lundi, novembre 06, 2017

DÉPASSER LA GUERRE PAR LA FRATERNITÉ…


Enregistrement 25/9/2017, passage, semaine du 20/10

RADIO DIALOGUE RCF (Marseille : 89.9 FM, Aubagne ; Aix-Étang de Berre : 101.9)

« LE BLOG-NOTE DE BENITO » N° 289

lundi : 12h15 et 18h15 ; samedi : 17h30

Semaine 45
Alexandre Kastalsky (1856-1926)
Commémoration fraternelle, CD Hortus

Avec la commémoration de la première guerre mondiale de 14/18, en 2014, les Éditions Hortus avaient commencé une vaste fresque, une immense collection discographique dédiée à l’événement à travers la musique : Les Musiciens et la Grande Guerre. Réalisée sur cinq ans, cette collection  qui ira jusqu’en fin 2018, centième anniversaire de l’Armistice du 11 novembre 1918, aura offert plus d’une trentaine d’heures de musique. Cette collection grandiose pose ces questions que nous rappelons :
« Que savons-nous réellement de la création entre 1914 et 1918 ? Que connaissons-nous du répertoire dont les auteurs tombés au combat n’ont pas eu le temps d’asseoir leur notoriété ? Comment se placent les œuvres de ceux aujourd’hui considérés comme des maîtres dans l’ensemble de cette production ? Quelle a été l’emprise du conflit sur l’inspiration des compositeurs ? Quel était le contexte musical avant cette grande tourmente ? Qu’en est-il des hommages musicaux écrits dans l’immédiat après-guerre ?
C’est à ces nombreuses questions que la collection Les Musiciens et la Grande Guerre tente donc d’apporter une réponse.
      Au-delà d’un intérêt musical ou historique, cette collection a pour ambition de constituer une base patrimoniale cohérente offrant un panorama de la création musicale des nations impliquées dans le conflit. Sinon vrai travail de recherche au sens scientifique, universitaire, du terme, cette foisonnante somme de documents musicaux qui sont ici rassemblés, répertoriés, pourrait justement le susciter, inspirer des études musicales et sociologiques, qui pourraient trouver leur place complémentaire précieuse dans l’Histoire de cet affreux conflit mondial par le biais culturel négligé de la musique, la part sans doute la plus humaine dans l’inhumanité de « Grande » Guerre, ainsi  qu’on l’appelle, mais nous corrigerons : "grande" sans doute par le désastre qu’elle fut pour tous les belligérants.
La dernière livraison, c’est déjà le volume XXIV. Les précédents CD avaient offert un vaste panorama de musiques des nations impliquées dans le conflit, Allemands, Américains, Anglais, Australiens, Belges, Français, Italiens, etc, des compositeurs reconnus aux plus confidentiels. Les Russes manquaient à l’appel, dont la participation à la guerre cessa en 1917 à cause de leur Révolution d’octobre, dont on célèbre le centenaire, et sans doute plus à l'extérieur que dans la Russie même qui la vit naître…. Cette Commémoration fraternelle d'Alexander Kastalski, comble donc une lacune. C’est une messe des morts, un requiem  « pour les alliés victimes de la Première Guerre mondiale », frères, hélas, dans la mort. La musique mêle fraternellement, œcuméniquement, des motifs de musiques liturgiques catholiques, orthodoxes, anglicans. Nous écoutons un extrait du début, « Requiem æternam » par le Chœur Kastalsky sous la  direction  d’Alexeï Roudnevsky, avec une émouvante sonnerie de carillons qui semble trouer la densité du silence par leurs lentes notes telles des larmes :

1) PLAGE 1

Né en 1856 à Moscou, Alexandre Kastalski est un des plus importants compositeurs liturgiques de Russie. Étudiant au Conservatoire de Moscou, notamment avec Tchaïvovski comme professeur, il fut sensible au mouvement russophile, versé dans la tradition nationale, qui s’opposait au courant occidentaliste de Saint-Petersbourg (depuis Pierre Ier qui fonda la ville), d’où son intérêt pour les musiques populaires et anciennes. Son requiem, qui rendait hommage à toutes les victimes, fut interprété justement en 1917, au fameux théâtre Marinski de Saint-Petersbourg devenue Petrograd  durant la guerre afin d'en effacer la consonance, la désinence germanique, puis Leningrad avec la Révolution bolchévique, à laquelle il adhéra. Il anima des orchestres et chœurs ouvriers pour lesquels il écrivit des chansons, avant d'occuper des postes académiques jusqu'à sa mort en 1926.
Le numéro quatre de cette messe des morts dont le compositeur russe suit fidèlement le modèle, c’est le Ingemisco latin, ‘je gémis,’ mais qui a une brève glose en anglais : Guilty now I pour my moaning, ‘Coupable, je verse maintenant mes gémissements’. Kastalsky honore ici la religion anglicane, brodant sur un hymne d’un musicien anglais dont il donne honnêtement le nom. C’est un passage lyrique dévolu à une soprano, dont la voix se déploie de façon aérienne sur le souffle de l'orgue. C’est ici Ekaterina Yassinskaia, et l’organiste, une femme, Lioubov Chichkhanova :

   2) PLAGE 4
 Cette œuvre monumentale, a été enregistrée en public, par le chœur d'hommes de Moscou « Kastalsky », mais aussi, en renfort, le Figuralchor de Cologne, le chœur de la cathédrale de Graz. Ekaterina Yassinskaia (soprano), Lioubov Chichkhanova (orgue de la Philharmonie de Moscou), Vladimir Degtiarev, assurant la direction.
        Ce CD comprend aussi trois œuvres de trois compositeurs impliqués dans le conflit, un Allemand, Hans Fährmann (1860-1940), Klage, no 1, opus 60, une sombre lamentation du début de la guerre, la Marche héroïque de l’Anglais, Alfred Herbert Brewer (1865-1928) et, enfin, la Canzona du Français René Vierne (1878-1918), dont le frère fut décapité par un obus. Les pièces pour orgues sont exécutées par Sylvain Heili sur l’orgue de la collégiale Saint. Pierre de Douai.
        Nous nous quittons, cependant sur le beau « Lacrymosa » du requiem d’Alexandre Kastalski :

3) PLAGE 6 : FIN ET FOND

Les musiciens dans la Grande Guerre (vol. XXIV) : « Commémoration fraternelle », requiem d’Alexandre Kastalski, Klage d’Hans Fährmann, ,  Canzona de René Vierne,  Marche héroïque d’Alfred Herbert Brewer,  CD Hortus. 

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