Critiques de théâtre, opéras, concerts (Marseille et région PACA), en ligne sur ce blog puis publiées dans la presse : CLASSIQUE NEWS (en ligne), AUTRE SUD (revue littéraire), LA REVUE MARSEILLAISE DU THÉÂTRE (en ligne).
B.P. a été chroniqueur au Provençal ("L'humeur de Benito Pelegrín"), La Marseillaise, L'Éveil-Hebdo, au Pavé de Marseille, a collaboré au mensuel LE RAVI, à
RUE DES CONSULS (revue diplomatique) et à L'OFFICIEL DES LOISIRS. Emission à RADIO DIALOGUE : "Le Blog-notes de Benito".
Ci-dessous : liens vers les sites internet de certains de ces supports.

L'auteur

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Agrégé,Docteur d'Etat,Professeur émérite des Universités,écrivain,traducteur,journaliste DERNIÈRES ŒUVRES DEPUIS 2000: THÉÂTRE: LA VIE EST UN SONGE,d'après Caldéron, en vers,théâtre Gyptis, Marseille, 1999, 2000; autre production Strasbourg, 2003 SORTIE DES ARTISTES, Marseille, février 2001, théâtre de Lenche, décembre 2001. // LIVRES DEPUIS 2000 : LA VIE EST UN SONGE, d'après Calderón, introduction, adaptation en vers de B. Pelegrín, Autres Temps, 2000,128 pages. FIGURATIONS DE L'INFINI. L'âge baroque européen, Paris, 2000, le Seuil, 456 pages, Grand Prix de la Prose et de l'essai 2001. ÉCRIRE,DÉCRIRE L'AMÉRIQUE. Alejo Carpentier, Paris, 2003, Ellipses; 200 pages. BALTASAR GRACIÁN : Traités politiques, esthétiques, éthiques, présentés et traduits par B. Pelegrín, le Seuil, 2005, 940 pages (Prix Janin 2006 de l'Académie française). D'UN TEMPS D'INCERTITUDE, Sulliver,320 pages, janvier 2008. LE CRITICON, roman de B. Gracián, présenté et traduit par B. Pelegrín, le Seuil, 2008, 496 p. MARSEILLE, QUART NORD, Sulliver, 2009, 278 p. ART ET FIGURES DU SUCCÈS (B. G.), Point, 2012, 214 p. COLOMBA, livret d'opéra,musique J. C. Petit, création mondiale, Marseille, mars 2014.

lundi, septembre 26, 2022

DIRE L’INDICIBLE

 


L’INTERVIEW

 

TEXTE ET MISE EN SCÈNE DE PASCAL RAMBERT

Avec Pierrette Monticelli et Marine Guez

Théâtre de la Joliette, samedi 24 septembre 2022

 

         Sur un mur continué, coulé en tapis d’un blanc éclatant, dont la blancheur immaculée est exaltée par deux gros projecteurs, deux tabourets plastique blancs ; hors cadre à l’avant-scène, le viseur évidé d’un cercle au néon, un sommaire dispositif de caméra sur pied et moniteur. Par l’entrée latérale de la salle, côté jardin, surgissant de l’ombre, entrent deux femmes en noir, parlant à voix basse, se déchaussant de leurs baskets blanches, une jeune à queue de cheval, l’autre à cheveux courts d’un blond grisonnant, un sac noir en toile à la main. La jeune s’applique, hors champ, à régler le système enregistreur, micro, lumière, en s’adressant à un technicien invisible.

         Ces deux personnages, ou plutôt, concrètement ces deux personnes, par l’absence de théâtralité de leurs figures, prennent place sur les tabourets, la plus jeune, l’intervieweuse de profil le plus souvent, la femme mûre de face, caméra frontale oblige, sauf à des moments d’intimité resserrée, annoncée par le tutoiement initial, où les visages aussi se jaugent, s’interrogent, où une main empathique saisit tendrement celle de l’autre émue.

         On ne saura ce qui motive cette interview à l’appareillage techniquement élaboré, la femme interrogée n’ayant rien d’une star, d’une personnalité, d’une héroïne, dont on sollicite le témoignage, la parole. Dans cette lumière crue, on pourrait croire à un interrogatoire policier sans la douce banalité de la femme qu’on ne voit ni en coupable ni en victime ; par la froideur clinique de l’enregistrement, on pencherait vers une thérapie verbale et visuelle dès que s’amorce l’entretien, timidement, avec des réponses monosyllabiques.

