Enregistrement 18/9/2017, passage,
semaine du 25/9
RADIO DIALOGUE RCF (Marseille :
89.9 FM, Aubagne ; Aix-Étang de Berre : 101.9)
«
LE BLOG-NOTE DE BENITO » N° 285
lundi : 12h15 et 18h15 ; samedi : 17h30
Semaine
38
L’Opéra
de Marseille a ouvert en grand sa saison et grandes ses portes pour les
journées du patrimoine des 16 et 17 septembre, permettant à un public nombreux
de visiter cette vaste et superbe maison et d’assister pendant deux heures aux
répétitions de la première œuvre au programme, Le dernier jour d’un condamné à
mort d’après le texte fameux de
Victor Hugo, une création d’aujourd’hui des frères Alagna. De cette
fratrie, on connaît surtout, bien sûr, le célébrissime ténor français d’origine
sicilienne, Roberto Alagna. On
ignore souvent que ses deux frères, Frederico
et David sont aussi deux artistes, qui ont travaillé, racontent-ils, à
quatre mains pendant vingt ans : peintures, sculptures, décors, affiches, mises
en scène, composition de mélodies françaises, arrangements de chansons
napolitaines pour guitare, orchestrations... Or, sur une idée de Frederico qui
lui soumet le texte de Victor Hugo, Roberto, le ténor, ébauche un livret qu’il
soumet à son tour à ses deux frères et, David commençant aussitôt la musique, Roberto
et Frederico, qui retravaille le livret, lui en abandonnent la composition
complète.
Le Dernier
Jour d’un Condamné parut en 1829, Victor Hugo l’écrivit en
voyant avec horreur le bourreau graisser la guillotine sur une place. Le livret
met en parallèle une cellule à Paris en 1828 et, sur un plateau
tournant, en 2000, une femme condamnée à mort dans un pays indéterminé.
De
nombreux personnages interviennent dans les deux cellules, mais l’issue est
forcément l’exécution pour tous les deux dont la culpabilité ne fait pas de
doute : pas d’action au sens théâtral du terme donc autre que cette insupportable attente des deux
personnages.
Par bonheur, cet opéra n’est pas
d’actualité en Europe. En France, la peine de
mort fut abolie en 1981, les dernières exécutions remontent à 1977, quarante
ans exactement, dont une à Marseille. Mais,
y recevant même trois récompenses, la création eut lieu en Hongrie en 2009, bien
que ce pays, contrevenant aux principes de l’Union européenne, soit favorable,
au rétablissement la peine capitale, tout comme la Turquie.
Naturellement, dans cet ouvrage la voix se taille la part
du lion, celle de Roberto, bien sûr, qui bénéficie d’un sur mesures à la sienne
par son frère. Mais le rôle de la femme est tout aussi bien traité, et c’est la
magnifique Adina Aaron qui
l’incarne. Le reste de la distribution
est de grande qualité, la direction musicale incombe à Jean-Yves Ossonce, et la mise en scène à Nadine Duffaut.
Le Dernier Jour d’un Condamné de David Alagna.
Jeudi 28 septembre, 20
h, dimanche 1 octobre, 14h30 et mercredi 4 octobre, 20 h.
La seconde œuvre au programme, assez
rare, est un opéra en français de Donizetti, La Favorite, créé à Paris en 1840. L'histoire se déroule au début de XIVe siècle
en Espagne, inévitable conflit d’amour qui affronte le roi de Castille Alphonse
XI, sa maîtresse, Leonora de Guzmán aimée par Fernand, un novice qui s’est
défroqué pour ses beaux yeux, sans savoir qu’elle est la favorite du monarque. Elle-même tombe amoureuse du jeune homme. Nous
écoutons un grand baryton français ancien, à l'admirable diction, Charles
Cambon qui, en 1931, sans mention d'orchestre du disque Malibran, chante ici le roi qui va consentir à offrir la main de
sa favorite pour récompenser Fernand l'ex-moine devenu chevalier et enfin un héros en triomphant des maures.
