Critiques de théâtre, opéras, concerts (Marseille et région PACA), en ligne sur ce blog puis publiées dans la presse : CLASSIQUE NEWS (en ligne), AUTRE SUD (revue littéraire), LA REVUE MARSEILLAISE DU THÉÂTRE (en ligne).
B.P. a été chroniqueur au Provençal ("L'humeur de Benito Pelegrín"), La Marseillaise, L'Éveil-Hebdo, au Pavé de Marseille, a collaboré au mensuel LE RAVI, à
RUE DES CONSULS (revue diplomatique) et à L'OFFICIEL DES LOISIRS. Emission à RADIO DIALOGUE : "Le Blog-notes de Benito".
Ci-dessous : liens vers les sites internet de certains de ces supports.

L'auteur

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Agrégé,Docteur d'Etat,Professeur émérite des Universités,écrivain,traducteur,journaliste DERNIÈRES ŒUVRES DEPUIS 2000: THÉÂTRE: LA VIE EST UN SONGE,d'après Caldéron, en vers,théâtre Gyptis, Marseille, 1999, 2000; autre production Strasbourg, 2003 SORTIE DES ARTISTES, Marseille, février 2001, théâtre de Lenche, décembre 2001. // LIVRES DEPUIS 2000 : LA VIE EST UN SONGE, d'après Calderón, introduction, adaptation en vers de B. Pelegrín, Autres Temps, 2000,128 pages. FIGURATIONS DE L'INFINI. L'âge baroque européen, Paris, 2000, le Seuil, 456 pages, Grand Prix de la Prose et de l'essai 2001. ÉCRIRE,DÉCRIRE L'AMÉRIQUE. Alejo Carpentier, Paris, 2003, Ellipses; 200 pages. BALTASAR GRACIÁN : Traités politiques, esthétiques, éthiques, présentés et traduits par B. Pelegrín, le Seuil, 2005, 940 pages (Prix Janin 2006 de l'Académie française). D'UN TEMPS D'INCERTITUDE, Sulliver,320 pages, janvier 2008. LE CRITICON, roman de B. Gracián, présenté et traduit par B. Pelegrín, le Seuil, 2008, 496 p. MARSEILLE, QUART NORD, Sulliver, 2009, 278 p. ART ET FIGURES DU SUCCÈS (B. G.), Point, 2012, 214 p. COLOMBA, livret d'opéra,musique J. C. Petit, création mondiale, Marseille, mars 2014.

mercredi, novembre 12, 2025

FARCE MÉLANCOLIQUE


Falstaff 

Opéra en trois actes de Giuseppe Verdi
Livret d’Arrigo Boïto, d’après Shakespeare

Opéra de Marseille

Dimanche 9 novembre

À quatre-vingt-un ans, auteur de tant de sombres drames durant toute sa vie, devant le succès de son ultime opéra, Verdi déclare avec humour :

« Après avoir sans trêve massacré tant de héros et d’héroïnes, j'ai finalement le droit de rire un peu. »

Effectivement, avec cet opéra-bouffe, sur un ridicule héros vieilli, il clôt sa brillante carrière sur un grand éclat de rire offert au public, non sans doute rire, un peu mélancoliquement aussi, de sa proche fin de vie. Mais, avec une jeunesse inventive extraordinaire, il renouvelle également sa manière, son style. En effet, sans se donner, sans affecter de grands airs, avec une humble écriture vocale comme une conversation qui, en cette fin de siècle et de production pourrait presque renouer avec le primitif « recitar col canto » des origines de l’opéra, bannissant les sublimes arias solistes de bravoure qu’il avait portés à l’apogée du lyrisme, son ultime opéra, d’une grande modernité, se distingue, outre par cette vocalité apaisée, par la complexité harmonique, polyphonique, des ensembles nombreux, portés par une orchestration raffinée, au service du rythme bouffon de l’intrigue comique.

         Le livret est d’Arrigo Boïto, poète, compositeur et librettiste hors pair, déjà auteur à succès du livret d’Otello (1887), aussi tiré de Shakespeare. Boïto adapte une comédie, Les Joyeuses Commères de Windsor, tout en y intégrant des éléments des deux pièces historiques sur Henri IV d’Angleterre, roi de 1399 à 1413, où paraît déjà ce héros peu héroïque, Sir John Falstaff. Dans ces sombres drames historiques, Falstaff est l’ancien favori et compagnon de débauche du prince de Galles, qui le rejette et désavoue cruellement dès qu’il accède au trône : « Vieil homme, je ne te connais pas », lui lance-t-il.

Sans être un personnage historique comme ceux de ces drames, Falstaff, héros inventé, histrion comique, carnavalesque, avait fait le scandale et le succès de ces pièces historiques dramatiques.

         En revanche, dans Les Joyeuses Commères de Windsor, une comédie, Falstaff est un vieux chevalier surnommé « le Ventru », victime comique de ses propres embrouilles. On le découvre dans une auberge avec ses deux acolytes, Bardolfo et Pistola, poursuivis par le docteur Cajus qui l’accuse de l’avoir volé.