         On ne saura pas non plus la raison de la douleur intense impossible à mesurer en mots, toujours défaillants par l’hyperbole ou l’euphémisme, l’excès ou le manque, qu’exprime, sans pouvoir cerner, la dame interrogée, que comprend, sans que nous la comprenions, son interrogatrice, qui semble l’avoir vécue aussi, fermées qu’elles sont, en tentant de s’ouvrir, sur une expérience individuelle d’une souffrance immense dont la plus âgée, lucidement, modestement, admet que son malheur singulier n’est peut-être rien rapporté à l’échelle des malheurs pluriels du monde.

         Pourtant la phrase d’Aldous Huxley, « La terre est l’enfer d’une autre planète », l’aveu du désir réfléchi de l’impossible suicide en donnent une idée superlativement dramatique. Mais, quand on s’attendrait à l’outrance, à la déclamation, tout, est pratiquement murmuré, en sourdine, à douce voix, en réserve délicate de Pierrette Monticelli, en écoute compréhensive, tendrement complice de Marine Guez. On va longuement parler de parole sans éclat de voix, de douleur, sans dolorisme : souffrance qui semble, comme chez Schopenhauer, une donnée, immédiate, fondamentale, forcément sensible, du monde, mais apparemment sans l’espoir chrétien de rédemption.

         L’interrogée, s’interrogeant sur la nature de sa douleur (une rupture ?) s’interroge sur le remède verbal aujourd’hui banalisé et sempiternellement répété de « mettre des mots » sur les choses, ce qui serait le salut. Mais comment nommer ce qui n’a pas de nom, quand les mots vous échappent ? Comment traduire l’intraduisible, comment fabuler l’ineffable, dire l’indicible ?  Thérèse d’Avila, sans mots sinon sans voix pour résoudre l’impossibilité de nous communiquer sinon nous communier ses expériences mystiques, pour au moins nous les rapprocher, les approchait, serrait, par la périphrase sensible tournant autour du sentiment, de la sensation : la métaphore au lieu du concept. À écouter surtout la femme âgée, à juger ses tentatives de dire ce qui ne peut se dire, qui échappe toujours à la nomination, à la définition qui cernerait, limiterait, permettrait enfin une salutaire mise en lumière physique de ce mal être psychique, on serait tenté de diagnostiquer une dépression. Mais la dépression, justement, c’est le creux, le vide accusé puis causé par la fuite des mots.

         Et c’est la question qui nous interroge : peut-on penser le vide de la pensée sans mots ? Car, si le récit haché de la vacuité existentielle de la femme, n’est pas abstrait —elle va regarder les gens au Supermarché, s’assied sur un banc, fréquente une association, un parc, roule des heures dans son automobile japonaise bleue, évoque la forêt, et la jeune compare son état mental et corporel aux montres molles de Dalí —le texte quotidien, prosaïque, ce minimalisme de gestes, avec cette présence qui ne peut être absence, cette existence, le physique s’élève fatalement à la métaphysique. Les monosyllabes y expriment beaucoup, on peut dire tout en ne disant mot, le silence est éloquent.

         « Je me suis toujours demandé où étaient les mots dans notre corps avant de sortir », dit la femme mûre, texte reproduit en grand sur une page dans le livret programme de présentation de la saison du théâtre. On ne lui répondra pas avec la science que, sinon les mots, la fonction de la parole a sa localisation dans le cerveau, mais, avec la psyché théâtrale sinon la psychanalyse, que plus que du tissu des songes comme disait Shakespeare, nous sommes tissés de mots.

 

 

Photos : Luc Bertau

dimanche, septembre 18, 2022

SACRÉE CUISINE…

 

17 SEPTEMBRE, LA CRIÉE, MARSEILLE-CONCERTS

CONCERT 

Patricia Petibon & Susan Manoff


QUER CODE SANS CŒUR

 

         Après avoir fait assez longuement la queue (comme une image à notre petite échelle de celle des proches funérailles de LA Reine), pénétrant enfin dans la salle, on cherche (comme toujours difficilement sa place au chiffre caché sous la couche du fauteuil) et surprise : pas de programme. Pour annoncer que le spectacle va commencer, une ouvreuse, au micro, révèle, après coup, que pour avoir le programme, il fallait « flasher » un QUER CODE affiché dans le hall ou bien le trouver sur le site du théâtre… Résultat : les rares spectateurs qui avaient été avertis à temps (par qui et où ?) de cette innovation qui va sauver la planète en économisant un peu de papier recyclé (mais en multipliant le taux carbone d’internet) vont garder leur smartphone ouvert durant toute la soirée, ou tenter d’aller sur le fameux site pour s’informer du programme. Tant pis pour les malheureux sans smartphone, anciens, distraits ayant laissé à domicile ce compagnon obligé de vie moderne, ou public largué par l’aride route informatique.

