Enregistrement 2/5/2019
RADIO
DIALOGUE RCF
(Marseille :
89.9 FM, Aubagne ; Aix-Étang de Berre : 101.9)
N° 371, semaine 18
TOURNE-DISQUE
AMADEUS par
le quatuor féminin Zaïde
La Flûte enchantée par
le Quatuor à cordes Zaïde K. 620, label NoMadMusic
Voici un disque dont on dira, sans doute un peu facilement, mais
justement, qu’il chante. Et qui nous fait chanter de bonheur.
Et pourtant, cette version de La Flûte
enchantée, n’est pas chantée.
Elle est simplement —mais peut-on dire « simplement » quand c’est du
Mozart, même quand il fond l’expression la plus simple à la plus savante comme
dans cet opéra œuvre ? Oui, simplement musicale. Et peut-on encore parle
de simplicité, sinon souveraine, de cette étrange version musicale, relevée de
variations magnifiques, par le brillant quatuor à cordes féminin, Zaïde ? Ce joli quadrille féminin s’est donné le nom,
déjà programmatique, d’un opéra de jeunesse de Mozart. Écoutez :
1)
PLAGE 3
Vous avez
sans doute reconnu l’air populaire, la chansonnette de Papageno. Oui,
répétons, la simplicité souveraine, suprême élégance de Mozart. Cette
partition, une transcription inédite de
l’opéra, date de 1801, pratiquement contemporaine de Mozart, mort dix ans avant. Elle est d’une remarquable
fidélité, avec les nécessaires transcriptions des cordes vocales, aux cordes
frottées des instruments. Mystère de la gestation. Dix ans après la première en
1791, la Flûte , mort le compositeur,
résonne donc encore, ce qui est exceptionnel en son temps, et dans une version
qui la diffuse, comme œuvre infuse déjà dans la mémoire musicale de son temps. Miracle
d’un succès continu, que Mozart n’aura pas connu, de son ultime opéra.
On
avance amoureusement dans cette œuvre, en pays ami où l’on reconnaît le paysage
humain qui nous parle sans mot dire, pure émotion de les retrouver tous, à l’exception
que l’on regrettera, de l’adorable Papagena : pages perdues ? Car,
jusque-là, on suit parfaitement la trame de l’opéra, l’épopée sentimentale de
tous les personnages.
Cette version a été retrouvée chez un antiquaire, et le Quatuor
Zaïde fête ses dix ans avec cet enregistrement inédit sur cette partition qu’on
rêve, rétrospectivement maintenant aussi, comme un dixième anniversaire de la
création, hommage à Mozart mort, hélas.
Mais
revenons à cette année 1791, fatale et merveilleuse par la mort du compositeur
et son testament immortel : Mozart végète, malade et sans travail.
Mozart
est franc-maçon ; son frère en maçonnerie Emanuel Schikaneder, directeur
d’un théâtre de quartier, lui avait soumis un livret qu’il avait écrit pour des
acteurs chanteurs plus que de grands chanteurs, lui-même étant un amateur, d’où
le rôle simple vocalement simple (mais quelle sublime simplicité encore !)
de Papageno qui lui écrit Mozart. C’est donc une féerie inspirée de contes
orientaux à la mode alors, ouvrage naïf et populaire qui n’enchante d’abord pas
Mozart.
La
thématique maçonnique est bien connue : le thème trinitaire, le mi bémol majeur
avec ses trois bémols à la clé, ses trois accords de l’ouverture, les trois
Dames, les trois Garçons, ; les trois épreuves des deux héros Tamino et
Pamina dans le Temple de Sarastro sont empruntées au rituel d'initiation de la
franc-maçonnerie : c’est le parcours de l’ombre (La Reine de la Nuit) à la
lumière, vers le Bien. Il y a aussi un
serpent, le méchant Monostatos pour les forces du mal et, entre Bien et Mal,
les bien terriens Papageno et Papagena.
Bref,
au seuil de la mort, c’est l’enfant Mozart qui remonte, s’exprime, dans
l’enchantement d’une musique sublime et populaire : elle s’adresse au plus haut
et au plus simple de l’homme. Et de la femme, cela va sans dire ! que
dire ici puisque nous devons cette version de La Flûte enchantée, au quatuor à cordes féminin. Voici
d’ailleurs leur approche de la Reine de la Nuit, les terribles accents
meurtriers de ses imprécations sur les stries d’éclairs des cordes aiguës :
2) PLAGE 14 :
On
va lui opposer aussitôt la noblesse du sage Sarastro qui fait frémir les cordes
graves :
3) PLAGE 11
Mais
il faut entendre aussi la joie dansante du Prince Tamino jouant de la flûte
enchantée qui lui a été confiée :
4) PLAGE
Et
comment n’être pas ému au désir de suicide de Pamina se croyant
abandonnée? « Ach, ich fülh’s, es ist verschwunden… », ce lamento descendant
dans la gamme du désespoir ?
5) PLAGE 17
Ce
beau disque, est complété par un quatuor à cordes de Mozart dédié à Haydn, le
numéro 14, K 387. Par ailleurs, il est agrémenté d’un joli abécédaire mozartien :
de À à Z, des thèmes explicatifs en rapport avec le compositeur. On ne le
quittera pas sur le thème de la mort de Pamina mais sur celui de la vie,
exprimé encore par Papageno rêvant d’une petite femme, rêvant tous deux d’une
couvée sans fin d’enfants :
6) PLAGE 19
On
admire vraiment le musicien inconnu qui a fait de cette chanson touchante, par
ses variations, une œuvre virtuose, originale. Œuvre de qualité, servie avec
bonheur, pour le nôtre.
AMADEUS par
le quatuor féminin Zaïde Charlotte Maclet (premier violon), Leslie Boulin
Raulet (deuxième violon), Juliette Salmona (violoncelle) et Sarah Chenaf (alto).
La Flûte enchantée et le Quatuor à cordes K. 620, label NoMadMusic
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