Enregistrement 29/5/2017,
passage, semaine du 12-17/6/17
RADIO DIALOGUE RCF
(Marseille : 89.9 FM, Aubagne ; Aix-Étang de
Berre : 101.9)
«LE BLOG-NOTE DE BENITO » N° 275
lundi : 12h15 et 18h15 ; samedi : 17h30
Semaine 24
DON CARLO
` L’Opéra de Marseille termine sa saison avec Don Carlo de Giuseppe Verdi donné le
jeudi 8, le mercredi 14 et le samedi 17 à 20 h, le dimanche 11 en matinée à
14h30. La mise en scène est du Marseillais Charles Roubaud et la distribution
est prestigieuse.
Don Carlos, dans
son nom espagnol, était une commande, en français , de l’Opéra de Paris, montée
en 1867, révisée en 1884 puis traduit en italien.
Le livret fut écrit par Joseph
Méry et Camille
du Locle, d'après la tragédie Don
Karlos, Infant von Spanien, ‘Don Carlos, Infant d’Espagne’, de Friedrich von Schiller, de 1787. Sur certains détails historiques vrais, c’est une affabulation
romantique qui narre la supposée rivalité entre le prince héritier Don Carlos
et son père le roi Philippe II d’Espagne qui a épousé, il est vrai, pour des
raisons politiques, la fiancée qu’il lui avait d’abord destinée, Élisabeth de
Valois, fille d’Henri II et de Catherine de Médicis, pour sceller la paix entre
l’Espagne et la France. L’action
se déroule sur fond de révolte des
Flandres contre l’Espagne, historiquement vraie, mais conflit postérieur à la mort
de l’infant.
Don Carlos |
Mais
la pièce et l’opéra donc, inventent une idylle préalable entre l’Infant
espagnol et la jeune princesse française qui se seraient rencontrés à
Fontainebleau, érigeant Don Carlo en héros romantique amoureux trahi par son
propre père, et par ailleurs désireux d’arracher les Pays-Bas à la souveraineté
espagnole. Il est vrai aussi, pour alimenter la légende, qu’Élisabeth de Valois
et Don Carlos naissent et meurent la même année (1544-1568), à 23 ans, à
quelques mois d’intervalle. Mais ils n’avaient que 14 ans lors du fameux
mariage royal de 1559, par procuration, qui ne sera par ailleurs consommé que
deux ans plus tard eu égard à la jeunesse de la princesse française.
Autre vérité historique : l’habitude des
mariages inégaux en âge étant presque une norme, le mari toujours plus âgé que
l’épouse, lorsqu’Élisabeth arriva en Espagne pour rejoindre enfin son époux, à
la jeune princesse, sans doute agréablement surprise en le voyant, Philippe II
dit en souriant : « Vous regardez si j'ai des cheveux blancs ? »
Il n’avait que 32 ans.
La pièce, s’emparant de ce trait d’humour, le renverse et en
fait le constat dramatique d’un homme âgé, malheureux de cette différence d’âge
avec la jeune femme qu’il aime et qui ne l’aime pas. C’est le moment sans doute le plus poignant
de l’opéra de Verdi. Seul dans son cabinet, ayant travaillé des dossiers toute
la nuit, voyant poindre l’aurore, Philippe II revoit l’arrivée d’Élisabeth en
Espagne, découvrant tristement ses cheveux blancs, et il médite sur cet amour
déçu et sur la solitude du pouvoir. L’air est introduit par un long prélude de
violoncelle qui chante déjà la mélancolie du roi. Nous écoutons cette
introduction par l’Orchestra dell‘ Accademia
di Santa Cecilia dirigé par Tullio Serafin :
1) DISQUE I, PLAGE 5 (1)
Élisabeth de Valois |
Nous y reviendrons, centrant
cette émission sur lui. Non, Philippe II n’était pas un vieillard lorsqu’il
épousa Élisabeth de Valois qu’il aurait arrachée, contre son gré, à son
immature adolescent de fils. Mais la légende, tragique, est si belle que l’on a
du mal à lui opposer la vérité historique, dramatique certes, mais moins
romanesque. Qui fut ce don Carlos magnifié par le théâtre et l’opéra ?
