Enregistrement 11/9/2017, passage,
semaine du 16/10
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LE BLOG-NOTE DE BENITO » N° 285
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Semaine 41
ZELENKA
À peine
sorti le 8 septembre, voici un disque tout chaud d’un musicien venu du froid,
du froid de l’oubli ingrat de l’Histoire de la musique. Heureusement, le temps
commence à réparer son injustice et l’on découvre ou redécouvre un compositeur
qui a plus laissé de traces par ses œuvres que par sa vie, dont on connaît de
grandes lignes mais guère de détails : JAN DISMAS ZELENKA (1679-1745).
Le label-Hérisson (LH 05), avait
déjà publié un CD de ses Sonates en trio
par l’ensemble Pasticcio Barocco et lui consacre aujourd’hui, par les
mêmes interprètes, un album simplement appelé ZELENKA (référence LH16) comprenant ses Sonates 1 et 2 en trio par Pasticcio
Barocco, à quoi s’ajoutent deux pièces orchestrales, une Simphonie à 8, non dans le sens plus
tardif du terme mais une sorte de concerto
grosso, et Hipocondrie à 7, un
genre d’ouverture solennelle à la française, ces deux œuvres par l’Orchestre
de chambre d’Auvergne.
Les compositions de ce maître baroque d’Europe
centrale démontrent qu’il s’agissait indubitablement d’un des plus grands
compositeurs de son temps et qu’il peut être comparé, grâce à la richesse de
son inspiration et à la rigueur de son style, même à Bach, c’est l’opinion,
qu’on se permet de rapporter, de l’éminent musicologue Guy Erismann, dans son livre La Musique dans les
pays tchèques, très connu pour son ouvrage sur Janáceck.
Vers le
milieu du XVIIe siècle, dans les petites mais brillantes cours de la
Bohème, aujourd’hui la Tchéquie, la musique instrumentale atteint un très haut niveau.
Les grands seigneurs rivalisent de luxe dans leurs châteaux, fondent leur
propres chapelles, des orchestres, et payent la formation musicale de leurs
sujets talentueux. Parmi les musiciens de cette période, on distingue Jan
Dismas Zelenka.
Mais écoutons
un extrait de sa Simphonie à 8, en fait
un concerto grosso ou quelques instruments concertent, dialoguent avec le gros,
le tutti de l’orchestre. Ce sont ici deux hautbois, un basson, un
violoncelle et un violon surtout dans ce début, qui jouent la voix soliste ou
groupée en concertino sur le fond, le
plein, appelé ripieno, des cordes de
l’orchestre et la basse continue, le violoncelle et le clavecin :
1) PLAGE 9
Jan
Dismas Zelenka naît en 1679 à Louňovice, près de Prague, en Bohème alors, en
Tchéquie aujourd'hui. Son père, comme Bach à Saint-Thomas de Leipzig, a un
poste officiel de cantor, c’est-à-dire
de chef de chœur, organiste, dans une église, chargé de compositions pour les
offices. Il l'initie très tôt à la musique. Jan Dismas étudie probablement au fameux
collège jésuite Clementinum de Prague, pour lequel il écrira trois cantates. À Prague, il côtoie un compositeur et pédagogue Bohuslav Matěj Černohorský, qui y
cultive la tradition polyphonique vénitienne. En 1710, il est engagé comme joueur
de violone (contrebasse de viole) à la cour catholique de l'Électeur de Saxe et
roi de Pologne, Frédéric-Auguste Ier, à Dresde.
Avide
de se perfectionner, en 1716, il part pour le voyage en Italie presque
obligatoire pour un musicien de l’époque, passant par Vienne, où il étudie avec
Johann Joseph Fux et suit probablement l'enseignement d'Antonio Lotti, célèbre compositeur italien qui y est établi. Après
un séjour à Venise, en 1719, il est de retour à Dresde, où il finira ses jours,
ville fastueuse, surnommée la Florence de l’Elbe, en raison de ses
collections d’art, mais aussi de ses célèbres monuments baroques d’une rare
splendeur. On sait, hélas, que pratiquement à la fin de la Seconde guerre
mondiale, un tiers de la ville fut détruit en 1945 par la Royal Air Force, et l'aviation
américaine, qui écrasèrent et réduisirent en cendres ce joyau architectonique
et un nombre incalculable de ses habitants avec 650 000 bombes
incendiaires, alors que la ville n’était même pas un enjeu stratégique à
neutraliser. Reconstruite désormais à l’identique, elle est classée au
Patrimoine de l’UNESCO. Ironie de l’Histoire, Zelenka ne quittera Dresde qu'une
seule fois, pour assister à Prague, en 1723, au couronnement de Charles VI
de Habsbourg et de son épouse comme roi et reine de Bohême, dirigeant devant le
couple royal son oratorio solennel, un rêve pacifiste, Sub olea pacis et palma virtutis ,‘Sous l'olivier de la paix et le
palmier de la vertu’, portant le sous-titre de « Melodrama de Sancto
Wenceslao ». Mais écoutons le « Capriccio », la gaillarde
gavotte de sa Simphonie, où
jaillissent des fusées, bien pacifiques, à chaque attaque d’une mesure rapides
ornements, très brefs en gammes ascendante :
2) PLAGE 11
Un
album de cet oratorio a été primé en 2002 au MIDEM de Cannes.
Ce fut
sans doute là le sommet de la carrière de Zelenka même s’il ne figure même pas
comme compositeur de l’œuvre mais comme simple interprète. Rentré à Dresde, son
travail ne semble plus guère intéresser la cour. Une supplique au roi de
Pologne Frédéric-Auguste II datée du 18 novembre 1733 témoigne de
l'amertume du compositeur, qui réclame un salaire à la hauteur de ses
responsabilités et de ses compétences, ainsi que sa titularisation en tant que
maître de chapelle dont il exerce pourtant la fonction depuis trois ans. La
requête de ce musicien, apprécié pourtant de Bach et Telemann, les figures
tutélaires de la musique germanique de son temps, ne sera pas entendue. Mais
nous, nous l’entendons et écoutons, pour nous quitter, son premier menuet de
cette même Simphonie :
3) PLAGE 13
ZELENKA (label-Hérisson
LH16) par l’ensemble Pasticcio
Barocco et l’Orchestre de chambre d’Auvergne.
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