Histoires d'amours
Voix : Eliane Tondut, piano : Hartmut Lamsfuss Théâtre de Lenche
Mois des fous ? Mois musical que ce mars marseillais où l’on ne sait à quel son se donner et damner : Le Bal masqué de Verdi à l’Opéra, le Concert symphonique, la Musique classique, « Les Festes d’Orphée » à Saint-Victor, les troubadours à Notre-Dame-du-Mont, Michèle Fernandez au cinéma Variétés, « Mars en baroque » en divers lieux et ce « Mars musical » au théâtre de Lenche. Bref, pas une seule soirée sans son lot de musique et je ne parle ici que celle que l’on dénomme « classique », sans oublier ni mépriser les autres et il aurait fallu un don d’ubiquité auditive pour être tout ouïes à cette riche programmation. Et l’on regrettera que les vacances prochaines soient un fatal et absurde désert culturel au seul moment où les gens (qui sont loin de partir tous en vacances !) peuvent enfin s’offrir le luxe d’une soirée au théâtre ou au concert.Voix : Eliane Tondut, piano : Hartmut Lamsfuss Théâtre de Lenche
Ce soir, c’était donc pratiquement la semaine que le Lenche dispensait à Éliane Tondut qui n’est pas seulement la talentueuse costumière de théâtre que l’on connaît et apprécie, mais par ailleurs une femme qui s’est lancée à corps perdu et âme éperdue dans le chant, depuis peu mais on croirait depuis toujours tant il y a de sûreté, d’aisance et de facilité dans les facettes vocales qu’elle prodigua.
Éclectique programme que le sien qui allait de l’aube de l’opéra avec Caccini jusqu’à des lieder allemands de Schubert et de Brahms en passant par la rêveuse chanson de Marguerite au rouet du Faust de Gounod. Quelques judicieuses lumières où elle entre et sort, qui sculptent son visage dramatique, anticipant déjà la musique par l’émotion exprimée, quelques gestes justes et significatifs et, avec une présence scénique sensible, elle est tantôt coquine, coquette dans Pergolèse, taquine et mutine dans Offenbach, cocasse aigre et grelottante dans les regrets sur la jeunesse de Paisiello, amoureuse dans la déclaration de Caccini, passionnée dans celle de Gluck, mélancolique dans Scarlatti, désespérée en épouse méprisée, à la limite du souffle, chez Vivaldi et romantique et rêveuse dans les airs du XIX e siècle.
Cette partie offre à son attentif et rassurant partenaire, l’excellent Hartmut Lamsfuss, de beaux moments de piano, le liquide lied de Schubert, l’air magnifique de Pauline Viardot, digne élève de Liszt, et le Brahms profond.
À quelques r italiens roulés à l’excès, à quelques i brillants mais qui acidifient le timbre mais peuvent aisément s’arrondir, la voix d’Éliane est belle, vibrante, aisée, menée intelligemment avec un sens subtil des couleurs et des nuances qui exerce un charme touchant et direct, une belle émotion.
Photos Pierre Carrelet
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