LE
VRAI DON CARLOS, FUT UN ENFANT GÂTÉ, ET UN PRINCE GÂTEUX. ET ODIEUX.
Il
en est des familles comme des peuples et des cultures : le mélange des sangs
les régénère, les rajeunit et la fermeture des frontières raciales et
culturelles les anémie, les appauvrit, faute d’oxygène et du bénéfique renouvellement
génétique des mélanges, des métissages. Ce fut le drame des longues dynasties
royales, usées par des mariages endogamiques, consanguins, entre membres
proches d’une même famille. Ce fut, à terme, la tragédie pas si lointaine des
Romanov, des Habsbourg d’Autriche et, d’abord, des Habsbourg d’Espagne.
Carlos
naît du premier mariage de Philippe II avec sa double cousine germaine,
maternelle et paternelle, Marie de Portugal, qui meurt quelques jours après la
naissance. La famille est si mêlée qu’il a seulement quatre
arrière-grands-parents au lieu des huit
pour une famille normale. Philippe, n’a pas encore hérité l’empire de son
père Charles Quint qui abdiquera en 1555 ; il voyage, d’Italie en Flandres
en passant par la Bourgogne et la Franche-Comté, dans ses futurs états
européens puis s’installe en Angleterre où il a épousé en 1554 sa grand tante Marie Tudor, régnant avec
elle jusqu’à sa mort en 1558, une femme plus âgée que lui à l’inverse de son
futur mariage, l’année suivante, avec Élisabeth. Mais la fiction de Verdi, le
fait beaucoup plus âgé que la réalité et il se lamente.
Nous
écoutons la suite du morceau, la méditation de Philippe II, chantée par Cesare Siepi :
2) PLAGE 5 (2)
L’infant Don Carlos, seul en Espagne, a été
élevé par ses tantes, qui lui passent tout : enfant gâté, il est maladif,
difforme, débile mental, d’une effroyable cruauté qui épouvante autour de lui.
Il joue à brûler vif des animaux, crève les yeux des chevaux, oblige un bottier
à manger sa botte, hurle, tempête, prompt à jouer de sa dague, manquant tuer
son oncle, le superbe et héroïque Don Juan d’Autriche (1547-1578), fils bâtard
de Charles Quint, souche saine d’une union non consanguine, futur vainqueur de
la bataille de Lépante contre les Turcs (1571), que son frère Philippe nommera
gouverneur des Pays-Bas.
Philippe II par Titien |
Philippe
II (1527-1598), déplorait lucidement, à la fin de sa vie : « Dieu, qui m’a donné tant de
royaumes, m’a refusé un fils capable de les gouverner. » Ce fut le
drame de ce grand et puissant monarque régnant sur tous les continents, le
soleil ne se couchait jamais sur son empire. Il prévoyait fatalement, à la fin
de ses jours, que son successeur, Philippe III, issu également d'un dernier mariage consanguin avec sa nièce autrichienne, abandonnerait le pouvoir aux
mains de favoris, mais il demeurait blessé du douloureux souvenir de son
premier fils du premier lit, maladif, à demi fou, incapable de monter sur le
trône : en 1568, il fut contraint d’enfermer Don Carlos qui avait peut-être
même attenté à ses propres jours, en tous les cas, voulu s’emparer des Pays-Bas.
Ce sont les protestants hollandais insurgés contre l'Espagne catholique qui, pour des raisons politiques et religieuses, cherchant leur indépendance, créeront la légende noire de Philippe II, relayée par les Anglais et les Français en guerre contre le puissant Empire espagnol invaincu pendant un siècle.
