Enregistrement 22/2/2018, passage,
semaine du 26/2/3/3/18
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LE BLOG-NOTE DE BENITO » N° 305
lundi : 18h45 ; mercredi : 20
h ; samedi : 17h30
Semaine 10
L’Opéra de Toulon présente les 9, 11 et 13 mars Lucia de Lammermoor de Gaetano Donizetti. C’est un opéra en trois actes de Gaetano Donizetti (1797-1848) sur un livret de Salvadore Cammarano d’après le roman La Fiancée de Lammermoor de Walter Scott. Création : Naples, Teatro san Carlo, 26 septembre 1835. Cette œuvre est célèbre pour la scène finale de la folie, devenue un modèle du genre. Revenons un peu sur ce thème, même si je l’ai déjà traité. Le premier tiers du XIX e siècle, de l’Italie à la Russie, on semble se passionner, je dirais à la folie, sur la folie, dans la littérature (Rappelons Gogol, Le Journal d’un fou), le théâtre et l’opéra. Je reprends des arguments que j'avais avancé dans une émission sur le thème sur France-Culture.
La folie, des
civilisations l'ont célébrée, d'autres marginalisée ; d'autres ont aussi tenté
de la soigner, souvent par la musique comme David apaisant Saül en lui jouant
de la cithare. Dans l’Antiquité, le fou était assimilé parfois au voyant ;
au Moyen Âge, il passait pour l’envoyé de Dieu, ou du Diable : on était
suspendu à sa bouche mais il débouchait souvent sur le bûcher quand c’était une
femme, une sorcière évidemment. C’est le XVIIe siècle bourgeois
« raisonnable », à vocation rationaliste qui, faisant de la folie le
contraire de la raison, la décrétant déraison, en généralise l’enfermement dans
des hospices, des asiles que l’on visite, faute de pouvoir les
rentabiliser : Michel Foucault,
dont on parle beaucoup en ce moment, a laissé des pages fondamentales sur le
thème dans son ouvrage Histoire de la folie à l'âge classique
(1954)
À cette époque, la
folie devient spectacle, qui se danse, se peint, se chante, s’écrit : Folies
d’Espagne, Nef des Fous.
Folie des hommes
Don Quichotte, dont une époque
aveugle à sa générosité humaniste, ne voit pas la grandeur, est le fou qui fait
rire plus que rêver l’Europe. Car la folie semble d’abord masculine : l’Orlando
furioso de l’Arioste, mis en musique par Lully, Hændel, Vivaldi,
Haydn, et des dizaines d’autres compositeurs, est aussi le modèle de l’héroïsme
déchu. Xerxès, Serse, de Cavalli ou Hændel, et de tant d’autres sur le
livret de Métastase, est un général et roi des Perses fou qui chante son amour
à un platane dans le célèbre « Largo ». Ces fous d’amour, sont des
héros, des chevaliers, des monarques, et il faut rappeler que même Tristan a
son épisode de folie, « la folie Tristan », naturellement, le preux
perd la raison pour les beaux yeux de la reine Iseult, épouse de son oncle, le
roi Marc.
C’est donc peut-être
parce que la folie semble un envers, ou un revers de l’héroïsme masculin, qu’il
semble jusque-là dénié aux femmes. Il faut attendre la fin du XVIIIe
siècle et Mesmer, le célèbre magnétiseur, puis Ségur au début du XIXe,
pour attirer l’attention sur le somnambulisme féminin : ce n’est pas
encore la folie, mais l’on estime que cela lui ressemble.
Folie des femmes
La folie féminine est
donc un thème déjà à la mode lorsque Walter Scott publie en 1819 son roman, The
bride of Lammermoor , qui fait le tour de l’Europe, inspiré d’un fait
réel, histoire écossaise du XVIIe siècle, de deux familles ennemies
et de deux amoureux, autres Roméo et Juliette du nord, séparés par un injuste
mariage qui finit mal puisque Lucy, faute d’épouser Edgar qu’elle aime et qui
l’aime, lors de sa nuit de noces, poignarde le mari qu’on lui a imposé et
sombre dans la folie. Cependant, elle
semblerait avoir des dispositions, disons des faiblesses mentales puisque la
voici, attendant en secret son amoureux, la nuit, près d’un puits, prise
d’hallucinations, croyant voir le spectre d’une femme assassinée par son amant,
de la famille Ravenswood, celle de
son aimé. Nous écoutons le début de l’air chanté par la Callas, accompagnée par
Tulio Serafin à la tête du Maggio
Fiorentino :
1) DISQUE I, PLAGE 3
Cependant,
Bellini avait ouvert le bal des héroïnes folles avec le Pirate
(1827), suivi de Donizetti et son Anna
Bolena (1830) qui perd la raison avant de perdre la tête sur l’échafaud.
Bellini persiste avec la Sonnambula (1831), I puritani
(1835) et enfin Donizetti relève le défi avec sa Lucia di
Lammermoor de la même année, qui en devient comme le modèle achevé.
Mais la malheureuse Lucia a de quoi sombrer dans la folie. Son frère, interceptant
toutes les lettres de son amant en exil, dont il a par ailleurs usurpé les
domaines, lui impose pour mari, pour renflouer ses finances, un riche seigneur.
Mais écoutons le malheureux Edgardo, croyant Lucia infidèle, chanté par Alfredo Kraus, acccompagné par le Royal Philharmonic Orchestra dirié par
Nicolà Rescigno :
2)
DISQUE II , PLAGE 9
Le malheureux Edgar
se suicidera en découvrant que Lucie, devenue folle a tué son mari durant se
nuit de noces et s’est donné aussi la mort.
La scène de folie
devient donc un genre, grande et longue scène entremêlée des commentaires des chœurs,
avec d’abord une partie lente et douce dans les grandes arabesques, puis la
cabalette avec toute une folle pyrotechnie vocale, grands écarts, notes
piquées, trillées, gammes montantes, descendantes, etc. En voici un extrait chanté par Nathalie Dessay, l’orchestre de
l’Opéra de Lyon dirigé par Evelino Pidó, dans la version française de
Donizetti lui-même. Peut-être n’est-il pas indifférent de
rappeler que, juste avant sa mort, Donizetti fut enfermé dans un asile
d’aliénés à Ivry.
Mais écoutons sa célèbre héroïne :
3) DISQUE III PLAGE 1
Opéra
de Toulon présente les 9, 11 et 13 mars Lucia de Lammermoor de Gaetano
Donizetti.
operadetoulon.fr
72€ / 54€ / 29€ / 19€ / 9€
Tarifs réduits : Groupe de 10 pers. minimum, comité d’entreprise, abonné, titulaire de la carte Opéra, demandeur d’emploi, allocataire du RSA, accompagnateur d’un passeport jeune ou d’une personne titulaire d’une carte d’invalidité
Personne titulaire d’une carte d’invalidité : 15€ Jeune (étudiant – de 26 ans) : 37€ / 27€ / 9€ / 5€
Tarifs réduits : Groupe de 10 pers. minimum, comité d’entreprise, abonné, titulaire de la carte Opéra, demandeur d’emploi, allocataire du RSA, accompagnateur d’un passeport jeune ou d’une personne titulaire d’une carte d’invalidité
Personne titulaire d’une carte d’invalidité : 15€ Jeune (étudiant – de 26 ans) : 37€ / 27€ / 9€ / 5€
Baltasar Gracián, repris par La Rochefoucauld : "Sans un grain de folie, la sagesse n’est pas
si sage que cela." In Art et Figures du succès, Poche point.
Lacan :
"N’est pas fou qui veut."
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