MARSEILLE, MES AMOURS
Extraits des joyeuses opérettes
marseillaises
Marseille, Le Don du vent
6 septembre 2015
Ils ont jeunes, ils
sont beaux, ils ont de belles voix et chantent pour aujourd’hui des chansons
d’autrefois, tout un répertoire jadis connu de tous, de nos jours en
déshérence, un patrimoine populaire précieux qu’ils arrachent à l’oubli ou
rendent à la mémoire heureuse de ceux, désormais rares, qui n’ont pas oublié.
Une œuvre salutaire par deux jeunes artistes assortis en voix, lui ténor, Jean-Christophe
Born, elle soprano,
Stéphanie Portelli,
finement
accompagnés par Cyrille Muller, accordéoniste. Le public leur fera un accueil triomphal sur le pont de ce
bateau, le bien nommé Don du vent, qui, tout en restant à quai semble prendre
le large pour une traversée immobile sur les flots mouvants du temps, du temps
où l’Alcazar, l’opérette marseillaise, donnaient le ton et la tonalité de
rengaines populaires prisées non seulement à Marseille mais dans tout le pays.
Sous l'œil de la Bonne Mère |
L’opérette marseillaise,
genre spécifique, a eu son heure de gloire entre les deux guerres, parenthèse
de bonne humeur ensoleillée et rose dans la grisaille et le sinistre vert de
gris de l’Occupation. Pour les textes d’une fausse naïveté, René Sarvil (1901-1975), et pour une
irrésistible musique, Vincent Scotto (1874-1952) déjà connu internationalement pour ses
célèbres chansons (La Petite Tonkinoise, J’ai deux amours, Prosper, hop la boum, Sous les ponts de Paris, etc…). Avec leur interprète
privilégié Alibert (1889-1951), qui intervint aussi dans les textes, ils produiront et même
exporteront leurs œuvres à partir des
années 30 : Au Pays du Soleil et La Revue Marseillaise, en 1932, Trois de la Marine en 1933 puis, en 1935 leur coup
d’éclat, Un de la Canebière avec des airs, J'aime la mer comme une femme, Les Pescadous...!, Cane... Cane... Canebière, Le plus beau tango du monde, Vous avez l'éclat de la rose, Un petit cabanon, refrains, crincrins qui hantent encore la mémoire au point
de faire partie du folklore marseillais immémorial sans qu’on en connaisse
forcément les auteurs, la marque du succès qui a marqué une époque et se
transmet finalement malgré tout.
Sous l'œil amoureux du prédateur? |
Le relais sera repris par les productions d’Emile
Audiffred pour les
paroles et Georges Sellers pour la musique, Au Soleil de Marseille, 1936, Ma belle Marseillaise, 1937, Marseille mes Amours, 1938. Avec la trilogie de Pagnol,
qui les précède de peu, ces opérettes fixeront pour le meilleur, et souvent
le pire, jusqu’à la caricature, la galéjade marseillaise, pas toujours de bon
aloi.
Du temps du blanc et noir… |
C’est donc encore un
compliment à faire à ces jeunes interprètes qui jouent le jeu mais en déjouent
les pièges aussi par un humour un peu décalé, un léger second degré qui
montrent que, tout en étant dedans, ils sont un peu en dehors : ils
rendent actuel par leur art, leur chant, leur grâce, leur présence, ce qui
n’est plus forcément d’actualité mais d’où se dégage une sincère émotion,
qu’ils font partager, intégrant le public, d’un attachement à cette ville
problématique dont on peut difficilement se détacher par l’indifférence :
oui, Marseille, mes amours. Malgré tout et envers et contre tout et tous.
Méfi! Un gangster du Château d'If? |
Jean-Christophe
Born, lumineux
ténor qui enchanta Les Caprices de Marianne sur la scène de notre opéra et de
tant d’autres, est à l’origine de ce projet qu’il promène et polit depuis trois
ans déjà. Il présente les chansons avec un bon bagout de bon goût, bon enfant,
mobile face facétieuse, élégance très méridionale d’autrefois, blazer marine
strict, pochette, cravate, d’abord coiffé d’un chapeau de paille, d’un feutre
mou très marlou chic ensuite, enfin d’une casquette de marin pour les trois
parties du concert, au soleil, au jour et à la nuit de Marseille mais à la lumière de leurs
voix assorties tandis que, ravissante, Stéphanie Portelli arbore successivement une robe
bleue, rouge, et noire dans le jour déclinant ou vert sombre.
Ils chantent avec un grand naturel en solo, en duo,
lui, voix solaire, elle, soprano, petit vibrato rond, perlé, timbre moelleux,
médium fruité d’une couleur bien méditerranéenne. Ils jouent, esquissent des
pas de danse dans l’espace réduit, tant le public est nombreux, qu’ils se
réservent sur le pont un peu mouvant de ce voilier sous le regard, en fond, de
la Vierge de la Garde, sur un fondu de crépuscule progressif, tandis que Cyrille
Muller,
accordéoniste virtuose et discret, épanouit l’éventail doré, mordoré, argenté
de son instrument, auréolant d’harmoniques l’harmonie de leurs voix. C’est une
succession heureuse de valses musette, de javas (La Java bleue) chaloupées, de marches, de
fox-trot et, même d’une exotique rumba où Born invite le public et un pirate du
voilier voisin pour les percussions et, naturellement, deux tangos dont Le
plus beau de tous les tangos du monde auquel on croit sans peine à entendre et voir ces interprètes au
charme touchant.
Un public intégré et même un pirate! |
Tango tanguant sur le tangage du bateau |
Comme les Quatre
barbu(e)s dans un
genre plus intellectuel, il faut saluer ces jeunes qui, avec panache, relèvent
un répertoire patrimonial que leurs aînées avaient paresseusement laissé
tomber.
Mon accordéoniste… |
Marseille,
mes amours,
(Sur
une idée de Jean-Christophe Born)
Extraits
d’opérettes marseillaises
Le
Don du vent, Marseille, Quai du Port
Stéphanie
Portelli, soprano ; Jean-Christophe Born, ténor,
Cyrille
Muller, accordéoniste.
Prochains
spectacles :
Saint
Julien d’Asse (04) le 15 novembre 2015 à 17h30
Théâtre
du Golfe à La Ciotat (13) le 21 novembre 2015 à 20h00
Contact :
+33 9 51 19 68 26
contact@agenceartistik.com
Photos :
1, 2, 3 : © Anke Doberauer ;
4, 5, 6, 7 : © Germain Thyssen.
OPÉRETTE NÉO-MARSEILLAISE
Tango final du
Souteneur sans soutien
(paroles et musique de Benito Pelegrín)
Création, université de Provence, 1984
Pour mes loisirs, il me faut de l’oseille,
Pour mes plaisirs, il me faut du pognon
Et pour cela, toutes mes femmes payent,
Autrement, je leur fous des gnons!
J’aime le fric, le frac, le froc, les fringues,
J’aime le jeu, l’alcool et le tabac,
Je suis un mec tiré à quatre épingles
Et des proxos je suis le crack!
Je suis un mec, un mac, je suis un homme,
Je suis le roi, le roi du macadam,
Je suis celui que tout le monde nomme
Le beau mec, big mac, de ces dames;
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