samedi, mai 06, 2017

EUROPE UNIE : 72 ANS DE PAIX


DEPUIS LE 8 MAI 1945, L’EUROPE UNIE N’A PLUS CONNU LA GUERRE, 72 ANS DE PAIX, UNIQUE DANS SON HISTOIRE DEPUIS LA « PAX ROMANA » DU Ier AU IIe siècle DE NOTRE ÈRE

MAUDITE GUERRE
Enregistrement 24/4/2017, passage, 8-13/(/17

RADIO DIALOGUE RCF

(Marseille : 89.9 FM, Aubagne ; Aix-Étang de Berre : 101.9)

« LE BLOG-NOTE DE BENITO » N° 271

lundi : 12h15 et 18h15 ; samedi : 17h30

Semaine 19


Le 8 mai est une date, un anniversaire que nous pouvons à juste titre célébrer, commémorer, fêter. Il s’agit de la fin de la Seconde guerre mondiale en 1945 par la capitulation de l’Allemagne nazie. Depuis cette date, donc, depuis 72 ans, l’Europe unie, l’Europe sans frontières n’a plus connu la guerre pour la première fois de son histoire et cela depuis ce qu’on a appelé la Pax romana, la « paix romaine », expression par laquelle on désigne la longue période de paix qui va du I er siècle au II e siècle de notre ère, imposée par l'Empire romain à l’intérieur de ses immenses frontières, et qui permit sa prospérité, son apogée, le plus haut degré de sa civilisation dont nous avons hérité, et dont tant de témoignages grandioses font la richesse architecturale de notre région. Depuis cette époque, depuis près de deux millénaires, l’Europe n’avait connu que les guerres, pratiquement continues. À l’échelle de l’Histoire, souvenez-vous, c’est à peine hier :  21 ans séparent à peine la Première Guerre mondiale et la Seconde. Des guerres qui ont rivalisé d’horreur.  

C’est ce que nous rappellent, du moins pour la première, les Éditions Hortus dans leur long et patient travail de mémoire à travers la musique. Leur l’immense collection, Les Musiciens et la Grande Guerre, labellisée par la Mission du Centenaire, commencée en 2014 et devant se poursuivre jusqu’en 2018, centenaire de l’Armistice, en est à sa vingt-troisième livraison avec deux albums, deux CD dont l’avant-dernier volume, est bien justement nommé Maudite guerre. Par Fionnuala McCarthy (soprano), Klaus Häger (baryton) accompagnés par Karola Theill (piano), c’est un beau et émouvant recueil d’œuvres des Italiens Puccini, Leoncavallo, des Allemands Paul Hindemith, Richard Strauss,  des Autrichiens Anton Webern, Erich Wolfgang Korngold, Franz Lehár,  de l’Américain Charles Ives pour les plus célèbres, mais on y trouve aussi des compositeurs moins connus, mal connus ou inconnus chez nous comme, les Allemands Hans Pfitzner, Hanns Eisler, l’Anglais Charles Hubert Parry, le Croate Felix Weingartner, le Tchèque Josef Bohuslav Foerster. Dans ce florilège dramatique, un seul Français, Jean de Lize, mort en 1965, mais dont on ignore la date de naissance. Nous écoutons, chanté par le baryon allemand Klaus Häger, sa mélodie, inédite jusqu’ici, sur un texte d’Emmanuel Ducros, Guerres maudites par les mères :

1) DISQUE I : PLAGE 12 

À part ce texte français et celui mis en musique par Leoncavallo, le poème italien de Puccini, les textes anglais de Charles Ives et l’hymne aux aviateurs de Perry, tous les autres poèmes mis en musique sont allemands. On nous dit, dans l’introduction au CD que, dans celle d’une anthologie sur l’époque « qu’un million et demi de poèmes de guerre allemands furent produits rien qu’en août 1914, donc à raison de cinquante mille par jour en moyenne. »
Cela donne l’échelle horrible de la boucherie qui envoyait à la mort des hommes capables de traduire, dans la délicatesse même maladroite de la poésie souvent spontanée, leurs émotions, pour certaines belliqueuses, bien sûr, guerrières, héroïques, dans l’exaltation du combat, du sentiment patriotique, mais aussi leurs sentiments tendres, désemparés, désespérés devant la réalité atroce de la guerre confrontée au souvenir du foyer, de la famille,  de la femme aimée, le rêve de paix, de bonheur, de désir humain de vivre. On regrette d’autant plus qu’aucun de ces poèmes, parfois longs, ne soient traduits en français. Certes, la musique, dans laquelle les musiciens traduisent leurs sentiments de cette guerre, de toute guerre finalement, et la belle et expressive interprétation des deux chanteurs, sans compter l’engagement de leur partenaire au piano, en transmet la charge émotionnelle, à laquelle il est difficile d’échapper : non, on ne peut écouter d’un cœur sec et l’oreille fermée à l’émotion ces mélodies qui délivrent aussi des images terribles. Oui, maudite guerre.
Nous écoutons la délicate soprano irlandaise Fionnuala McCarthy, chanter la terrible question posée par le texte mis en musique par Puccini : Morire?, ‘Mourir ?’, qui appelle aussi une autre interrogation : « Qui sait ce qu’est la vie?», ses rêves d’amour, d’espérance, sa fragilité merveilleuse :