 

         Ce sera la grande surprise de la soirée. Car, pour ce qui est de Patricia Petibon, quand on la connaît depuis des années et qu’on l’a même aimée, pas de surprise : on sait, avec elle, que le gadget prime le gazouillis, donc, pas besoin de programme, dont se fiche à l’évidence la majorité du public, apparemment moins sensible à la musique, au chant qu’aux facéties très annoncées de la diva qui, de merveilleux soprano léger aux aériennes et acrobatiques vocalises quand elle est corsetée par une mise en scène, livrée à elle-même dans ses récitals, plombe lourdement son tour de chant par des numéros de clown relevant du cirque avec tout un encombrement d’objets de comique enfantin, force faux nez, lunettes, poissons de plastique, peluches, ballon, chapeaux, etc, un fatras tiré du foutoir du piano qui n’en devient pas « arrangé » comme celui de John Cage, mais dérangé par ce fouillis fabriqué, artificiel, sans rapport avec la musique, toujours un placage extérieur arbitraire, gratuit. Sans compter ses miaulements, ses feulements, ses mimiques, qui parasitent l’ouïe en accaparant l’œil ou même ses sanglots longs, non de violons verlainiens, surajoutés à telle mélodie espagnole dramatique de Granados.

         Bref, il serait trop long de décrire toutes les pitreries de la chanteuse qui donnent une piètre idée de ce qu’elle interprète par tout cet ajout surjoué, pléonastique par le redoublement du sens, comme le chapeau de la joyeuse mélodie de Poulenc, Les gars qui vont à la fête, comme si nous n’avions pas compris : on ne dira pas « Chapeau ! »

         Pourtant, cela commençait bien : simple robe blanche floue et petite plume sur sa rousse chevelure, avec de jolis gestes simples, on retrouve la Patricia aimée, tendre, délicate, avec Auprès de la Rose, et Postouro sé tu m’aymo, les poétiques vignettes des Chants d’Auvergne de Joseph Canteloube. On goûte la même intériorité, la douleur retenue, le drame en trois strophes d’Alphonse Daudet dans Trois jours de vendange mis en musique par Reynaldo Hahn. Après Lok Gweltaz un beau solo de piano de Yann Tiersen par une Susan Manoff toujours exacte et fidèle, Cela se gâte, hélas, avec « A la mar » (extrait de Melodias de Melanconia) du contemporain Nicolas Bacri. Alors que le piano ondoie, ruisselle d’écume, de vagues, penchée sur les cordes la diva y va pécher un poisson en plastique, effet comique superficiel causant des rires cassant toute poésie, la grossièreté, la prolifération des signes noyant littéralement la signification.

         Il en sera ainsi, à côté de rares îlots, quelques pages de grâce contenue, la scène telle des plages débordées de bris et débris d’objets polluants comme après un naufrage ou, chez nous, après les orages violents.

         Dans la deuxième, partie introduite par un extrait trop court de la Danse Espagnole No. 2 « (Oriental ») d’Enrique Granados, lointaine évanescence, réminiscence, jouée avec une touche poétique et nostalgique par Susan Manoff superbe en ses solos, les mélodies espagnoles de Granados, Turina, ou Granada du Mexicain Agustín Lara, et El vito malicieusement endiablé, air populaire harmonisé par Obradors, on concèdera, que Patricia Petibon est stupéfiante de justesse (comme dans son disque Nouveau Monde sur le baroque hispanique) tant rythmique, avec ces redoutables ornements espagnols sans bavure (« limpio », ‘propre’ dit-on en Espagne même pour le flamenco), que linguistique : une prononciation parfaite.

