Enregistrement 24/08/2015, passage,
semaine du 31/08 au 6/10/2015
RADIO DIALOGUE (Marseille : 89.9
FM, Aubagne ; Aix-Étang de Berre : 101.9)
« LE
BLOG-NOTE DE BENITO » N° 189
Estival se
cache sous festival, disais-je. Par la vertu de la consonance, on ferait presque des
synonymes de ces mots, surtout dans notre
belle région favorable aux manifestations de plein air avec ses risques
parfois. Et cette saison, exceptionnellement chaude, malgré ou à cause de la
canicule, avec son temps également beau, a fait, autant qu’on sache,
qu’aucun spectacle à l’air libre n’a été annulé, la terreur des directeurs des
festivals demeurant les intempéries. Mais l’été en peinte douce vers son
crépuscule automnal, les grandes festivités musicales de notre région
s’éteignent peu à peu pour laisser une prochaine place, dès le 29 septembre, à
la saison, qui s’annonce riche et diverse.
Festival Durance Luberon,
Samedi
22 août, le Festival Durance Luberon, commencé le 8 août, animant de
concerts très variés les jolis villages qui jalonnent et sillonnent les pentes du
Luberon et serpentent aussi le long de la Durance, finissait en beauté à 21h en
l’Abbaye de Silvacane de La Roque d’Anthéron avec un ambitieux spectacle
musical et visuel, Ténèbres et lumières, du très bel ensemble vocal Ad
Fontes Canticorum dirigé par Jan Heiting, ténèbres sans doute du
sujet, fondé musicalement sur deux requiems, deux messes des morts, le premier
de Rey Eisen, le second, fameux, de Gabriel Fauré. Deux
requiems éclairant de leur sombre lumière musicale, mais aussi de leur espoir
lumineux, des textes de la Divine Comédie de Dante,
dits par une comédienne, d’abord extraits de l’Enfer, mais
ensuite, du Paradis, illustrés par des vidéos. Message de
mort et de vie renouvelée sous les voûtes médiévales et intemporelles de cette
austère et pure abbaye.
Solidité de roc, la Roque
La
veille, le vendredi, le XXXVe FESTIVAL INTERNATIONAL DE PIANO DE LA ROQUE DʼANTHERON, dont
certains concerts siègent aussi dans la nef et le cloître de l’abbaye de
Sylvacane, le plus tardif mais le plus long des grands festivals de la région,
qui a duré près d'un mois, du 24 juillet au 21 août 2015, tirait donc son rideau végétal et son bilan,
clôturant en apothéose avec un concert de jazz du mythique pianiste Monty
Alexander et son combo, sa formation réduite d’abord à un trio puis à un
sextette d’instrumentistes virtuoses éblouissants.
Monty Alexander et son groupe, photo Christophe GREMIOT |
Belle conclusion pour un
festival déjà ancien mais toujours jeune avec trente-cinq ans de succès. Pour
en mesurer la réussite, rappelons la gageure initiale du premier, lancé par René
Martin, éternel adolescent, qui en demeure le directeur artistique, et
le jeune fils Onoratini, hélas disparu, dans le cœur battant du parc du château de
Florans : une petite estrade pour scène sur un petit plan d’eau, un
minuscule bassin, quelques rangées sièges étagés, et la magie du piano, des arbres, des nuits d'été, et de la convivialité d'un public ravi. Il y a trente-cinq ans, donc
mais, comme un caillou lancé dans une onde calme, le petit festival voué au
piano a étendu ses palpitantes ondes telles les harmoniques d’une note, de plus
en plus larges, jusqu’à un infini de silence et de rêve charmés, dans une
diversité de musiques et de lieux.
Youri Favorin, Photo Samuel Cortès |
Notre première halte
musicale, c’est un court extrait du Prélude N°5 en sol majeur, opus 32 de
Rachmaninov interpréta par le grand pianiste russe Boris Berezovsky, un habitué
du festival, tiré d'un disque Mirare/la Roque d'Anthéron/ France-Musique :
1) DISQUE I, PLAGE 1
Berezovsky a été l’un
des 370 artistes invités cette année qui se distribuent en 61 solistes, 4 chefs
d'orchestre, 236 musiciens d’orchestres et de chœurs, 30 musiciens de jazz et
de musique latine, 20 musiciens de musique de chambre, 19 musiciens en
résidence (5 trios et 2 duos) pour 89 concerts programmés, pratiquement trois
par jour, auxquels 76 500 spectateurs ont fait un accueil enthousiaste mérité.
