Enregistrement 8/11/2019
RADIO DIALOGUE RCF
(Marseille : 89.9 FM, Aubagne ; Aix-Étang de
Berre : 101.9)
N° 398, semaine 44
Quatuors Varèse/ Toumanian Mek
Voici une sélection de disques récents qui peuvent être d’appréciables
cadeaux. En voici deux dont le facteur commun est d’être interprétés par des
quatuors à cordes.
Dans la terminologie
musicale, un quatuor, ensemble intermédiaire naturellement
entre le trio, ensemble à trois
musiciens et le quintette, à
cinq, désigne donc : un ensemble de quatre chanteurs ou
instrumentistes, mais aussi une composition musicale à quatre parties solistes,
a cappella ou avec accompagnement, et, enfin, une œuvre de musique de chambre
pour quatre musiciens, de genre et forme très variés. Les deux disques sont joués des quatuors à cordes, c’est-à-dire,
canoniquement, deux violons, cordes aiguës, un alto, plus grave et un
violoncelle, encore plus.
Le premier disque est gravé par le Quatuor Varèse, un ensemble multi primé
qui se voue à défendre justement la musique pour quatuor. Leur CD, label NoMadMusic unit des quatuors de Dvorak, Puccini et Debussy sous la
date commune de l’année de composition : 1893.
Comme sa célèbre 9e symphonie
dite « Du
nouveau monde », le quatuor du Tchèque Dvorak expatrié, semble largement
ouvert sur les grands espaces américains, qui ont tant inspiré le musicien. À écouter ne serait-ce que quelques mesures de la plage 1, l’on croirait entendre un galop de cheval sur
un paysage du Far West :
1) PLAGE
1
Le
nom de Puccini est rattaché essentiellement à ses opéras même si les
connaisseurs apprécient aussi sa messe si lyrique. On sera plus surpris de
découvrir ici son quatuor Crisantemi, chrysanthèmes, à la mémoire du fils du
roi d’Italie, un morceau funèbre mais si nostalgique et langoureux que
Puccini l’utilisera dans sa sensuelle Manon
Lescaut. Un bref extrait nous berce et bouleverse :
2) PLAGE 5
Quatuor
Varèse, Dvorak, Puccini et Debussy, 1893.
Quatuor Varèse
François Galichet, violin
Julie Gehan Rodriguez, violin
Sylvain Séailles, viola
Thomas Ravez, cello
François Galichet, violin
Julie Gehan Rodriguez, violin
Sylvain Séailles, viola
Thomas Ravez, cello
Le
second CD séduira, en particulier, nos concitoyens d’origine arménienne : toujours label NoMadMusic, il s’agit, par
l’ensemble Toumanian
Mek : Music From Armenia ,
titre en anglais…Le disque, qui aurait séduit
aussi Charles Aznavour, mais qui connaissait bien ce répertoire, est consacré à
la musique de l'Arménie.
Le nom de l’ensemble est plaisamment
symbolique : Tumanian Mek fait référence à Hovhannès Toumanian, un
des plus grands écrivains arméniens. Mek, signifie 1, et c’est le numéro
de la rue Toumanian à Erevan où est né David Haroutunian, premier violon et
fondateur de cet ensemble qu’il baptise.
C’est une magnifique découverte de la musique
arménienne pour ceux qui ne la connaîtraient pas. Les musiciens connaissent Aram
Khachaturian (1903-1978), présent ici par une pièce de ballet. On connaît
aussi Komitas (1869-1935) qui a fouillé dans les racines folkloriques de la
musique arménienne. Voici un passage d’une danse tirée de ses Miniatures sont des plus séduisantes. Mais hors ces deux musiciens connus, on découvre un
quatuor inédit compositeur contemporain, Ruben Altunyan (1939) et trois
chants amoureux de Sayat-Nova (1712-1795), un barde fameux dans le
Caucase. Mais on ne résistera pas à la elle découverte de la nostalgie de Gusan
Sheram (1857-1938) chanté avec un charme envoûtant par un chanteur
compositeur , Dan Garibian.
