Comédie policière de Gilles Barba
Théâtre de Lenche, 25 février 2007
Éclats de Scène et le Théâtre de la Brante, en avouable et honorable association, amicale et non mafieuse, présentaient en co-production cette « comédie policière » de Gilles Barba, mise en scène par Frédéric Flahaut, située en Sicile, mais bien ancrée dans la réalité et les racines italiennes de Marseille et sur la scène intime mais profonde du théâtre de Lenche.
Un commissaire de police sicilien donne rendez-vous à divers personnages, liés par le sang, la parenté et sans doute le meurtre, dans un théâtre de Palerme, ici la scène du Lenche, première mise en abîme, entre la capitale phocéenne et la capitale sicilienne, théâtre dans le théâtre. Les citations de Molière, les Fourberies de Scapin, sont déjà matière à rappeler les liens du dramaturge français avec la commedia dell’arte, à tisser ce réseau, culturel et délictueux, ouvert et ombreux, entre les habitants d’ici et de là-bas, avec le facteur commun de la pieuvre, de la pègre, qui n’a pas de patrie, partout chez elle. Et le charme d’un théâtre de tréteaux d'hier et d'aujourd'hui.
Au détour de l’enquête, pleine de rebondissements, de surprises bien agencées, bien amenées, les masques de la comédie tombent, sous les paroles anodines, les personnages dévoilent les personnes, les replis cachés inavouables des personnalités. L’astuce théâtrale, avec une belle économie de moyens, fait endosser aux divers acteurs d’un drame, un crime, cœur de l’enquête, les vêtements symboliques des protagonistes morts : travestissements, jeux de rôles assumés, à tour justement de rôle, par les comédiens amenés à être plusieurs en un, psychodrame littéral, le déguisement faisant advenir la vérité. Beaucoup d’habileté et de dextérité dans ce jeu de miroirs du texte auquel répond ingénieusement la mise en scène.
Sous le jeu perpétuel, sous les multiples reflets, parfois des réflexions, historiques ou politiques (fascisme, mafia, argent sale émigration, racisme) rarement innocentes, malgré des facilités, mais toujours traitées légèrement, en passant, au détour d’une phrase, avec une connaissance subtile d’un certain Marseille et de l’Italie, avec l’accent parfait des supposés italiens (Barba lui-même, remarquable). Les costumes sont sobrement stylisés à l’élégance italienne de convention, sportif pour le footballeur, voyants pour le ou la trans. Les clins d’œil aux romans policiers sont nombreux et plaisants, dont la rituelle confrontation presque mondaine de tous les suspects réunis en huis-clos avant la révélation finale de l’inattendu coupable et coup de théâtre de la fin.
On regrette l’absence d’une distribution détaillée dans le programme pour savoir qui est qui mais, à des titres divers, tout le monde est digne d’éloges.
25 février 2007
Photo Éclats de Scène : G. Barba
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