Anna Vinnitskaya, photo Samuel Cortès |
Ce public, selon une étude, provient pour 60,10 % de la région PACA, résidents et vacanciers, nous dit-on (mais vacanciers de l'intérieur de la région, et d'où?). Cela prouve, en tous cas, le bel ancrage régional et la nécessité locale de ces poumons artistiques que sont les festivals. La région parisienne, forme 15,71 % de ce public, et, d'autres régions de France, 18,75 %, les Dom-Tom et l'étranger représentant 5,44 %. Il serait aussi intéressant de connaître la moyenne d'âge du public car, habitué des festivals de la région, il me semble que, si l'on y retrouve avec plaisir de vieux fidèles du début, la proportion des jeunes m'y semble remarquable.
Malgré tout,
réduire le Festival de Piano de La Roque d’Anthéron au simple feuillet de son
bilan, comme je l'ai déjà dit, c’est résumer la forêt à un arbre et l’arbre à une feuille, même celle,
généreuse, des platanes du parc Florans du festival initial. Mais nous écoutons
l’adorable Anne Queffélec, une autre habituée dans le Rondo
en la mineur, K 511 de Mozart :
2) DISQUE I, PLAGE 11
Le festival s’est vite
diversifié heureusement en horaires et dans des lieux où la musique a trouvé, tout
harmonieusement, le sien. Car le Festival, éclos à Florans, a essaimé
harmonieusement et fleuri d’autres
scènes à l’ombre des divers clochers des jolies petites villes et villages
d’alentours, Cucuron, Lourmarin, Rognes, Lambesc, Saint-Martin-de-Crau,
Silvacane, Gordes, Mimet mais il en a bercé musicalement nombre d’autres
communes dont la liste est comme une poétique litanie provençale :
Meyrargues / Plan d'Orgon, Saint-Rémy, Saint-Estève-Janson, Maussane-les-Alpilles / Mallemort, Verquières /
Jouques, Vernègues / Charleval, Eygalières / Eyguières.
Laissons- nous
accompagner, pour notre troisième pause musicale, par une autre grande dame
habituée de la Roque, où elle anime aussi des master classes, Claire Désert, avec
quelques accents de l’Intermezzo
N°6 en si mineur, op. 4 de Robert Schumann, qu'elle nous livre avec une passion contagieuse :
3) DISQUE I, PLAGE 14
C'était un extrait du même disque album, qui rassemble neuf des grands pianistes internationaux familiers de la Roque, enregistré sur place, et paru en 2006.
Master classes, résidences
Car c’est cela aussi ce
festival : un lieu où de jeunes pianistes peuvent venir se perfectionner
auprès de leurs prestigieux aînés. Ainsi, cette année, 62 master classes
publiques ont été dispensées du 8 au 14 août par 9 professeurs qui en font un merveilleux sacerdoce : Claire Désert,
Emmanuel Strosser, Christian Ivaldi, Olivier Charlier, Lise Berthaud, Yovan
Markovitch et les membres du magnifique Trio Wanderer, Jean-Marc
Phillips-Varjabédian, Raphaël Pidoux et Vincent Coq. Et 1046 spectateurs
ont assisté à ces enrichissantes séances où les maîtres expliquent communiquent
aux disciples les secrets de leur art, avec la connivence réceptive d'un public conquis qui enrichit sa connaissance du piano et des œuvres.
Nous nous quittons avec le
grand maître du piano moderne que fut, Chopin qui a eu quinze concerts cette
année, interprété par un autre habitué de la Roque, Luis Fernando Pérez, qui
nous émeut aux larmes avec le Nocturne en ut dièse mineur op. posthume, un disque également du label Mirare, Chopin, Nocturnes, volume N° 1 :
Au revoir, la Roque!
www.festival-piano.com
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