28-31 JUILLET 2022 DOMAINE SAINT-JOSEPH | CHÂTEAU DU THOLONET
MUSÉE GRANET | HÔTEL LES LODGES SAINTE-VICTOIRE
LE THOLONET | AIX-EN-PROVENCE
(I)
À quelque chose, confinement est bon. Nous avons tous vécu, même à des degrés divers de solitude et d’enfermement en un lieu clos, l’expérience brutale, inattendue, insolite en général dans une vie sauf à être en prison, dans un monastère, ou dans un hôpital, du confinement : retour parfois vertigineux sur soi, introspection, méditation contrainte dont la dissipation de la vie courante —qui court à perdre haleine— ne laisse guère le loisir : repos forcé, moment de reprise de souffle, d’interrogation sur l’existence, et même sur l’essence des êtres et des choses. Cette expérience, dont nous avons vu qu’elle dépassait l’échelle microscopique et close du moi, qu’elle nous rendait à l’échelle des autres, du monde qui la partageait simultanément, nous a changés et souvent recrées.
Il y a exactement un an, le 8 juillet 2021, le pianiste Christophe
Bukudjian, dans une parenthèse heureuse de la pandémie, nous contait comment
avait germé en lui l’idée de ce Festival, les Musicales de la Route Cézanne,
dont voici le deuxième qui s’annonce. Parisien retenu par le confinement au
Tholonet, près d’Aix, je dirais, j’espère, enraciné amoureusement en ce lieu
sans renoncer aux autres, rêvant de création, il employait les récréations
permises par la loi, à parcourir à l’aube cette Route Cézanne, la seule classée
en France, qui mène à la Saint-Victoire, universellement connue par les
tableaux du peintre. Cette route que son nom immortalise, Cézanne la parcourait
parfois avec ses amis aixois, dont Émile Zola. L'art, issu de sa contemplation, moins impressionniste que miraculeusement impressionnant, y semble avoir, en retour imprégné le paysage, en tous les cas impressionné ce promeneur matinal artiste, donc, rêveur.
Ainsi, la parcourant, y déambulant, cet écrin naturel inspirant la création devint l’écran inspiré des rêves créatifs de Bukudjian, dont les promenades rêveuses se sont concrétisées par l’invitation au voyage de ces premières Musicales de la route Cézanne qu’il fonde l’an dernier, en devenant directeur. La marraine, la fée en fut et en reste la merveilleuse mezzo-soprano Stéphanie d’Oustrac, dont le récital de mélodies françaises, accompagné par Christophe Bukudjian, demeure, dans mon souvenir, comme un souriant modèle de raffinement et de simplicité qui ouvrait ce nouveau festival : petite scène devant la façade du château du Tholonet où conduisait doucement l'allée, scandée par les troncs des platanes immenses sur le tapis des pelouses, sous les étoiles d'été.
Mais écoutons ce pianiste trop modeste, qui ne tire pas ce festival à lui, dans ce Prélude op. 23 n° 4 de Serguei Rachmaninov, enregistré dans le Conservatoire à rayonnement régional de Saint-Maur-des-Fossés où il enseigne :
https://www.youtube.com/watch?v=ygmz9qm4-Ls
Donc, du 28 au 31 juillet, cinq manifestations aux diverses musiques en trois jours, dix-sept musiciens et une comédienne, pas moins qu’Emmanuelle Béart après Marie-Christine Barrault l’an dernier, mêlant artistes nationaux et de la région, un éclectique éventail d’événements, pour un public averti ou non en matière musicale, de tous âges, avec un dossier pédagogique pour les enfants en prélude à un concert pour eux prévu (et pour tous!), des classes de maîtres publiques pour de jeunes talents.
