Critiques de théâtre, opéras, concerts (Marseille et région PACA), en ligne sur ce blog puis publiées dans la presse : CLASSIQUE NEWS (en ligne), AUTRE SUD (revue littéraire), LA REVUE MARSEILLAISE DU THÉÂTRE (en ligne).
B.P. a été chroniqueur au Provençal ("L'humeur de Benito Pelegrín"), La Marseillaise, L'Éveil-Hebdo, au Pavé de Marseille, a collaboré au mensuel LE RAVI, à
RUE DES CONSULS (revue diplomatique) et à L'OFFICIEL DES LOISIRS. Emission à RADIO DIALOGUE : "Le Blog-notes de Benito".
Ci-dessous : liens vers les sites internet de certains de ces supports.

L'auteur

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Agrégé,Docteur d'Etat,Professeur émérite des Universités,écrivain,traducteur,journaliste DERNIÈRES ŒUVRES DEPUIS 2000: THÉÂTRE: LA VIE EST UN SONGE,d'après Caldéron, en vers,théâtre Gyptis, Marseille, 1999, 2000; autre production Strasbourg, 2003 SORTIE DES ARTISTES, Marseille, février 2001, théâtre de Lenche, décembre 2001. // LIVRES DEPUIS 2000 : LA VIE EST UN SONGE, d'après Calderón, introduction, adaptation en vers de B. Pelegrín, Autres Temps, 2000,128 pages. FIGURATIONS DE L'INFINI. L'âge baroque européen, Paris, 2000, le Seuil, 456 pages, Grand Prix de la Prose et de l'essai 2001. ÉCRIRE,DÉCRIRE L'AMÉRIQUE. Alejo Carpentier, Paris, 2003, Ellipses; 200 pages. BALTASAR GRACIÁN : Traités politiques, esthétiques, éthiques, présentés et traduits par B. Pelegrín, le Seuil, 2005, 940 pages (Prix Janin 2006 de l'Académie française). D'UN TEMPS D'INCERTITUDE, Sulliver,320 pages, janvier 2008. LE CRITICON, roman de B. Gracián, présenté et traduit par B. Pelegrín, le Seuil, 2008, 496 p. MARSEILLE, QUART NORD, Sulliver, 2009, 278 p. ART ET FIGURES DU SUCCÈS (B. G.), Point, 2012, 214 p. COLOMBA, livret d'opéra,musique J. C. Petit, création mondiale, Marseille, mars 2014.

mardi, janvier 29, 2019

VIRTUOSITÉ BAROQUE, ITALIENNE ET ESPAGNOLE


LYRICOPÉRA

Concert du Nouvel An

Temple Grignan

12 janvier 2019



Eleonora de la Peña, soprano

Christian Mendoze, flûte

Corinne Bétirac, piano



         LyricOpéra fêtait ses dix ans, ses quarante concerts, sans subventions, sans autre soutien que les dons et le dévouement sans faille de sa fondatrice Marthe Sebag. Avec son propre piano qui reste à demeure, elle a fait du Temple Grignan un véritable temple intime du lyrique et s’est gagnée le concours d’artistes dont beaucoup, jeunes, trouvent ou ont trouvé en ce lieu, un premier public attentif et exigeant, avant de se lancer à l’assaut de plus vastes scènes et auditoires. Beaucoup de ces chanteurs honorent désormais des lieux prestigieux nationaux et internationaux, mais fidèles et reconnaissants à l’accueil de cet écrin marseillais chaleureux, ils y reviennent pour notre bonheur.

         Ainsi, ce premier concert 2019 recevait, avec un vétéran, Christian Mendoze, ancien danseur étoile, flûtiste virtuose, fondateur, il y a plus de trente ans, du premier ensemble baroque de la région Musiqua Antiqua Provence qu’il a promené avec succès dans toute l’Europe, jalonnant son itinéraire de festival en festival de disques couronnés de prix prestigieux, Grand Prix de l’Académie du Disque, Prix Radio Suisse International, ou distingués par la critique, Recommandation Classica, Meilleur disque de l’année, etc. Le prochain, attendu pour le printemps, consacré à la musique baroque espagnole, gravera la voix hispano-française d’Eleonora de la Peña, sa jeune mais déjà ancienne partenaire de ses concerts et de son festival varois de Signes. Mais, ici, tous deux intervenaient comme solistes, avec la complicité de la pianiste et claveciniste, Corinne Bétirac, continuiste attitrée de l’ensemble Musiqua Antiqua, à la belle carrière et au riche palmarès discographique.

