Enregistrement
28/11/2016, passage, semaine du 5/12/2016
RADIO DIALOGUE RCF
(Marseille : 89.9 FM, Aubagne ;
Aix-Étang de Berre : 101.9)
« LE BLOG-NOTE DE BENITO » N° 249
lundi : 12h15 et 18h15 ;
samedi : 17h30
Semaine 49
LES 40 ANS DE LYRINX
LE SON RETROUVÉ
Célébré dans le monde pour la recherche éperdue d'un son original perdu par la sophistication technique, le label Lyrinx, avec sa pure touche musicale, en est à quarante ans de service en faveur d'une musique non asservie aux retouches sonores des studios d'enregistrement.
Lyrinx, le seul label d’édition de musique classique à Marseille fête ses 40 ans. Pour cette fête, la Criée accueillera un plateau prestigieux de musiciens autour de la musique romantique le vendredi 9 décembre, présenté par Jacques Bonnadier ; le samedi 10 après-midi, toujours chaleureusement présenté par Bonnadier, sera consacré à la musique française et, pour clore la fête, il reviendra à Olivier Bellamy, de Radio classique, d’ouvrir samedi soir un vaste panorama de Bach à nos jours. Et l’on pourra rencontrer les musiciens et discuter avec eux entre les concerts. Et quels musiciens ! C’est le haut de l’affiche. Pour le piano : Michel Béroff, Vittorio Forte, Marie-Josèphe Jude, Caroline Sageman, Katia Skanavi, Daniel Wayenberg. Pour le violon : Sarah Jégou-Sageman ; le violoncelle : Maja Bogdanovic. Pour la mandoline, notre ami marseillais : Vincent Beer-Demander dont j’ai déjà parlé, professeur de notre Conservatoire, et son orchestre à plectres. Pour la voix, la mezzo-soprano Yana Boukoff .
Nous
allons l’écouter dans un extrait du disque ¡Yambó !, de Napoli à La Havane, de
Sofia à New York dans
lequel, accompagnée par son illustre
compatriote serbe Daniel Wayenberg, d’une voix de velours, elle
interprète des mélodies italiennes de
Paolo Tosti, trois mélodies de son pays, six chansons de Gershwin et
les cinq fameuses Canciones negras, ‘Chasons nègres’, du catalan Xavier Montsalvatge
dont voici la dernière, sur un poème du grand poète cubain Nicolás Guillén, Canto negro. Le poème évoque avec
humour l’ivresse d’un noir, Yambo, dont le CD prend son titre, qui danse sur un
pied et tape sur son tambour. Ce texte est fondé rythmiquement sur des
onomatopées, « Yambambó, yambambé, congo solongo del congo, /Ma,
matombaserembe cuserembá » :
1) DISQUE I, PLAGE 13 : 1’09
Nous retrouverons Yana Boukoff et Daniel
Wayenberg avec Maja Bogdanovic au violoncelle lors du premier concert du
vendredi 9 décembre dans Zwei
gesänge op. 91, ‘Deux chansons’ de Brahms.
DE SYRINX À LYRINX
Ce label s’appela
d’abord Syrinx, puis Lyrinx. De Syrinx
à Lyrinx, il n’y a qu’une lettre. Heureuse, poétique et musicale paronomase,
deux mots de sonorité semblable, le premier, Syrinx, nom de la nymphe
poursuivie par les assiduités du Dieu Pan, transformée en roseau pour le fuir
puis en flûte par lui pour en garder mémoire : mémoire amoureuse d’un son
et quel amateur de musique n’a pas souvenir de Syrinx, morceau de Debussy ? Le passage du S au L, de Syr à
Lyr évoque, convoque tout naturellement l’instrument musical antique, la lyre,
faite pour accompagner la poésie, mot qui se décline en lyrique, la voix
chantée émise par le larynx. Quelle richesse sémantique connote sinon dénote ce
mot! Quelles harmoniques au sens musical, harmonieuses donc, enfermées dans ce
simple nom de Lyrinx, ainsi prédestiné pour un label musical sur notre antique
terre provençale et notre Phocée grecque !
Nom aussi
apparemment prédestiné que son fondateur René
Gambini ne l’était pas par son métier initial de peseur-juré. Mais pesons
les mots et ne jurons de rien :
de ce corps professionnel créé en 1228 pour le port de Marseille et dissous en
2004, peseur-juré le fut également un illustre Marseillais, Jean Ballard, dont une rue, un cours,
perpétue le nom mais moins que son œuvre immense de fondateur de la célèbre
revue Les Cahiers du Sud, revue
pionnière à défricher, à déchiffrer la poésie moderne, le surréalisme, la
première à publier des poètes étrangers de première grandeur tel Federico
García Lorca pour n’en citer qu’un. Est-ce un hasard si le label Syrinx du
peseur-juré Gambini se love dans un vénérable bâtiment des arsenaux des
galères, tout comme celui des Cahiers
d’un Balard disparu ? Il n’y que l’espace d’une place qui sépare
les deux lieux que, sans emphase mais avec émotion on nous permettra, de
considérer comme deux pôles culturels essentiels de la culture à Marseille.
C’est en
1976 que René Gambini, pianiste frustré
par la nécessité de travailler pour vivre, mais musicien émérite reconnu, prié,
pressé par Roland Petit alors à Marseille, d’enregistrer Verklärte Nacht
‘ La
Nuit transfigurée’ de Schönberg avec les Solistes de Marseille pour un
spectacle à Avignon, s’exécute, l’enregistre en son naturel et le coup d’essai
est un coup de maître. Il fonde donc ce label par un premier disque, et le
succès, du moins la reconnaissance arrive puisque l’Académie du Disque Français
couronne un album Jolivet par un Grand Prix du Disque.
Mais écoutons un extrait d’un autre CD,
joliment intitulé Double jeu, qui unit Marie-Josèphe Jude et Michel Béroff, des habitués du Festival de la Roque
d’Anthéron qui jouent en duo, à deux pianos, des œuvres de Liszt, ici un
extrait des Préludes :
2) DISQUE II, PLAGE 3 : 1’30
Mais Syrinx s’est aussi fait rapidement
connaître au Japon et aux États-Unis par des prises de son naturelles, dans des
conditions de concert public refusant les artifices du son retouché, trafiqué, la
compression réductrice du compact, par un son d’une vérité musicale aujourd’hui
reconnue partout et qui est devenu sa marque, sa signature.
On n’en
finirait pas d’énumérer l’impressionnant catalogue de Lyrinx, qui embrasse
aussi la musique contemporaine dont des œuvres du compositeur longtemps
marseillais Lucien Guérinel. On ne peut qu’inviter à le découvrir lors de ces
trois concerts exceptionnels à la Criée du
vendredi 9 et du samedi 10. Nous nous quittons sur le Voyage
mélodique de Vittorio Forte, qui sera aussi présent, par lequel nous
écoutons la transcription par Liszt du lied de Schubert Auf dem wasser zu singen,
‘Pour chanter sur l’eau’ :
3) DISQUE III, PLAGE 2 :
FIN ET FOND
Les places vont de 9 à 25 € pour les concerts
n° 1 et 3 et de 6 à 13 € pour le concert n°2.
Réservations Par
téléphone : 04
91 54 70 54
Le site de la Criée donne les programmes complets.
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