lundi, octobre 30, 2006

EN FRANÇAIS DANS LE TEXTE

De mon temps, les intellos, nous riions du zèle linguistique anglicisant de ces présentateurs de télé prononçant nos chères vieilles locutions latines bien de chez nous avec l’accent américain. Ainsi, on entendait que la conférence avait été « ajournée saïne daïe » (sine die) ou que venait de sortir sur les écrans le dernier grand péplum tiré de l’historien latin "Taïte Laïve" (Tite Live). Ou bien la fin de la construction d'un grand "pipe laïne" pour amener le pétrole jusqu'à la raffinerie.
Je souris aujourd’hui de ces vêtements de sport Naïke , alors que ces Nike arborent encore l’aile de la victoire stylisée de la déesse grecque Athéna Niké (‘Athéna la Victorieuse’) qui donna son nom à la ville de Nice, pardon, Naïce, comme on ne dit pas sur la Promenade des Anglais. Ou bien ces enfants baptisés Jéson, non pour le Jason cher aux Argonautes mais à cause des feuilletons d’outre-Atlantique.
Justement, les feuilletons américains ou les films en V. O., intéressants par le bain linguistique qu’ils offrent le sont à un autre titre par les sous-titres en soi-disant français. Ainsi un homme se définit : «I’m bachelor » (‘Je suis célibataire’), traduction : « Je suis single » . « Great ! », s’exclame la fille, pleine d’espoir : traduction : « Cool ! ». Elle déchante vite et reproche doucement : « You’re too horny » (‘T’es trop chaud, pressant, tu vas trop vite’) et l’on voit traduit : « T’es trop hot ». Enfin, elle murmure tendrement rougissante : « You, a freak !» (‘Quel phénomène, quel monstre’, ‘vilain bonhomme’) et l’on découvre : « T’es stone ! »

Bref, il faudra bientôt mettre des sous-titres aux sous-titres si la traduction d’une langue étrangère devient aussi étrange.
Scène de Mac Do ou de Quic je veux dire, Couic, non, "Quick" :

« Je voudrais une tarte aux pommes.
- On a pas, répond la craquante serveuse.
- Là , dis-je en montrant la tartelette sur l’affiche.
- Ah, mais c’est pas une tarte aux pommes, ça,!, c’est une appeul pie. »

Prononcer en français.

Paru dans LE RAVI, octobre 2006

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