Enregistrement
19/7/2016, passage, semaine du 1/8/2016
RADIO
DIALOGUE RCF
(Marseille :
89.9 FM, Aubagne ; Aix-Étang de Berre : 101.9)
« LE
BLOG-NOTE DE BENITO » N° 234
Lundi,
12h15, 18h15, samedi à 11h45
Classiques
américains
Cette époque de vacances nous invite au voyage et voici un disque
qui nous amène, sur les ondes de la musique, sur les rives de
l'Atlantique et même du Pacifique, sur les rivages des États-Unis.
C'est toujours un plaisir et souvent une découverte que de présenter
un nouveau CD du label Indésens attaché à défendre ou à faire
découvrir des œuvres rares ou mal connues. En effet, que
connaissons-nous, en général, de la musique américaine dite
« classique » ? Il est vrai que, laissant le sens
d'art classique opposé au baroque ou romantique, ce qualificatif
de « classique » est discutable puisqu'il signifie,
en premier lieu, une œuvre qui s'étudie en classe, qui est
considéré comme modèle à connaître, expliquer, reproduire. Donc,
ce terme de « classique » est d'autant plus inapproprié
pour ce qui relève de l'art aux États-Unis que cette nation, jeune
encore en regard de nos vieilles cultures, n'a pas hérité comme les
nôtres, de l'écrasant héritage culturel qui installe les créateurs
européens dans des traditions souvent contraignantes, parfois
paralysantes, avec un foisonnement de références, de moules à
partir desquels se forme et définit une œuvre d'art. Même s'il
reprend, naturellement, les canons de l'art européen, l'artiste
américain est donc souvent plus libre en regard de son public et de
ses critiques, et son inspiration spontanée n'est donc pas étouffée
par la somme de comparaisons obligatoires avec des prédécesseurs
prestigieux, jugés indépassables, ou avec lesquels il faut
forcément se mesurer, se comparer comme le créateur européen
soumis à des modes, des écoles. Il a une liberté plus grande.
Et
c'est d'abord la première qualité de ce disque, American
classics, qui nous présente une superbe collection de grands
compositeurs américains du XXe siècle, célèbres bien
sûr, qu'on peut sans abus de langage appeler « classiques »
au sens banal qu'on donne à cette musique, mais pour situer leur
musique qui n'est ni de la variété ni de la musique de film à
laquelle on assimile en général la musique américaine. Encore que,
fort heureusement, il n'y a pas de « grande » ou de
« petite musique » mais simplement de la bonne et de la
mauvaise. D'ailleurs, comme un clin d'œil, ce panorama des
classiques américains commence… justement par une musique de film
et, qui plus est, d'un français, Georges Delerue (1925-1992),
né en France mais mort américain à Los Angeles, par la musique
qu'il composa en 1973 pour le film de François Truffaut appelé,
justement aussi, La Nuit américaine.
Ce disque, c'est donc
une compilation de certains des plus grands compositeurs américains, que je donne
par ordre alphabétique, Samuel Barber,
Leonard Bernstein,
Aaron Copland,
Charles Ives,
plus Georges Delerue
naturellement. il manque les représentants de la génération plus jeune de la "musique répétitive", Terry Riley (né en 1935), La Monte Young (né en 1935), Steve Reich (né en 1936) et Philip Glass (né en 1937). Sans doute parce que, pour harmoniser la présentation des musiciens sélectionnés, on
a choisi des pièces pour cordes et vents, ici brillamment interprétées par de
grands musiciens français : Eric
Aubier à
la trompette, Philippe
Berrod et Philippe Cuper
à la clarinette, Christelle
Chaizy
au cor anglais, Nicolas
Prost
au saxophone et Angéline
Pondepeyre
et Laurent
Wagschal
au piano, avec l'Orchestre
à cordes de la Garde Républicaine dirigé par Sébastien Billard et
aussi l'Orchestre
symphonique de Bretagne
dirigé par Claude
Schnitzler.
