Enregistrement
24/5/2018, passage, semaine 11/16/18
RADIO
DIALOGUE RCF (Marseille : 89.9 FM, Aubagne ; Aix-Étang de
Berre : 101.9)
« LE BLOG-NOTE DE BENITO » N° 321
lundi : 18h45 ; mercredi : 20 h ; samedi :
17h30
L’Opéra
de Marseille présente Ernani, opéra de 1844 de
Verdi, les 6, 10 , 13 et 16 juin, absent de notre scène depuis 1999, soit
dix-neuf ans. Le livret fut tiré par Francesco
Maria Piave, futur grand collaborateur de Verdi, de la pièce éponyme, au H
du titre près, de Victor Hugo qui ajouta le H de son nom au nom de la localité
basque dont il fait le pseudonyme de son mystérieux héros.
La pièce, on le sait, causa un
scandale lors de sa création en 1830, marquant avec tambours et trompettes,
presque littéralement, tant il y eut de chahut lors de la première, l’avènement
du drame romantique. Il osait rompre avec la tradition académique figée de la
tragédie classique momifiées dans ses fameuses règles des trois unités abusivement
imputées à Aristote : un arbitraire même
lieu où tous, amis, ennemis se retrouvent, un même jour pour des actions compressés en temps, et une unité
artificielle de ton d’un bout à l’autre, alors que le vie, comme le disait déjà Lope de
Vega au XVIIe siècle dont Hugo
s’inspire, mêle le rire aux larmes, le sublime et le grotesque, le dramatique
et le comique. Hugo n’hésite pas à mettre dans la bouche de son héros
s’adressant au roi Charles, le futur Charles Quint, ce jeu de mots qui fit
rire, ce polyptote, c’est-à-dire, cette déclinaison d’un mot sous diverses
formes, littéralement, ici, cette suite de suivre :
Oui, de ta suite, ô roi, de ta
suite, j’en suis,
Nuit et jour, en effet, pas à
pas, je te suis.
Hugo s’amuse aussi à briser le ronron du vers
canonique alexandrin de douze pieds avec son hémistiche fortement marqué au 6e.
Mais, surtout, il mêle les registres de vocabulaire (ô, très prudemment) de
termes nobles et quelques uns, prosaïques : « concubine »,
« œuf », « quelle heure est-il ?», etc
Cependant ce qu’on appelle la bataille d’Hernani entre la claque
d’amis d’Hugo applaudissant à tout
rompre et ses détracteurs sifflant n’empêcha pas le succès de la première,
même si cela s’envenima par la suite, les adversaires fourbissant au fur et à
mesures des représentations leurs armes, mais sans nuire, au contraire, par le
bruit, belle pub encore, au triomphe de
la pièce.
Évidemment,
ces audaces formelles de style ne sont pas transposables dans sa version
lyrique. Le livret condense forcément la pièce car la musique allonge toujours
le texte. Des dix-neuf personnages de la pièce sans compter les comparses, on
passe à sept dans l’opéra.
On l’oublie, mais le drame s’appelle Ernani ou L’Honneur castillan , et le sous-titre est, en espagnol : Tres para una , ‘Trois pour une’
(trois amoureux pour une même femme).
