Enregistrement 17/5/2018, passage, semaine 21-26/618
RADIO DIALOGUE RCF (Marseille : 89.9 FM,
Aubagne ; Aix-Étang de Berre : 101.9)
« LE BLOG-NOTE
DE BENITO » N° 318
lundi : 18h45 ; mercredi : 20
h ; samedi : 17h30
Semaine
21
DANS LE CADRE DES ACTIVITÉS
CULTURELLES DE L’ASSOCIATION
MALC PACA (MAISON DE L’AMÉRIQUE LATINE ET DES CARAÏBES PACA),
SOUS LA PRÉSIDENCE DE
MADAME ROSELYNE
BELLEPAUME-NOGUERA,
CONSUL HONORAIRE DE BOLIVIE,
Benito Pelegrín
donnera une conférence
avec
lecture de poèmes par
Tamara Scott Blacud
LUNDI 28 mai 2018, 17 H30
OFFICE DU TOURISME DE MARSEILLE
11, la Canebière, 13001
Marseille
LE SEXE D’UN ANGE
Juana
Inés de la Cruz (1648 ou 1651-1695)
Vers 1651 naissait au Mexique, près de
Mexico, Juana Inés de Asbaje y Ramírez, du nom du père et de la mère. Mais,
problème, le père, un aventurier de ceux qui viennent tenter de faire fortune
aux Amériques, un Basque de la métropole, n’a pas épousé la mère : la
petite fille est donc une bâtarde. Elle tentera toujours de cacher ce stigmate
originel qui la marque à jamais. Même au faîte de sa célébrité, qui sera
immense, on sent toujours sa brûlure. Ainsi, à un orgueilleux la blessant sur
sa bâtardise, elle répond, comme toujours en vers, et vertement, par cette
petite épigramme qu’elle appelle La
poutre et la paille :
N'être point de père
honnête
Serait un vice, à coup
sûr
Si, comme j'en reçus
le jour,
C'est moi qui l'avait
fait naître.
Mais ta mère s'y prit
mieux
Qui te donna tant de
pères
Afin que tu puisses,
mon cher,
Choisir celui que tu
veux.
Sans qu’on sache pourquoi, déjà abandonnée
par le père, elle doit quitter sa mère, se retrouve chez son grand-père
maternel, puis, encore arrachée à ce foyer, chez de vagues parents. Et soudain,
sans que l'on sache pourquoi, c'est le conte de fées : nous la retrouvons vers
1664, adolescente, dans la fastueuse cour des Vice-Rois d'Espagne, dame de la Vice-reine.
Juana est aussi musicienne,
compositrice (son œuvre est malheureusement perdue), mais des compositeurs de
l’Amérique espagnole presque contemporains mettront en musique ses vers. En
voici un exemple très festif tiré du CD Sor
Juana Inés de la Cruz Le Phénix du Mexique que lui consacre Gabriel
Garrido, « LES CHEMINS DU BAROQUE », 617 :
1) PLAGE 1
Juana est une enfant prodige, la connaissance
sera la passion de sa vie. Nous la retrouvons donc dans la cour du
tout-puissant représentant du roi de toutes les Espagnes, dans la capitale,
Mexico.
Pourquoi
le Vice-Roi, marquis de Mancera, et la Vice-Reine, l'ont-ils accueillie dans
une cour espagnole si rigide sur l'étiquette, le rang et le sang ? Éprouvent-ils
pour la petite fille une affection véritable ? N'est-elle qu'une curiosité
de plus, le singe savant qui remplace les perroquets parlants et les indiens
dans le goût d'exotisme de cette somptueuse aristocratie ?
Le Vice-Roi
organise un concours devant un prestigieux parterre face à un jury de quarante savants, théologiens, philosophes, mathématiciens,
hommes de lettre : la petite fille doit répondre à leurs
inquisitoriales questions pour tester son savoir, pour éventuellement trancher de son essence diabolique. Elle
satisfait à toutes les questions, triomphe. Dès lors, elle est la coqueluche de
la cour. La Vice-reine, ne semble pouvoir vivre sans elle. Elle, la bâtarde, règle fêtes et divertissements, écrit des
poèmes de circonstance, compose des pièces de théâtre et de musique. Écoutons encore
un extrait d’un de ses poèmes mis en musique par Manuel de Mesa :
2) PLAGE 3
En
pleine gloire mondaine, elle entre
au couvent, non par vocation religieuse dira-t-elle, mais répugnant au mariage.
