Enregistrement 23/11/2017, passage, semaine du 27/11/
RADIO DIALOGUE RCF (Marseille : 89.9 FM,
Aubagne ; Aix-Étang de Berre : 101.9)
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LE BLOG-NOTE DE BENITO » N° 293
lundi :
12h15 et 18h15 ; samedi : 17h30
Semaine
48
Fermé pour cause de travaux, l’Opéra
d’Avignon prend ses quartiers provisoires Place
de l’Europe, face à la gare TGV, dans une salle d’une jauge de neuf cents places,
baptisée Opéra Confluence. Elle a été inaugurée vendredi 24 novembre. Sa
première production lyrique, c’est le rarissime Orphée et Eurydice de
Christoph Willibald Gluck, le dimanche 3
à 14h30 et le mardi 5 décembre à 20h30.
Le compositeur autrichien, maître de musique de la
jeune Marie-Antoinette, avait créé son Orfeo ed Euridice, en 1762
à Vienne, en italien. Devenue reine de France, Marie-Antoinette fait venir le
compositeur à Paris où Gluck monte
une version française de sa tragédie lyrique en 1774. Mais la
production d’Avignon reprend l’adaptation qu’en fera Hector Berlioz en
1859 pour la grande cantatrice hispano-française Pauline Viardot García,
contralto, dans le rôle du héros qui était chanté à Vienne par un castrat, à
Paris, par un haute-contre, c’est-à-dire un ténor très aigu. Pierre-Louis Moline écrira
son livret d’après le texte de Raniero de Calzabigi pour Gluck.
Orphée
et Eurydice sont un couple d’amoureux, mariés, célèbres depuis
l’Antiquité. Orphée,
dans la mythologie, est fils du roi de Thrace et de la nymphe Calliope.
Calliope est aussi une muse, les muses
étant vouées à la musique, autour
d’Apollon musagète, dieu de la
lumière, de la poésie et de la musique puisqu’il aussi est citharède, joueur de
cithare. Orphée, lui, joue de la lyre offerte par Apollon et si
merveilleusement que, pour écouter sa musique, les fleuves arrêtent de couler.
Orphée adoucit les bêtes féroces, attendrit même les rocs. Il épouse une belle
dryade, la nymphe, Eurydice. Hélas ! Piquée par un serpent, elle meurt.
Désespoir d’Orphée et de la nature entière compatissant à sa douleur.
Ne se résignant pas à sa perte, Orphée décide
de descendre dans les enfers de la mythologie, donc froids et souterrains (ce
n’est pas l’Enfer chrétien) pour tenter de ramener Eurydice au jour et au monde
des vivants. Dans l’opéra, c’est
l’Amour qui lui conseille de charmer par les « doux accents de [sa]
lyre » les dieux du Tartare, de les fléchir et d’en obtenir le retour de
sa femme. Mais Orphée a beau supplier les esprits infernaux, larves, spectres,
démons, Furies, de le laisser passer, ils lui opposent un violent refus : « Non ! »
Nous écoutons Mark Minkovski, à la
tête des Musiciens du Louvre, interpréter la « Danse des
Furies » :
1) DISQUE I, PLAGE
29
Orphée,
avec la force du désespoir, persévère et, par la beauté de son chant, arrive
enfin à émouvoir Cerbère, féroce gardien des Enfers, qui le laisse passer.
Après l’entrée du royaume ténébreux peuplé d’êtres hideux et redoutables
déchaînés dans leur danse frénétique, il découvre un paysage merveilleux, les
Champs Élysées, paisible domaine des Ombres heureuses. Écoutons quelques
mesures de cette flûte, évanescente, rêveuse qui berce leur danse
éthérée :
2
) DISQUE I, PLAGE 30
Orphée
poursuit son chemin dans ce paysage enchanteur, émerveillé par la beauté des
lieux, un ciel serein, un tendre bocage, tout bruissant des zéphirs et du
murmure des ruisseaux, que sa voix décrit, et que la musique évoque avec
beaucoup de poésie. Nous écoutons le ténor Richard
Croft qui nous le fait goûter :
3) DISQUE I, PLAGE 32
On
connaît la suite : le dieu des Enfers, comme le lui avait dit l’Amour dans
l’opéra, lui permet de ramener Eurydice sur terre à condition de ne pas se
retourner pour la regarder avant d’avoir atteint la lumière. Hélas, Orphée, qui
est un demi-dieu selon la tradition baroque, vainqueur de la nature et des
Enfers par sa part divine —la musique— trop humain par sa part terrestre,
n’arrive pas à se vaincre lui-même : cédant aux prières de sa femme qui ne
comprend pas son refus de la regarder, Orphée donc se retourne et perd sa chère
épouse à jamais. Cependant, Apollon, apitoyé lui concèdera de finir au
firmament comme constellation de la Lyre. Conclusion, moralité religieuse, dans
L’Orfeo de Monteverdi de 1607 :
« Ainsi reçoit grâce du ciel/Qui
éprouva ici l'enfer. »
Car
L’Orfeo de Monteverdi est l’illustration la plus achevée du Baroque de
la Contre-Réforme. Des maximes morales parsèment l’œuvre, exaltant la grandeur
de l’homme à qui rien n’est impossible : « Rien n’est tenté en vain par l’homme » mais soulignant aussi
sa misère :
« Qu’aucun mortel
ne s’abandonne / À un bonheur éphémère et fragile » car « Plus haut est le sommet, / plus le ravin est
proche. »
Orphée devient un héros ordinaire, un homme, exemplaire
par sa faiblesse même :
« Orphée
vainquit l’Enfer, puis fut vaincu / Par ses passions. / Seul sera digne d’une
gloire éternelle / Celui qui triomphera de lui-même. »
Un
siècle et demi plus tard, l’Orphée de Gluck, est d’une autre esthétique
et d’une autre éthique. Ce n’est pas l’exploit héroïque de descendre aux Enfers
qui est mis en avant mais sa sensibilité de veuf, d’amoureux. L’opéra, même seria,
doit avoir un lieto fine, un happy end, une fin heureuse :
Orphée tente de se suicider, mais Amour, le petit dieu ailé, lui arrache le poignard
et ressuscite et lui rend Eurydice par ces mots :
« Tu viens de me
prouver ta constance et ta foi;
Je vais faire cesser
ton martyre. »
(Il touche Eurydice et la ranime.)
Eurydice…! respire!
Du
plus fidèle époux viens couronner les feux», conclut-il.
Et tout finit, sinon
par des chansons, par des chœurs, chorale, des cœurs en joie et des danses.
Mais nous ne saurions nous quitter sans écouter la plainte déchirante d’Orphée
avant cette résurrection, « J’ai perdu mon Eurydice… » :
4) DISQUE II , PLAGE 6
Orphée et Eurydice de Gluck, le dimanche 3 à 14h30 et le mardi 5 décembre à
20h30, Opéra Confluence, Avignon, Place de l’Europe, Quartier CourtineTGV.
www.operagrandavignon , tél. : 04 90 14 26 40
Tarifs
A partir de 12 euros
Navette Opéra
Informations disponibles sur tcra.com
Parking gratuit
450 places
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