Le Théâtre du Jeu de Paume d’Aix offrait un beau lever de rideau de la saison des « Concerts Aix » avec un récital, double par le chant, triple si l’on considère l’excellence du piano de Patrick Visseq, plus qu’accompagnateur, compagnon musicien des solistes et duettistes, Pauline Courtin, soprano colorature, et Cyril Rovéry, baryton, brillants lauréats de notre Conservatoire National de Marseille, ayant fait leurs classes sous la férule du ténor Tibère Raffali qu’on n’a pas oublié.De Pauline Courtin, ancienne stagiaire du CNIPAL, j’ai déjà dit les qualités physiques, scéniques et vocales qu’elle prodigue et promène en France et à l’étranger dans une déjà bien jolie carrière : ce charmant Tanagra, cette jolie petite poupée, a le privilège de n’être pas défigurée par une grande voix et son chant, empli de rossignols, est l’image sonore de sa grâce sans gracieuseté, un souriant équilibre de technique et de naturel, de tenue vocale et de retenue. A l’entendre dans les tendres mais rusées et sensuelles soubrettes de Mozart, Susanne, Zerlina, Despina, on a l’impression que ces rôles subtils théâtralement et vocalement, furent écrits pour elle : un regard, un geste du bras, un léger mouvement du corps, et le personnage vit car elle sait faire vivre les mots et la musique.Cyril Rovéry, haute silhouette sombre, sait plier, mesurer sa taille et sa grande et longue voix à la proportion exquise de sa partenaire et ne l’écrase jamais. Il se tire bien des aigus tirés du Figaro de Rossini mais sa verve bouffonne un peu appuyée semble à l’étroit dans l’élégante jaquette musicale du Comte ou la livrée de son valet, même s’il sait être un Don Giovanni câlin mais inquiétant. Il donne sa pleine mesure dans le terrible Rigoletto de Verdi, à quelques sons nasalisés près, certes dramatiquement expressifs, mais trop répétés. Il ose des demi-teintes toujours justes théâtralement mais plus incertaines musicalement par le système mais en devient, géant blessé, bouleversant face à sa petite Gilda profanée ; et Pauline, notre délicieuse soubrette est ici une sensible héroïne de tragédie, douce victime palpitante, pantelante, à vif. Vérité de l’émotion et triomphe reconnaissant du public.Au piano, Visseq est dans tous ces styles, ces rôles pour être plus juste, et sait tirer l’orchestre de son instrument, le fait chanter ou gémir et, sous le clavier accompagnant l’air de fureur du Comte, nous rend sensible un concerto mozartien.
8 septembre 06
8 septembre 06
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