MISATANGO, MESSE DE BUENOS AIRES
Enregistrement
6/2/2017, passage, semaine du 20-25/2/17/
RADIO DIALOGUE RCF
(Marseille : 89.9 FM, Aubagne ;
Aix-Étang de Berre : 101.9)
« LE BLOG-NOTE DE
BENITO » N° 261
lundi : 12h15 et 18h15 ;
samedi : 17h30
Semaine 9
C’est d’un disque bien singulier que nous allons parler
aujourd’hui. Mais écoutons tout de suite un extrait :
1) PLAGE 1
Peut-être n’avez-vous pas reconnu les paroles
en latin, « Gloria in excelsis deo… », qui sont celles de la messe,
effectivement du « Gloria », mais sans doute avez-vous perçu la
singularité de cette musique qui les porte et transporte : mais oui, on
entend, dans le déploiement somptueux de ce chœur à pleine voix, le gémissement
nostalgique du bandonéon, il s’agit bien du tango, du tango argentin.
Et l’on se réjouit de ce disque Misatango ou Misa a Buenos
Aires, de Martín Palmeri, par le Chœur régional Vittoria d’Île
de France et l’Orchestre Pasdeloup,
Direction : Michel Piquemal (Boris Mychajliszyn chef associé), avec,
en solistes, Sophie Hanne, soprano, Arnaud Nuovolone : 1er
violon solo ; Thomas Tacquet : piano et ne pouvait manquer le bandonéon, ici de Gilberto Pereyra. CD Live, enregistré en direct, de 40’24, par
les éditions Hortus, qui nous font encore cette belle surprise, un
magnifique cadeau, dans la ferveur chorale
et cordiale, ‘qui vient du cœur’, selon le sens de cet adjectif.
On rappellera le
sens du mot « messe », terme repris de l’expression «ite missa est», ‘allez, la messe est dite’, ou
‘envoyée’ , que prononce le prêtre à la fin du rite : il s’agit de l’Eucharistie, célébration du sacrifice du corps et du sang de
Jésus-Christ présent sous les espèces du pain et du vin dans l’hostie. On distingue, depuis les origines, la petite
messe ou messe basse, qui se dit sans chant, et la messe haute ou grande
messe, celle qui est chantée par des choristes. En musique, une messe
est un ensemble cohérent de pièces musicales pour servir d'accompagnement aux
rites liturgiques catholique, anglican ou luthérien. L'effectif nécessaire
était à l'origine purement choral. On se mit assez tardivement à faire accompagner
par un orchestre les pièces qui la composent. Les textes chantés sont
généralement en latin, mais pas forcément. Nombre de grands compositeurs ont
écrit des musiques pour la messe, qui peuvent être adaptées pour des
circonstances particulières, comme les Te
deum, actions de grâce, les requiem ou messe des morts. On y retrouve en
général les mêmes parties, le Kyrie Christe eleison, le Gloria, le Credo, Benedictus, Dies irae, Agnus
dei, etc. Depuis le grégorien, les musiques en peuvent
être variée. L’originalité, ici, c’est que cette messe se déploie
magnifiquement sur le rythme et la musique de tango, une danse née dans les
bordels de Montevideo et de Buenos Aires vers la fin du XIXe siècle,
longtemps condamnée par l’Église comme danse indécente, immorale. Cette misa
tango de Martín Palmeri, qui a déjà vingt ans et tourne dans le monde
entier.
Mais écoutons un autre
extrait, un solo par la soprano, la lumineuse Sophie
Hanne, « Qui tollis peccata mundi », ‘toi qui enlèves les péchés du monde’, une partie
de l’Agnus dei, qui sera repris plus loin entièrement :
2)
PLAGE 4
Quelques mots sur le compositeur. Martín
Palmeri (né en 1965 à Buenos Aires). Après de profondes études de
composition, de chant, de direction d’Orchestre, titulaire de prix prestigieux.
À la tête d’un ensemble choral, quelque peu frustré par la difficulté
d’interprétation du tango par un chœur, morcelé par des morceaux sans cohérence
entre eux, en hommage à ses choristes et au tango, il décide de composer cette
œuvre à laquelle la cohérence de la messe donne une structure et une
dramaturgie, allant du credo, de l’acte de foi, de la crucifixion à la
résurrection, chant d’espérance pluriel. Il associe chœur, orchestre, piano, mais aussi le
bandonéon, emblématique du tango. La Misatango (Messe à Buenos Aires),
sera créée en 1996 à Buenos Aires par
l’Orchestre symphonique de Cuba, avec les chœurs de la faculté de Droit de
Buenos Aires et le chœur Polyphonique
Municipal, dédicataires de l’œuvre. Renouant avec le succès mondial de la
fameuse Misa criolla de son
compatriote Ángel Ramírez, créée en 1963, composée en espagnol
sur des thèmes populaires latino-américains, la Misatango commence à
tourner dans le monde et finit triomphalement l’année 2016 au Carnegie Hall de
New York. Après la consécration par le public, cette messe a eu l’onction et la
bénédiction d’un particulier très particulier, le pape François actuel,
Argentin, dont nous savons qu’il fut longtemps évêque de Buenos Aires : en
effet, suprême honneur et consécration, bénédiction même, en 2013, cette musique jadis condamnée par l’Église,
est interprétée au Vatican, en l’honneur du Pape, dont on murmure, messe basse plus que haute, qu’il ne dédaignait pas
de danser le tango.
Nous écoutons un extrait de la partie la plus
dramatique : « Crucifixus pro nobis», ‘crucifié pour nous ‘
3)
PLAGE 8
Cette messe tournait depuis deux ans en France. Michel
Piquemal en donna un séduisant concert le 19 novembre 2016, avec un couple
de danseurs de tango et c’est ce concert mémorable qui a été fixé, sur
le vif, par les éditions Hortus dans ce disque qui vient de la sorte combler
une lacune dans le paysage choral et discographique français. Ce beau mélange
de sensualité profane et de ferveur religieuse, exalté par des interprètes très
engagés, autant les solistes que le chœur, en fait la troublante et émouvante
singularité. Nous nous quittons sur les accents de l’Agnus dei, préludés
musicalement avant la voix prenante de Sophie Hanne :
4)
PLAGE 14
Misatango ou Misa a Buenos Aires, de Martín
Palmeri, par le Chœur régional Vittoria d’Île de France et l’Orchestre Pasdeloup,
Direction : Michel Piquemal , UN CD HORTUS.
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