DEPUIS LE 8 MAI 1945, L’EUROPE UNIE N’A PLUS CONNU LA GUERRE, 72 ANS DE PAIX, UNIQUE DANS
SON HISTOIRE DEPUIS LA « PAX ROMANA » DU Ier AU IIe siècle DE NOTRE
ÈRE
MAUDITE GUERRE
Enregistrement 24/4/2017,
passage, 8-13/(/17
RADIO DIALOGUE RCF
(Marseille : 89.9 FM, Aubagne ; Aix-Étang de
Berre : 101.9)
« LE BLOG-NOTE DE BENITO » N° 271
lundi : 12h15 et 18h15 ; samedi : 17h30
Semaine
19
Le 8 mai est une date, un
anniversaire que nous pouvons à juste titre célébrer, commémorer, fêter. Il
s’agit de la fin de la Seconde guerre mondiale en 1945 par la capitulation de
l’Allemagne nazie. Depuis cette date, donc, depuis 72 ans, l’Europe unie,
l’Europe sans frontières n’a plus connu la guerre pour la première fois de son
histoire et cela depuis ce qu’on a appelé la Pax romana, la « paix romaine », expression par laquelle on désigne
la longue période de paix qui va du I er siècle au II e
siècle de notre ère, imposée par l'Empire romain à l’intérieur de ses immenses
frontières, et qui permit sa prospérité, son apogée, le plus haut degré de sa
civilisation dont nous avons hérité, et dont tant de témoignages grandioses
font la richesse architecturale de notre région. Depuis cette époque, depuis
près de deux millénaires, l’Europe n’avait connu que les guerres, pratiquement
continues. À l’échelle de l’Histoire, souvenez-vous, c’est à peine
hier : 21 ans séparent à peine la
Première Guerre mondiale et la Seconde. Des guerres qui ont rivalisé d’horreur.
C’est ce que nous rappellent, du
moins pour la première, les Éditions
Hortus dans leur long et patient travail de mémoire à travers la musique. Leur
l’immense collection, Les Musiciens
et la Grande Guerre, labellisée par la Mission du Centenaire, commencée
en 2014 et devant se poursuivre jusqu’en 2018, centenaire de l’Armistice, en
est à sa vingt-troisième livraison avec deux albums, deux CD dont l’avant-dernier
volume, est bien justement nommé Maudite
guerre. Par Fionnuala McCarthy
(soprano), Klaus Häger (baryton) accompagnés par Karola Theill (piano), c’est un beau et émouvant recueil d’œuvres
des Italiens Puccini, Leoncavallo, des Allemands Paul Hindemith, Richard
Strauss, des Autrichiens Anton Webern, Erich
Wolfgang Korngold, Franz Lehár, de
l’Américain Charles Ives pour les plus célèbres, mais on y trouve aussi des
compositeurs moins connus, mal connus ou inconnus chez nous comme, les Allemands
Hans Pfitzner, Hanns Eisler, l’Anglais Charles Hubert Parry, le Croate Felix
Weingartner, le Tchèque Josef Bohuslav Foerster. Dans ce florilège dramatique, un
seul Français, Jean de Lize, mort en
1965, mais dont on ignore la date de naissance. Nous écoutons, chanté par le
baryon allemand Klaus Häger, sa
mélodie, inédite jusqu’ici, sur un texte d’Emmanuel Ducros, Guerres maudites par les mères :
1) DISQUE I : PLAGE
12
À part ce texte français et celui mis en musique par Leoncavallo, le
poème italien de Puccini, les textes anglais de Charles Ives et l’hymne aux
aviateurs de Perry, tous les autres poèmes mis en musique sont allemands. On
nous dit, dans l’introduction au CD que, dans celle d’une anthologie sur
l’époque « qu’un million et demi de
poèmes de guerre allemands furent produits rien qu’en août 1914, donc à
raison de cinquante mille par jour
en moyenne. »
Cela donne l’échelle horrible de la boucherie qui envoyait à la mort
des hommes capables de traduire, dans la délicatesse même maladroite de la
poésie souvent spontanée, leurs émotions, pour certaines belliqueuses, bien
sûr, guerrières, héroïques, dans l’exaltation du combat, du sentiment
patriotique, mais aussi leurs sentiments tendres, désemparés, désespérés devant
la réalité atroce de la guerre confrontée au souvenir du foyer, de la famille, de la femme aimée, le rêve de paix, de
bonheur, de désir humain de vivre. On regrette d’autant plus qu’aucun de ces
poèmes, parfois longs, ne soient traduits en français. Certes, la musique, dans
laquelle les musiciens traduisent leurs sentiments de cette guerre, de toute
guerre finalement, et la belle et expressive interprétation des deux chanteurs,
sans compter l’engagement de leur partenaire au piano, en transmet la charge
émotionnelle, à laquelle il est difficile d’échapper : non, on ne peut
écouter d’un cœur sec et l’oreille fermée à l’émotion ces mélodies qui
délivrent aussi des images terribles. Oui,
maudite guerre.