RÉALISATION

Hôpital qui rit (jaune) de la charité

         Sans crier gare, en fanfare, sans ouverture, le rideau s’ouvre sur un hôpital : le cœur se serre de la salle —même si on lui doit le salut—trop fréquentée cette année. Un hosto aux dimensions de hall de gare, portes battantes à hublot comme un théâtre ou ciné.

Pris au pied de la lettre, Caïus, « Docteur », semble avoir donné le la doctoral, hospitalier à l’approche clinique de Denis Podalydès, dans ce vaste plateau conçu par Éric Ruff, carrelage noir et blanc scandé horizontalement de lits en fer blanc et des perches verticales de perfusion, « entre asile et sanatorium » dit précisément Podalydès : asile, refuge où l’on enferme, sépare, pour protéger —ou s’en protéger— des individus, fragiles ou aliénés ; sanatorium, centre de soins où l’on redonne la santé, avec une promiscuité d’impatients patients ou clients à long terme de maladies lentes avec, pour horizon la mort. Hosto hospice, livide comme un teint au malade néon, hanté de blafardes blouses blanches du personnel hospitalier, mais dont l’immense verrière se teintera oniriquement, poétiquement, de vivantes couleurs des lumières (Bertrand Couderc, réalisées par Pierre Loof) quand, en flottantes robes rétro (Christian Lacroix), un quatuor, plutôt un quadrille de femmes dansantes, en surplomb, théâtre dans le théâtre baroque, jaugeront et jugeront de haut l’agitation et les agissements des hommes, de Falstaff.

Nous découvrons celui-ci, plus qu’affalé, trônant sur un lit, perfusé au vin, sur le plat du lit en relief, en rebond de son bide, bedon, bedaine, bidouillant un plan pour renflouer sa bourse en séduisant deux femmes qu’il croit séduites par lui, Alice et Meg, grâce au duplicata plus naïf que duplice d’une même missive, d’un « poulet » comme on disait au Grand Siècle d’une lettre d’amour. Car cette salle d’hôpital est le lieu de toutes les opérations, chirurgicales et même boursières avec ses tractations et, de ce lit à celui du bloc opératoire où sera effectivement opéré Falstaff, on comprend, d’un lit à l’autre, le lien, la logique du lieu unique de Podalydès : du lit du malade à celui de la chirurgie esthétique pour faire maigrir Falstaff, ou laboratoire du Docteur Frankenstein, ou autres abominations médicales expérimentales qu’on a connues.

Actualité

On comprend, en riant, en passant : à la différence de tant d’autres, artificiellement et gratuitement déplacées en époque, cette mise en scène part et parle aussi de la nôtre : le jeunisme, le culte du corps de la triomphante jeunesse, le refus de la mort et la peur du vieillissement ; l’âgisme, la mise à l’écart des vieillards inutiles et coûteux pour épargner le budget et s’éviter le trou de la Sécu. lI y a la grossophobie, la phobie des gros, qui frappe d’autant plus qu’augmentent les obèses d’une société trop bien nourrie quand tant d’autres meurent de faim : on pense à l’actuelle et brûlante taxomanie de l’Assemblée Nationale pour faire des économies quand germe l’idée de « taxer les gros », ce qui a été envisagé dans les transports aériens ; à l’évidence, Alice et Meg pourraient s’exclamer « #Me Too , “Moi aussi !” en recevant chacune la même lettre, au nom de la destinataire près, un transfert malheureux du même message à deux distinctes femmes qu’on pourrait faire par un mail imprudent. Ameutées, les femmes, presque chorégraphiées, dominent de loin et haut la meute désordonnée des hommes, préfigurant la ruine du Patriarcat, que prophétise Falstaff lui-même en voyant, écarté du jeu, dans ce triomphe féminin, «la fin de la virilité du monde ». Je pense à la comptine 

Gai, gai, marions-nous,

Mettons-nous donc en ménage,

Marions-nous

Mettons-nous la corde au cou !

chanson traditionnelle devenue « Gay, Gay, marions-nous ! » chez Anne Sylvestre, en découvrant, avec le double mariage de la fin, celui entre Caïus berné et Bardolfo déguisé, souvenir du Songe d’une nuit d’été.

Il est difficile aussi de ne pas penser à une tout autre brûlante actualité, anticipée par cette production : dans la scène de l’opération, Falstaff devient, sinon une poupée, un monstrueux poupon érotique Schein, bien membré avant d’être démembré, dépecé, dans une scène carnassière, gore, en une célébration ou liturgie farandolesque, digne de Titus Andronicus, héritage shakespearien du théâtre sénéquiste de l’horreur.

La mise en scène joue, sans peser, de références culturelles subtiles : Bardolfo, campé avec toute sa présence et son humour de chanteur se rêvant chanteuse, par Carl Ghazarossian, dénudant son bras d’un gant long à la Rita dans la scène mythique de Gilda. Les mouvements chorégraphiés (Cécile Bon) des chanteurs acteurs, tiennent de la comédie-ballet à la Molière et je dirais presque de l’ancien et fameux « Bal des petits lits blancs », ici celui hilarant et délirant des lits roulants, avec soignants et commères en blouse blanche, rappelant celui des médecins du Malade imaginaire.