         La soprano Eleonora de la Peña, depuis ses dix-huit ans ans se produit sur scène, abordant, d’une voix à la projection naturelle, des rôles légers comme l’Ernestina de L’Occasione fa il ladro de Rossini, l’Eurydice d'Orphée aux Enfers, d’Offenbach ou plus dramatiques, telles l’Amélite du Zoroastre de Rameau, ou la tragique Didon de Dido and Aeneas de Purcell. Travaillée avec finesse dans des ateliers lyriques et des masters classes de grands professeurs, sa voix a gagné en agilité vocale lui permettant de se confronter au chant baroque, au bel canto romantique sans perdre de ses qualités naturelles. À vingt-quatre ans, on la trouve, chantant, entre autres, Rossini (Berta du Barbiere di Siviglia) aux fameux thermes de Caracalla. En 2016, elle participe à la première édition de Fabbrica, ambitieux spectacle monté par l’Opera Studio de l’Opéra de Rome, œuvre qui fait autant appel aux qualités vocales que scéniques de jeunes chanteurs soigneusement sélectionnés, intégralement mis en ligne. Engagée à Montréal au Festival d'Opéra de Saint-Eustache, elle est aussi Yniold de Pelléas et Melisande en Espagne.  


         Et nous la retrouvions avec bonheur à Marseille, dans sa première partie, d’abord dans l’air rêveur et piquant de la Norina du Don Pasquale (1843) de Donizetti. Comme Adina près de dix ans plus tôt dans l’Elisir d’amor, qui se définissait au milieu de ses paysans en femme cultivée leur lisant la légende de Tristan et Yseult, se gaussant du philtre d’amour, Norina paraît lisant un chapitre d’un roman de chevalerie inspiré de l’Arioste ou du Tasse (« Quel guardo il cavaliere… ») sur le pouvoir du regard de la Dame qui réduit à ses genoux le preux énamouré. Mais ici, le code courtois, chevaleresque, de la rêveuse en apparence première partie est tourné en dérision par la malicieuse jeune fille dans la seconde dans un insolent feu d’artifice vocal sur les artifices de la séduction dont elle sait user, sans besoin de leçon livresque, ivresse virtuose de vocalises papillonnantes, piquées, pour piquer, épingler, tels des papillons, les hommes de sa collection. Et nous sommes captivés à notre tour par cette adorable petite personne dans sa robe verte et son châle cachemire qui passe de la faussement ingénue première partie câline pour cascader ses rires, se riant des difficultés.

         Du même Donizetti, Linda di Chamounix (1841) est un étrange opéra mi-sérieux mi-bouffe, une sorte de pastorale montagnarde et parisienne où l’héroïne perd et retrouve la raison. Il en surnage l’air « O luce di quest’anima », récit obligé mélancolique, obligatoire prélude à un air lumineux, primesautier, jubilatoire, gammes montantes, descendantes comme les alpestres pentes alpestres du décor de l’histoire, mots brodés de vocalises, dans lequel Eleonora se lance avec franchise, notes nettes, piquées comme les pics alpins, jamais savonnées, dentelles de la ligne assumées, caressées, dessinées et trilles de cadences d’oiseaux. Incursion dans le Puccini bouffe de Gianni Schicchi , elle entre dans la brève mais intense ligne de l’air de Lauretta, « O mio babbino caro… » comme dans un gant ondulant,  insinuant du chantage ému au suicide au tendre papa.

         Sa seconde partie sera espagnole.  Je ne vais pas répéter ici tout ce que j’ai dit et écrit sur la zarzuela, dont le vaste éventail embrasse de ce qu’en France on appelle opérette et opéra-comique (avec passages parlés) au grand opéra. À preuve cet air pimpant d’une coquette cocottante vocalement, « Me llaman la primorosa », tiré de El barbero de Sevilla (1901), ‘le Barbier de Séville’ de Gerónimo Giménez et Manuel Nieto Matán, une polonaise au rythme effréné, semée de sauts périlleux, hérissée de vocalises et de cadences de haute voltige qui n’ont rien à envier à la vocalité virtuose italienne, dont Eleonora se tire encore avec une sorte de bagout souriant et hardi collant parfaitement au personnage. De Las hijas del Zebedeo (1889) du grand Ruperto Chapí, il n’est soprano qui, de Berganza à Los Ángeles, en passant par toutes les cantatrices qui aujourd’hui découvrent la zarzuela, comme Elina Garanca, n’ait voulu chanter les « Carceleras », avec la condition hispanique d’une voix aisée, corsée dans le grave et assez agile pour s’attaquer aux redoutables mélismes espagnols. Rythme et style flamenco, texte andalou badin et populaire d’une amoureuse joyeusement jalouse, exaltant de manière humoristique les charmes canailles de son amoureux. J’avoue mon appréhension préalable mais, vite disparue avec la maîtrise absolue d’Eleonora qui semble chez elle dans ce répertoire, médium solide et grave jamais forcé ni poitriné, sachant donner toutes les couleurs espagnoles à cette musique complexe, virtuose, mélismatique, avec ses cadences en roulades héritées du flamenco, joliment perlées, port altier et œil aimablement aguicheur. Pour clore la partie espagnole, la Canzonetta spagnuola de Rossini, si averti en hispanité lyrique avec sa femme Isabel Colbrán et son interprète le célébrissime ténor et compositeur Manuel García, père de la Malibran et de Pauline Viardot, collaborateur du Barbier de Séville, dont nombre de passages fleurent bon l’Andalousie. Un peintre, mis au défi par sa Muse de peindre un sujet surhumain, ne peut que le décliner pour s’abandonner à rêver de sa belle. Texte simple prétexte à la complexité vocale, commencé très lentement, accéléré à une virtuosité véloce de strophe en strophe avec, chaque fois des diminutions de plus en plus rapides et vertigineuses : un morceau de bravoure gagné haut la main et la voix.

