Enregistrement
24/1/19, Culture en Provence
RADIO
DIALOGUE RCF
(Marseille :
89.9 FM, Aubagne ; Aix-Étang de Berre : 101.9)
N° 356,
semaine 4
DISQUES
Voici un disque sorti l’an dernier, encore si proche, en
novembre, mais de tout temps, bon ou mauvais : son sujet musical est,
justement, les saisons Si fidèlement voué au baroque, le label Ambronay, dans
sa « Collection jeunes ensembles » effet, a publié ce CD Les
Saisons, par l’ensemble Prisma.
L’époque baroque, si sensible au passage
du temps, s’est passionnée, en peinture et en musique, aux saisons. En lettres,
aussi, le jésuite Baltasar Gracián divise son Criticon, que Schopenhauer considérait le plus grand roman
allégorique de toute la littérature, en quatre parties quatre saisons de la vie
humaine. En musique, bien sûr, on n’échappe pas aux quatre Saisons de Vivaldi,
et les mélomanes plus érudits connaissent celles de Haydn, classiques, et
celles de Tchaïkovski, post-romantiques.
L’originalité de ce disque est
d’avoir associé des musiciens plus rares de l’immense constellation baroque du
XVIIe siècle, les plus connus des spécialistes étant Falconieri et
Merula. Les morceaux choisis ne se réfèrent pas explicitement aux saisons, cependant,
leur atmosphère, leurs échos, sont comme une sonore évocation implicite de
ces moments de l’année qui scandent certes notre vie, mais aussi nos humeurs,
nos affects.
Chacune des quatre Saisons de
cette année musicale est introduite par un court prélude écrit par les
interprètes eux-mêmes comme une improvisation sur un instrument particulier
dont le timbre suggère un état de la nature au fil de l'année. De plus, chaque
saison est personnifiée par un vent dominant, les quatre vents mythiques, fils
d’Aurore et d’Astréos : Zéphyre, suave
brise du printemps, Notos des orages
d’été, Euros des tempêtes d’automne
et enfin le glacial Borée de l’hiver,
le mistral, le vent maître en somme.
Le printemps, personnifié par Zéphyre, est naturellement porteur de
chants d’oiseaux et c’est la douce langueur fleurie de vocalises virtuoses de
la flûte à bec qui l’introduit, introduisant à son tour un morceau de
Palestrina. Écoutons un extrait qui chevauche ainsi les plages 1 et 2 :
1) PLAGE I ET 2
L’été, c’est Notos mais, avant qu’il ne déploie son
ardeur en brusques changements de tempo au violon dans une pièce de Marco Ucellini, l’introduction
improvisée me semble plutôt une belle sieste interrompue par l’intempestive
intrusion d’un moustique, plaf, écrasé!, mais en voici un autre et sans doute une
escadrille de mouches :
2) PLAGE 6
La vie, la nature, donc
vitalement, naturellement, déroule le cycle humain inévitable des saisons de
notre vie : enfance et jeunesse du printemps, plénitude solaire de l’été et, avant la fin de l’hiver qui glace notre sang et notre
existence, il y a la maturité déjà mélancolique de l’automne, tout ancré,
inscrit dans notre corps et nos humeurs. Et c’est Le vent d’automne, Euros, personnifié par une superbe
improvisation au luth sur les inévitables Feuilles mortes de Kosma qui introduira
insensiblement un morceau de Tarquinio Merulla. Nous écoutons cette belle
introduction :
3) PLAGE 14
Borée, enfin le vent final, introduit une improvisation à la viole de
gambe, effets chromatiques, de silences, incertitudes de la vie sur son dernier
parcours, l’hiver, ses frissons et frimas, grincements de dents ou de porte de
la vie qui se referme. Écoutons le prélude qui introduit une pièce de Biagio Marini :
4) PLAGE 16
Le cycle des saisons se conclut par des
variations sur l’air de la Mantovana, d’Uccellini et Marini,
bouclant la boucle du cercle et cycle des saisons sans fin, annonçant le retour
du printemps. Et nous y revenons bien vite avec ce savoureux duo de la poule et
du coucou de Marco Uccellini, sur lequel nous nous quittons :
5) PLAGE 4
CD raffiné et séduisant du label
Ambronay, « Collection jeunes ensembles » Les Saisons, par l’ensemble Prisma.
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