Mélancolie et force de la farce

Jouisseur, menteur, bouffon bouffi de vanité, vantard, voleur, voulant se jouer de femmes dont il devient le jouet en croyant les enjôler, Falstaff est un vieux chevalier noble qui, même en trahissant sa noblesse morale et la religion par ses actes immoraux comme il l’avoue à ses acolytes, n’en perd pas le souvenir, ni celui de sa jeunesse. Toujours vert dans son cœur, mais blet dans son corps, l’ingénu chevalier sûr de lui en apparence, est tout de même lucide et nostalgique en chantant sa jeunesse comme page mince et svelte « du duc de Norfolk », une minceur que lui rendra l’opération, ou plutôt la dissection onirique, cauchemardesque de la fin, l’inéluctable déficience et défection pièce à pièce, du corps vieillissant qui est le lot de tous. Cependant, sa grandeur touchante, c’est qu’il ne se sent pas encore au moment de la vie où les souvenirs remplacent les projets, puisqu’il projette et persévère dans son plan naïf de séduction des femmes.

         Du monologue d’Iago à celui de Falstaff

Cette boule boulimique ne pense pas qu’avec sa panse. Il a un art de vivre, et des maximes cyniques : il n’est pas interdit d’escroquer, de voler mais l’on doit « voler avec grâce ». Il a un réflexe aristocratique classiciste quand il reproche violemment à ses deux laquais miséreux d’oser prétendre à l’honneur au nom duquel ils refusent de porter ses deux lettres aux deux femmes. Lui, noble, peut parler d’honneur, et se donne le droit de l’accommoder à ses besoins comme la loi, la morale, la religion. Sa grandiose tirade (« L’onore! Ladri! ») est une satire impitoyable de l’honneur par un gentilhomme en contestant l’impératif chevaleresque :

« Quel honneur ? […] quelle baliverne ! quelle farce ! L’honneur peut-il vous remplir la panse ? Non. Peut-il vous souder un tibia cassé ? — Non.

Un pied ? — Non. Un doigt ? — Non. Un cheveu ? — Non. L’honneur n’est pas chirurgien.— Qu’est-ce donc ? : Un mot. Qu’y a-t-il dans ce mot ? — Du vent. »

         L’anti-héros bouffe, réaliste ici, me fait penser au monologue terrible d’Iago, héros du mal dans l’Otello que le même Boïto tirait déjà de Shakespeare, tirade nihiliste sur le Dieu cruel qui fit l’homme à son image, pour le mal, dans un monde sans ciel ni enfer après la mort, mais le néant. Sans cette réflexion métaphysique, la réflexion physique de Falstaff pourrait en être une étape s’il n’était sauvé par la grâce suprême de croire, même ingénument, en l’amour.

INTERPRÉTATION

       Agrégeant sans hiatus deux comédiens, dont un joueur de guitare pour le madrigal poétique de Falstaff à Alice, Laurent Podalydès-Miquel et Léo Reynaud, la mise en scène intègre tout aussi aisément le chœur, admirablement préparé par Florent Mayet, qui font cette foule folle de la fête après les fièvreuses séances hospitalières et policières de la poursuite d’un Falstaff atterré, terré derrière le paravent puis le bac à linge.

Voix sombre opposée à la claire et perchée de Carl Ghazarossian son compère, Frédéric Caton campe un fier Pistola prêt à en découdre sinon au pistolet, à l’épée, disons à la perche de perfusion dans le champ clos de l’hôpital. 

Ancien du CNIPAL, Raphaël Brémard est un Docteur Caïus éperdu à juste titre de la ravissante et gazouillante Nanetta d’Hélène Carpentier mais perdu comme son argent et ses espoirs d’époux face au charme juvénile de latin lover bien chantant du Fenton ardent d’Alberto Robert. Incarnant Ford père autoritaire, époux saisi de doute, mais sans aucun doute vocal, Florian Sempey est magistral dans la scène de la jalousie qui pouvait tourner au drame si, finalement, l’énormité même de Falstaff, sans rien casser, ne rendait tout cocasse.

Les trois commères, dont on a déjà cité la quatrième lumineuse, forment un bouquet égal à celui des fleurs qu’elles méritent aussi : Salomé Jicia, une Alice Ford à la voix longue, large et fruitée ; on retrouve avec bonheur Héloïse Mas (Meg Page) au timbre chaud et charnel, et nous découvrons avec plaisir Teresa Iervolino, voix sombre et ronde, accorte tavernière Mrs Quickly, jouant les maquerelles, qui sait triller avec humour trois fois sa « Reverenza ».

Le héros titre, le baryton Giulio Mastrototaro, est un Falstaff qu’on dirait plastique sans même penser à la panse plastique qu’on lui accole, qui passe avec aisance de la puissance et plénitude verdiennes, qui tonne sa tirade contre l’honneur, à l’agilité d’un baryton bouffe rossinien, osant le falsetto et presque un parlando délicat. Il est aussi irrésistiblement acteur qu’excellent chanteur et le public lui offre un triomphe mérité.