         A la maîtrise technique du chant et des styles, Eleonora de la Peña joint le charme ardent de son physique, de son tempérament scénique : sans aucune gesticulation, quelques gestes et l’expressivité naturelle du visage lui suffisent, sobrement, à évoquer un sentiment, un personnage : à l’être dans la musique.

Johann Joachim Quantz (1697-1773), musicien élève de Zelenka, parcourut l’Europe comme flûtiste virtuose, rencontrant tous les grands compositeurs baroques italiens. Professeur de flûte de Frédéric le Grand, il restera auprès de lui, facteur de flûte,     auteur d’un traité pour l’instrument, et compositeur prolifique de centaines de sonates et concertos. Christian Mendoze avait choisi d’interpréter un Caprice, menuet avec dix variations pour flûte solo traversière qu’il avait lui-même adapté à sa flûte à bec : une véritable recréation.

Le thème est joli, se pose doucement puis, sur la simple architecture, Mendoze impose, dessine et tisse une fine texture qui évolue et se rénove progressivement en rythme et ornements dès la seconde variation, éveillant des nids d’oiseaux, et jamais flûte à bec—bien nommée— aérienne, ailée, ne fut plus justement affûtée à dire, chanter, ces envols d’oisillons gazouillants qui volètent volubiles mais sans jamais perdre le repère de cet instrument comme un perchoir ami d’où ils fusent sans fin dans une fausse fuite gracieuse vers un ciel azuré infini ; l’infini, horizon de la variation, variation de la variation qui se peut enchaîner sans fin. Et les notes-oiseaux se poursuivent, se rattrapent, se fuient, il y a comme des brouilleries, des disputes piano et forte, des dissonances, toujours harmonieuses, dans une transparence légère de ramure printanière fleurie flottant sur le zéphyr impalpable du souffle sans fin, vrilles et trilles frissonnants, floraisons dans l’espace. Miracle et volupté de la virtuosité, l’oreille et l’œil unissent leurs sensations aux images mentales : à regarder et entendre l’instrumentiste dialoguant abouché à son instrument, la fascinante prestidigitation de ses doigts, on croit le voir auréolé d’une impalpable nuée de croches, un brouillard de doubles croches tourbillonnant comme un essaim doré d’amicales d’abeilles babillardes. Oui, on comprend, à l’enchantement de ce jeu, qu’on prête à la flûte, instrument premier sinon primitif, un pouvoir hypnotique, magique, fascinant sur les sens, les gens.


Dans le seconde partie, le piano entrait en jeu avec la flûte, se partageant, toujours de Quantz, la Sonate en trio, réduite encore par Mendoze,  à deux. Sonate baroque mais dans le canon classique de sa construction en trois mouvements, un somptueux adagio central entre deux allegros. Corinne Bétirac, avec sa souplesse stylistique d’accompagnatrice avertie, manifestait ici son talent de partenaire pratiquement à plein, dialoguant à égalité avec la flûte virtuose, mais lui disputant, parfois, dans la logique concertante, de son martellement terrien, la prééminence aérienne même d’une flûte sûrement destinée à un monarque.  

En bis, Mendoze et de la Peña interprèteront un air charmant de Juan Hidalgo, ¡Ay que sí, ay que no ! qui figurera dans leur disque sur le baroque espagnol sous presse. Puis la soprano et la pianiste donneront fin à ce concert passionnant par le boléro passionné Bésame mucho, autre genre mais toujours musique, de la belle, et magnifiquement jouée et chantée.



LyricOpera

Marseille, Temple Grignan

Concert du Nouvel An

Temple Grignan

12 janvier 2019



Eleonora de la Peña, soprano

Christian Mendoze, flûte

Corinne Bétirac, piano

Donizetti, Puccini, Quantz, airs de zarzuelas

Photos :
1. Eleonora de la Peña
2. Corinne Bétirac et Christian Mendoze


Eleonora de la Peña

carceleras https://youtu.be/oqn0yJF5D4I

Christian Mendoze
http://musicaantiquaprovence.com/map.php












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vendredi, janvier 25, 2019

VIVENT LES FEMMES, ET SAVANTES ! SEXE ET SCIENCE AU FÉMININ


Trissotin ou Les Femmes Savantes

de Molière,

Théâtre National e la Criée,

Marseille, 17 janvier 2019

      Heureux rattrapage au vol de cette production de 2015 de Macha Makeïeff, sans doute mûrie et polie au cours des tournées, mais reprise et goûtée ici dans une éclatante nouveauté. La critique a été si unanimement élogieuse, à juste titre, qu’il y aurait quelque ridicule à voler au secours d’une victoire déjà conquise et méritée. Je me bornerai donc à y apporter des notes personnelles complémentaires à un texte et une réalisation, qui se prêteraient à une glose infinie.

