Dialogues des carmélites, Avignon
Enregistrement 21/12/2017, passage,
semaine du 15/1/
RADIO DIALOGUE RCF (Marseille :
89.9 FM, Aubagne ; Aix-Étang de Berre : 101.9)
« LE BLOG-NOTE DE BENITO » N° 299
lundi :
12h15 et 18h15 ; samedi : 17h30
Semaine
3
Fermé
pour cause de travaux, l’Opéra d’Avignon s’est installé dans une salle
provisoire, Opéra Confluence, Place de l’Europe, face à la gare TGV. Le
dimanche 28 janvier à 14h30 et le mardi 30 à 20h30, on y donnera le
chef-d’œuvre de Poulenc, Dialogues des carmélites
dans une superbe distribution avec, dans les trois rôles principaux, Marie-Ange
Todorovitch qui sera Madame de Croissy, la sévère Prieure su couvent ; quant à l’héroïne, la fragile et craintive Blanche de la Force
sera incarnée par Ludivine Gombert.
L’œuvre
Comme souvent, c’est la musique qui a donné une forme définitive à divers états d’une œuvre, théâtre, roman, nouvelle. En effet, l’opéra de Poulenc semble désormais, par son découpage et sa musique, avoir définitivement fixé diverses versions d’un événement tragique de la Terreur, qui a subi diverses greffes. Au départ, l’Allemande Gertrud von Le Fort tire en 1931 une nouvelle, Die Letze am Schaffot (‘la dernière à l’échafaud’) d’un récit d’une carmélite échappée de la charrette de seize de ses sœurs du Carmel de Compiègne guillotinées à Paris en 1794 (dix jours avant la chute de Robespierre qui aurait pu les sauver). Sans doute par jeu avec son propre nom, Le Fort, d’origine française, la romancière crée-t-elle le personnage, fort dans sa faiblesse, de Blanche de la Force, une toute jeune fille affligée d’une peur irrépressible de tout, malgré l’amour dont l’entoure son père, et prétend devenir religieuse. Nous sommes dans les prémices de la Révolution française et la colère du peuple gronde. Blanche va chercher au Carmel ce qu’elle croit un refuge contre la violence du monde. Mais elle trouvera son destin à vouloir l’éviter.
Une pièce américaine avait déjà traité le sujet puis, au sortir de la guerre, en 1947, le Père Bruckberger, résistant, et Philippe Agostini, en font un scénario, ajoutant le personnage du frère, le Chevalier de La Force qui fera tout pour sauver sa sœur. Avec cette version, les thèmes de la liberté, de l’oppression, de la résistance, de la collaboration, de l’obéissance à l’Ordre interne (à la Règle) ou externe (Politique) imprègnent l’œuvre dont Bernanos, mystique et malade, écrit les dialogues d’après ce canevas, écriture sobre et puissante traversée du sombre frisson de la mort mais éclairée par la lumière de la grâce et de son transfert d’un être à un autre : on meurt parfois par soi, pour soi mais aussi pour un autre, qui en aura sa rédemption, forte idée religieuse mais transposable au niveau laïc, le sacrifice politique ou moral n’est jamais vain. Mais, malgré la pièce et le film (Jeanne Moreau en Mère Marie), c’est à l’opéra de Poulenc, créé en 1957 à la Scala de Milan, que restent désormais indéfectiblement attachés les universellement appréciés Dialogues.
Comme souvent, c’est la musique qui a donné une forme définitive à divers états d’une œuvre, théâtre, roman, nouvelle. En effet, l’opéra de Poulenc semble désormais, par son découpage et sa musique, avoir définitivement fixé diverses versions d’un événement tragique de la Terreur, qui a subi diverses greffes. Au départ, l’Allemande Gertrud von Le Fort tire en 1931 une nouvelle, Die Letze am Schaffot (‘la dernière à l’échafaud’) d’un récit d’une carmélite échappée de la charrette de seize de ses sœurs du Carmel de Compiègne guillotinées à Paris en 1794 (dix jours avant la chute de Robespierre qui aurait pu les sauver). Sans doute par jeu avec son propre nom, Le Fort, d’origine française, la romancière crée-t-elle le personnage, fort dans sa faiblesse, de Blanche de la Force, une toute jeune fille affligée d’une peur irrépressible de tout, malgré l’amour dont l’entoure son père, et prétend devenir religieuse. Nous sommes dans les prémices de la Révolution française et la colère du peuple gronde. Blanche va chercher au Carmel ce qu’elle croit un refuge contre la violence du monde. Mais elle trouvera son destin à vouloir l’éviter.