Enregistrés à des dates différentes, les morceaux sont cependant
d'une même égale qualité musicale et la prise de son est
remarquable. On en apprécie d'autant plus la fraîcheur et la
puissance de ces œuvres. Entre autres bonheurs d'écoute, on savourera le très jazzy er
dansant Concerto
pour clarinette et cordes,
harpe
et piano,
1948 d'Aaron
Copland, Philippe Cuper
à la clarinette avec l'Orchestre
symphonique de Bretagne
dirigé par Claude
Schnitzler. On en peut écouter des extraits fournis du disque grâce a la générosité du label Indesens sur son site :
american classics indesens;
On trouve donc Aaron
Copland, qui vécut de 1900 à 1990 et il intégra nombre de mélodies du
folklore américain dans sa musique et, dans la pièce ci-dessus, des
couleurs latino-américaines.
Leonard
Berstein (1918-1990),
mort la même année que Copland, est certainement
le compositeur le mieux connu de ce panel grâce à son
célèbre West
side story
(1957) immortalisé par le cinéma. Mais il fut aussi un grand
pianiste et un chef d'orchestre international remarquable qui a
dirigé les plus grands orchestres du monde. Son œuvre est
importante, des symphonies, des opéras, dont le fameux Candide, des ballets, de la musique de scène, des films. Doué d'un
grand humour et d'un sens pédagogique admirables, dans des
séries d'émissions en direct à la télévision, il a
familiarisé par le jeu les enfants à la « grande »
musique en leur expliquant souvent notre à note à note, les
morceaux qu'il interprétait au piano pour en donner des
exemples.
Charles Ives est
le doyen des compositeurs de ce disque puisque né en 1874 et mort en
1954. Après des études musicales à l'université de Yale, il
abandonne cependant la musique pour se lancer dans les assurances et
fonder une compagnie prospère. Il continuait pourtant à composer de
la musique sans la faire publier ni jouer. En 1920, pour des raisons
de santé, il abandonne toute activité, artistique et
professionnelle. Et pourtant, l'avant-garde musicale de New York le
découvre et commence à faire jouer sa musique si particulière,
originale, mêlant éléments populaires et d'une extrême recherche
avant-gardiste. Malheureusement, nombre de ses œuvres les plus
importantes, comme sa quatrième symphonie ne seront jouées qu'après
sa mort. On apprécie le charme mystérieux de sa Question
sans réponse,
celle de l'existence, au départ intitulée Central
Parl in the dark,
en 1908, et remaniée, parée d'un autre titre, en 1930.
S Ce morceau semble préfigurer le célèbre adagio de Samuel
Barber (1910-1981).
Commençant à composer dès l'âge de sept ans à Philadelphie, Barber
part se perfectionner plus tard à l'Académie américaine de Rome en
1935. L'année suivante, il écrit un quatuor à cordes en si mineur,
dont il arrangera plus tard le second mouvement — à la suggestion
d'Arturo Toscanini, qui en sera le créateur. La pièce, d'une rêveuse nostalgie post-romantique, nimbée de mysticisme, deviendra célèbre sous le nom d'Adagio
for strings,
'Adagio pour cordes'. Barber l'adaptera encore pour chœur sous le nom d'Agnus
Dei, soulignant sa dimension religieuse.Musique si émouvante qu'elle a éclipsé
pratiquement toute son œuvre, utilisée dans divers films, de
guerre.
AMÉRICAN
CLASSICS, UN CD INDÉSENS. Georges Delerue (1925-1992) : La Nuit américaine. Aaron Copland (1900-1990) : Quiet City pour trompette, clarinette, saxophone, piano ; Quiet City pour trompette, cor anglais et cordes ; Concerto pour clarinette et cordes, avec harpe et piano. Samuel Barber (1910-1981) : Adagio pour cordes. Leonard Bernstein (1918-1990) : Sonate pour clarinette ; Rondo for Lifey ; Prelude, Fugue and Riffs pour saxophone soprano et ensemble de jazz. Charles Ives (1874-1954) : Unanswered Question pour trompette et cordes, avec hautbois et flûtes. Eric Aubier, trompette ; Philippe Berrod, clarinette ; Nicolas Prost, saxophone ; Laurent Wagschal, piano ; Philippe Cuper, clarinette, Orchestre symphonique de Bretagne, direction : Claude Schnitzler ; Orchestre à cordes de la Garde républicaine, direction : Sébastien Billard ; Angéline Pondepeyre, piano ; Paris Light Band, direction : Fabrice Colas. 1 CD Indesens. Enregistrements réalisés entre 1992 et 2015. Durée : 74’2
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