  Décor 70 pour siècle 17 

 Bar à jardin, tour vitrée laboratoire à cour, vaste salon frontal où les lumières creuseront de géométriques espaces d’ombre ou des reliefs de vive clarté. Harmonie générale d’un « blond hardi » comme disaient les précieuses pour qualifier le roux : orange, jaune, rouge, avec des touches de bleu du tapis pour Trissotin qui feront vibrer leurs couleurs.


Meubles, lisses, policés, table basse, guéridon, sièges, fauteuils, canapés revêtus sans doute du skaï rival trompeur du cuir, fort en faveur alors, peut-être aussi du teck, et non du toc, chez ces bourgeois dans ce goût de la froide mode scandinave avivée par la vogue et vague sexuelle chaleureuse qui déferlait alors du nord. Appliques aux murs et suspension brillantes.

Pour recevoir dignement l’invité d’honneur, lui faire place, lui donner la place centrale, on amoncellera des meubles, des chaises métalliques qui feraient du salon salle de conférences pour ces doctes dames, si elles ne déménageaient, littéralement ou métaphoriquement, de la tête. Un tapis roulé pour dérouler celui d’honneur à Trissotin, sur des sièges empilés, semble visualiser dans l’humour cette « longue lunette à faire peur aux gens » que fustige Chrysale, pointée sur l’astre d’un lustre lunaire étincelant.

Sur belles jambettes, jupettes courtes à fleurs psychédéliques des demoiselles, costumes où les robes, violette de Philaminte, verte de Bélise et la chemise rose indien de Trissotin donnent la note, hypercoloriste, du temps. Trissotin, cheveux longs et talons hauts, insinuant et ondulant androgyne, crooner style David Bowie, voix acide de fausset, flûtée, affutée, affectée et sophistiquée de Fanny Ardant à la molle diction, a déjà la doucereuse onction d’un Tartuffe (Geoffroy Rondeau). Attendu comme un Messie par les dames, le gourou hippie apparaît dans des nuées, des éclairs, des échos, d’une surnature qui devrait peut-être quelque chose aux psychotropes. Sans ce pouvoir hallucinogène ingurgité par ces trois dames qui boivent et enregistrent la drogue de ses paroles, on comprend mal que toute leur science n’ait pas conscience de l’inanité de sa poésie. Sans doute la chute de polichinelle flasque, bras ballants du fauteuil de Philaminte, montre qu’elle, la dompteuse, est une marionnette manipulée.

Patriarcat et lutte des femmes, d’un siècle à l’autre
À trois cents ans, 1672, de la création de la pièce, années 70 de la nouvelle situation, évolution vertigineuse de celle du statut la femme et du patriarcat au miroir d’aujourd’hui. L’état fonctionnait comme une famille et la famille, comme un état, Roi ou Père au centre et Dieu au-dessus, caution des deux. Société verticale, patriarcale, où la femme passe du Père au Mari ou à Dieu le Père si elle n’a pas de dot et, sans dot moindre pour le couvent, elle reste la sœur, la tante, la vieille fille, la duègne espagnole au service du frère, veillant dans le foyer, sur la vertu des nièces, sans doute comme Bélise[1].


  Mais la monarchie a subi, dans la personne des rois, dans toute l’Europe, de rudes secousses, et la France, lors des Frondes, contestation de la royauté, du patriarcat[2], où se sont illustrées de belles ambitieuses avides d’une parcelle de pouvoir. Après mai 68 contestant un vieux patriarche général, la libération sexuelle des femmes et leur combat politique n’a pourtant pas eu complètement raison du patriarcat, du phallogocentrisme comme disait Derrida, le discours mâle dominant. Le pouvoir matriarcal de Philaminte au foyer, imposant impérieusement ses volontés (« Je ne veux point d’obstacle aux désirs que je montre » ; « Je l’ai dit, je le veux : ne me répliquez pas ») serait une vraie révolution, l’instauration singulière d’un matriarcat, illustrant le rêve des Anciens dont elle se pique : un roi justifié par la philosophie sur le trône comme, fondée sur la science, une femme dominante au foyer, si sa tyrannie n’était qu’un décalque de la domination des hommes. Dans un foyer bourgeois, limité, éteint, la  maîtresse-femme n’exercera dans l’ombre son pouvoir, plus tard, que comme maîtresse subalterne, même favorite des rois.


  Érotologie féminine

La mise en scène de Macha Makeïeff ouvre sur l’irruption, sur scène de personnages éméchés, fêtards rentrant à demeure, l’homme harassé d’alcool et sans doute de sexe : Clitandre, Henriette, couple qui n’a sûrement pas attendu de convoler pour s’envoler et s’envoyer en l’air. Suit la scène entre les deux sœurs, sur l’amour abstrait d’Armande la savante, qui dénonce le vulgaire et charnel de la cadette, abandonné aux sens. Débat tendu mais sous-tendu, informé au second degré indicible, il n’est pas interdit de le penser, par le fameux et scandaleux ouvrage anonyme, condamné mais courant sous le manteau et les draps,  L’Escole des Filles ou la Philosophie des dames (1655), deux dialogues entre deux cousines, l’innocente et la rouée, sur le plaisir au féminin en connaissance précise du désir et corps masculins.

