samedi, février 02, 2019

MUSIQUE DES SAISONS


Enregistrement 24/1/19, Culture en Provence

RADIO DIALOGUE RCF

(Marseille : 89.9 FM, Aubagne ; Aix-Étang de Berre : 101.9)

N° 356, semaine 4

DISQUES

         Voici un disque sorti l’an dernier, encore si proche, en novembre, mais de tout temps, bon ou mauvais : son sujet musical est, justement, les saisons Si fidèlement voué au baroque, le label Ambronay, dans sa « Collection jeunes ensembles » effet, a publié ce CD Les Saisons, par l’ensemble Prisma.  

 L’époque baroque, si sensible au passage du temps, s’est passionnée, en peinture et en musique, aux saisons. En lettres, aussi, le jésuite Baltasar Gracián divise son Criticon, que Schopenhauer considérait le plus grand roman allégorique de toute la littérature, en quatre parties quatre saisons de la vie humaine. En musique, bien sûr, on n’échappe pas aux quatre Saisons de Vivaldi, et les mélomanes plus érudits connaissent celles de Haydn, classiques, et celles de Tchaïkovski, post-romantiques.
L’originalité de ce disque est d’avoir associé des musiciens plus rares de l’immense constellation baroque du XVIIe siècle, les plus connus des spécialistes étant Falconieri et Merula. Les morceaux choisis ne se réfèrent pas explicitement aux saisons, cependant, leur atmosphère, leurs échos, sont comme une sonore évocation implicite de ces moments de l’année qui scandent certes notre vie, mais aussi nos humeurs, nos affects.
Chacune des quatre Saisons de cette année musicale est introduite par un court prélude écrit par les interprètes eux-mêmes comme une improvisation sur un instrument particulier dont le timbre suggère un état de la nature au fil de l'année. De plus, chaque saison est personnifiée par un vent dominant, les quatre vents mythiques, fils d’Aurore et d’Astréos : Zéphyre, suave brise du printemps, Notos des orages d’été, Euros des tempêtes d’automne et enfin le glacial Borée de l’hiver, le mistral, le vent maître en somme.
Le printemps, personnifié par Zéphyre, est naturellement porteur de chants d’oiseaux et c’est la douce langueur fleurie de vocalises virtuoses de la flûte à bec qui l’introduit, introduisant à son tour un morceau de Palestrina. Écoutons un extrait qui chevauche ainsi les plages 1 et 2 :
1) PLAGE I ET 2
L’été, c’est Notos mais, avant qu’il ne déploie son ardeur en brusques changements de tempo au violon dans une pièce de Marco  Ucellini, l’introduction improvisée me semble plutôt une belle sieste interrompue par l’intempestive intrusion d’un moustique, plaf, écrasé!, mais en voici un autre et sans doute une escadrille de mouches :
2) PLAGE 6
La vie, la nature, donc vitalement, naturellement, déroule le cycle humain inévitable des saisons de notre vie : enfance et jeunesse du printemps, plénitude solaire de l’été  et, avant la fin de l’hiver qui glace notre sang et notre existence, il y a la maturité déjà mélancolique de l’automne, tout ancré, inscrit dans notre corps et nos humeurs. Et c’est Le vent d’automne, Euros, personnifié par une superbe improvisation au luth sur les inévitables Feuilles mortes de Kosma qui introduira insensiblement un morceau de Tarquinio Merulla. Nous écoutons cette belle introduction :
3) PLAGE 14 
Borée, enfin le vent final, introduit une improvisation à la viole de gambe, effets chromatiques, de silences, incertitudes de la vie sur son dernier parcours, l’hiver, ses frissons et frimas, grincements de dents ou de porte de la vie qui se referme. Écoutons le prélude qui introduit une pièce de Biagio Marini :

4) PLAGE 16

 Le cycle des saisons se conclut par des variations sur l’air de la Mantovana, d’Uccellini et Marini, bouclant la boucle du cercle et cycle des saisons sans fin, annonçant le retour du printemps. Et nous y revenons bien vite avec ce savoureux duo de la poule et du coucou de Marco Uccellini, sur lequel nous nous quittons :

5) PLAGE 4

CD raffiné et séduisant du label Ambronay, « Collection jeunes ensembles »  Les Saisons, par l’ensemble Prisma.  


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