Enregistrement
5/9/2016, passage, semaine du 19/9/2016
RADIO DIALOGUE RCF
(Marseille : 89.9 FM,
Aubagne ; Aix-Étang de Berre : 101.9)
« LE BLOG-NOTE DE
BENITO » N° 237
Lundi, 12h15, 18h15, samedi
à 11h45
Voici un très beau disque des éditions Hortus,
Nuit transfigurée par le trio
Steuermann qui réunit, dans une même passion pour la musique de
chambre trois jeunes
musiciens, Maiko Matsuoka, violon, Christophe Mathias,
violoncelle et Anne de Fornel, piano, issus de conservatoires supérieurs
internationaux (Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de
Lyon, Hochschule de Stuttgart, Toho Gakuen School of Music). Le titre du
disque, Nuit transfigurée, est la traduction française de la
célèbre Verklärte
Nacht (1899) d'Arnold Schönberg. Ce disque vient nous rappeler le génie de ce compositeur, déjà novateur
dans cette œuvre encore postromantique, qui deviendra ensuite révolutionnaire quand il créera
le dodécaphonisme, d’où
découlera la musique sans tonalité, atonale, l’atonalisme puis la
musique sérielle.
Compositeur et peintre Arnold
Schönberg, est né à Vienne en 1874 et mort à Los Angeles en 1951. Il avait fui le nazisme car il était juif, sa
musique et sa peinture ayant été considérées, comme tant de chefs-d'œuvres
d'autres écrivains, artistes, et musiciens d'entartete Künste, d'
'Art dégénéré' par les nazis. Mais le disque comprend aussi une pièce d'un des
plus célèbres disciples de Schönberg, Anton Webern, Langsamer Satz
(1905), 'Phrase lente' et une première au disque Klaviertrio, ‘Trio pour clavier’ de Johannes Boris Borowski, une pièce de 2013.
Même si, à l’exception du morceau de Borowski, les deux œuvres ici présentes
de Webern et de son maître Schönberg, ne sont encore ni dodécaphoniques,
ni atonales, ni sérielles, quelques mots sur cette évolution musicale
historique ou révolution qu’en tire Schönberg. Pour cela, écoutons, en exemple,
inversant l’ordre du disque, un bref extrait du Klaviertrio du jeune
compositeur allemand Boris
Borowski qui se réclame aujourd’hui de cette filiation :
1) PLAGE 7
On a perçoit, à cette écoute,
que cette musique a fui la tonalité, on peut difficilement lui assigner un ton,
on ne peut lui trouver, à l’écoute d’une oreille profane ce qu‘on appelle
traditionnellement une mélodie. La sonorité peut sembler étrange, les notes
paraissent jaillir anarchiquement, alors qu’elles ont une architecture d’une
extrême rigueur, alors que la construction en est très savante. C’est que, dans
ce morceau atonal, nous avons perdu le repère traditionnel de la tonalité.
Mais la tonalité, qui s’instaure au
milieu du XVIIe siècle, qui s’installe avec Bach, Rameau,
contrairement à ce que l’on croit, n’est pas consubstantielle à la musique.
Elle repose, dans notre gamme tempérée occidentale de huit notes, une octave (do,
ré, mi, fa, sol, la, si, do) sur la succession de cinq tons entiers et de deux
demi-tons, mi/fa, si/do. Ce sont des repères pour l’oreille. Mais cette gamme heptatonique de sept degrés, ou
échelle diatonique, peut devenir une gamme chromatique (qui prend des
couleurs) si l’on ajoute entre tous les intervalles des demi-tons obtenus par
des dièses ou des bémols, qui élèvent ou baissent la note d’un demi-ton.
Au cours du XIXe siècle,
avec la complexité chromatique déjà d’un Beethoven, puis d’autres compositeurs,
culminant avec Wagner, les permanentes modulations, c’est-à-dire le passage d’un
ton à un autre justement par l’addition de ces altérations, la tonalité se
dissout quelque peu. Schönberg, finalement, décidera, ce sera sa première
révolution, de n’utiliser qu’une gamme par demi-tons ce qui, avec les cinq tons
de la gamme diatonique divisés par deux, et les deux autres demi-tons,
fait une octave divisée en douze intervalles de demi-tons, donc de douze notes : c’est le dodécaphonisme.
Sans tonalité, les douze sons qui
constituent notre système musical occidental n'ont plus de fonction
définie, de hiérarchie : plus de degrés, donc plus de dominante, de sous-dominante, etc. Par pallier cette perte de repères, cette indéfinition, Schönberg élabora un système
qu'il baptisa Reihenkomposition , ou ‘composition sérielle’, pour
organiser le chaos sonore qui semblait résulter de la perte de la tonalité. Ainsi, tout morceau devait
être basé sur une « série » de douze sons, de l'échelle chromatique. L'on
peut donc faire se succéder ces douze sons dans l'ordre que l'on veut, sans
pour autant répéter deux fois le même son. La série peut ensuite être utilisée
par mouvement inverse, puis par miroir, être transposée, puis par fragment, etc.
Tout le morceau découle de la sorte d'une série préalable, donnant donc un
cadre formel à la place de la tonalité et sa hiérarchie.
C’est, en grandes lignes, la révolution à
venir de Schönberg que ses disciples de ce que l’on appellera la Seconde École
de Vienne, Alban Berg et Webern porteront plus tard à des
sommets, avec des chefs-d’œuvre, pour le premier, Berg, comme ses célèbres
opéras Wozzeck (1922) et Lulu
(1929-1935). Cette révolution musicale donc est postérieure donc à Langsamer Satz (1905)
d’Anton Webern, pièce lente, pleine
d’une sentimentalité néoromantique, dont nous écoutons un extrait :
2) PLAGE 6
Quant à cette Verklärte
Nacht ‘Nuit transfigurée’ de Schönberg, titre de ce CD, elle fut composée en
1899, date de sa toute première période, œuvre de jeunesse très influencée par
Mahler et Wagner, et certains de ses enchaînements harmoniques et lignes
mélodiques évoquent son opéra Tristan und Isolde.
C’est à
l’origine une œuvre pour sextuor à cordes (deux violons, deux altos, deux violoncelles). La version
de ce disque, pour trio, violon, violoncelle, piano, de cette Nuit
transfigurée a été composée en 1932 par le pianiste et protégé de
Schoenberg, Eduard
Steuermann (dont cet ensemble prend son nom), avec apparemment
l’aval du compositeur. Inconnue pendant de longues années, il est donc fort
probable que Schönberg lui-même n’en ait pas eu connaissance.
L’origine en
est un poème de Richard Dehmel, transposé
instrumentalement, une promenade nocturne d’un couple dont la femme avoue
qu’elle attend un enfant d’un autre et que l’homme, pardonnant, fera sien. Nous
quittons le néoromantisme sentimental de Schönberg avec cette somptueuse
version que nous en offrent les éditions Hortus, Nuit transfigurée le trio Steuermann
3)
PLAGE 1 : FIN ET FOND
Je
rappelle : éditions Hortus, Nuit transfigurée de Schönberg par le trio Steuermann
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire