passer pour son oncle et le sauve
ainsi du supplice du pal, auquel il était promis. Mieux que cela, elle obtient
pour lui une dignité que lui confère le Bey : celle de caimacan.
Inversement, lors
d’une mascarade dont le naïf Mustapha est dupe, elle organise une cérémonie
burlesque pour le faire entrer, s’il veut son amour, dans la prestigieuse
confrérie des « Pappa taci » (littéralement
: « ‘bouffe et tais-toi’). Le
pappataci doit manger, boire et se taire, quoi qu’il advienne. Et voici ce
passage burlesque, chanté par la basse
Jan Opalach, le Bey, baba éberlué et berné par le baryton Taddeo de Thomas Hampson et le ténor Rockwell Blake, sous la direction de Roger Norrington à la tête de
l’Orchestre de Saint Luke’s :
3) DISQUE II, PLAGE 4
Bref, l’Italienne
rend fou le bêbête Bey et tente de le réconcilier avec sa femme et sème aussi
la révolte parmi les esclaves italiens les exhortant au patriotisme et héroïsme
du soulèvement. Succombant à la torpeur de l’alcool, tandis que les Turcs de sa
suite sont déjà ivres morts, Mustapha, n’en pouvant plus, de guerre lasse,
laisse les amants prendre la fuite avec tous les esclaves Italiens soulevés par
la jeune femme. Il se résout à revenir à
Elvira et à renoncer à jamais aux Italiennes.
Nous nous quittons
sur une des pages les plus folles de Rossini, le final du premier acte, un chœur
surréaliste fait d’onomatopées "tac, tac" , "crac crac"
"boum, boum", etc :
L’opéra de Toulon
présente les 13, 15 et 17 avril L’Italiana in Algeri, ‘L’Italienne à Alger’, de Gioacchino Rossini
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