Une pièce américaine avait déjà traité le sujet puis, au sortir de la guerre, en 1947, le Père Bruckberger, résistant, et Philippe Agostini, en font un scénario, ajoutant le personnage du frère, le Chevalier de La Force qui fera tout pour sauver sa sœur. Avec cette version, les thèmes de la liberté, de l’oppression, de la résistance, de la collaboration, de l’obéissance à l’Ordre interne (à la Règle) ou externe (Politique) imprègnent l’œuvre dont Bernanos, mystique et malade, écrit les dialogues d’après ce canevas, écriture sobre et puissante traversée du sombre frisson de la mort mais éclairée par la lumière de la grâce et de son transfert d’un être à un autre : on meurt parfois par soi, pour soi mais aussi pour un autre, qui en aura sa rédemption, forte idée religieuse mais transposable au niveau laïc, le sacrifice politique ou moral n’est jamais vain. Mais, malgré la pièce et le film (Jeanne Moreau en Mère Marie), c’est à l’opéra de Poulenc, créé en 1957 à la Scala de Milan, que restent désormais indéfectiblement attachés les universellement appréciés Dialogues.
Son père ayant tenté en vain de la détourner de la vie
monastique cloîtrée, Blanche est reçue par Supérieure malade qui teste avec rudesse sa volonté
d’y entrer, devinant sa faiblesse. Nous écoutons un extrait dans
l’enregistrement historique par les créateurs de l’œuvre, Pierre Dervaux à la tête de l’Orchestre de l’Opéra de Paris, Denise Scharley dans le rôle de la
Prieure et Denise Duval dans celui
de Blanche :
1) DISQUE
I : PLAGE 9
Nous retrouvons Blanche avec une
autre novice, Constance, son exact opposé, joyeuse et insouciante de la mort,
commentant les affres de la Mère Supérieure agonisante, proposant même de
proposer à Dieu leurs jeunes vies contre celle de la Prieure, ce qui révolte et
effraye Blanche. Constance lui explique qu’elle a le pressentiment et le désir
de mourir jeune et la certitude qu’elles mourront ensemble, suscitant
affolement et colère de Blanche. Constance est chantée par Liliane Berton :
2) DISQUE
I : PLAGE 15
La Supérieure, saisie par le doute au moment de l’agonie qui nous interroge
tous sur le mystère injuste de la mort, a des visions terribles du Carmel
dévasté et ensanglanté. Auprès d’elle, outrée de ces faiblesses, soucieuse de
contenance aristocratique, Mère Marie tente vainement de la faire taire. Cependant, à l’extérieur,
les événements se sont précipités. C’est la Terreur. Les prêtres ont dû se
soumettre par serment à la Convention, ceux qui ne le font pas sont proscrits
et menacés de la guillotine. Ainsi l’Aumônier du Carmel qui vient y dire sa
dernière messe clandestine. Éprise d’héroïsme sacrificiel, Mère Marie pousse
les religieuses au vœu de martyre, auquel elle échappera pour son malheur.
Sécularisées,
les carmélites sont renvoyées à la vie civile et dispersées. Son frère parti à
l’étranger rejoindre les émigrés, Blanche est retournée dans la demeure
dévastée de son père qui vient d’être guillotiné, devenue servante maltraitée de
ses anciens domestiques. Mère Marie vient la chercher, tentant de lui procurer
un asile plus sûr. Entre temps, les autres carmélites, qui ont enfreint les
consignes de la Révolution en se réunissant pour la messe interdite, sont
emprisonnées à Paris et condamnées à mort. Sur la Place de la Révolution, les
carmélites montent une après l’autre sur l’échafaud, entonnant le Salve Regina. Cachée au milieu de la
foule qui murmure, Mère Marie, qui avait fait voter le vœu de martyre, veut les
rejoindre, mais en est empêchée par l’Aumônier qui estime qu'elle se doit à la résurrection de l'ordre. À chaque coup du couperet, la force du Salve Regina des
condamnées va diminuant en proportion du nombre de leurs exécutions, jusqu’à la
voix de Sœur Constance restant la dernière. Mais voici que Blanche, surgie
aussi de la foule, libérée de la peur, monte la rejoindre dans la mort, reprenant
seule le cantique.
3) DISQUE II : PLAGE 25
Opéra Confluence Avignon,
28 et 30 janvier à 20h30, Dialogues des carmélites
de Francis Poulenc.
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