Dernier brûlot du puissant courant libertin (au sens premier du terme, athée, esprit fort, mais annonçant l’élargissement du terme à l’érotisme), cet ouvrage, sereinement, tout naturellement, ne fait qu’en suivre, de savoureuse façon, la philosophe naturelle, combattue par l’Église. Ce mouvement libertin, même libertaire, s’était déjà illustré, dans la première moitié du siècle par un Saint-Amand exaltant la « douce » débauche, par Sorel, Naudé. Théophile de Viau, d’un hédonisme païen, sera condamné et emprisonné pour sa philosophie naturaliste d’abandon du corps aux lois de la nature qui prêche la licence sexuelle, en dépit des parents et vieux envieux.[3]

Plus proche de nos savantes femmes, la burlesque et scabreuse Carte du pays de Braquerie de Bussy-Rabutin de son Histoire amoureuse des Gaules (l660) était le pendant parodique et érotique de la fameuse et pudique Carte du Tendre (1654-1660) de la précieuse Mademoiselle de Scudéry, dont l’emprunt à la carte d’amour mystique de la montée au Mont Carmel de Jean de la Croix, signe et désigne assez l’ascèse d’un parcours amoureux dépassant la sensualité par une culture raffinée du sentiment.

En tous les cas, épuré ou apeuré de sexe chez Armande et Bélise, la tante vieille fille érotomane qui se croit toujours aimée et désirée, ou délivré de ces problèmes chez Henriette, deux thèses de l’amour s’affrontent d’emblée. Seules les outrances d’Armande puis de Bélise, font naturellement pencher les rieurs vers le bon sens tout de même un peu terre à terre d’Henriette. Mais sous les excès des deux savantes apparemment détachées des nourritures sexuelles terrestres, il convient de voir une réalité des rapports sexuels hommes et femmes qui horrifierait la génération actuelle des justement indignées du #meetoo.


Érotisme masculin

En France, après les longues convulsions des Guerres de religion qui débordent largement la première moitié du XVIIe siècle, ses révoltes féodales et ses Frondes, la noblesse, les hommes, sont toujours sur pied de guerre, arme (ou sexe) au poing. La femme n’y est, au mieux, que le repos du guerrier et, plus souvent, le butin de guerre de cavaliers guère chevaleresques, forteresse à prendre d’assaut. La réalité sexuelle est faite de brutalité.  La politesse galante, verbalisées, lexicalisée c’est-à-dire désémantisée, neutralisée donc, s’est réfugiée dans la poésie fadement amoureuse, les airs de cour, les opéras et cantates, les romans pastoraux inspirés des Espagnols et Italiens : au pays des songes, qu’on singe, au mieux.


Dans ce contexte, il faut rappeler le rôle civilisateur des salons féminins, le premier, celui de la marquise de Rambouillet, italienne, toute jeune initiée à l’art raffiné de la conversation, dont le père fut ambassadeur en Italie et en Espagne, pays où se cultivaient un art de vivre et une galanterie héritée de l’amour courtois. Avec sa fille Julie, son escadron de jeunes filles et les précieuses, elles vont polir avec le langage, la rudesse masculine. Tirés de ce vocabulaire, les apparemment ridicules « muets truchements », de Bélise, ‘les yeux’, dans la rhétorique du silence, comme interprètes de l’amour, ne sont qu’un verbal avatar rêvé de vénération virile de la dame. Bien des femmes, aujourd’hui, pourraient invoquer ce respect et, hélas, à notre époque où gagne aussi l’effroi sexuel, où l’image, le virtuel, tendent à remplacer le corps, souvent tenu à distance par le préservatif absolu de l’écran, la pulsion scopique traduit aussi la répulsion physique. La Pin-up épinglée dans la cabine solitaire du camionneur, les spectacles de nu féminins, les publicités aguicheuses, sont bien la preuve de cette faculté du mâle à se satisfaire du regard, déjà bien repérée et répertoriée par les précieuses, dont les prudes d’aujourd’hui auraient tort de s’indigner, plus que culture cul signe d’un archaïque culte masculin à la déesse.

          On est heureux que cette Bélise, en rien atrabilaire ni abstraite, ait été confiée à Jeanne-Marie Lévy,  belle voix charnue : le chant nostalgique qu’elle entonne au piano, déjà significatif, en fait un personnage poétique attendrissant et le duo qu’elle amorce voluptueusement avec Clitandre, au-delà des mots qui la limitent, montrent bien qu’elle n’a pas de frontière étanche charnelle avec l’homme. Tout comme l’anguleuse et acide Armande (Caroline Espargilière), figure finalement tragique, prise au piège de ses théories, implosant ou explosant dans peut-être un suicide qui, plus que le couvent dans le texte, avait tenté ici sa sœur, la pulpeuse et émouvante Vanessa Fonte si plantée sur terre sinon la tête dans les étoiles comme sa sœur.

