Charles Dassoucy (1605-1677)
Airs à quatre parties du Sieur Dassoucy
Faenza, direction Marco
Horvat
Éditions Hortus
Éditions Hortus
Quel
personnage et quel disque ! On ne saluera jamais trop l’ensemble Faenza et les Éditions Hortus d’avoir
exhumé, lui donnant vie par le peu qui reste de sa musique, Charles Coypeau d'Assoucy, dit Dassoucy (1605-1677),
compositeur, chanteur, poète et écrivain dont l’existence aventureuse est un
roman qui invite à le lire, à l’écouter, nous donnant aussi une autre lecture
et une autre écoute de ce trop cocoricosé Siècle
de Louis XIV à l’image historique compassée. Il est vrai qu’il eut
peut-être la chance de vivre sa jeunesse dans l’effervescence frondeuse,
libertine, brouillonne mais créatrice de la première partie du siècle, avant la
remise en ordre monarchique de la défaite des Frondes, la première, la Fronde
parlementaire préfigurant déjà la Révolution, avortée, la suivante, celle des
Princes, une tentative égoïste de retour féodal. Il vécut donc et mourut avant
la glaciation de l’absolutisme et de son art officiel, qu’on appellera,
abusivement, suivant Voltaire sans examen, Grand Siècle.
Grand Siècle ?
Avec Le Siècle de Louis XIV, Voltaire a si
menteusement monumentalisé le règne de ce roi (Âge d’or ), histoire de
rabaisser celui (« âge de
fer ») de Louis XV avec lequel il fut si souvent en conflit, l’obligeant
aux exils que, de cette glorification, telle la calomnie répétée dont on dit
qu’il en reste toujours quelque chose, il est resté une nationaliste image
d’Épinal, rarement mise en question, béatement conservée, sur la grandeur et
perfection à tous niveaux de cette époque, politique et militaire, avec ses
icônes culturelles sélectes, c’est-à-dire sélectionnées : Descartes,
Pascal, théâtre supposé classique, Mesdames de La Fayette et de Sévigné, La
Fontaine, Lully, jardins rationnels à la française pour un Versailles dont on
refusa longtemps de voir le baroquisme aussi aveuglant que les rayons officiels
de son Roi Soleil.
Ce classement par
« siècles » de civilisation au sommet, auxquels succéderait une
fatale décadence, était implicitement calqué sur la typologie italienne de la
Renaissance, Siècle de Périclès, Siècle d’Auguste, pour exalter celui de
Laurent le Magnifique à Florence, face aux « barbares » s’affrontant
dans les Guerres d’Italie, les Français essentiellement. Et c’est faire peu de
cas des deux-cents ans du Siècle d’Or espagnol ou du Siècle d’Or hollandais
émancipé de l’Espagne, contemporains de ce Siècle
de Louis XIV que Voltaire, dont le classicisme ne recule pas devant
l’hyperbole baroque, l’exagération, décrète égal et même supérieur (« le
siècle le plus éclairé qui fut jamais »), à l’échelle des moments clés de la
civilisation.
Une exaltation d’une France idéale, à
son apogée royaliste et absolutiste, dont la juste vénération révolutionnaire
pour Voltaire, a même fait adopter ses clichés culturels et ses valeurs par la
Troisième République triomphante. Avec ce paradoxe que l’on ignore
toujours : la générosité des lois Jules Ferry de la scolarité gratuite et
obligatoire pour tous, la merveilleuse égalité de savoir compter, lire, écrire,
donnait aux petits Français, pour modèle d’écriture, sujet, verbe, complément,
une langue, certes facile en sa simplification, imposée en plein Ancien Régime,
deux siècles plus tôt par les Malherbe et Vaugelas, prisée au mépris des
Rabelais, et autres écrivains foisonnants et poètes constellants de la Pléiade.