Nous écoutons la délicate soprano irlandaise Fionnuala McCarthy, chanter la terrible question posée par le
texte mis en musique par Puccini : Morire?, ‘Mourir ?’, qui
appelle aussi une autre interrogation : « Qui sait ce qu’est la vie?»,
ses rêves d’amour, d’espérance, sa fragilité merveilleuse :
2 ) DISQUE II : PLAGE
5
Le second CD de la livraison, le Volume XXIII a pour titre Dans
les services de santé : le piano mobilisé. Il nous offre, à travers le
choix du pianiste Amaury Breyne qui
les interprète, on ne saurait dire si la vision ou l’évasion de la guerre par
six grands musiciens français, six compositeurs mobilisés dans les Services de
santé. Bien sûr, on se souvient, nous en avions parlé à l’occasion d’un autre
disque de la collection Hortus, le fameux Concerto
pour la main gauche pour un grand pianiste mutilé écrit par Maurice Ravel, ambulancier faute de
pouvoir être au front comme il le désirait. Il est en compagnie, dans le
disque, d’autres engagés volontaires comme Albert
Roussel, ou Jacques Ibert,
infirmier anesthésiste, des aides-soignants de l’arrière Jean Huré
et Déodat
de Séverac, réformés pour maladie comme Jean Roger-Ducasse ou en
raison de leur âge comme Charles Koechlin . La préface du disque de Philippe Saulnier d’Anchald témoigne de
leur engagement lors du conflit. Deux des œuvres ici présentées sont encore
inédites, telles la Sonate pour piano N°
2 de Jean Huré ou la Petite berceuse du brancardier Jacques de la Presle sur laquelle nous
nous quittons, un rêve de douceur, de vie, vision et évasion de la guerre, d’un
homme au cœur de l’enfer de Verdun :
3) DISQUE II PLAGE 3 : FIN ET FOND
Deux CD label Hortus :
1. Les musiciens dans la Grande
Guerre (vol. XXII) Maudite
guerre, Fionnuala McCarthy (soprano), Klaus Häger (baryton), Karola
Theill (piano), œuvres de Puccini, Lehar, Strauss, Webern, Ives, Leoncavallo,
Korngold, etc.,;
1. Franz Schreker, Das feurige Männlein
2. Charles Ives, In Flanders Fields
3. Josef Bohuslav Foerster, Nacht im
Felde
4. Franz Lehár, Fieber. Tondichtung
5. Giacomo Puccini, Morire ?
6-7. Anton Webern, Der Tag ist vergangen ; Schien mir’s, als
sah ich die Sonne
8. Hans Pfitzner, Trauerstille
9. Charles Hubert Parry, A Hymn for Aviators
10. Ruggero Leoncavallo, La
Victoire est à nous
11. Franz Lehár, Ich hab
ein Hüglein in Polenland
12. Jean de Lize, Guerres
maudites par les mères
13. Erich Wolfgang Korngold, Das
Heldengrab am Pruth
14-15. Hanns Eisler, Der müde
Soldat ; Die rote und die weiße Rose
16. Paul Hindemith, Schlagt! Schlagt! Trommeln!
17. Felix Weingartner, Freiheitsgesang
18. Richard Strauss, Lied der Frauen
2. Volume XXIII Dans les services de santé : le piano
mobilisé.
Ibert, Roger-Ducasse,
de la Presle, Huré, Roussel,
Ravel, de Séverac, Koechlin .
Jacques Ibert (1890-1962)
- Le vent dans les ruines
Jean Roger-Ducasse
(1873-1954) - Variations sur un choral
Jacques de la Presle
(1888-1969) - Petite berceuse
Jean Huré (1877-1930)
- Sonate pour piano No. 2
Albert Roussel (1869-1937)
- Doute
Maurice Ravel (1875-1937)
- Prélude
Déodat de Séverac
(1872-1924) - Les naïades et le faune indiscret
Charles Koechlin
(1867-1950) - Troisième sonatine op. 59
On saluera l’élégance sobre de la
collection, ce gris qui met en valeur les illustrations de couverture, de vrais
documents d’époque émouvants, photos ou carte postale naïve et pathétique.
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