Avec une fougue qui galvanise ses nombreuses troupes, orchestre, chœur et chanteurs souvent moins en solistes qu’en ensembles délicats au rythme vif, requérant une précision absolue, Michele Spotti, à la baguette, manifeste encore une fois, sa maîtrise, son excellence, faisant chatoyer les couleurs instrumentales, mettant en valeur les trouvailles parfois cocasses, trilles des treilles, des vignes du Seigneur de ce Verdi tardif et juvénile, jeune d’esprit et de cœur sinon de corps comme son touchant héros : un bonheur. Quand s’amorce la fameuse fugue finale, digne de Bach, autre credo baroque, « Tutto nel mondo è burla »Le monde n’est que farce ! »), on a presque envie d’entrer dans la danse, vocale et rythmique.

La force de cette farce, dans cet hôpital forcément ambivalent pour guérir, et mourir aussi, puisque notre société fuit la mort, pour y rajeunir parfois du moins en apparence par le bistouri esthétique, c’est que ce spectacle nous interroge, du moins à une certaine période avancée de notre existence sur la suite, l’automne, l’hiver de la vie et les fatales questions : comment continuer à rire, sinon de nous, à sentir du désir quand le corps nous trahit pour le concrétiser ?

Malgré tout, à l’inverse d’Hamlet, l’homme paralysé par le doute, comme son contemporain Don Quichotte, Falstaff est homme d’action et de foi qui douterait plus du monde que de ses propres rêves.

 

Direction Musicale Michele SPOTTI
Mise en scène Denis PODALYDÈS
Assistant à la mise en scène Laurent DELVERT
Réalisation de la mise en scène Jean-Christophe MAST
Décors Éric RUF 
Costumes Christian LACROIX 
Création des lumières Bertrand COUDERC
Réalisation des lumières Pierre LOOF
Collaboration aux mouvements Cécile BON

Alice Ford Salome JICIA
Nanetta Hélène CARPENTIER
Mrs Page Héloïse MAS
Mrs Quickly Teresa IERVOLINO

  Sir John Falstaff Giulio MASTROTOTARO
Fenton Alberto ROBERT
Ford Florian SEMPEY
Docteur Caïus Raphaël BRÉMARD
Bardolfo Carl GHAZAROSSIAN
Pistola Frédéric CATON
Comédiens Laurent PODALYDÈS-MIQUEL,
Léo REYNAUD

Orchestre et Chœur de l’Opéra de Marseille 

Falstaff de Verdi

Opéra de Marseille

9, 11, 13, et 15 novembre

Production Opéra de Lille. Coproduction Grand Théâtre du Luxembourg / Théâtre de Caen durant la saison 2022-2023 (Éditions Ricordi)

Direction Musicale  : Michele SPOTTI
Mise en scène  : Denis PODALYDÈS
Assistant à la mise en scène : Laurent DELVERT
Réalisation de la mise en scène : Jean-Christophe MAST
Décors  : Éric RUF 
Costumes : Christian LACROIX 
Lumières : Pierre LOOF
Collaboration aux mouvements : Cécile BON

Distribution

Alice Ford : Salome JICIA
Nanetta : Hélène CARPENTIER
Mrs Page : Héloïse MAS
Mrs Quickly : Teresa IERVOLINO

Sir John Falstaff : Giulio MASTROTOTARO
Fenton : Alberto ROBERT
Ford : Florian SEMPEY
Docteur Caïus  : Raphaël BRÉMARD
Bardolfo : Carl GHAZAROSSIAN
Pistola : Frédéric CATON
Comédiens ;Laurent PODALYDÈS-MIQUEL,
Léo REYNAUD

Orchestre et Chœur de l’Opéra de Marseille

Photos Christian Dresse

1. Falstaff en attente d'opération ;  

2. Lecture des lettres ;

3 et 4 : commères en couleur; commères infirmières ;

5. Falstaff, poupon Shein ;

6. Opération chirurgicale esthétique.

Teaser spectacle :

https://opera-odeon.marseille.fr/programmation/falstaff-1

 

 

mercredi, septembre 24, 2025

ACTORAL : ART PARTOUT, ART POUR TOUS

 La Cômerie, siège d'Actoral/Montévidéo, 202 bis rue Breteuil.

 

Le Festival Actoral 2025


Du 13 septembre au 11 octobre, Marseille

 

Commencé le 13 septembre et finissant le 11 octobre, le Festival Actoral bat actuellement son plein et fête cette année sa 25e édition, un quart de siècle d’existence. À l’origine, sous le patronage expert d’Hubert Colas, dramaturge, metteur en scène, fondateur de la compagnie Diphtong et directeur de l’association Montévidéo, il est consacré aux écritures contemporaines. Délogée de son lieu de fondation, Montevidéo fusionne désormais avec Actoral et ne forme qu’une seule et même entité, vouée, au-delà des écritures, à un large éventail artistique pluridisciplinaire qui mêle théâtre, danse, arts visuels, performances, musique, cinéma et littérature, dans un désir de donner à voir et à entendre la diversité et la vitalité de la création contemporaine multiforme, et de former aussi le public.

