Enregistrement 18/1/2018, passage,
semaine du 5/02/18
RADIO DIALOGUE RCF (Marseille :
89.9 FM, Aubagne ; Aix-Étang de Berre : 101.9)
«
LE BLOG-NOTE DE BENITO » N° 302
lundi : 12h15 et 18h15 ; samedi :
17h30
IMAGES un CD labeL Hortus de
Florian Caroubi, piano. Debussy, Liszt, Moussorgski.
Semaine 6
La semaine dernière, je parlais de deux
disques de piano du label Hortus, Claude Debussy, Reflets dans l’eau par Kotaro Fukuma, Le
jeune Debussy par Matteo Flossi. Ils touchaient, incidemment les
rapports entre la musique et l’image. Du même label, en voici un autre, qui
sera dans les bacs à partir du 13 février, qui exprime explicitement ce rapport
entre l’œil et l’oreille, la note auditive et la note musicale, l‘image et la
musique. C’est le jeune pianiste Florian Caroubi qui le propose. Il intitule
son CD tout simplement IMAGES. Il y offre,
de Debussy, tout naturellement, les trois pièces la deuxième série d’Images de 1907, c’est-à-dire, « Cloches
à travers les feuilles », dont le titre même dit le son, la cloche, et
l’image, les feuilles ; « Et la lune descend sur le temple qui
fut », un vers du compositeur lui-même qui traduit en image sonore la
musicalité et l’image picturale nocturne sur une architecture disparue ;
il y a enfin ces éclairs fugaces des frétillants et glissants « Poissons
d’or » insaisissables que nous écoutons immédiatement :
À écouter ce morceau, on comprend que Claude
Debussy pouvait affirmer : « J’aime
presque autant les images que la musique ».
Ces images de Debussy sont suivies de trois morceaux de Liszt extraits de
son Année de pèlerinage, "Deuxième
année", inspirés des d’œuvres d’arts italiennes, un tableau de Raphaël, Spozalizio, le mariage de la Vierge
dont il traduit la lumineuse sérénité, Il
penseroso, ‘Le penseur’, une sculpture méditative de Michel-Ange ornant
le tombeau des Médicis à Florence, sombre à souhait, et un hommage à un peintre,
« Canzonetta del Salvator Rosa » à travers un petit
air du compositeur baroque Bononcini dont nous écoutons le pittoresque pimpant
et frais :
2) PLAGE 6
Quelques mots sur ce jeune pianiste Florian Caroubi. Il se définit
comme musicien éclectique et passionné et on lui en donne acte à juger par son
répertoire à la fois de pianiste soliste mais aussi de chambriste, c’est-à-dire
partageant la musique en concert de chambre avec d’autres instrumentistes, sans
compter une activité d’accompagnateur de chanteur, ni oublier qu’il est
également chef d’orchestre. Multiples casquettes qui le font promener dans
nombre de pays, sans dédaigner, bien sûr, le nôtre tant en concerts qu’en
émissions radio ou télévision : on a pu l’entendre à Aix, Avignon, Marseille,
lié à notre Opéra par un projet pédagogique d’initiation de jeunes à la
direction d’orchestre. Il est lauréat de divers prix, dont par ailleurs le Premier prix du concours international de Montrond-lesBains,
le premier Concours des Nuits Pianistiques
d'Aix-en-Provence, et le prix du public au concours
international « Alain Marinaro ».
Rares sont les artistes qui sont à la fois d’excellents interprètes et
qui savent aussi bien parler de leur interprétation, de leurs choix musicaux.
On apprécie donc la Préface que Florian Caroubi donne à ces IMAGES. Si la
peinture se plaît souvent à représenter des instruments de musique, des
musiciens, « de manière avouée ou non, ont pris le parti de décrire
l’image en sons », dit-il. Mais à l’intemporalité d’un tableau, à sa
fixité temporelle, « la mise en musique d’un tableau temporalise la
permanence d’une œuvre d’art », ajoute-t-il, lui donne une dimension
temporelle, « la musique contraint l’auditeur à suivre une
histoire », « elle dramatise l’œuvre visuelle. »
Personnellement, en tant que spécialiste, je signalerai qu’à l’époque baroque
où la rhétorique, l’éloquence, régissait tous les arts, la musique, l’opéra
étaient considérés comme une peinture éloquente et la peinture comme une
musique muette. D’ailleurs, un même vocabulaire régit souvent les deux
arts : ainsi, la ligne, le dessin, le ton, monochrome, polychrome, le
chromatisme et autant art de la musique que de la couleur et ce n’est pas pour
rien qu’on parle des couleurs d’un orchestre, d’une voix, et que les ornements
vocaux sont appelés des coloratures. Les sons, les couleurs, se répondent car
il n’y a pas de compartiments étanches entre les sens ni entre les arts qui les
sollicitent.
La troisième partie du disque de Caroubi, à l’évidence picturale et
musicale, est constituée des fameux Tableaux d’une exposition de Modest Moussorgski. Le
compositeur russe les avait composés d’après ceux
de Victor Hartmann, tout comme l’Espagnol Granados composera ses Goyescas
d’après les tableaux de Goya. Malgré les titres renvoyant aux titres
explicites des peintures, ces tableautins musicaux de Moussorgski, loin d’être descriptifs
comme une musique à programme, les peignent, dépeignent avec une grande
concision, comme ici ce grouillement, ces pépiements de ce « Ballet des
poussins dans leur coque » :
3)
PLAGE 15
Dans un cadre temporel
étroit, le plus long des morceaux excédant à peine les six minutes, ces tableautins,
ces vignettes, sont des atmosphères, des évocations, parfois des évanescences,
des sfumatos vaporeux ou des impressions plus corsées et colorées. Nous nous
quittons sur « Il vecchio castello », ‘le vieux château’ poétique du
tableau de Victor Hartmann que
nous ne verrons pas mais entendrons à travers la vision musicale de Moussorgski :
4) PLAGE 10
IMAGES UN CD LABEL HORTUS
DE FLORIAN CAROUBI, DEBUSSY, LISZT, MOUSSORGSKI.
https://www.youtube.com/watch?v=dIpkP7BLVaE
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