Enregistrement 14/11/2019
RADIO DIALOGUE RCF
(Marseille : 89.9 FM, Aubagne ; Aix-Étang de
Berre : 101.9)
N° 400, semaine 45
À l’approche des fêtes, continuons
de proposer une sélection de disques pouvant faire un joli cadeau.
Sorti à l’aube de l’été, voici un
disque de quoi réchauffer l’âme en cette aurore de l’hiver, label NoMadmusic, B-Side, contenant des
œuvres de Mozart Händel, Kabalevsky,
Monti par la bien nommée Camerata
Alma viva. Mot italien, Camerata signifie : « groupe de gens vivant harmonieusement
ou poursuivant un intérêt artistique ou intellectuel commun », nous
rappelle le livret du disque. Mais rappelons, nous, que c’est aussi, la chambrée, ensemble de personnes qui
couchent dans une même chambre, dont dérive le mot « camarade », gens unis amicalement. Mais à l’évidence,
les camarades de cet ensemble suisse international, constitué de neuf
nationalités différentes pour les seize musiciens du groupe, peuvent aussi se
réclamer du sens de Camerata de
la fin du 16e siècle à Florence où la fameuse Camerata de’ Bardi, le salon du Comte Bardi, unissant intellectuels
artistes et musiciens, inventa ce que nous appelons aujourd’hui opéra.
L’adjectivation
Alma viva, qui colore et nuance le
mot Camerata, est facile à
comprendre : ‘Âme vivante’, un enrichissement, une multiplication du nom âme,
qui donne « animer », par vivante, donc, pleine de vie. Et quelle
vie ! Bref, un nom Camerata Alma
viva qui est un programme et, pratiquement un manifeste. À preuve, écoutons
un extrait du Divertimento en Fa Majeur K. 138 de Mozart, et l'on peut juger de l’alacrité électrique, de la vivacité énergisante de leur
interprétation :
1)
PLAGE
Formée en 2009 à Genève, la Camerata Alma Viva est née du désir d’élèves de Gabor Takacs de sa classe de
Quatuor à cordes de jouer debout et sans chef. Sans chef, mais ce n’est pas
l’anarchie puisqu’un tel égalitarisme, chacun sur le même pied, suppose une
maîtrise individuelle de la musique et de l’instrument absolue pour assurer la
cohésion sans faille, l’harmonie de l’ensemble, sans quoi la musique ne serait
pas possible. Pour cela, la
Camerata Alma Viva a un entraînement, je dirai même une philosophie : le
groupe se plie à des méthodes de travail physiques et mentales audacieuses, inspirées
par les techniques de quatuor, les échauffements de théâtre, l’improvisation,
le QiGong, la méditation, la respiration, et l’art de l’écoute.
En tous les cas, le résultat est des
plus dynamiques, exaltant même. La première partie du CD réunit les trois
délicieux Divertimenti de Mozart, composés
en 1772 à l’âge de seize ans, véritables
joyaux joyeux du répertoire pour
cordes, pleins de fougue et même de fraîche fureur juvénile : en Fa
Majeur K.138, en Si b Majeur K.137 et en Ré Majeur K.136.
La seconde partie présente tous les
arrangements originaux du groupe, très virtuoses, très recherchés en sons et
couleurs, réalisés par le violoniste Eric
Mouret :
Händel,
Passacaglia ; Kabalevsky, Valse. Et nous nous quittons, arrangée aussi par Mouret sur cette Czardas, danse hongroise, de Monti, qui commence comme une lente
caresse voluptueuse et finit comme un coup de cravache dans l’ivresse
vertigineuse d’un grand galop :
2) PLAGE
13
label NoMadmusic,
Camerata Alma viva.,
B-Side,
de Mozart Händel, Kabalevsky, Monti.
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