Ainsi, chaque automne durant plus de trois semaines, le Festival Actoral invite plus de deux-cents artistes français, et internationaux, à rejoindre Marseille pour s’y produire, se côtoyer, pour construire parfois quelque chose en commun. Et, à la faveur propice de ce festival fusionnel, construire quelque chose en commun, en communication, en communion si possible avec la communauté, le public, en l’engageant, en l’invitant souvent à partager et à participer aux actions, à la scène, sur la scène. Le Festival Actoral, micro société,  manifeste donc un clair souci d’agir dans le macro social et de promouvoir, à partir de l’art sans frontières de genres, la nécessaire réflexion collective.

C’est que le festival est bien plus qu’une simple affiche, une simple programmation de spectacles : il constitue un véritable lieu d’échanges, de débats et de réflexions, à travers le prisme de l’art, autour des enjeux sociétaux actuels. Des tables rondes et des rencontres y sont organisées avec les artistes et des intellectuels, suivies de débats avec le public, pour discuter des questions soulevées par les œuvres proposées. Et pas seulement en vase clos.

En effet, l’implication territoriale du festival se traduit également par une politique d’action culturelle ambitieuse, notamment en direction des jeunes. En partenariat avec des établissements scolaires, des associations de quartier, des universités, Actoral développe une série de projets participatifs : ateliers de médiation, rencontres avec des artistes,  des parcours de spectateurs, des ateliers d’écriture ou encore d’inciter à la découverte des métiers du spectacle vivant. L’objectif est de donner accès à la création contemporaine, de lever les barrières culturelles, sociales ou économiques, et d’éveiller l’esprit critique dès le plus jeune âge.

En travaillant avec des enseignants, des éducateurs, des médiateurs culturels, le festival construit de la sorte des ponts entre la scène et la salle, entre les œuvres singulières et les vécus pluriels de chacun, entre l’art et la vie. Cette dimension pédagogique et citoyenne est au cœur du projet d’Actoral : l’Art dans la cité.

Car le festival, on ne le répétera jamais assez, encourage fortement la participation du public à travers des ateliers de création, où chacun peut découvrir les coulisses des processus artistiques. Ces ateliers offrent aux spectateurs l’occasion de devenir acteurs à part entière de l’événement, en explorant de nouveaux modes d’expression artistique, bien au-delà de ce que la tradition fige souvent dans des formes suscitant, par le respect académique, la distance. Et qui sait, sans doute peut-il susciter des vocations, notamment auprès du jeune public. La fréquentation des œuvres présentes, en gestation, des œuvres non encore figées ni fixées par le succès, des œuvres pas encore devenues canoniques, pas encore muséales, par cette fréquentation conviviale, facile, sans rituel distant et cérémonieux, est une façon fraternelle de créer aujourd’hui le public, mais aussi les artistes de demain.

Sans résumer abusivement les questionnements, on peut formuler quelques questions, qui ouvrent d’autres interrogations : comment l’art, qui n’est pas simplement une représentation du réel, peut-il réagir aux bouleversements sociaux, environnementaux et politiques actuels ? Comment les artistes pensent-ils leur engagement à travers leurs créations ? Et qu’en dit le public invité à réagir, à participer ?

Actoral est un festival d’automne. Cependant, ces activités et les résidences d’artistes proposées par Montévidéo jusqu'à présent, désormais relayées par Actoral, des trois semaines, ont essaimé, tout au long de l'année, par des rendez-vous ponctuels, des graines fructueuses toutes saison du festival d’automne. De la sorte, un programme dédié à la littérature continue de fleurir tous les mois avec des lectures, des rencontres, des débats dans des librairies dans divers lieux de la ville, les mettant pratiquement à portée de tous, notamment la librairie Pantagruel, dans le 7e arrondissement, L’Odeur du temps dans le 1er, Histoire de l’Œil, près du Cours Julien et Mazette à Vauban.

Lieux

Le Festival a un maillage très serré dans toute la ville, les théâtres du centre, théâtre l'Œuvre, des Bernardines, de la Criée, ou tout aussi accessible par les moyens de transports nombreux, le théâtre, de la Joliette, le ZEF - scène nationale de Marseille au Merlan, à l’est de la cité, le SCENE 44 n+n corsino à la Friche de la Belle-de-mai, le théâtre des Calanques au sud et, au nord, le 3 bis f, situé dans le Centre Hospitalier psychiatrique Montperrin. En somme, des théâtres aux quatre coins cardinaux de notre ville.

Il y a aussi les cinémas, la Baleine et le Vidéodrome 2, Cours Julien, les Variétés sur la Canebière. Par ailleurs, Actoral niche aussi dans divers lieux tout aussi emblématiques de la ville, le KLAP - Maison pour la danse de Michel Kéléménis, le siège du BNM, le Ballet National de Marseille, et, pour les arts plastiques, le Frac Sud- Cité de l'art contemporain, la Friche la Belle de Mai, le [mac] musée d'art contemporain, le MUcem. Et je n’aurai garde d’oublier le Centre international de poésie de Marseille à la Vieille Charité.

