Anke Doberauer – HOMMES « Nous étions accoutumés à ce que les peintres et les sculpteurs soient attirés par le corps de la femme. Le renversement de cette situation était difficilement imaginable, avant tout parce qu'il n'a jamais eu lieu dans l’histoire de la peinture (…) Imaginons que les tableaux d'Anke Doberauer soient l'œuvre d'un homme. Le regard homosexuel serait en quelque sorte manifesté au grand jour. Moi, qui n’ai jamais établi de différence entre un artiste masculin et un artiste féminin, puisqu'il ne s'agit que d'art, je suis confronté ici à un conflit extrêmement productif (…) Ce renversement de situation que suscite Anke Doberauer est un défi à la catégorie ‘hommes’ et n’est pas dénué de conséquences. L’observateur masculin se sent mis à nu. Si l’auteur du tableau était un homme, cet observateur pourrait garder ses distances par rapport à l’artiste ou à son désir. Etant donné que l’artiste est une femme, il doit d’abord accepter fondamentalement son désir comme étant celui d’une femme, transposé dans une œuvre artistique. » Jean-Christophe Ammann, 1995 Anke Doberauer, connue du public marseillais surtout pour ses panoramiques en grand format, s’était fait une réputation artistique internationale dans les années 1990 en peignant des hommes à l’échelle un, inversant ainsi le couple historique artiste-homme/modèle-femme. Ses tableaux ont été présentés dans des institutions comme les Kunsthalle de Düsseldorf ou Breme, Castello di Rivara (Turin), FRAC Languedoc-Roussillon (Montpellier), MAC et MuCEM (Marseille), IVAM (Valencia) ou encore le MMK (Francfort), musée qui possède un ensemble important de son travail —dont Leo de 1995, exposé au MuCEM lors de son ouverture en 2013. La couleur joue un rôle primordial dans l’œuvre de l’artiste, d’autant plus surprenant que les premiers croquis préparatoires se limitaient au noir et blanc. Il s’agit là d’une série de gravures en aquatinte de 1986, à l’échelle 1:10 des tableaux, ayant servi de modèle à sa toute première série d’hommes. Les gravures ne furent éditées qu’en 2013, et l’artiste a complété l’ensemble par une nouvelle série du même format et sujet. Ce sont ces œuvres intimes, d’une maîtrise technique étonnante et très variée, que l’Espace GT est heureux de pouvoir présenter pour la rentrée 2017.
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