mardi, décembre 22, 2015

UN SWING ENSORCELANT

 
Enregistrement 07/12/2015, passage, semaine du 14/12/ 2015
RADIO DIALOGUE RCF (Marseille : 89.9 FM, Aubagne ; Aix-Étang de Berre : 101.9)
« LE BLOG-NOTE DE BENITO » N° 205
Lundi, 12h15, 18h15, samedi à 11h45

L'émission, avec les extraits musicaux peut être podcastée sur

RCF.fr


Les Swing Cockt’Elles

     Joli cadeau pour les fêtes, le disque Amour, swing et beauté. Elles s’appellent les Swing Cockt’Elles. Cocktail signifie en anglais ‘queue’, (tail) de cock (‘coq’), ‘queue de coq’. Mais ce dernier terme,  cock , signifie aussi en langage familier et malicieux, la 'queue', bref, pour ne pas la faire longue, le sexe du mâle, et par apocope, c’est-à-dire, le retranchement d'une lettre ou d'une syllabe à la fin d'un mot, la coupure, l’ablation, de ce tail, de cette queue de coq, et n’y voyons pas malice, ni gauloiserie de coq gaulois, le tail de cocktail est coupé, tombé —on espère glorieusement— et il a été remplacé ici par Elles, le triomphant pronom féminin pluriel et majuscule après une apostrophe : donc, d’un coup d’aile, les Elles et non les Ils, ont pris leur envol et le pouvoir : et voilà nos Swing Cockt’Elles. Sous ce titre, sous ce nom, non un banal cocktail, mais Cockt’Elles, qui garde de son origine buvable, quelque peu alcoolisée, quelque chose de grisant, de capiteux, qui monte à la tête, se cache, ou plutôt, s’arbore un trio vocal féminin, Annabelle Sodi-Thibault, soprano, Ewa Adamusinska-Vouland, alto, Marion Rybaka, soprano.
    Mais, cette trinité féminine chantante, comme les Trois mousquetaires, sont quatre, car il faut compter aussi la pianiste, qui fait chorus avec les copines. Et que dis-je quatre ? Si l’on lit entre les lignes minuscules du livret, on découvre pas une mais deux pianistes : Agathe Di Piro, pour le meilleur, et, pas pour le pire, mais pour le très bon aussi, Estelle Sodi, encore au piano pour la plage 15 et encore, n'en jetez plus, la coupe (du cocktail) est pleine ! Monique Borrelli, soprano colorature pour cette même plage 15 qui est le titre même du CD. Dont nous écoutons un extrait , Amour, Swing et Beauté.
    La chanson est signée d’Annabelle Sodi-Thibault, qui a aussi composé la quatorzième, par ailleurs fondatrice en 2012 du groupe des quatre, trio et pianiste. Et l’on aura remarqué la soudaine irruption de la terrible Reine de la Nuit de Mozart dans la chanson swingante. C’est la griffe, agréable et non agressive, de ce disque, qui mêle allègrement, la belle fantaisie au classique. Car ces dames sont toutes de parfaites musiciennes disons classiques, diplômées de conservatoires nationaux et internationaux. Et on a pu les voir, les écouter dans des opérettes sur nos scènes locales.
    Mais récapitulons. Ainsi, trois femmes, non, six pour ce disque avec les sus mentionnées, ont pris le pouvoir? Mais non, on découvre aussi, dans les plis et replis des plages, des plages sablonneuses dirait-on, dans la chanson Mr. Sandman, pas marchand de sable du dodo, plage 5, deux modestes interventions, masculines tout de même, deux Nicolas, Nicolas Thibault et Nicolas Vouland. Ouf, l’honneur viril est sauf. Mais comme nous ne sommes ni  machistes, ni sexistes dans un sens ou l’autre, nous saluons ce premier album des Swing Cockt’Elles en écoutant un autre court extrait de la plage 2.
   On reconnaît, introduit par une fugue de Bach, le tendre Summertime de Gerschwin, la berceuse de son opéra Porgy and Bess. Car ce CD joue harmonieusement du passage, sans rupture de ton, avec une fantaisie respectueuse et pleine d’humour, de citations classiques, amoureusement traitées, à des chansons d’amour. On trouve de la sorte des airs de Brassens, Glen Miller, de grands compositeurs de comédies américaines tel Richard Sherman, etc, mêlés dans un pétillant cocktail, à des thèmes de Bach, Bizet, Chopin, Rachmaninov et Villalobos. Justement, on va goûter comment,  en grande finesse harmonique et tonale, nos Swing Cockt’Elles tissent le grand compositeur brésilien Heitor Villalobos, qui dédie ses Bachianas pour violoncelle à Bach, passant insensiblement de la fameuse Bachiana N° 5 pour soprano à la non moins célèbre Manhá de Carnaval de Luiz Bonfã et Antônio Maria, tirée du film Orfeo negro, Palme d’Or 1959 du Festival de Cannes. C'est la plage 8.
    Le répertoire très éclectique, mais non hétéroclite, de nos Swing Cockt’Elles, on en a eu un trop petit aperçu, compte des titres aussi variés que des standards de jazz des riches années 30 et de swing des années 50 et au-delà, des musiques de films, des chansons françaises revisitée, ou encore ces jolies compositions écrites et arrangées également pour trois voix et piano par Annabelle Sodi-Thibault. C’est blagueur, rieur, mais aussi poétique et toujours profondément musical.
    Il faut ajouter que le groupe, avec son éventail très large, et son talent de musiciennes également comédiennes, se produit sur scène et propose une formule classique de concert spectacle d’une durée variable, adaptable selon les besoins, les lieux, les circonstances : apéritifs, vernissages, événements d’entreprises, concert pédagogique. Des textes introductifs, des thématiques au choix, des arrangements sur mesure personnalisent chaque représentation en fonction des souhaits des organisateurs du concert. D’ailleurs, la pochette et le livret du disque offrent un hilarant panorama des facéties burlesques visuelles de nos bien chantantes Swing Cockt’Elles dont nous quittons à regret leur Amour, swing et beauté par le fameux Tico tico ensorcelant de Zequinha de Abreu qui date de 1917, mais jamais démodé, de la plage 7.


On peut retrouver les Swing Cockt’Elles sur leur site :
www.swing-cocktelles.com et Facebook.
Et voici leur  délicieux cadeau de Noël : Medley de Noël
 https://www.youtube.com/watch?v=B2gutAvw5k8

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