2 ) DISQUE II : PLAGE 5 


Le second CD de la livraison, le Volume XXIII a pour titre Dans les services de santé : le piano mobilisé. Il nous offre, à travers le choix du pianiste Amaury Breyne qui les interprète, on ne saurait dire si la vision ou l’évasion de la guerre par six grands musiciens français, six compositeurs mobilisés dans les Services de santé. Bien sûr, on se souvient, nous en avions parlé à l’occasion d’un autre disque de la collection Hortus, le fameux Concerto pour la main gauche pour un grand pianiste mutilé écrit par Maurice Ravel, ambulancier faute de pouvoir être au front comme il le désirait. Il est en compagnie, dans le disque, d’autres engagés volontaires comme Albert Roussel, ou Jacques Ibert, infirmier anesthésiste, des aides-soignants de l’arrière Jean Huré et Déodat de Séverac, réformés pour maladie comme Jean Roger-Ducasse ou en raison de leur âge comme Charles Koechlin . La préface du disque de Philippe Saulnier d’Anchald témoigne de leur engagement lors du conflit. Deux des œuvres ici présentées sont encore inédites, telles la Sonate pour piano N° 2 de Jean Huré ou la Petite berceuse du brancardier Jacques de la Presle sur laquelle nous nous quittons, un rêve de douceur, de vie, vision et évasion de la guerre, d’un homme au cœur de l’enfer de Verdun :

3) DISQUE II PLAGE 3 : FIN ET FOND

Deux CD label Hortus :
1. Les musiciens dans la Grande Guerre (vol. XXII) Maudite guerre, Fionnuala McCarthy (soprano), Klaus Häger (baryton), Karola Theill (piano), œuvres de Puccini, Lehar, Strauss, Webern, Ives, Leoncavallo, Korngold, etc.,;
1. Franz Schreker, Das feurige Männlein
2. Charles Ives, In Flanders Fields
3. Josef Bohuslav FoersterNacht im Felde
4. Franz Lehár, Fieber. Tondichtung
5. Giacomo PucciniMorire ?
6-7. Anton WebernDer Tag ist vergangen ; Schien mir’s, als sah ich die Sonne
8. Hans PfitznerTrauerstille
9. Charles Hubert ParryA Hymn for Aviators
10. Ruggero LeoncavalloLa Victoire est à nous
11. Franz Lehár, Ich hab ein Hüglein in Polenland
12. Jean de LizeGuerres maudites par les mères
13. Erich Wolfgang KorngoldDas Heldengrab am Pruth
14-15. Hanns EislerDer müde Soldat ; Die rote und die weiße Rose
16. Paul Hindemith, Schlagt! Schlagt! Trommeln!
17. Felix Weingartner, Freiheitsgesang
18. Richard Strauss, Lied der Frauen

2.  Volume XXIII Dans les services de santé : le piano mobilisé.
Ibert, Roger-Ducasse, de la Presle, Huré,  Roussel, Ravel, de Séverac, Koechlin .

Jacques Ibert (1890-1962) - Le vent dans les ruines
Jean Roger-Ducasse (1873-1954) - Variations sur un choral
Jacques de la Presle (1888-1969) - Petite berceuse
Jean Huré (1877-1930) - Sonate pour piano No. 2
Albert Roussel (1869-1937) - Doute 
Maurice Ravel (1875-1937) - Prélude
Déodat de Séverac (1872-1924) - Les naïades et le faune indiscret
Charles Koechlin (1867-1950) - Troisième sonatine op. 59


On saluera l’élégance sobre de la collection, ce gris qui met en valeur les illustrations de couverture, de vrais documents d’époque émouvants, photos ou carte postale naïve et pathétique.






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