Enregistrement 1/2/2018, passage,
semaine du 19/2/18
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LE BLOG-NOTE DE BENITO » N° 304
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Semaine 8
Voici un disque plein
de charme. Il n’est pas exactement nouveau, il a un an, mais, s’agissant de musique du Moyen-Âge, pour
être exact, du XIIIe siècle, il n’est pas d’actualité brûlante et,
par ailleurs, étant consacré à Louis IX, autrement dit saint Louis, on peut,
sans plaisanter, dire qu’il défie l’éternité. Il s’agit donc de Saint Louis - Chroniques et musiques du XIIIe siècle, par l’Ensemble Vocal de Notre-Dame de Paris
sous la direction de Sylvain Dieudonné, édité par la Maîtrise Notre-Dame de
Paris, 2016.
Tout le monde a dans
l’œil une image de Notre-Dame, l’un des plus anciens emblèmes de Paris. Or, Sylvain
Dieudonné, avec son Ensemble Vocal de Notre-Dame et leurs remarquables enregistrements,
semble, patiemment et passionnément, brosser pour nos oreilles le paysage
musical médiéval autour de la cathédrale. En effet, alors même qu’en 1163 on
posait les premières pierres de l’immense édifice, construit en deux siècles,
naissait parallèlement ce qu’on appellera l’École
musicale de Notre-Dame de Paris et ses complexes polyphonies de voix
multiples tressées, entrecroisées, dans
lesquelles il n’est pas interdit de voir une image sonore des croisées d’ogive
de l’architecture même de ce style gothique en ses débuts, qui évoluera jusqu’à
l’efflorescence de son plus virtuose achèvement du gothique flamboyant. Après
une riche exploration du thème marial pour le jubilé de Notre-Dame, qui
célébrait ses 850 ans en 2013, ce disque est construit autour de la figure de
Louis IX, autrement dit, saint Louis.
Le roi naquit en 1214
et mourut à Tunis en 1270 lors de sa seconde croisade, la huitième pour l'Histoire.
Élevé très rigoureusement par sa mère, la très pieuse Blanche de Castille,
Louis en hérita la piété, fit construire églises, abbayes et hospices, mais
aussi le collège de la Sorbonne, qui aura une grande influence culturelle. De
manière assez rocambolesque, il réussit à acheter à des Byzantins en mal
d’argent, des supposées reliques de la Passion qui étaient à Constantinople et
que les Vénitiens comptaient acquérir, la Couronne d’épines, un bout de la
vraie Croix, l’éponge. Pour les avoir à disposition, mais habile politique pour
asseoir son pouvoir royal sur le divin, il fait construire la magnifique
Sainte-Chapelle, un véritable reliquaire de pierre, en 1242. Il fut un grand
réformateur, notamment de la justice (on le représente populairement la rendant
sous un chêne) mais il réglementa aussi des lieux de prostitution, les bordels
tenus par des laïcs ou des religieux. Connu pour sa religiosité, il tenta
même de convertir à la foi chrétienne des princes mongols lors de l’une de ses
croisades, pensant se les rallier pour combattre les sarrasins. Cependant, il persécuta les juifs tout en les
protégeant dans certains cas, et fut impitoyable contre les derniers cathares
de Languedoc : après la prise de Montségur en 1244, deux-cent-vingt hommes et
femmes qui refusèrent d’abjurer leur foi furent condamnés sur le même bûcher,
sur le fameux Prats dels cremats. Il
fut canonisé très vite, en 1297. Mais écoutons d’abord cet extrait parlé sur la naissance et le baptême de
saint Louis :
1) PLAGE 2
C’est un très bref
récit tiré du Livre des saintes paroles et des bons faiz de nostre saint roy Looÿs, appelé aujourd’hui la Vie de saint Louis, rédigé par Jean, Sire de Joinville qui fut
un de ses proches compagnons de la septième croisade. On trouve aussi un
extrait de la Grande chronique de
France anonyme et de Vie
et miracles de Saint Louis de Guillaume de Saint-Pathus. C’est
l’un des plaisirs de ce disque que ces courts récits en ancien français à
l’accent reconstitué, qui ponctuent ce panorama, les grandes étapes de la vie
de Louis IX, de sa naissance à sa mort, en passant par son éducation, son
couronnement, son mariage, la vie à la cour, sa dévotion mariale, ses deux
croisades malheureuses jusqu’à sa mort puis, sa mémoire et le culte de saint
Louis. C’est le prétexte historique à ce vaste paysage, à ce voyage musical et
poétique dans son temps.
Voici un autre exemple,
une chanson mariale, ‘on doit honorer la Mère de Dieu’ :
2) PLAGE 6
Charme aussi de ces
instruments anciens : une vièle médiévale à archet, des flûtes, un cornet,
une harpe gothique et des percussions, musique nappée souvent de cordes. On goûte aussi
le mélange d’œuvres profanes et de pièces qu’on dirait aujourd’hui purement
religieuses, notion de pureté contemporaine, anachronique, mais qui n’existait
pas en ce temps-là, la même musique pouvant avoir de pieuses paroles pour
l’intérieur de l’église, et aussi un texte parfaitement laïque, plus que
profane, même libertin, pour l’extérieur, tant religion et vie courante étaient
mêlées. Ce n’est que la distance et l’indifférence aujourd’hui au religieux qui
lui donne une sacralité respectueuse autant que distante. Écoutons cette chanson
d’amour :
3) PLAGE 13
Précédée de quelques
lignes de Joinville sur la mort du roi à Tunis, la chanson de croisade est un
long poème épique en strophes de dix vers heptasyllabiques, de sept pieds, avec
deux rimes embrassées uniformes par laisse (strophes), sur laquelle nous quittons ce
disque si élaboré et si captivant :
4) PLAGE 24
Saint Louis - Chroniques et musiques du XIIIe siècle, par
l’Ensemble Vocal de Notre-Dame de Paris sous la direction de Sylvain Dieudonné,
édité par la Maîtrise Notre-Dame de Paris,
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