ATOUT CULTUREL : LE CNIPAL
À tout cœur, faudrait-il ajouter. Tant ce centre National d'Insertion Professionnelle d'Artistes Lyriques, ce fleuron de l’art du chant en bourgeon, qui forme et raffine des jeunes talents venus du monde entier pour se parfaire à Marseille et épanouir leur floraison sur les scènes internationales d’opéra, fait rayonner loin le nom de notre cité : merveilleux atout culturel pour ce titre de « Marseille capitale culturelle 2013 » qu’il faudra bien justifier concrètement. Nous n’allons pas répéter la liste des grands artistes qui en sont issus et qui sont aujourd'hui des étoiles du chant mondial unanimement célébrées comme Béatrice Uria-Monzon ou Ludovic Tézier pour ne parler que des français, car il faudrait ajouter la constellation d’autres, des quatre coins cardinaux, qui ont trouvé ici le tremplin pour des carrières enviables : Arte, récemment, nous permettait d’admirer Ainhoa Garmendia au prestigieux Festival de Glyndebourne, et nous pourrons applaudir Pauline Courtin cet été à celui d’Aix.
Mais, plus modestement et sur place, L’Heure du thé à l’Opéra de Marseille, L’Heure exquise à celui de Toulon et Apér’Opéra à celui Avignon, sont des récitals gracieusement offerts par le CNIPAL à un public serré et passionné qui découvre de la sorte, parmi ces jeunes chanteurs, les vedettes lyriques de demain.
Ce premier récital de l’année nous a permis d’entendre quatre jeunes stagiaires, deux soprani françaises, et deux barytons, un Chinois et un Georgien.
Joana Malewski, née à Paris, déploie les irisations d’un timbre lumineux de soprano lyrique, aérien, en rondeur, aux vocalises et aigus faciles dans Rossini et Donizetti, aux jolies nuance de dynamique dans Verdi, beaucoup de charme et de sensibilité. Bénédicte Roussenq, sortie du CNR de Marseille, est un soprano dramatique, voix puissante et égale, manquant un peu de « morbidezza » et d’onctuosité même pour des rôles véristes, mais qui mûrira dans les grands rôles tragiques qu’elle semble affectionner, tels la charmeuse Manon Lescaut de Puccini, ou la torturée Santuzza de Mascagni qu’elle donne avec une force impressionnante.
Zheng Zhong Zhou, voix large, aigus éclatants, déroule parfaitement les vocalises de Donizetti, encore qu’un peu hachées de h dans Ernani de Verdi, sensible et nuancé dans la belle ligne du Poza de Don Carlo, au crescendo parfaitement conduit. Quant à Mamouka Lomidzé, autre type de baryton, on est immédiatement pris tant par sa présence dramatique que par la puissance de sa voix sonore et large, aux superbes couleurs : jalousie noire mais comique dans Falstaff, jalousement féroce dans le duo de Cavalleria rusticana avec Bénédicte Roussenq, il entre sans contexte dramatique de la scène, dans le désespoir vindicatif de Rigoletto avec une évidence tragique immédiate qui fait frémir, ce qui est un exploit dans le découpage alternatif d’un récital.
Photos :
1. Joana Malewski ;
2. Bénédicte Roussenq ;
3. Zheng Zhong Zhou
4. Mamouka Lomidzé;
5. Nino Pavlenichvili.
Au piano, la toujours excellente Nino Pavlenichvili, heureuse initiative, ne se contente pas d’accompagner attentivement les chanteurs, elle nous régale de l’intermezzo voluptueux et dramatique de Manon Lescaut mais aussi de celui de Cavalleria, moment de charme, de douceur, et de résignation qui s’installe avant le drame.
À l’entracte, le thé devient un rituel convivial et musical qu'on a plaisir à partager aussi.Photos :
1. Joana Malewski ;
2. Bénédicte Roussenq ;
3. Zheng Zhong Zhou
4. Mamouka Lomidzé;
5. Nino Pavlenichvili.
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