Que peut attendre une bâtarde ? Déception amoureuse ? Est-ce un aveu
douloureux qui perce dans ce petit poème
?
Je me
souviens que jadis
(Que je voudrais l'oublier !)
J'ai
aimé à la folie,
J'ai adoré à l'excès,
Mais
c'était amour bâtard
Aux affects trop opposés,
Aussi facile à venir
Que
facile à extirper.
Sa poésie, très largement
amoureuse, est traversée de poèmes troublants à un amant ingrat, comme dans ce
quatrain d’un sonnet :
Lorsque je te revois, avec grand déplaisir
Je comprends, ô
Silvio, mon amour égaré,
Combien grave est le poids du funeste
péché
Et combien violente la force du désir.
Plus
troublants encore ses innombrables poèmes d’amour à la Vice-Reine qu’elle idolâtre
:
Ô, ma divine Lysis,
Aucun
Dieu n’est à l’abri
Du désir qu'on a de lui .
Être femme et être
loin
À l’amour n'est point barrière
Car tu sais que
pour les âmes
Il n’y a sexe ni frontière ;
D'autant que
l’amour naturel
N’est loi que pour le vulgaire,
Dont
s’affranchit aisément
Toute beauté singulière.
Réprimandée
publiquement par l’évêque de Puebla pour avoir osé se mêler de théologie, après
une longue réponse où elle défend le droit de la femme au savoir et à la
poésie, condamnée au silence par son confesseur elle se soumet, fait son
testament et meurt.
Nous la
quittons sur cet amusant poèmes où deux sacristains se disputent sur Marie, se
lançant à la tête des citations des Évangiles :
3) PLAGE 15
Voici un autre de ses sonnets :
À
une image de l’Amant apparu en songes et retenu par les nœuds d'un
amour décent
Ah,
ne me quitte pas, ombre trop fugitive,
Image
de celui qui règne dans mon cœur,
Belle
illusion de qui, joyeuse, je me meurs,
Douce
fiction de qui je souffre et vis captive !
Si
vers l'aimant puissant de ta grâce attractive
Comme
un fidèle acier se tourne ma candeur,
Pourquoi
charmer mes yeux d'un songe si flatteur,
Si
c’est pour me blesser par cette fuite hâtive ?
Mais
tu ne pourras pas te vanter que tes feintes
De
mon cœur et mes sens auront pu triompher,
Car
si tu peux glisser d'entre les nœuds étroits
Qu’à
ton leurre tendait mon amoureuse étreinte,
Tu
as beau déjouer les chaînes de mes bras
Ma
rêverie a fait de toi mon prisonnier.
C’est à la découverte
de cette femme extraordinaire, qu’invite ma conférence Le Sexe
d’un ange, à l’Office du Tourisme de Marseille, 11, la Canebière, le lundi
28 mai à 17h30.
CONFÉRENCE II
DANS LE CADRE D’HORIZONTES DEL SUR « CULTURES D’ESPAGNE»,
"UN AMOUR D'ANDALOUSIE"
BENITO PELEGRÍN
Vendredi 1er juin 2018 – 18 h 30
Conservatoire de Marseille
Place Carli – 13001 Marseille
Conférence
MYTHE ET FIGURE MYTHIQUE :
deux séducteurs Sévillans, Don Juan et Carmen
par Benito Pelegrín
Entrée libre
A partir de ses travaux sur ces deux personnages de séducteurs libertins, Benito Pelegrín montrera que les deux Sévillans sont, au-delà de leur statut légendaire de héros de l’amour, des hérauts et martyrs de la liberté.
LA CONFÉRENCE SERA SUIVIE D’UN CONCERT
Vendredi 1er juin 2018
20 h 30 (salle Billioud) Conservatoire de Marseille Place Carli - 13001 Marseille
CONCERT MUSIQUE ESPAGNOLE
par les élèves du Conservatoire
Entrée libre
Carte Blanche aux élèves du conservatoire pour un concert de musique espagnole. Manuel de Falla, Albéniz, Granados...
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