Tout cela pour dire que ce généreux festival, si général, si divers, si pluriel, est partout à portée de tous dans notre ville.

         Le Festival Actoral étant déjà bien avancé en septembre, avec ses 70 propositions dans divers lieux de la ville, du Mucem aux espaces plus intimistes, offrant ainsi une variété de formats et une diversité d'approches, voici au moins quelques temps fort de la programmation qui se profilent pour octobre

1.    Le cycle "Nouvelles écritures" (Espaces divers, 25 septembre au 3 octobre) Ce cycle propose une série de lectures et d'ateliers en présence d'auteurs et de metteurs en scène qui ont choisi de bousculer les codes traditionnels de l’écriture scénique. Des rencontres avec des dramaturges et des écrivains de la scène contemporaine permettront de découvrir des textes inédits, souvent provocants et parfois poétiques, qui interrogent notre société.

2.    "La Nuit des Arts Visuels" (Friche la Belle de Mai, 2 octobre)
Une soirée immersive dédiée aux arts visuels, où des projections vidéo, des installations interactives et des performances en direct se succéderont
. L’objectif est de questionner les rapports entre image, technologie et identité à travers des œuvres contemporaines aux multiples facettes.

3.    Concerts et DJ sets (disc jockey) (Divers lieux, 6 au 11 octobre)
Le festival se clôturera par une série de concerts et de DJ sets, avec une programmation musicale qui mélange les genres et les influences
. Des musiques électroniques aux sonorités plus acoustiques, ces événements viendront renforcer la dimension festive du festival tout en mettant en avant des artistes innovants de la scène musicale contemporaine.

 

    Actoral est donc une aventure humaine et artistique en constante réinvention Le Festival actoral, en 2025, n’est pas seulement la célébration d’un quart de siècle d’existence. C’est la manifestation concrète d’un projet vivant, mouvant, ouvert sur le monde, offert à tout le monde, dans notre ville monde.

 

Nous quittons Actoral sur une de ses plus fameuses DJ

SAPHIRA DJ, PERFORMEUSE, POÉTESSE

https://www.youtube.com/watch?v=aIr6X6QBXgQ

 

 

resa@actoral.org
www.actoral.org/

 

Émission N°827 de Benito Pelegrín

 


 

mardi, septembre 23, 2025

L'ESTHÉTIQUE DU MAL

 

https://open.spotify.com/intl-fr/album/7wQ2r604uErWdPfN6kdav6

 

Les liaisons dangereuses

Lettres en musique, Anne-Marie Dragosits,

Clavecin Kroll 1770

Label Encelade


         Voici un disque comme on les aime, combinant, avec un grand raffinement, les arts n’ayant pas de frontière, musique et littérature, musique de clavecin du XVIIIe siècle, avec un clavecin du facteur lyonnais Christian Kroll, de 1770, contemporain des musiques interprétées et de ce chef-d’œuvre, Les Liaisons dangereuses, (1782), roman sulfureux par lettres.

         Anne‑Marie Dragosits propose un parcours musical articulé autour de la passion et du duel psychologique entre Valmont et la Marquise de Merteuil, les héros principaux du roman, manipulateurs pervers des autres. Elle extrait des pièces du répertoire français pour clavecin de compositeurs connus, Balbastre, Couperin, Forqueray, et de moins connus Barrière, Février, de Mars, du Bury, Fiocco, Royer, Moyreau, pour mettre en vibration les affects baroques qu’exprime cette musique avec la tonalité émotionnelle des extraits de vingt lettres qu’elle a choisis, avec un penchant compréhensible pour celles des personnages féminins.

Tout comme notre local Marquis de Sade, qui a laissé un adjectif dans le monde de la psychanalyse, et même la culture populaire, sadique, qui, malgré une jeunesse turbulente, n’eut guère le loisir de vivre les vices et sévices qu’il imagine avec vingt-sept ans de prison sur ses soixante-quatorze années de vie, terne officier artilleur dans de tristes casernes provinciales, Choderlos de Laclos (1743-1806), époux fidèle et père aimant, se rêva peut-être libertin comme ses héros, mais sans le vivre.

         Son roman épistolaire, Les Liaisons dangereuses, (1782) est un monument de perversité libertine, et une peinture d’une société aristocratique décadente, parasite, rongée d’inutilité, sans doute d’ennui, dont certains membres, faisant du mal une esthétique, sous le masque mondain de l’éthique religieuse, semblent n’avoir d’autre plaisir qu’à faire le mal, le malheur des autres, par des intrigues machiavéliques raffinées, d’une malignité secrète, même pas au service d’une éclatante et grande ambition dans le monde, mais pour assouvir de petits intérêts personnels, désir et vengeance, des sentiments inavouables de l’ombre.

