FESTIVAL MARS EN BAROQUE 2021
BENITO PELEGRÍN
Conférence concert dimanche 27 juin 2021, 15h30
Salle Musicatreize, 53, Rue Grignan, 13002 Marseille
Entrée libre
IMAGINAIRE HÉROÏQUE ET AMOUREUX
Roi qui ne fait la justice
Ne devrait jamais régner,
Ni manger sur nappe blanche,
Ni avec la reine coucher. […]
Ni voir grandir sa lignée.
Ou Rodrigue, refusant le baiser d’allégeance au roi Alphonse s’il ne jure solennellement en public et devant Dieu de n’avoir pas trempé dans l’assassinat de son frère dont il hérite la couronne de Castille :
—Pour baiser la main d’un roi,
Je ne me sens honoré ;
Si mon père l’a baisée,
Je me sens déshonoré.
Parallèlement, les Cancioneros, avec un même succès, cultivaient des villancicos, des villanelles, verdoyant et ravissant versant populaire, souvent irrévérencieux, telle cette chanson qui, aux pressants galants de nonne oppose la nonnain aguicheuse :
—Ne me les montre plus
Car tu me tues !
La nonne était dans le parloir,
Ses blancs tétons sous le voile noir.
— Arrêtez !
Vous me tuez !
Ces refrains émaillaient aussi le théâtre qui offrait de la sorte, à l’Espagnol, des modèles de conduite, un code de l’honneur, un art de vivre et un savoir vivre héroïque et galant. Les chansons nobles perpétuaient le culte de l’amour courtois, qu’on appellera en Europe « L’amour à l’espagnole », que regrettent Mesdames de Sablé et de Sévigné, et dont témoignent des airs chez Molière, Campra, Hændel, Rameau. Sœur Juana Inés de la Cruz en exprime le paradoxe masochiste dans un sonnet à sa bien-aimée María Luisa, Vice-reine du Mexique :
J'idolâtre Lysi mais point je ne prétends
Que Lysi puisse un jour répondre à ma tendresse,
Car juger accessible le corps d'une déesse
Injurie son respect et l'ardeur que j'en sens.
Ne point prendre jamais est ce que j'entreprends
Car je sais qu'en regard d'une telle maîtresse
Nul prix ne suffirait ; et c'est grande faiblesse
Que d'agir à rebours de ce que je comprends.
Sa vertu est pour moi d'essence si sacrée,
Espérer la fléchir est une telle injure
Que, s'il devait un jour advenir que, moins pure,
Plus sensible à mes feux, elle cède, je crois,
En voyant sa beauté aussi mal employée,
Que j'aurais des regrets de la savoir à moi.
(Traductions B. Pelegrín)
La conférence sera illustrée d’extraits de romances et d’airs chantés par Victoria de los Ángeles, dont une chanson arabisante et un romance sefarade..
Le soir, à 19 heures, en l’église Saint-Théodore, 3, Rue des Dominicaines, 13001-Marseille, Imaginario, concert de María Cristina Kiehr, accompagnée par Ariel Abramovich à la vihuela, dans des airs de la Renaissance espagnole.
ÉMISSION:
podcast :
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