Une épuration stylistique draconienne. Et
l’on ignore aussi, obnubilé par les Corneille, Molière et Racine, que les
rhétoriques de l’époque, les critiquant souvent, donnent surtout pour modèle de
perfection d’écriture les Cureau de la Chambre, Patru, Pellisson que nous avons
oubliés…
L’enseignement, survalorisant une
époque classique très brève, à cheval avec le XVIIIe siècle, néglige
les écrivains des deux premiers tiers du XVIIe, qui pratiquement
demeurent, sinon inconnus, aussi largement méconnus que cette longue période
qui précède la prise de pouvoir de Louis XIV en 1661 : tout un courant libertin, de libres penseurs
tels La Mothe Le Vayer, de poètes, Théophile de Viau, Boisrobert, Tristan
l’Hermite, Saint-Amant, de romanciers dans la veine espagnole, Sorel, Scarron, Furetière,
François de Rosset (l’auteur le plus lu de son temps !), sans parler de
Cyrano de Bergerac qui dut sa survie à la fiction d’Edmond Rostand. Et, si l’on
ajoute un temps Molière, autre fort esprit qui eut aussi fort à voir avec la censure
et la cabales, des Dévots et autres, ce fut là le terreau, le milieu culturel,
artistique et amical de l’irrévérencieux et libre Dassoucy.
Charles Coypeau d'Assoucy, dit Dassoucy (1605-1677)
C’est
pourquoi l’on applaudit déjà ce disque qui a le mérite de rappeler à la mémoire
officielle, abusivement sélective, ce personnage extraordinaire que fut
Dassoucy, poète, luthiste, chanteur et compositeur, mémorialiste romancier de
lui-même, sa vie fut un véritable roman, célèbre en son temps et oublié du nôtre.
Du moins du grand public, mais non des spécialistes de l’époque acharnés à le
faire connaître et reconnaître par des colloques et recherches[1], les
érudits trop solitaires, les connaisseurs, qui lui vouons estime et sympathie. Un
compositeur écrivain et poète, aussi généreux en confidences sur lui-même et sa
vie de musicien qu’il fut prodigue sans doute en cette musique, hélas, presque
entièrement perdue, hors ce que ce disque révèle.
Héros picaresque
Musicien itinérant reçu dans les
cours de France et d’Italie, Savoie, Mantoue, Florence, Rome, récompensé par le
pape malgré sa sulfureuse réputation, Dassoucy chante aussi dans les villages
pour payer pain, vin et logis, escorté de ses deux pages chanteurs, pages savoureuses
sur ces tournées, virées et c’est un régal de lire des bribes de cette
autobiographie, ces mémoires sans doute romancés mais poétisés par l’humour, parcelles
de ses écrits dont est semé le livret du disque par Horvat lui-même, suivi d’une riche étude de l’éditrice de la
partition, Nathalie Berton-Blivet, tous
deux à l’évidence chaleureusement gagnés, au-delà de son intérêt artistique,
par la sympathie qu’inspire ce personnage, qu’on espère contagieuse.
On se permettra, en tribut à
l’auteur et hommage au disque, d’ajouter quelques anecdotes de son autobiographie
d’une liberté de ton toute moderne, qui nous ravit aujourd’hui, mais dut choquer
délicieusement ou scandaleusement ses lecteurs, notamment Pierre Bayle qui, lui consacre un long article détaillé, donnant la
mesure de sa notoriété, dans son prestigieux Dictionnaire critique (1697). Le lexicographe est outré du portrait
outrageant que le désinvolte mémorialiste fait de sa propre famille, pour nous
haute en couleur : père avocat, et
la mère, d’une famille de luthistes de Crémone, un sacré petit bout de femme
chaussée de patins immenses, bilieuse et querelleuse, mais spirituelle. Le fils
ne le sera pas moins. S’accompagnant du
luth, elle chantait « comme un ange » mais semble un démon conjugal.
