Enregistrement
15/3/2018, passage, semaine du 26/3/18
RADIO DIALOGUE
RCF (Marseille : 89.9 FM, Aubagne ; Aix-Étang de Berre : 101.9)
« LE BLOG-NOTE DE BENITO » N° 309
lundi : 18h45 ; mercredi : 20
h ; samedi : 17h30
Semaine 13
Sacré,
consacré
En cette semaine de Pâque les
concerts de musique sacrée abondent.
Mais, sacré veut dire quoi ? C’est
d’abord le contraire de profane,
terme qui qualifie ce qui n’appartient pas à la religion. Est donc sacré ce qui est objet d’un culte, digne de vénération par son
caractère divin ou sa relation à la divinité. Bien sûr, si l’on se demande ce que signifie
divin, on s’aperçoit vite que notre époque, dans une confusion du profane et du
sacré, est prodigue en enflure des mots, en inflation des valeurs (surtout
marchandes) et il apparaît vite que la célébrité médiatique est aujourd’hui ce
qui donne nom, renom, ce qui sacre et consacre, inspirant respect, vénération,
culte. Voilà les sportifs devenus, de héros, des dieux du stade, tout comme les
stars, les étoiles du ciel du cinéma, ou le divo
ou la diva de l’opéra, qui signifient
‘dieu, déesse’.
Pour souligner
sa prédilection, sa vénération profane pour une chose, une œuvre d’art, on
parle aujourd’hui de livre culte, de film culte, de chanson culte, etc. À voir
donc où va se nicher le culte, on peut conclure sans peine, mais non sans
dommage, que notre époque a sans doute perdu le sens du sacré pour le remplacer
par celui du « consacré ». Consacré par la réputation, la célébrité
sinon l’usage.
Pourtant, on
concédera que le morceau de musique suivant, notre première halte musicale,
joint les deux qualités de consacré par sa beauté, et sacré par son thème. Il
s’agit du Stabat mater mais non
celui célébrissime de Pergolèse, mais de celui, moins connu, de Rossini.
C’était une commande qu’on lui fit en Espagne en 1833 ; il le remania à
Paris en 1844 et Donizetti en assura la direction. Voici une version de l’orchestre et chœur de l’Accademia
Nazionale di Santa Cecilia dirigée par Antonio
Pappano, avec de grands artistes en solistes. Écoutons cette grandiose
entrée :
1) PLAGE 1
Les musiques
sacrées, il ne faut pas les confondre avec les musiques strictement
religieuses. La musique religieuse, liturgique, rituelle, cultuelle, est au
service du culte, du rite, de la liturgie. Elle est exécutée par des religieux,
reprise souvent par les fidèles, à l’intérieur d’un édifice religieux, mais
aussi à l’extérieur parfois, dans les processions par exemple.
L’expression
musique sacrée en Occident, désigne des formes, des genres musicaux consacrés
par l’usage, qui peuvent accompagner le culte, les pratiques religieuses :
les messes musicales suivent le déroulé du cérémonial de la messe
religieuse ; le Stabat mater, prend
son nom du début du célèbre poème de Jacopone da Todi : « Stabat
mater dolorosa juxta crucem… » (‘la mère douloureuse était près de la
Croix…’) tout comme le Requiem, qui
est le premier mot de la messe des défunts, Missa
defunctorum : « Requiem
æternam dona ei [eis], Domine… » (‘Seigneur, donne-lui
[donne-leur] le repos éternel’).
La musique
sacrée est souvent commandée à de grands compositeurs, qui utilisent des textes
liturgiques. Elle est jouée aussi bien dans des églises que dans des salles de
concert, des opéras.
Messe religieuse
Au-delà de la
croyance religieuse, la messe religieuse, c’est la réactualisation d’un
archaïque sacrifice humain que la coupable conscience humaine voudrait
oublier : chair et sang, pain et vin, résumés, sublimés, par le miracle de
la Transsubstantiation, dans l’hostie. De l’acte criminel ancien initial on est
passé à son actualisation initiatique, mais non par la répétition du crime,
mais par sa sublimation poétique par le symbole. Et, qu’on lui donne un sens
religieux ou non, ce symbole qui en vient à remplacer l’horreur première du
sacrifice, c’est le degré le plus élevé de la civilisation.
Messe musicale
La messe
musicale est la sublimation de cette sublimation. La musique a toujours
accompagné la religion. Messe des morts et messe de résurrection, chacun,
croyant ou non se trouve confronté un jour au mystère de l’origine et de la
fin, de la perte des êtres chers, au sentiment de la sienne propre. Aussi, que
le public vienne dans une église pour Bach, Mozart ou Beethoven, les textes
liturgiques sur ces mystères fondamentaux, ne peuvent laisser personne
indifférent. Et cela va de soi pour la Vierge à l’enfant, la mère et le fils,
image universelle de la vie, de l’amour, et la Mater dolorosa, la mère tenant
son enfant mort entre les bras, image universelle de l’humaine douleur, et même
animale. D’où ce cri à la Vierge, inflammatus, per te virgo… » chanté par Ana Netrebko :
2), PLAGE
Rossini, mélancolique ans sa vie,
avait un sens aigu de l’humour et, dans sa préface à sa Petite messe solennelle qu’il compose en 1863, à soixante et onze
ans, après trente-quatre ans de silence, écrit :
« Bon Dieu. La voilà
terminée cette pauvre petite messe. Est-ce bien de la musique sacrée que je
viens de faire ou de la sacrée musique ? J'étais né pour l'opera
buffa, tu le sais bien ! […] Sois donc béni et accorde-moi le
Paradis2. »
Nous lui accordons bien
volontiers le paradis, celui de la musique en écoutant ici ce passage a cappella, sans accompagnement, de son Stabat mater :
3) PLAGE 9
Et c’est avec un souhait de bonnes Pâques, que nous nous
quittons sur l’amen final du
grandiose Stabat mater de
Rossini :
4) PLAGE 10 : FIN ET FOND
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