Voici
le premier amoureux, le héros éponyme, qui donne son nom à l’œuvre. Nous sommes
en 1519 dans les montagnes d’Aragon. Ernani est le chef d’une bande rebellée
contre le roi Charles Ier d’Espagne, le futur Charles Quint, dont le
père aurait tué le sien. Il est amoureux d’Elvira (Doña Sol dans la pièce), que
son tuteur, le duc de Silva va épouser. Il révèle à ses hommes qu’il compte
l’enlever. Il est chanté par Roberto
Alagna dirigé par Claudio Abbado
à la tête de l’Orchestre philharmonique
de Berlin :
1) DISQUE
I, PLAGE 8 : 1’30’’
Ernani, dans la pièce, a vingt ans, Elvira/Sol, dix-sept ans, Charles, Carlo dans l’opéra, né en
1500 a donc dix-neuf ans, et le troisième amoureux, le plus âgé se dit vieillard
de soixante ans. Les acteurs de la Comédie française qui firent la création,
selon la règle de la maison où chaque sociétaire était titulaire à vie d’un
premier ou second rôle, n’étaient pas de première jeunesse : celui qui
incarnait le héros avait passé largement la cinquantaine qu’atteignait aussi
Mademoiselle Mars jouant Doña Sol, qui refusait pour cela de
dire à son partenaire : « Vous êtes mon lion superbe et
généreux ». L’opéra ne s’occupe guère de
l’adéquation de l’âge des chanteurs aux rôles, car les voix se forment tard. En
tous les cas, nous écoutons Maria Callas
incarnant avec émotion une jeune Elvire attendant fièvreusement dans sa
chambre, la nuit, Ernani, espérant qu’il va l’enlever pour lui épargner le
mariage avec son oncle et tuteur, tout comme la Rosine du Barbier de Séville. C’est Nicolas
Rescigno qui l’accompagne avec le Philharmonia Orchestra
:
2) DISQUE
II, PLAGE 5 : de 2’ à 3’30’’
Mais
là, coup de théâtre digne de la comédie, c’est le deuxième amoureux, le roi
Carlo qui arrive au lieu de l’amant attendu. Dans la pièce, il n’a que le temps
de se glisser dans une armoire et voilà qu’Ernani se pointe. Entendant par
force les deux amoureux, le roi amoureux jaloux sort de son trou et les deux
hommes s’apprêtent à croiser le fer pour la belle. Patatras, voilà encore
qu’arrive à l’improviste, comme dans du Feydeau, le duc de Silva, qui allait
épouser sa nièce, suivi de ses hommes. On imagine sa stupeur en découvrant la
pure vierge la nuit avec deux hommes dans sa chambre. Le digne vieil homme
amoureux laisse exhaler sa honte et son désespoir, se demandant pourquoi quand
la vieillesse couvre de neige les cheveux d’un homme, la vie ne lui fait pas
aussi un cœur de glace. C’est chanté par Simone
Alaimo, accompagné’Orchestre
symphonique de Savonne dirigée par Massimo
de Bernard :
3) DISQUE
III, PLAGE 4
Voilà donc les trois pour une
du sous-titre, trois amoureux d’une même femme. Le roi, se faisant connaître à
Silva, sauve élégamment Ernani en disant qu’il est de sa suite, d’où l’ironie d’Ernani
dans un aparté. L’honneur castillan,
c’est dans l’acte suivant, la grandeur d’âme de Silva. Habillé en pèlerin,
Hernani demande l’hospitalité à Silva dans son palais. Découvrant les
préparatifs du mariage avec Elvira, il se découvre mais le duc, malgré tout, un hôte étant sacré, le
protège et refuse même au roi Charles qui survient de le lui remettre pour ne
pas faillir à sa parole, à son honneur. Sauvé par Silva, Ernani, reconnaissant,
estimant que sa vie appartient désormais au duc, lui offre son cor et lui donne
sa parole que, n’importe où, n’importe quand, il n’aura qu’à sonner ce cor et
il se tuera.
Nous retrouvons ensuite Silva
et Ernani unis à Aix-la-Chapelle, dans le caveau du tombeau de Charlemagne,
avec des conjurés qui veulent tuer Charles avant qu’il ne soit élu empereur. Mais
celui-ci, devenu Charles Quint, pardonne à tout le monde et offre même à
Ernani, qui révèle alors sa vraie identité, Don Juan d’Aragon, un grand
d’Espagne, la main ded'Elvira/Sol.
Mais, lors fête du mariage
d’Ernani et Elvira, Silva, pour se venger, déguisé, vient sonner le cor fatal.
Ernani, ne pouvant faillir à sa parole donnée sans souiller son honneur, boit
le poison que partage Elvira. Le duc se tue aussi.
Mais voici le troisième
amoureux, Carlo, avant tout cela, méditant sur la clémence qui sera la sienne
s’il est élu empereur. C’est Plácido Domingo avec la Orquesta
de la Comunitat Valenciana dirigée par Pablo Heras Casado :
4) DISQUE IV, PLAGE 9
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