Le désir de l’homme, comme ne dirait pas Boileau, « court à l’événement. »   Les précieuses de ces salons renouent avec les « Cours d’Amour » courtoises : la femme avisée oppose de délicats moyens dilatoires au mâle mal avisé pressé, lui apprennent à domestiquer ce brutal désir animal, à  l’humaniser, le socialiser, le cultiver en le retardant : en le verbalisant. Ce n’est pas pour rien, que Madame de Sévigné, dont son cousin Bussy-Rabutin disait que « toute sa chaleur est au cerveau », face à l’expéditif amour à la française, regrettait cet « amour à l’espagnole », fait de soumission et d’attente de l’amant, dont on voit l’expression, même caricaturée, dans la chanson de l’Espagnol du Bourgeois gentilhomme, dont témoignent tant d’opéras-ballets, jusqu’aux Indes galantes de Rameau.



Maîtresses-femmes d’exception

Il faut signaler, exemple harmonieux, le salon et la vie de la célèbre Ninon de Lenclos, comme Mademoiselle de Scudéry refusant le mariage, femme libre et libertine au double sens du mot, qui « théologisait », c’est-à-dire prêchait l’athéisme, entourée de beaux esprits et d’esprits forts, d’amants, classés en « payeurs », « martyrs » et « caprices ». Les femmes lui reconnaissaient l’art de faire un « honnête homme d’un jeune benêt », lui apprenant « la manière jolie de faire l’amour », de faire la cour. Victime d’une cabale de dévots qui l’enverra un temps au couvent en la perdant aux yeux d’Anne d’Autriche, maîtresse-femme régente, elle en sera délivrée par la même grâce à l’intercession de son admiratrice Christine de Suède, autre femme libre exceptionnelle, qui la vint visiter, tout aussi avide de savoir. Philaminte est de cette trempe de femmes.

Pour se venger des cagots, Ninon aurait soufflé à Molière, qui fréquentait chez elle, son Tartuffe. Mais, femme philosophe, érudite mais non pédante, toute féminité, a une revendication féministe dont se souvient sûrement la Philaminte de son ami Molière :

“Je vois qu’on nous a chargées de ce qu’il y a de plus frivole et que les hommes se sont réservés le droit aux qualités essentielles. Je me fais donc homme. »

« Homme au-dessus de toute définition », disait-on de cette femme.



Hommes peu savants

En tous les cas, malgré les excès de ces dames, les hommes qui les traitent souvent de folles, ne leur arrivent pas aux chevilles. Le cas est réglé de Vadius (Pascal Ternisien) ; Trissotin, l’imposteur Tartuffe des lettres abuse un temps leur cœur de midinettes et naïves fans, mais rien ne dit que pouvait durer longtemps son emprise, même avec la prise en mariage et dot d’Henriette dont la révolte eût fait sauter aussi le masque. Ariste (Philippe Fenwick), ne risque rien en utilité, oncle et frère désolé de la pusillanimité de Chrysale face à sa femme, à laquelle lui-même ne s’oppose guère. Quant au supposé maître des lieux, mari et père de famille, malgré sa magnifique tirade, dont le tir est lâchement détourné de sa femme à sa sœur, tout en fustigeant les femmes savantes, ne fait que souligner qu’il en mérite toutes les critiques : Vincent Winterhalter, par la richesse de son jeu, son art du mimodrame qui fait des silences de profonds suppléments non-dits du texte, en fait un homme fuyant les conflits mais dont on doute qu’il aime à se juger dans le miroir de sa conscience. Même sa fille Henriette, qu’il prétend défendre, ne lui manifeste qu’un respect contraint, sollicité par lui car il lui est nécessaire pour résister à la tyrannie de la mère.

Mais, malgré ses apparences de jeune premier, d’amant traditionnel d’Henriette, par sa jeunesse, Clitandre (Arthur Igual) laisse percer un futur Chrysale, guère moins borné dans sa tirade condescendante envers les femmes proclamée et déclamée de toute la hauteur de sa supériorité masculine : 

« Je consens qu'une femme ait des clartés de tout,

Mais je ne lui veux point la passion choquante

De se rendre savante afin d'être savante » . (acte I, scène 3).


En somme sinon sois belle, sois savante et tais-toi. Voilà ce que consent, permet à sa future, de toute son autorité le prétendant, finalement prétentieux : le savoir qui se peut avouer n’appartient qu’aux hommes. Des hommes qui n’ont, pour toute alliée de poids, que l’accorte et belle servante Martine (Louise Rebillaud) dont le bon sens et le jeu ont beau jeu d’emporter la sympathie et le rire de la galerie.


Savantes ridicules ?

Si les Précieuses de Molière étaient ridicules, hors leurs nécessaires excès de néophytes à quoi les contraint sûrement la culture accaparée de toute éternité par les hommes, les femmes étant toujours forcées d’en faire plus pour un statut égal (et un salaire moindre), si on leur passe leur faiblesse pour le fascinant séducteur Trissotin, à leur décharge, elles ne se piquent guère de poésie mais de prose, de philosophie et de science, il ne s’agit pas ici des Savantes ridicules, qui pouvait faire un pendant aisé à l’autre pièce. Dans ce domaine, sauf l’illusion d’un homme sur la lune, qu’elles ne sont pas seules à prétendre avoir vu, on les peut difficilement prendre en faute et, quand on connaît l’état scientifique du temps, on est plutôt admiratif du savoir précis que leur prête Molière, des atomes aux tourbillons cartésiens. Leurs projets et ambitions intellectuelles sont remarquables. Mais, depuis Ève et son péché originel de vouloir goûter, déjà, au fruit de la Connaissance, l’intelligence, la science sont suspectes chez la femme, d’origine forcément diabolique : domaine de la Sorcière.

