CONCERT DE L’OPÉRA DE MARSEILLE
POUR LA JOURNÉE DES DROITS DES FEMMES
MERCREDI 8 MARS, PALAIS DU PHARO, 20 H
Hommage aux compositrices
Par l’Orchestre Philharmonique de Marseille
Direction
musicale : Clelia
CAFIERO
Mezzo-Soprano : Héloïse MAS
Un jour, même élargi à tout le mois de mars pour, sinon contrer, rappeler l’inégalité immémoriale entre hommes et femmes. La « Journée internationale de la femme » est devenue « Journée internationale des droits des femmes. Ce n’est certes pas un de ces événements commerciaux dénaturés suscités par notre société de consommation, pour nous amener à consommer toujours plus en multipliant, au-delà des fêtes traditionnelles, de nouvelles célébrations : Saint-Valentin, Halloween, et ces discutables soldes au-dessus des soldes, américanisés : « Black Friday » et autres promotions commerciales, nous poussant à consommer toujours plus, alors qu’il faudrait consommer moins, partager plus et même ne pas acheter ces produits bon marché production lointaine du travail esclavisé de femmes et d’enfants dans des pays lointains.
Non, la Journée internationale des droits des femmes n’est pas un prétexte à acheter, consommer. C’est une date charnière du calendrier féministe, dont l’objectif est de dénoncer les discriminations, les inégalités et les violences vécues par les femmes. Cette journée se veut une invitation à la réflexion et à la recherche de solutions visant à améliorer la condition de chacune des femmes. Et l’on voit avec la réforme de la retraite, que le combat féministe est loin d’être gagné.
À l’origine, les lentes manifestations de femmes, les suffragettes du XIXe siècle, les luttes pour le suffrage universel féminin, en Amérique du Nord d’abord et en Europe au tout début du XXe siècle.
À l’origine sans doute deux faits historiques : le Woman’s Day en Amérique, né d’une manifestation pour le droit de vote des femmes organisée par le Comité national de la femme du Parti socialiste américain du dernier dimanche du mois de février 1909. Cela lui donna son nom.
Cette Journée des femmes essaime en Europe à partir de 1910, grâce à l’association internationale des femmes socialistes à Copenhague, qui propose l’instauration d’une journée des femmes qui serait célébrée à chaque année pour militer pour le droit de vote des femmes. Approuvé à l’unanimité par les déléguées des dix-sept pays présents, C’est l’internationalisation du mouvement : la Journée internationale des femmes est alors célébrée pour la première fois le 19 mars 1911 en Allemagne, en Autriche, au Danemark et en Suisse. En 1917, début de la Révolution d’octobre, les femmes russes manifestent pour réclamer du pain et le retour des hommes de la guerre. En 1921, le président russe Lénine consacre la date du 8 mars comme Journée des femmes. Depuis, la date est imposée par le mouvement féministe. En 1977, l’Organisation des Nations Unies (ONU) adopte une résolution pour inviter chaque pays du monde à consacrer une journée à la célébration des droits des femmes et de la paix internationale.
Le concert du 8 mars au Pharo, à son
niveau, se veut une célébration, par une cheffe d’orchestre et une chanteuse, direction musicale : Clelia CAFIERO, mezzo-soprano : Héloïse MAS qui viennent de triompher dans Carmen.
Ce sera, par des femmes, un hommage à des compositrices occultées ou reléguées
au second plan par la tradition patriarcale qui fait l’histoire de la musique. Jolis prénoms romanesques de ces dames : Clelia, dont tombe amoureux Fabrice del Dongo dans la Chartreuse de Parme de Stendhal et Héloïse, si chère à Rousseau dans son roman…
La première, c’est Jeanne-Louise Farrenc, née Dumont (1804-1875), à Paris, compositrice, pianiste, et professeure de piano. Elle a laissé des œuvres pour piano majoritairement, de la musique de chambre et symphonique entre 1858 et 1864. Ses ouvertures furent saluées par la critique. Au programme, l’Ouverture n° 1 en mi mineur, op. 23, 1875, et l’Ouverture en mib majeur, op.24, de 1834.
La seconde est Mel (Mélanie) Bonis (1858-1937), élève de César Franck, admiratrice de Gabriel Fauré, de Debussy. Compositrice prolifique, elle compose environ deux cents œuvres, beaucoup pour le piano mais aussi pour de petits ensembles instrumentaux et quelques œuvres pour orchestre. Faisant partie de la vie mondaine parisienne, elle est coutumière des salons et pioche dans les œuvres littéraires de ses proches la matière de ses mélodies. Pourtant, sa candidature en 1881 au prestigieux Prix de Rome fut refusée parce que c’était une femme. Au programme, sa série orchestrale, est un hommage aux Femmes de légende - Cléôpatre - Ophélie – Salomé, dont voici un extrait de la première :
La troisième est Lili Boulanger, (1893-1918), sœur de la future fameuse Nadia. Plus heureuse que Mel Bonis, elle surclassa les garçons au concours du Prix de Rome en 1913. Nous écoutons un extrait de de son D’un matin de printemps :
Clelia Cafiero, que nous avons saluée pour sa direction de Carmen le 26 février, rendra justice à ces compositrices et accompagnera cette Carmencita de cœur si fort applaudie, tout comme se Périchole adorable, Héloïse Mas dans quelques grands moments d’opéra et même un de la zarzuela de Giménez, La Tempranica, le fameux zapateado humoristique supposé écraser, sous les talons martelant la terre, la dangereuse tarentule qui pique méchamment les mâles. Évidemment, elle sera encore cette Carmen qu’elle a merveilleusement incarnée, féministe avant la lettre, et nous nous nous quittons sur son habanera qui proclama la liberté amoureuse de la femme, capté aux Musiques en fête d’Orange 2022, dont la canicule ù'avait, hélas, éloigné :
3) https://www.youtube.com/watch?v=UfJilRz7PF4
PROGRAMME
GEORGES BIZET
Carmen – Ouverture et Habanera
LOUISE FARRENC
GAETANO DONIZETTI
Air de Leonora
MEL BONIS
Femmes de légende - Cléôpatre - Ophélie - Salomé
CHARLES GOUNOD
Sapho - Air de Sapho
LILI BOULANGER
D’un matin de printemps
GEORGES BIZET
Carmen - Air de Carmen (Acte II)
GERONIMO GIMENEZ
La Tempranica - La Tarantula
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