Devant elle, si impérieuse, l’avocat professionnel de la parole n’osait souvent
pas ouvrir la bouche tant elle le contredisait, même en matière de lois, couple
tumultueux, en venant, plus qu’aux mains, à l’épée pour vider une querelle
juridique sur l’interprétation de la loi Frater
a frates de Justinien ! Bons juristes litigieux mais mauvais parents :
ils se séparent volontairement de corps, de biens et d’enfants partagés
(heureusement pas à la Salomon !), le petit Dassoucy restant à Paris avec
son père. Ce dernier concubinait avec la servante maîtresse, et marâtre,
haineuse envers l’enfant du premier lit, qui le lui rend bien, en étant, selon
son propre aveu, « aux couteaux » avec elle. Quelle famille,
décidément ! C’est conté avec une bonne humeur pleine de charme, un humour
digne de Cervantes, un sens de la comédie conjugale qui ne démériterait pas du
Molière des Femmes savantes.
Le gamin rebelle, fait des fugues
dès neuf ans, ne doutant de rien, il se fait passer pour astrologue à Calais,
guérit même un « malade d’imagination », passe pour magicien… qu’on
veut noyer. Bref, au sens propre, le petit Dassoucy est déjà un pícaro,
dans le vrai sens littéral —et littéraire— espagnol, un jeune garçon, émancipé
de sa famille, anti-héros vagabondant, survivant de petits métiers et la ruse.
Vraie signature du pícaro, il conte
sa vie à la première personne, tel Lazarillo de Tormes (1554) le premier en titre mais qui donna un modèle
définitif au roman picaresque, ses avatars pouvant être le Jack Kérouac de Sur la route et Le Vagabond solitaire, en passant par le fictif Gil Blas de Santillane de Lesage qui se
revendique du genre.
Louis XIII le nomme maître de
musique du jeune Louis XIV, et à savoir le goût de ce dernier pour le luth et
la guitare, à la qualité de l’élève on voit celle du maître. Amant, dit-on de
Cyrano, ce qui n’est pas un gage de médiocrité sans doute, mais liaison
tumultueuse et dangereuse puisque, après leur rupture en 1653, ce dernier se
répand en libelles contre lui et menaces de mort signées : guerre publique
de pamphlets de part et d’autre, ce qui manifeste tout de même la notoriété des
deux amants désunis mais unis par une même veine et verve satiriques. À la
différence que Cyrano est de plus un bretteur réputé, mais qui s’abaisse à le
dénoncer comme athée. Ce qui aurait contraint le musicien à quitter Paris pour
des tournées en province puis la France pour l’Italie, escorté de ses deux
pages chanteurs, enchanteurs par d’autres charmes ne devant rien au chant que
ses amis puis ennemis Chapelle et Bachaumont dénonceront également.
Il connaîtra la prison, pour dettes,
grivèlerie, athéisme, homosexualité, et il avoue, avec légèreté, dans ses
« Avantures » qu’il donne lui-même comme « burlesques » :
« Les femmes m’appelaient
hérétique, non pas en fait de religion mais en fait d’amour. » (Aventures
burlesques de Dassoucy)[2]
Mais il a
risqué le bûcher pour sodomie en 1655 à Montpellier pendant qu’il accompagne, alors
aussi itinérant que lui, Molière et sa troupe. Puis, de nouveau à Paris, il est
emprisonné pour sodomie en 1673. Et il a goûté aux geôles du Saint-Office à
Rome pour athéisme, dénoncé semble-t-il par son propre page Pierrotin, un sacré
numéro digne du maître, qui lui avait déjà valu les dénonciations ironiques de
Chapelle sur ce gamin attaché à son train, arrière bien sûr. Ironie du
sort ? Séduit par
la voix du jeune page, le duc de Mantoue l’enlève à Dassoucy pour en faire un
castrat à la voix enfantine préservée !