Philaminte héroïque

Certes, Philaminte, zélée zélote dans son militantisme quasi militaire pro Vaugelas (qui assécha tout de même la langue française à force d’épuration linguistique, reléguant pour deux siècles Rabelais et la Pléiade) n’a pas la tolérance d’un Proust qui pardonnait surtout les « fautes d’orthographes. » Mais on doit porter à son crédit qu’elle et Bélise ont patiemment et ardemment instruit leurs domestiques : générosité pédagogique envers le peuple dont se plaint l’égoïste Chrysale :


« Mes gens à la science aspirent pour vous plaire […]

Raisonner est l’emploi de toute ma maison, »


évoquant ses serviteurs lisant, rêvant à des vers, s’intéressant aux astres.


Elle est au-dessus des biens matériels même en chassant injustement Martine pour des fautes de langues plus graves à ses yeux après tant de leçons que d’éventuels larcins. Arbitre dépassé mais neutre dans le duel verbal entre Trissotin et Clitandre, elle fait noblement remarquer devant la virulence, la violence déloyale de l’attaque ad hominem :

  « On souffre aux entretiens ces sortes de combats

Pourvu qu’à la personne on ne s’attaque pas. » (1V, 3)


Se réclamant du stoïcisme, c’est en stoïque qu’elle accueille l’annonce du procès perdu qui accable Chrysale :


                                      Vous vous troublez beaucoup !

Mon cœur n’est point du tout ébranlé de ce coup. » (V, IV)


L’on apprécie beaucoup aussi, que, dans cette production, si elle peut inévitablement être odieuse et despotique dans le ménage, le charme souriant de la souple Marie-Armelle Deguy en fasse une personne souvent drôle, mais jamais ridicule et même attachante. Lorsque, libérant enfin la parole des femmes et l’enjeu de son combat, auquel on ne peut que souscrire, prenant le micro et le piédestal, elle s’écrie :


 « Je veux nous venger toutes ! »
« Moi, la pire de toutes » : la nonne savante
Et là-bas, au Mexique, presque contemporaine, entre pouvoir des hommes et puissance de Dieu, une femme voilée, Sœur Juana Inés de la Cruz (1651-1695)[4] : jeune, belle, adulée, dotée de tous les talents, au sommet de sa gloire mondaine, elle fuit la cour vice-royale et entre au couvent sans vocation pour y trouver la paradoxale liberté d’étudier, de s’adonner à la science, d’écrire. Musicienne, dramaturge, astronome, femme savante se livrant à des expériences, ayant un observatoire astronomique dans sa cellule, son savoir est si célébré dans toute l’Amérique, qu’on doute même qu’elle soit une femme.  Elle répond :


« Je n'entends pas bien ces choses

Mais au couvent me rangeai

Afin que si je suis femme

Nul ne vienne vérifier. »


Son couvent devient un véritable salon littéraire.

 « La Dixième Muse » à la production poétique immense, étrille les hommes et leurs désirs dans des vers satiriques, écrit des poèmes d’amour enflammés à la vice-reine qui la protège, qu’elle divinise, avec cet aveu qu’elle lui écrit :

« Aucun dieu n'est à l'abri

Du désir qu'on a de lui. »

      Toutes les conceptions de l’amour sont analysées par elle et, à sa chère vice-reine, elle explique :


« Être femme et être loin

À l'amour n'est point barrière ;

Car tu sais que pour les âmes

Il n'y a sexe ni frontière ;

D'autant que l'amour naturel

N'est loi que pour le vulgaire,

Dont s'affranchit aisément

Toute beauté singulière. »


Mais elle commet la faute de se mêler de théologie, domaine des hommes, s’attirant les foudres de l’Archevêque de Mexico. Dans une longue et poignante lettre savante où elle raconte son irrépressible vocation poétique, elle justifie et revendique pour les femmes le droit à l’étude, à la science, à la liberté d’écrire.

Interdite de papier, de plume et d’encre, condamnée au silence, elle se défait de sa précieuse bibliothèque, émancipe sa petite esclave, donne aux pauvres les bijoux dont la comblait la vice-reine, fait son testament qu’elle signe :


« Yo, la peor de todas », « Moi, la pire de toutes ».
Et meurt vite.


Pour les universitaires américaines, elle est la première féministe, et victime, de tout le continent américain. Ironique paradoxe, au Mexique, aujourd’hui connu pour une misogynie qui conduit aux extrêmes du féminicide, au pays des machos, le plus grand poète national est une femme : Juana Inés de la Cruz.


Musique

On a beaucoup perdu de la production de la nonne savante, dont un traité de musique. Sans musique y a-t-il une œuvre complète ?