         La Bonne Cuisine, cette célèbre série de recettes en français mises en musique par Leonard Bernstein, se prête, certes aux faciles facéties de la fantaisiste chanteuse. On rit, bien sûr, à la pianiste et diva attifées en cuisinier et marmiton mais, le texte, qui est drôle par son sérieux doctoral gastronomique et le contrepoint, disons, le contrepied musical humoristique, voit (on n’entend pas…) toute sa saveur diluée dans la lourde et redondante sauce, le gloubi-boulga enfantin d’ingrédients, d’excessifs accessoires comiques. Encore une fois, trop, c’est trop : cette cuisine en devient indigeste.

         En somme —à trop additionner— c'est un moins : on n’est guère emballé par ce déballage embarrassant scène et musique. Certes, un public non averti (ou à l’excès averti par des effets d’annonce (on va voir ce qu'on va voir. Et entendre?) peut accrocher à ces effets démagogiques ; l’autre, décroche comme on l’a entendu aux commentaires ; clameurs oui, mais non nombreux rappels : un seul bis, un tango, il est vrai hilarant, sur les chaussettes blanches.

         Est-il besoin de racoler pour caracoler en tête ?

vendredi, septembre 09, 2022

VUES SUR MER

VUES SUR MER
 
EXPOSITION 13 SEPTEMBRE 2022 / 12 MARS 2023
MUSÉE REGARDS DE PROVENCE

 

LES BAIGNEURS

 

        Composition 3X6,20m  d'Anke Doberauer

 

Les pellets, les 'pastilles" multicolores  qui bordent, abordent ou voudraient déborder le tableau sont les envahissants débris de plastiques ramassés par l'artiste au bor de mer.

Commentaire Benito Pelegrín

         Subtile composition d’une décomposition, d’une dissémination sur la plage et sur l’eau : mais où vont-ils en diminuendo progressif du bord de l’eau aux bords de cette ellipse perlée qui structure l’espace ? Vers cette spirale invisible qui vrille à l’infini l’horizon chimérique d’un Embarquement pour Cythère à l’échelle de Disneyland ? Mais que regardent-ils, dos tournés, bras ballants, sauf, dans le panneau central, la fille et le nostalgique garçon qui, sans se regarder, semblent échanger un regard grave d’adieu ? Par rapport à la frontière de cet axe central qui le sépare en triptyque, si le tableau se pliait en dedans, les deux jeunes hommes noirs de droite feraient face à la blonde jeune fille de gauche en symétrie dissymétrie, contraste des genres, du nombre, des peaux et contrepoint des postures. Comme un désir, comme un rêve lointain d’un regard visant à l’autre rive et brisant un tabou ? Rêve d’autres rivages, d’autres visages, d’une autre vie mais dérives et naufrages figurés dans le jeu enfantin d’une mer où règnent des requins.

         Disant le cercle et l’ellipse en abîme de la structure globale, globes, bouées d’une modernité de plastique inondant un tiers monde où dominent les peaux basanées. Leurre des riantes couleurs sans qu’affleure un sourire : bouées aux teintes de bonbon acidulé, gonflées d’un espoir au-delà de l’arc-en–ciel magique d’un monde meilleur de l’autre rive rêvée, de l’autre côté du miroir, du miroir aux alouettes des utopies des pays des merveilles. Les bouées, tels des SOS, se démultiplient en fragiles bulles de savon, bouées pour apprendre à nager, pour surnager en eau trouble, ou bouées de sauvetage de naufrages de balseros cubains et autres, ces migrants flottant sur leurs frêles esquifs sur le flot troublé des exils sous les fallacieux reflets d’un ciel absent. L’enfer sous le bleu paradis des amours enfantines ? Sous le soleil éclatant, l’envers ombreux des drames invisibles. Sous l’éclat des couleurs, le revers noir de la mélancolie. Sous la bouée, la boue. Sous la plage, les pavés de la dure réalité, sociale et raciale. Sur la mer, espoirs flottants, sous la mer, rêves naufragés, cauchemar de choses trop visibles qu’on voudrait ne plus voir. La mer et l’amour ont l’amer pour partage, on le sait et, désormais, la mort.

         Plage donc de l’apparence, de la lumière, de l’enfance, de la jeunesse, de la santé, du jeu, où la belle forme des corps exclut l’informe, le difforme, la laid, le vieux, le malade, l’obscurité, la mort : notre monde.