À son
retour en France en 1670, après sa rupture avec Lully, Molière, dont il
espérait devenir le musicien attitré, lui préfère Charpentier, ce qui blesse le
musicien vieilli, qui, comme à chaque fois, s’exprime par écrit. Mais il aura fait la musique de la pièce à
machines de Corneille, Andromède, commandée par Mazarin, dont un air se
trouve dans le disque.
Le bouillonnant musicien laisse une
œuvre poétique abondante, des poèmes dans le goût parodique du temps, tel le Virgile
travesti de Scarron parodie de l'Énéide, paru entre 1648 et 1653,
mais que Dassoucy a anticipé avec Le Jugement de Paris en vers burlesques 1648,
et L’Ovide en belle humeur, 1650. La notice de Wikipedia en donne une
impressionnante liste. Beaucoup de ses textes, dont ses « aventures »,
sont sur les archives Gallica en fac simile mais, le directeur du colloque
mentionné, Dominique Bertrand, a
publié Les Aventures et les Prisons,
une édition critique chez Honoré Champion en 2008.
Airs à quatre parties : sauvés de l’oubli
Dassoucy
a composé Les Amours d’Apollon et de Daphné, comédie en musique dédiée
au Roy durant sa dernière prison au Châtelet en 1673, dont seul reste le
livret, et des ballets dont le titre fait rêver et sourire, Les Biberons,
Les Enseignes des cabarets de Paris, hélas perdus.
Airs à quatre parties (1653)
Poésie topique
Hormis l’air
d’Andromède de Corneille (« Vivez, heureux amants »), les
poèmes musiqués par Dassoucy sont de lui-même. Comme je le disais déjà à propos
des textes des airs de cour de Lambert, hors la qualité musicale qui les
transfigure, il ne faut pas s’attendre à une beauté poétique originale que le
Grand Siècle avait balayée en grand, raillant, comme le Père Bouhours, les joyaux de la poésie baroque espagnole et
italienne du courant international pour se confiner dans l’étroitesse
académique de frontières nationales. Dans la recherche, sans doute généreuse,
d’une langue compréhensible à tous, transparente, les théoriciens purgent les
poèmes d’images obscures (même la traduction d’Homère), de métaphores
« hardies », « outrées », honnies par les jansénistes, condamnant toute
licence verbale, dénonçant la moindre originalité (Racine fait grincer les
dents des rhéteurs par certaines audaces), ce qui en fait de poésie, à
l’exception de quelques poètes de la première moitié du siècle, de La Fontaine
et Racine, n’a pour résultat que des « poèmes » réduits à de la prose
rimée, exploitant à satiété tout un répertoire répétitif de métaphores
lexicalisées, qui ont donc perdu leur poéticité.
On
retrouve donc ici les poncifs hérités des troubadours de la Belle Dame sans
Merci en version pastorale enrubannée : pour un « amant infidèle »
qui « s’en va », il y a toute une troupe, un troupeau de cruelles
pastourelles faisant mourir d’amour l’amoureux éploré : Cloris, « bergère insensible »,
« l’infidèle Amarante » désolant son berger, Phillis, « trop volage
bergère », l’« inhumaine Silvie [sic]», Sylvie, Iris, noyant dans les larmes l’amant transi
dans le cliché typique d’un cadre tout aussi topique de « belles forêts »,
de « bois charmants », de « rochers, belles fontaines » où se
consume plus que ne se consomme le « feu », la « flamme »,
« le flambeau » « d’un cœur
réduit en cendres ».
Un poème,
cependant exprime un exil amoureux (Il est bien temps, adorable princesse),
un deuil Esprit du ciel, divin génie, (« Absent de vous, je suis
sans vie »), sans doute une mort, qui anticipe Sur les lagunes de
Théophile Gautier, magnifié par Berlioz, Fauré, Gounod.
