Coco Briaval
Gypsi swing
Espace Léo Ferré du
théâtre Toursky
17 janvier
Dans l’impossibilité d’honorer
toutes les demandes du public pour cette série jazz du 16 janvier, salle pleine
à craquer, le théâtre Toursky programmait sagement un autre concert supplémentaire :
malgré une information improvisée tard du jour au lendemain, téléphone arabe et
bouche à oreille, la seconde soirée, le lendemain, sans être, à quelques places
près exactement pleine, fut d’une exacte plénitude musicale, emplissant des
spectateurs ravis de l’aubaine d’un rattrapage, d’un enthousiasme communicatif,
le succès précédent débordant sur l’attente heureuse de celui-ci. Et il est vrai qu’un prélude heureux particulier
prédisposait à recevoir pleinement cette musique si physique, dynamique, qui
saisit les sens, le corps et le cœur, comble jubilant d’une soirée
heureuse.
Le
clan, la tribu Briaval précédés, auréolés en toute simplicité familiale et
amicale de sa légende, les attaches mythiques de la mère chanteuse avec Django
Reinhardt, Stéphane Grappelli : Henri, dit Coco,
l’aîné fait le lien avec les origines et la tradition de la famille,
guitare manouche et direction ; Gilbert, batterie, chant ; Zézé aux saxophones ;
s’ajoutait, vive mais sage flamme dans sa robe rouge, la jeune Chantal,
chant ; Pascal, victime d’un accident remplacé à la guitare par Jérôme
Ciosi, fils d’Antoine, le célèbre chanteur corse, complétait le quintette.
Donc, souche manouche avec ses variations ethniques dénominatives,
peu importe, Tziganes, Gitans, Gypsis, Bohémiens, Romanichels, Kalés ou Sintis,
ou encore « Gens du voyage » comme le proclama Coco, l’ensemble nous
fit faire effectivement un voyage
immobile dans le temps et l’espace, nous promenant des origines de ce jazz des
années 30 de Django Reinhardt à leurs propres compositions d’aujourd’hui, en passant par les
États-Unis du charleston au swing, au blues, aux standards classiques, le
Brésil de la douce bossa nova d’Antônio
Carlos Jobim (O gran amor) et
de la samba, l’Italie de Paolo Conte (Vieni,
vieni…), et la Corse d’Antoine Ciosi.
La touche manouche fut, chantée en sinti (on
n’ose s’aventurer sur l’appellation de la langue), en « langue du
voyage » selon Coco, une complainte aux accents tziganes lancée par le guitariste
chanteur, motif repris, varié lumineusement par le saxo, ressaisi par les
guitares et fleuri d’une diaprure chantournée, éblouissante, qui semblait à
l’horizon infini d’un voyage de la variation de la variation.
Moment
de brumeuse et nostalgique évocation, trouée des éclats de soleil du saxo
rayonnant de Zézé, le classique Nuages
de Django Reinhardt, ne
pouvait manquer comme racine et souche de cette riche arborescence manouche.
Chantal de charme :
voix large, égale. Comme un scat allitératif, je dirais timbre un brin brumeux
de blues, telles, autrefois, les volutes feutrées de fumée bleue des cabarets
ombreux où l’on fumait, touche enfantine dans l’intonation pour corps de vamp,
cheveux jusqu’à la taille de blonde héroïne hollywoodienne de film noir, ici
gainée de rouge. La jeune chanteuse, entre des standards
américains dynamiquement syncopés ou lentement mélancoliques, dont le fameux Cry me a river, en passant par le
nostalgique et presque triste matin de carnaval, Manhá de carnaval brésilien, proposera une de ses chansons, Plus rien… J’ai tout gâché, qui ne
gâchait rien musicalement. La contribution originale chantée de Coco sera Plus je t’embrasse et le saxo aura son
moment soliste incandescent. La célèbre samba Brasil sera variée par tous si largement qu’elle en devint
pratiquement un moment symphonique.
À la batterie, Gilbert non seulement rythme l’ensemble mais
interprète d’une voix ferme une de ses chansons, Si j’osais, une autre corse d’Antoine Ciosi, et chante le scat, ces
onomatopées caractéristiques, en libre vibrant collier de perles phrasées avec
une vélocité, une volubilité, une virtuosité vertigineuse, et se lancera dans
un long solo époustouflant de percussions qui nous laisse pantois.
Ainsi, avec chacun au moins un passage soliste virtuose,
sans tirer la couverture ou corde de guitare ou vocale à soi, solidarité
familiale, complicité musicale impeccableS, tous se fondaient en un au service
chaleureux d’une même musique.
Bravo
Briaval !
En coproduction avec l'Association Roll'Studio où ils seront
le 3 février.
Au cœur du vieux Marseille :17 Rue Des Muettes - 13002
Marseille
Photos
© Toursky :
1.
Beaux profils de Coco et Chantal :
2.
L’ensemble, lors d’un autre concert.
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