B. P. ,  le écrit 28 mars 2013, MAC, lors de MP13

Clins d’œil et références invisibles aussi :

L’embarquement pour Cythère (Watteau et Verlaine)

« Somewhere over the rainbow » (Magicien d’Oz) ;

L’autre côté du miroir d’Alice au Pays des merveilles ;

 

« le soleil noir de la mélancolie » cf Gérard de Nerval :

El Desdichado (1854)

Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé,

Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie :

Ma seule Étoile est morte, – et mon luth constellé

Porte le Soleil noir de la Mélancolie.

« Sous les pavés, la plage », slogan mural, Paris, 1968 ;

L’enfer sous le bleu paradis des amours enfantines, cf Baudelaire : « Le vert paradis des amours enfantines »…

Baudelaire

 MOESTA ET ERRABUNDA

Dis-moi, ton coeur parfois s'envole-t-il, Agathe,

Loin du noir océan de l'immonde cité,

Vers un autre océan où la splendeur éclate,

Bleu, clair, profond, ainsi que la virginité?

Dis-moi, ton cœur parfois s'envole-t-il, Agathe?

 […]

La mer, la vaste mer, console nos labeurs!

Quel démon a doté la mer, rauque chanteuse

Qu'accompagne l'immense orgue des vents grondeurs,

De cette fonction sublime de berceuse?

La mer, la vaste mer, console nos labeurs! 

 

 

 

Comme vous êtes loin, paradis parfumé,

Où sous un clair azur tout n'est qu'amour et joie,

Où tout ce que l'on aime est digne d'être aimé,

Où dans la volupté pure le coeur se noie!

Comme vous êtes loin, paradis parfumé!

 

Mais le vert paradis des amours enfantines,

Les courses, les chansons, les baisers, les bouquets,

Les violons vibrant derrière les collines,

Avec les brocs de vin, le soir, dans les bosquets,

- mais le vert paradis des amours enfantines,

 

L'innocent paradis, plein de plaisirs furtifs,

Est-il déjà plus loin que l'Inde et que la Chine?

Peut-on le rappeler avec des cris plaintifs,

Et l'animer encor d'une voix argentine,

L'innocent paradis plein de plaisirs furtifs?

"Goya, cauchemar plein de choses inconnues…" (Baudelaire)

 LIENS AUDIO-VISUELS : 

    TÉLÉVISION :

Fr3 info 19h du 21 septembre 2022 – à partir de la minute 4h25: Musée Regards de Provence:

https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/programmes/france-3_provence-alpes-cote-d-azur_19-20-marseille?id=4152985

RADIO :

Radio Dialogue RCF Culture en Provence du 23 septembre 2022 à 11h40 (émission de 12 minutes):

https://www.rcf.fr/culture-et-societe/la-culture-en-provence

 


En cette rentrée 2022 le Musée Regards de Provence présente l’exposition « Vues sur Mer », qui réunit 25 peintres, photographes, sculpteurs et vidéaste contemporains.

Ces plasticiens sont Alfons Alt, Astrid B, Zakary Beauvois, Jean-Pierre Blanche, Julien Boullay, Eric Bourret, Benjamin Chasselon, Marc Chostakoff, Mathis Clamens, Adrian Doura, Anke Doberauer, Josephine Valle Franceschi, Philippe Ivanez, Yann Letestu, Jacques Lucchesi, Olivier Monge, Patrick Moquet, Philippe Ordioni, Bernard Plossu, Wilbe, Marie-Laure Sasso-Ladouce, Christian Ramade, Nicolas Rubinstein, Jean-Jacques Surian, Jean-Benoît Zimmermann.

Informations pratiques et Visites 

Ouvert du mardi au dimanche, de 10h à 18h
Billet expositions temporaires : Plein Tarif
: 7,50€. Tarifs réduits : 6,50€ - 5,70€ - 4,00 € -3,00€.
Visites commentées hors groupe : tarif d’entrée + 7€ /pers. (hors groupe), le mardi et samedi à 15h sur réservation. Visites commentées pour groupe : tarif d’entrée + 7€ /pers., tous les jours sur réservation.
Visite commentée gratuite hors groupe le 1er samedi du mois à 10h30, hors droit d’entrée sur réservation
(6 à 25 personnes).