En toute logique artistique, puisque Cézanne, le peintre est la clé, le la pictural et musical de ce festival voulu par Christophe Bukudjian, le musée, temple de la peinture, ne peut être absent, même s’il y a un joli paradoxe : cette peinture du grand air, de cette route ventilée et de ces paysages ouverts aux quatre vents, cet art de l’air on ira l’admirer sur un air plus intime au Musée Granet d’Aix, place Saint-Jean de Malte, pour le premier concert le 28 juillet à 21 heures, mais les portes seront ouvertes dès 19h00 pour permettre la visite l’exposition Via Roma à laquelle donne droit le billet. L’exposition Via Roma, réunit un rare ensemble de peintures et de photos d’artistes allemands des années 1850 à 1870 qui vont de l’estompe des lignes nettes du néo-classicisme en romantisme affirmé jusqu'aux frontières du réalisme, un prêt temporaire de la Neue Pinakotek de Munich, fondée par Louis 1er de Bavière. Cet ensemble peut se jauger et juger aussi en regard d'une trentaine d'œuvres du même François-Marius Granet (1775-1849) dont le legs considérable de peintures à la ville d'Aix valut qu'on donnât son nom au musée.
C’est dans la petite cour, bien protégée, à l’acoustique parfaire, qu’aura lieu le premier concert en harmonie avec l’exposition. Au programme, des œuvres d’inspiration italienne de Stravisnky, Mendelssohn, et de l’Italien Paganini. Elles seront servies par le violoniste Amaury Coeytaux du Quatuor Modigliani, le violoncelliste Guillaume Martigné du quatuor Psophos et, pour le piano, Christophe Bukudjian qui offrira les jaillissants Jeux d’eau à la villa d’Este de Liszt. Mais nous l’écoutons dans un extrait du Concerto no 2 du même Liszt , avec orchestre où il semble se lover voluptueusement :
https://www.youtube.com/watch?v=7kNVX61FkIE
La seconde soirée reviendra au cœur emblématique du Festival, le château du Tholonet. Il faut franchir la solennelle haie verte de platanes séculaires sur le tapis onctueux d’une pelouse qui amortit respectueusement les pas, pour en percevoir d’abord une image onirique, fixe ou frissonnant d’un souffle, dans le miroir d’un étang, et l’on reçoit enfin de face, en majesté, couronné du triangle d’un toit de tuiles, ce cube jaune massif, mais si bien ouvert des bras de deux ailes accueillantes, et tellement rythmé de fenêtres aux volets verts, douces paupières filtrant le soleil le jour, que cette bâtisse imposante en devient souriante et amicale.
Adossé au vertige vertical d’un pan, d’un panneau de pierre de Sainte-Victoire, dont des pins et broussailles semblent retenir l’avalanche immobile, l’épure géométrique du château semble nous dire la pure marche vers l’abstraction de Cézanne, pionnier de la peinture moderne : du chaos matériel sortent les formes brutes qui s’épurent en volumes, et les volumes, en lignes : comme du bruit émerge le son, et du son ordonné, la note et des notes en ordonnance, la musique.
C’est là que, le 29, la soprano Véronique Gens, et ses
complices de l’ensemble i Giardini berceront la soirée de leurs « Nuits »
constellées de mélodies françaises, une échappée de leur disque, diapason d'or,
Choc Classica, nommé aux Victoires de la musique. Nous nous quittons sur le Nocturne
de Guillaume Lekeu donné lors de leur concert au Louvre :
https://www.youtube.com/watch?v=XQJzXOByqkA
Infos et réservations sur :
www.lesmusicalesdelaroutecezanne.fr
Infos et réservations sur :
www.lesmusicalesdelaroutecezanne.fr
Tarifs :
Plein tarif : 25 euros
Tarif réduit (étudiants, -de 18, demandeurs d’emploi, personnes en situation de handicap) : 15 euros
Tarif enfant (- de 10 ans) : 10 euros
Master class et répétitions publiques gratuites sur réservation
Pass 3 jours : 50 euros
Pass 4 jours : 65 euros
Adresse des lieux de concerts :
Musée Granet, Place Saint-Jean de malte 13100 – Aix-en-Provence
Château du Tholonet, 3099 route Cézanne, 13100 - Le Tholonet
Domaine Saint-Joseph, 2161 route Cézanne 13100 - Le Tholonet
Concerts du soir à 21h
Concert Aube musicale 8h
Master class 10h
Sur Véronique Gens, voir dans ce blog ma critique de son CD Passion, en date du 17 décembre 2021
Émission N°618 de Benito Pelegrín du 5 juillet 2022
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