1) DISQUE I, PLAGE 8
Tout
pourrait ainsi bien finir, bien sûr, mais cela finira mal en bon
opéra romantique : horrifié de la savoir favorite du roi, le héros
nouvel rejette l'offre du roi, abandonne les armes et retourne à son couvent, laissant mourir
d'amour et de chagrin la belle indigne de sa vertu si elle était digne
de sa bravoure.
Opéra à la vocalité belcantiste des plus virtuoses.
La Favorite de Donizetti, version
concertante, les 13, 15, 18 et 21 octobre sous la
direction de Paolo Arrivabeni.
Autre
opéra en version concertante, dirigé par
Giuliano Carella, c’est Tancredi, premier succès d’un
Rossini qui n’avait pas 21 ans, d’après la tragédie de Voltaire. Créée à Venise
en 1813, l’ouvrage nous amène dans la Sicile médiévale affrontée aux Sarrasins.
Déguisements, quiproquos, lettre explicative perdue, tout conspire à compliquer
les amours entre Amenaïde qu’on marie contre son gré et le chevalier Tancrède,
banni de Syracuse, auquel elle demande de venir la retrouver, déguisé, et aussi de
délivrer le pays des envahisseurs musulmans. Mais son père lui ordonne d'épouser Orbazzano, et lui apprend
que Tancredi risque la mort s'il est surpris à Syracuse. Et voilà qu’Aménaïde, qui
retrouve à peine son amant Tancrède qu’elle a fait venir, sans rien lui
expliquer ni des menaces qui pèsent sur lui ni du mariage qui la menace, pour
sauver la vie de son amant, l'exhorte à quitter Syracuse où il vient tout juste
de débarquer clandestinement. Malentendu, lettre sans signature interceptée, mariage prévu non avoué et découvert, comment ce pauvre Tancrède, si heureux de la retrouver, s'y retrouverait-il? Ah, ces innocentes héroïnes qui s'empêtrent elles-mêmes dans une fausse culpabilité qu'un seul mot suffirait à dissiper, qu'elle ne diront pas! Nous écoutons les difficiles explications entre
Amenaïde, chantée par la soprano Eva Mei,
et Tancredi, rôle travesti, chanté par une femme faute de castrats, passés de
mode à l'époque de Rossini, interprété ici par la mezzo Vesselina
Kasarova, dirigées par Roberto Abbado
à la tête du Münchner
Rundfunkorchester :
2) DISQUE II : PLAGE 2.
Mais on
ne peut parler de Tancredi de Rossini
sans évoquer son air le plus célèbre, si célèbre qu’il a occulté tout l’opéra.
Nous revenons avant le malentendu amoureux. Plein d’espoir, Tancrède chante sa
joie de retrouver, de revoir enfin sa bien-aimée : "Mi rivedrai, ti revedró…" Stendhal, qui adorait Rossini, raconte que
cette cavatine virtuose fut écrite par le jeune maître le temps qu’on lui fasse cuire,
en quelques minutes, le riz de son repas. C’est pourquoi « Di tanti
palpiti… » est surnommé, à tort ou à raison, « l’aria del
riso », ‘l’air du riz’, du risotto. En tous les cas, cet air allait devenir un des
plus populaires de la première moitié du XIXe siècle, programmé ar le malheueux Beethoven pour attirer du public à l'un de ses concerts, parodié par Wagner dans ses Maîtres chanteurs. Nous
l'écoutons un extrait chanté par Marilyn
Horne dirigée par Henry Lewis à la tête de l’Orchestre de la Suisse
Romande :
3) DISQUE III, PLAGE 6
Tancredi de Rossini, les 24 et
26 octobre.
ET VOILÀ DONC LE PROGRAMME LYRIQUE D’OCTOBRE DE NOTRE OPÉRA, SANS
COMPTER LES CONCERTS DIVERS QU'ON TROUVERA AISÉMENT SUR LE SITE.
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