 


mardi, septembre 06, 2022

DÉMOCRATISER L'ART PAR SON HISTOIRE

 

 

       L’ALCAZAR - BMVR 58 Cours Belsunce, 13001 Marseille


ENTRÉE LIBRE DANS LA LIMITE ES PLACES DISPONIBLES


Jean-Noël Bret, membre de l’Académie des Sciences, Lettres et Arts de Marseille, est un historien de l’art, qu'il a enseigné l'École des Beaux-Arts de Marseille. Président - fondateur de l'associations A.C.C. (Art, Culture et Connaissance), un acronyme, une condensation verbale d’Art, Culture et Connaissance, un titre qui est programmatif, même clair,. Personnellement, je verrais dans cette trilogie formulée dans une jolie progression syllabique, une, trois et quatre syllabes, une progression inverse : Connaissance, un certain savoir, enrichi des connaissances de cultures diverses, le tout sublimé, condensé par l’Art.

Pour MP13, Jean-Noël Bret avait aussi planifié l'AEPHAE (Association Euroméditerranéenne Pour l’Histoire de l’Art et l’Esthétique) à Marseille, qui n'a pas absolument abouti, sans l'empêcher de continuer à filer, depuis 2005, les colloques L’histoire de l’art en question(s), le prochain étant le dix-neuvième. Une émission ne suffirait pas à rendre compte de toutes ses conférences et des manifestations culturelles qu'il a organisées, suivies souvent de publications qui en sont un précieux témoignage.

Je rappelle juste que les 20 et 21 septembre 2018, dans la Bibliothèque de l’Alcazar il organisait un colloque  sur l'Histoire de l’Art dont le but, je cite « résolument pédagogique, [était] de faire découvrir au grand public les richesses des musées et collections publiques du midi de la France. » On aurait rêvé d'une cartographie de ces trésors à portée de nos regards ou guère loin.

Jean-Noël Bret est donc un historien résolument ancré dans la région dans notre ville mais pour parler au présent, ici et maintenant, d’un art qui est de tous lieux et de tout temps. J'ai résumé autrefois cet activisme en disant qu'il est un missionnaire de l’histoire de l’art. Toujours marqué d’un soupçon d’élitisme, de gratuité, l’art a cependant un rôle sociétal, il  est nécessaire, et pour tous. À preuve les débats, à l’occasion des Journées du Patrimoine, la table ronde du 16 septembre 2018 à Paris à laquelle il participa à l’Institut National d’Histoire de l’Art : L'histoire de l'art pour tous, titre et enjeu qu'il reprend pour le présent colloque.  

Il persiste et signe : la question obsédante qu'il pose encore aujourd’hui, dans ce proche colloque des 15 et 16 septembre à l’Alcazar, c’est : L'histoire de l'art pour tous. Implicitement, ce projet  démocratique, égalitariste, pose les problèmes et les moyens, forcément pédagogiques pour atteindre ce but.

On le suit ardemment dans ces vœux mais, à l'heure où l'on forme en urgence, en quelques jours, des enseignants qu'on a négligé de former sur des années, on est angoissé par le doute, tout en se disant qu'il est permis d'attendre, qu'il est doux d'espérer…

 

RCF : ÉMISSION N° 622 DE BENITO PELEGRÍN, 01/06/2022


 

 

L’histoire de l’art pour tous...

Alcazar - BMVR

15 et 16 septembre 2022 14h-18h30 et 9h30-12h30 / 14h30-17h30

Direction scientifique Jean-Noël Bret 

avec la participation de

Emilie Beck Saiello, Jean-Noël Bret, Pierre-Henry Frangne, Alain Jaubert, Nadeije Laneyrie-Dagen, François-René Martin, Myriame Morel-Deledalle, Fabien Oppermann, Natacha Pernac, Alain Quemin, Léa Saint-Raymond

Introduction

Si les grandes expositions font courir les foules et l’art passionne - ou intrigue, au moins - tout le monde, l’accès à sa connaissance demeure difficile dans notre pays.

Malgré les efforts réalisés depuis quelques années par l’Education nationale avec la bonne volonté d’enseignants qui ont d’ailleurs eux-mêmes été formés à d’autres disciplines, les repères élémentaires manquent à nos jeunes concitoyens et leurs aînés pour circuler par le regard et la pensée dans l’univers riche de plaisirs et d’apports personnels de l’art.

Dans le pays qui a vu naître Nicolas Poussin et Marcel Duchamp, il y a fort à parier que bien peu de nos jeunes bacheliers pourraient dire qui ils sont ou pourraient citer seulement le nom d’un artiste par siècle depuis la Renaissance.
Au-delà des noms et des dates, c’est de tout un pan de la culture et de chances d’intégration meilleures dans le monde dont ils se trouvent ainsi privés.

