L’HEURE DU THÉ
Janvier 2010
Joli cadeau de Nouvel An que ce trio de chanteurs présenté par le CNIPAL, auquel répondent tous nos vœux.
Les trois nous sont déjà connus et bien appréciés. On retrouve avec le même bonheur la mezzo soprano Aï Wu, qui semble chez elle dans Mozart et Rossini. Elle fait goûter dans ces airs l’éclat scintillant de son timbre, ses aigus ronds et sonnants, sa technique assurée dans les acrobaties, mais également ses dons d’interprète, d’incarnation convaincante des personnages, faussement naïve (Chérubin), exagérément pathétique ou joliment rouée (Dorabella), malicieuse et gracieuse Rosine, futée et affûtée dans ses duos jubilants avec Guglielmo et Figaro. Mais son registre dramatique est aussi remarquable que ses vocalises perlées dans la pathétique supplique au père de Juliette du Roméo de Bellini.
Soprano qui s’étoffe et se colore, Bénédicte Roussenq, sait cependant maîtriser, alléger sa grande et belle voix, le montre, avec une grande allure et une émotion contenue, dans le « Porgi Amor… » de la Comtesse des Noces, le démontre en Fiordiligi dans le duo du début de Cosí fan tutte avec Dorabella. Mais on la sent frémissante, palpitante dans les grands rôles dramatiques, l’Elvire outragée, déchirée de passions et de sauts du Don Giovanni, tandis que le récit et air de Mathilde du Guillaume tell de Rossini lui offre un grand éventail de nuances tant vocales que scéniques. Un beau tempérament.
Le baryton chinois Zheng Zhong Zhou, qui, dès septembre rejoindra le prestigieux atelier lyrique du Covent Garden qui l’a sélectionné pour d’ultimes perfectionnements, est tout séduction, velouté et caresse de la voix dans la sérénade de Don Giovanni, faconde et joie de vivre dans un air du Guglielmo de Cosí souvent sauté qu’on entend ici avec le plaisir qu’il nous fait partager, élégant et léger; il est survolté en Figaro rossinien, et donne une réplique ironique à ces dames coquines dans les duos, avec un grand charme et une aisance primesautière d'une voix égale dans tout le registre.
Traditionnellement, un ensemble brillant et amusant réunit les jeunes solistes dans un numéro final, ici la Danza de Rossini, le tout mené avec verve et finesse par l’accompagnatrice Nina Huari. Vivifiante, pétillante coupe de vrai bel canto.
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