Le
mariage du roi avec Élisabeth fut heureux mais elle mourut en couches et
Philippe en fut très affecté. De ce mariage, enfin avec un sang renouvelé, non
consanguin, naquit une saine princesse, une fille très aimée, Isabel Clara
Eugenia, à laquelle Philippe II offrit le gouvernement des Pays-Bas où elle
régna à la satisfaction de son peuple. On voit d’ailleurs à Bruxelles, sa
capitale, des témoignages de l’estime qu’on portait à Isabelle Claire-Eugénie
(1566-1633). Du monarque le plus puissant de son temps, contraint de masquer
toute manifestation de sensibilité, on dit qu’il grimpa au sommet d’une tour
pour voir jusqu’au bout le carrosse de sa fille bien-aimée qu’il ne devait plus
jamais revoir, et qu’il éclata en sanglots.
Isabel Clara Eugenia |
Nous
nous quittons aux accents douloureux que Verdi prête à Philippe II :
3) PLAGE 5 de à fin
Opéra
de Marseille Don Carlo de Giuseppe
Verdi qui sera donné le jeudi 8, le mercredi 14 et le samedi 17 à 20 h, le
dimanche 11 en matinée à 14h30.
Par téléphone
04 91 55 11 10 – 04 91 55 20 43
opera.marseille.fr
DON CARLO,
de Giuseppe Verdi
Opéra en 4 actes, version de Milan
Livret de Joseph MÉRY et Camille du LOCLE d'après Friedrich SCHILLER, révisé par Charles NUITTER et traduit en italien par Angelo ZANARDINI.
Livret de Joseph MÉRY et Camille du LOCLE d'après Friedrich SCHILLER, révisé par Charles NUITTER et traduit en italien par Angelo ZANARDINI.
Création à Milan, Teatro alla Scala, le 10 janvier
1884.
Dernière représentation à l'Opéra de Marseille, le 5 octobre 1997
COPRODUCTION OPÉRA NATIONAL DE BORDEAUX / OPÉRA DE MARSEILLE
Dernière représentation à l'Opéra de Marseille, le 5 octobre 1997
COPRODUCTION OPÉRA NATIONAL DE BORDEAUX / OPÉRA DE MARSEILLE
Direction musicale Lawrence FOSTER
Mise en scène Charles ROUBAUD
Scénographie Emmanuelle FAVRE
Costumes Katia DUFLOT
Lumières Marc DELAMÉZIÈRE
Vidéos Virgile KOERING
Mise en scène Charles ROUBAUD
Scénographie Emmanuelle FAVRE
Costumes Katia DUFLOT
Lumières Marc DELAMÉZIÈRE
Vidéos Virgile KOERING
Elisabetta Yolanda AUYANET
Eboli Sonia GANASSI
Tebaldo Carine SECHAYE
Une Voix céleste Anaïs CONSTANS
Eboli Sonia GANASSI
Tebaldo Carine SECHAYE
Une Voix céleste Anaïs CONSTANS
Don Carlo Teodor ILINCAI
Philippe II Nicolas COURJAL
Rodrigo Jean-François LAPOINTE
Le Grand Inquisiteur Wojtek SMILEK
Un Moine Patrick BOLLEIRE
Comte de Lerma Éric VIGNAU
Députés Flamands Guy BONFIGLIO, Lionel DELBRUYERE, Jean-Marie DELPAS, Alain HERRIAU, Anas SEGUIN, Michel VAISSIÈRE
Un héraut Camille TRESMONTANT
Philippe II Nicolas COURJAL
Rodrigo Jean-François LAPOINTE
Le Grand Inquisiteur Wojtek SMILEK
Un Moine Patrick BOLLEIRE
Comte de Lerma Éric VIGNAU
Députés Flamands Guy BONFIGLIO, Lionel DELBRUYERE, Jean-Marie DELPAS, Alain HERRIAU, Anas SEGUIN, Michel VAISSIÈRE
Un héraut Camille TRESMONTANT
Orchestre et Chœur de l’Opéra de Marseille
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