jeudi, juillet 02, 2009

FESTIVAL DE MARSEILLE (1)

14 e FESTIVAL DE MARSEILLE

Péripéties mouvementées : dramatiquement restés à quai sans travail ni salaire, les grévistes de la réparation navale marseillaise liquidée, avaient brutalement interdit la fête festivalière au Hangar 15 du Port où le 14 e Festival de Marseille semblait, respectueusement, avoir jeté l’ancre depuis l’an dernier. Un énergique redressement in extremis de la directrice Apolline Quintrand et de son équipe a permis malgré tout la tenue du Festival de danse et des arts multiples de Marseille dans divers lieux d’hébergement solidaire en et hors ville. On donnera des points forts de cette encore superbe manifestation du 17 juin au 11 juillet 2009.

BRUT, BRUTAL, BRUTALITÉ

NieuwZwart

de Wim Vandekeybus-Ultima vez

Vendredi 19 juin

Dans le noir indistinct et silencieux, de vagues éclats stellaires, de confus froissements de feuilles d’automne, des frottements flous, des feulements feutrés et l’on commence à distinguer des corps nus foulant une vague vaguement argentée, comme nés de l’onde. L’on découvrira, vague lumière revenue, cette onde immense de papier argenté puis doré, enveloppe peut-être isotherme de corps en danger ou morts, ou linceul ou drapé somptueux qui les magnifie. Tout semble indistinct, ténébreux, même le propos, troué cependant de fulgurances brèves de débris de lumière et de beauté. Un aussi vague d’abord voyeur ou témoin contemple la scène d’abord du bord du plateau, puis pénètrera l’action au milieu des gémissements, des cris des danseurs et d’une musique vivante, lancinante et tonitruante, et il déclamera magnifiquement en anglais un poème fluvial incompréhensible dans sa totalité (malgré un texte distribué trop tardivement à l’entrée), acteur et acrobate parcourant vertigineusement cintres et se posant de champ sur arêtes de murs praticables comme singulier corps en corde raide et équilibre instable au-dessus de la confuse mêlée des corps en chaos d’en bas qui chutent, se buttent, se battent, se frappent, se tapent, se choquent, s’entrechoquent dans le vacarme hystérique d'un rock éclectique de guitares électriques, éclairs et tonnerres de décibels assourdissants scandés par une batterie percutante et fracassante.
Héritier de la danse de contact américaine des années 60, le chorégraphe semble en faire plutôt du full contact agressif et, sinon un art, une danse martiale, de combat ou la beauté brute le cède à la brutalité aveugle, mais sauvée par les aveuglantes et somptueuses images, telle cette folle torche, torsade, tournoyante, tourbillon étincelant et doré, ou cette houle que foule la foule, tapis, lave, magmas volcanique ou bel effet de mer qui se retire laissant le grouillement vermiculaire et convulsif de corps abandonnés sur une plage de fin de monde. Choc et électrochoc, visuel et auditif, qui pèche par excès d’excès, et de longueur mais langueur d’une narration confuse.

Photo: © Pieter-Jan De Pue.

NieuwZwart, de Wim Vandekeybus, Compagnie Última vez. Musique originale de Mauro Pawlowski. Festival de Marseille, Théâtre du Merlan, avenue Raimu, Marseille 18, 19 et 20 juin 2009.


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