         Voici comment, à travers une pièce de Claude Balbastre, Anne-Marie Dragosits, nous peint la marche fière et menaçante de la Marquise de Merteuil, noire araignée tissant sa toile :


1) PLAGE 1 


Voici, avec Couperin, son alter ego en manigance, Valmont, papillon séduisant mais dangereux, courant au vertige :


2) PLAGE 5


       Le roman est le duo pervers de deux nobles manipulateurs, roués, libertins, l’un, ce Vicomte de Valmont, séduisant et abandonnant ouvertement les femmes, faisant triomphe du scandale, l’autre, son pendant féminin, la Marquise de Merteuil, obligée, par sa condition de femme, au masque social de la moralité, agissant par force dans l’ombre, et forçant au silence ses amants en les tenant par un subtil système de chantage où ils auraient plus à perdre s’ils voulaient la perdre en révélant au public ses secrètes amours. Elle avoue à Valmont être « née pour venger mon sexe et maîtriser le vôtre ».

Se donnant les mêmes droits que les hommes, mais en secret, elle prend, et abandonne ses amants quand elle le veut. Or, il y en a un qui lui a fait l’affront de la quitter le premier, pour se marier à sa jeune cousine, l’innocente Cécile de Volanges, tout juste sortie du couvent.

         Pour se venger de l’infidèle, la Marquise requiert le concours de Valmont, ancien amant qu’elle a quitté, qui rêve de la reconquérir, s’offrant comme prix s’il parvient à séduire et engrosser sa jeune cousine Cécile avant le mariage avec l’amant abandonneur.

         C’est par Couperin que Dragosits nous peint l’ingénue Cécile victime du complot ourdi par le duo de libertins :


         3) PLAGE 2 


Valmont, pour lors, se distrayant à séduire la sage et fidèle Présidente de Tourvel, réussit tout de même à violer secrètement l’ingénue Cécile. Elle est promise en mariage à l’ancien amant, plus âgé, de la Marquise, mais elle est amoureuse du touchant et amoureux Danceny, son jeune professeur harpe, jeune couple aux amours sacrifiées par l’autorité parentale les vouant à d’autres unions que celle du cœur.

C’est encore Couperin qui sert à présenter le juvénile mais vaillant chevalier Danceny :


4) PLAGE 3 


         À l’occasion du loisir d’un séjour à la campagne où tout ce beau monde oisif se retrouve, dans le château de la tante de Valmont, celui-ci réussit à affoler et séduire la vertueuse et pieuse Présidente de Tourvel, qui ne devait pas être très heureuse dans son ménage avec un homme forcément plus âgé.

         Elle est évoquée noblement par une pièce de Forqueray qui s’appelle La Couperin :


         5) PLAGE 4 

         Fier de sa victoire, Valmont s’en vante imprudemment à sa complice Marquise, lui demandant de lui payer le prix promis, c’est-à-dire son retour en grâce auprès d’elle, contre son contrat rempli auprès de la jeune Cécile qu’il a dépravée. Mais la Merteuil soupçonne le libertin d’être tombé amoureux de sa proie, la douce Madame de Tourvel, et lui demande, lui impose une rupture, lui dicte une lettre cruelle qui, scandée par « Ce n’est pas ma faute » termine ainsi :

« Adieu, mon Ange, je t'ai prise avec plaisir, je te quitte sans regret.»

La malheureuse Madame de Tourvel en mourra après que Danceny aura tué Valmont en duel. Cécile retournera au couvent, et la Merteuil, démasquée, défigurée par la petite vérole s’enfuira on ne sait où. Les méchants sont punis, morale obligée de l'époque qui se veut hypocritement vertueuse. Mais les victimes le restent.

Nous quittons cet album dans une somptueuse présentation, un tableau sans doute de Boucher sur « Le noble ferraillement du clavecin » selon Wanda Landovska, qui traduit le duel :

 

6) PLAGE 16 : FIN

 

Émission N°816 de Benito Pelegrín 01/07/2025

https://www.rcf.fr/culture/la-culture-en-provence


 



 

 


 

 

 

 

lundi, septembre 08, 2025

LE PIANO DE RAVEL

 

https://open.spotify.com/intl-fr/album/4DnoUuli7BF5TccMFYqjrU

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Ravel

Complete works with piano

L’œuvre complete pour piano

François-Xavier Poizat,

Un coffret de 6 CD Aparte

 

 

         Face à ce somptueux et élégant coffret de 6 CD, avec un livret détaillé de cent-vingt pages, le critique se sent écrasé par le défi, impossible, d’en rendre compte dans les limites étroites du temps imparti à cette émission : quatre-vingt-dix-neuf titres d’œuvres, bref (si l’on peut dire) environ 7 h 30 minutes de musique d’un compositeur qu’on se plaît à dire peu prolifique mais qui apparaît soudain pléthorique à voir, disons, à écouter ainsi ne serait-ce que cette partie émergée de son œuvre pour piano, le piano, confident privilégié du compositeur.