J’avoue le plaisir de connivence musicale aux réalisations de Macha Makeïeff. Ici, d’abord, le cliquetis d’une machine à écrire émanant de la tour laboratoire, étrange résonance dans le silence,  le grésillement d'un téléphone d'entrée.

Bélise, touchante, se mettra au, piano et chantera, en russe, l’air français emprunté à Guétry par Tchaïkovski pour sa La Dame de Pique, qui sera repris comme un leitmotiv dans La Fuite ! de Boulgakov par la metteur(e) en scène comme dit « auteur(e) » le Chrysale de Winterhalter : c’est toute l’âme ingénue, poétique et nostalgique, on ne sait de quel amour blessée, qu’exprime la vieille fille par la voix ronde et sensuelle de Jeanne-Marie Levy. On entend Purcell dans des arrangements modernes réussis (Macha Makeïeff et Jean Bellorini, qui signe aussi les expressives lumières). Clitandre (Arthur Igual), désespéré, grattant une minuscule guitare à défaut du luth originel, chante, bouleversant, le « Flow, my tears, /Flow, my tears, fall from your springs!/ Exiled for ever », de John Dowland, que corrige et reprend Bélise dans son rêve fou d’amour que la musique rend possible.


Diction

Sans altérer leur clarté, leur superbe diction, leur naturel finalement, on savoure chez tous les acteurs la musique des vers, respectés dans leur scansion, et épargnant ce mâchouillis parigot qui affecte tant de textes classiques en vers, amputant l’alexandrin de ses e qui, pour être dits « muets » n’en sont pas moins sensibles, faisant boiter les pieds harmonieux, comme telle faubourienne Phèdre :

« J’l vis, j’rougis, j’pâlis à sa vue…»


Dans beaucoup de productions, non seulement les diérèses (les mots où la métrique exige un pied de plus comme « élisi/on ») sont souvent élidées pour une soi-disant raison de naturel (comme si parler en vers relevait de la nature), dans cette réalisation, elles font sens, ironiques dans la tirade d’Henriette à sa savante sœur, 

« Je n’ai pas empêché qu’à vos perfecti/ons

Il n’ait continué ses adorati/ons »,


pédantes chez Vadius détachant les syllabes entachant son rival Trissotin :


« Les défauts des auteurs dans leurs producti/ons

C’est d’en tyranniser les conversati/ons.»


Bref, un texte travaillé dans ses plus délicats retranchements :  on aime ces Femmes savantes.

Trissotin ou Les femmes savantes de Molière
La Criée, du 8 au 20 janvier
Mise en scène, décor & costumes Macha Makeïeff Lumières Jean Bellorini Son Xavier Jacquot Coiffures et maquillage Cécile Kretschmar Arrangements musicaux Macha Makeïeff et Jean Bellorini Assistants à la mise en scène Gaëlle Hermant et Camille de la Guillonnière Assistante à la scénographie et accessoires Margot Clavières Construction d’accessoires Patrice Ynesta Assistante aux costumes Claudine Crauland Régisseur Général Sebastien Revel Iconographe Guillaume Cassar Diction Valérie Bezançon Studio son Sébastien Trouvé
Avec Marie-Armelle Deguy, Vincent Winterhalter, Jeanne-Marie Levy, Geoffroy Rondeau, Vanessa Fonte, Caroline Espargilière, Arthur Igual (en alternance avec Ivan Ludlow le 10 janvier), Philippe Fenwick, Pascal Ternisien, Louise Rebillaud, Bertrand Poncet, Valentin Johner (en alternance avec Pierre Hancisse les 16, 17 et 18 janvier)
Production La Criée Théâtre national de Marseille / Coproduction Festival des Nuits de Fourvière, Théâtre Gérard Philipe, Centre Dramatique National de Saint-Denis, Centre Dramatique National Orléans/Loiret/ Centre, Centre Dramatique Régional de Tours - Théâtre Olympia
Photos : LoLL Willems
1. Harmonie d'un 'blond hardi" ; 
2. Bélise (Jeanne-Marie Levy) et ses expériences éroti-scientifiques ; 
3. Trissotin à l'assaut d'Henriette (Geoffroy Rondeau et Vanessa Fonte) ;
4. Boire et enregistrer la parole hypnotique de Trissotin ; 
5. Trissotin crooner (Philaminte pâmée, Henriette perchée et Bélise assise) ;
6. Philaminte en son laboratoire (Marie-Armelle Deguy) ;
Proclamation féministes de Philaminte devant Bélise, Trissotin et Armande assise (Caroline Espargilière).








[1] Je renvoie à l’un de mes livres, D’Un temps d’incertitude, Éditions Sulliver, 2008.
[2] Sur le patriarcat lié à la misogyne et à la gérontophobie, à la haine des pères, voir en particulier La Deuxième Partie, « Incertitude du temps », chap. VII, « L’ère des Pères ».

[3] Idem.
[4]  Depuis longtemps, je lui ai consacré des articles, un essai (Le Sexe d’un ange), une émission à France-Culture, des conférences, des traductions et un chapitre dans mon livre sur le Baroque, Figurations de l’infini, Éditions du Seuil, 1999, Grand Prix de la Prose et de l’essai.

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