Airs à quatre parties : quatre voix
Je ne
peux que répéter ce que j’ai dit ailleurs : le cliché le plus éculé de ces
poèmes dont la poésie se réduit à la rime, le mot le plus banal et convenu, (larmes,
douleur, mort…) par le miracle de la musique, des agréments virtuoses du chant,
s’irise de couleurs, de saveurs et le lieu commun accablant devient alors le
lieu commun à tous qui nous a accablés ou nous accablera un jour, tristesse,
abandon, chagrin d’amour, perte, deuil. Nous nous reconnaissons alors dans
l’envie de ces solitudes, nous retrouvons dans ce printemps inévitablement
fleuri, dans la banalité ces affects qu’un jour ou l’autre nous avons tous
éprouvés.
Ces airs sont
à quatre voix, sans la rituelle basse continue. On regrette un peu que le
disque ne donne pas un seul exemple de l’original des dix-neuf airs enregistrés.
Cela aurait permis de mieux appréhender le travail musicologique remarquable de
Marco Horvat. Il s’explique sur ses
options : sa liberté est celle même dont usaient largement les musiciens
de l’époque sur des partitions dont tous les connaisseurs su Baroque savent la
plasticité, les formes diverses qu’elles pouvaient prendre selon les
circonstances de lieu, d’effectifs musicaux, d’interprètes : « l’adjonction
d’une basse continue au théorbe est une évidence », dit-il, évidence « audible »
dirons-nous dans la mesure où Dassoucy, virtuose du luth, sans doute aussi
archiluth ou théorbe, se met en scène jouant de ces instruments à cordes
pincées, accompagnant ses deux pages chanteurs et lui-même, donc, déjà trois
voix. La variété des voix, relayant le passage soliste répond à une musique
harmonique mais pas forcément affranchie de la polyphonie, du contrepoint, dont
il faut rappeler qu’elle est aussi une pratique musicale non professionnelle de
la sociabilité du temps : on chante en famille, entre amis, ladite « musique
de table » exprime bien ce partage festif, dont témoigne aussi la peinture.
C’est le sentiment chaleureux que donnent ces voix plurielles aux tessitures
différentes, mêlées, emmêlées amoureusement
quand la féminine a pour répondant celle de l’homme.
Les airs alternent avec des parties
instrumentales de flûte, violes, violons d’Ennemond Gautier, un confrère
apprécié de Dassoucy.
De la sorte, agencé avec goût, ce disque nous
offre le seul vestige de la musique de ce prolifique auteur, le texte de ses dix-neuf
airs, auréolés d’un contexte historique musical éclairant : dans un
écrin, un rayonnant cadre baroque.
Airs
à quatre parties du Sieur Dassoucy,
Faenza, direction Marco Horvat
CD Éditions Hortus
CD Éditions Hortus
Sarah Lefeuvre : voix et flûtes
Saskia Salembier : voix et violon
Francisco Mañalich : voix et basse de viole
Emmanuel Vistorky : voix
Aude-Marie Piloz : dessus et basse de viole
Marco Horvat : théorbe, guitare et voix .
Saskia Salembier : voix et violon
Francisco Mañalich : voix et basse de viole
Emmanuel Vistorky : voix
Aude-Marie Piloz : dessus et basse de viole
Marco Horvat : théorbe, guitare et voix .
[1] On ne peut ne pas signaler
le colloque passionnant dont tous les participants participent, à
l’évidence, de cette sympathie, dont je parlais, qui émane de notre
homme :
Dominique BERTRAND (éd.), AVEZ-VOUS LU DASSOUCY ? Actes du colloque international du CERHAC (Clermont-FERRAND, 25-26 juin 2004)
Dominique BERTRAND (éd.), AVEZ-VOUS LU DASSOUCY ? Actes du colloque international du CERHAC (Clermont-FERRAND, 25-26 juin 2004)
PU Blaise Pascal, 2005, 414 p., 30 €
[2] Voir l’excellente notice
Wikipedia.
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