L'idée de ce colloque est le fruit d'une longue expérience pédagogique auprès du grand public depuis près de 30 ans et de la rencontre que je fis d'un grand Monsieur, l'historien de l'art Edouard Pommier, inspecteur général des musées de France, dont un des derniers ouvrages, "Comment l'art, avec un petit a, devint l'Art avec un grand A dans l'Italie de la Renaissance", touche de près à notre propos d'aujourd'hui. De quoi parlons-nous en effet lorsque nous parlons d'art ? et d’histoire de l’art : des arts que les Grecs nommaient "techné", autrement dit de savoir-faire techniques propres à différentes formes de création, ou de ce que Léonard de Vinci qualifia de "cosa mentale" c'est-à-dire d'expression de la pensée.

Sous le titre "L'histoire de l'art en question(s)" qui devint le titre générique de tous les colloques que j'organisai par la suite, dont celui-ci est le XIXème, nous organisâmes en 2005 un premier colloque, dans cette même salle où nous sommes, auquel participèrent d'éminents historiens de l'art dont deux d'entre eux m'ont fait le plaisir et l'amitié d'être là de nouveau aujourd'hui : Madame Nadeije Laneyrie-Dagen et Monsieur Alain Jaubert.

A Nadeije Laneyrie-Dagen, avec sa permission, j'ai emprunté le titre d'un ouvrage qu'elle a publié en 2011, magnifiquement réédité depuis, "L'histoire de l'art pour tous", qui dit assez bien l'esprit de générosité et de partage d'une culture, malheureusement trop ignorée, dans lequel s'inscrivent tous les participants de ce colloque. D'Alain Jaubert on se rappelle les magnifiques émissions télévisées "Palettes" qui firent découvrir à la France entière, avant de se répandre bien au-delà, qu'on n'entre pas dans le jeu et la passion de l'art d'un regard et d'un jugement furtifs mais en pénétrant dans son histoire pour tenter de toucher au plus près son intention créatrice.

Quelqu'un manque à notre rencontre et je le regrette profondément, c'est Olivier Bonfait. Ancien responsable de l'histoire de l'art à la Villa Médicis puis professeur à l'université de Provence et maintenant à l'université de Dijon, il était invité cet été dans une université américaine et ne pouvait reporter ce rendez-vous. C'est depuis longtemps un des militants les plus engagés pour faire que l'histoire de l'art, au même titre que la littérature, l'histoire, la philosophie ou les mathématiques, soit admise dans nos enseignements comme élément essentiel de notre culture générale, porteur d'ouverture sur le monde et d'épanouissement personnel pour les jeunes générations. Avec lui nous avions parlé depuis longtemps du projet de cette rencontre et sa pensée nous accompagne.

Offrir gracieusement à un public la possibilité de se retrouver régulièrement autour d'un sujet et tenter de lui faire partager une passion, fût-elle celle de l’art, ne se fait pas sans l'aide de soutiens aussi rares que précieux.

Jean-Noël Bret
Président de l’association A.C.C

 A. C. C. Art, Culture et Connaissance

contact : acc.marseille@free.fr

L’histoire de l’art pour tous...

Jeudi 15 septembre 2022  de 14 à 18 heures

Vendredi 16 septembre 2022  de 9h30 à 18 heures

 

  • Prochaine conférence de Jean-Noël Bret,Musée Granet, Aix-en-Provence,  
  • Jeudi 22 septembre à 18h

Les Nazaréens et les peintres allemands à Rome au début du XIXe siècle

Jeudi 22 septembre à 18h


Italia et Germania Johann Friedrich Overbeck, 1828

Par Jean-Noël Bret, historien de l'art, membre de l'Académie des Sciences, Lettres et Arts de Marseille.

Résolus à rompre avec l'art de leur temps, le néoclassicisme antiquisant, quatre jeunes artistes allemands dont Friedrich Overbeck et Franz Pforr décident de partir pour l'Italie en 1810 pour revenir aux sources de la peinture.
Installés à Rome dans un couvent abandonné, ils vont se faire connaître et rencontrer le succès. En raison de leur chevelure à la manière du Christ, on les appelle les Nazaréens.


 


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