         C’est, pourtant, porté par la générosité du label Aparte, le pari fou du pianiste François-Xavier Poizat pour célébrer les cent-cinquante ans de la naissance de Ravel. Ce pianiste, d’origine suisse, française et chinoise, lancé à l’âge de douze ans par Martha Argerich sur la scène internationale, couvert de prix, invité à se produire sur les scènes prestigieuses de vingt-huit pays sur plusieurs continents, porte en lui depuis son plus jeune âge la musique de Maurice Ravel. Et, après l’avoir travaillée et jouée pendant près de vingt ans, il nous offre aujourd’hui la quintessence de son interprétation de l'intégrale des pièces avec piano, la première entreprise par un même pianiste, menée sur une période de dix-huit mois.

         L’une des caractéristiques de Ravel c’est qu’il semble n’en avoir aucune tant chacune de ses œuvres semble d’un style différent, mais sans déférence, sans soumission pourtant même aux œuvres dont il cite même la référence. Alors, post-romantique, impressionniste, néoclassique, hispanisante, orientaliste ? La musique de Ravel ne se laisse pas facilement cataloguer, toujours autre mais toujours elle-même par ses harmonies propres, ses couleurs, ses recherches qu’on dirait exotiques au large éventail, du folklore madécasse, de Madagascar, grec, hébraïque, écossais, en passant par le jazz et la musique espagnole évidemment.

         Le programme embrasse ainsi non seulement les pièces solistes de piano et les concertos avec orchestre, mais aussi la musique de chambre, les partitions à quatre mains et le corpus complet de mélodies occupant les deux derniers CD. François-Xavier Poizat a donc embarqué dans cette aventure musicale et amicale des artistes de renom, ainsi, la cheffe Simone Menezes la deuxième femme à devenir chef d’orchestre au Brésil, à la tête du Philharmonia Orchestra, les pianistes Louis Schwizgebel et Anaïs Cassiers, le violoncelliste Jamie Walton et le violoniste Michael Foyle, ainsi que pour les mélodies, Suzanne Jerosme, soprano, Brenda Poupard, mezzo, les barytons Thomas Dolié et Florent Karrer, les flûtistes Héléna Macherel, Loïc Schneider et Natan Ca' Zorzi, les clarinettistes Panagiotis Giannakas et Quentin Chartier, le violoncelliste Constantin Macherel et le Quatuor Voce... Sans oublier Yves Marcotte et Valentin Liechti (contrebasse et batterie), qui ponctuent cette intégrale avec un standard jazz, genre que Ravel affectionnait en pionnier et auquel s'adonne également François-Xavier Poizat. Dans ses heures libres. En somme, un enthousiasmant panel d’artistes qu’il faut bien au moins nommer pour cette enthousiasmante aventure ravélienne à laquelle ils apportent tous leur talent.

         Le premier CD est dévolu au deux concertos le second, le plus long en trois mouvements en sol majeur et, le premier, c’est le fameux Concerto pour la main gauche en ré majeur en un seul mouvement composé entre 1929 et 1931 et créé à Vienne le 5 janvier 1932 par son dédicataire, le pianiste autrichien Paul Wittgenstein qui avait perdu son bras droit au cours de la Première Guerre mondiale. On sait combien Ravel fut affecté par la guerre de 14 : refusé à l’engagement comme inapte physiquement, il réussit en intriguant à se faire engager et devient ambulancier sur le front de Verdun. Dans ce concerto à un pianiste mutilé de guerre, écoutez, dans cette attaque piano de l’orchestre comme un sourd grondement qui s’enfle, monte, monde d’horreur et de ruines où, soudain, une main surgit, celle du pianiste, solitaire, comme un appel ou un signe de vie, d’espoir parmi les décombres :

DISQUE 1

1) PLAGE 1 

 

         C’est saisissant. Entre les deux concertos, comme un rempart de plaisir la célèbre Valse. Et, pour compléter ce premier CD, un vivifiante et ironique improvisation jazz, « The lamp is low », d’après Pavane pour une Infante défunte, avec au piano Poizat, à la double basse Yves Marcotte et Valentin Liechu à la batterie.

Retrouvons quelques mesures de cette noble et larmoyante Pavane pour une Infante défunte dans le second CD :

DISQUE 2

2) PLAGE 4 

 

         Par la contrainte de temps, nous sauterons les CD N°3 et 4 pour survoler les deux derniers, consacrés aux mélodies. Le N°5 contient les malicieuses Histoires naturelles sur les textes de Jules Renard, un bestiaire où se pavane le paon, flotte le cygne et passent d’autres animaux et d’autres poèmes mis en musique.

         Le disque 5 contient des mélodies de divers folklore dont le grec avec cette chanson de la mariée chantée par la mezzo Brenda Poupard :

 

DISQUE 5

3) PLAGE 10 

 

L’Espagne ne pouvant manquer chez Ravel, voici, par la même interprète la Chansons espagnole, en réalité en galicien et non en castillan :

 

4) PLAGE 18 : 1’45’’

 

         Le disque 5 est complété par les si connues Chansons de Don Quichotte à Dulcinée, chantées par Thomas Dolié, mais nous quittons cet important coffret sur l’envoûtant mélodie hébraïque Kaddisch chantée par la soprano Suzanne Jerosme :

 

DISQUE 6 :

5) PLAGE 4 FIN

 

Émissions n°792 de Benito Pelegrín, 16/01/2025


 

 

 

 

 

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