dimanche, novembre 15, 2009

Concours international d'Opéra de Marseille



XI è  CONCOURS INTERNATIONAL D’OPÉRA DE MARSEILLE


La tradition lyrique de Marseille remonte à avril 1685 et ce goût pour l’opéra ne s’est jamais démenti, la ferveur du public, qu’il exalte ou exècre, en témoigne. Fort d’une expérience non seulement de fidèles lyricomanes assidus mais d’organisateurs de clubs lyriques voyageurs, un dynamique petit groupe fonda une association pour un Concours international d’Opéra, qui se tient tous les deux ans, avec des jurys prestigieux. L’équipe fondatrice est aujourd’hui relayée par des membres efficaces du CNIPAL (Centre National d’Insertion Professionnelle d’Artistes Lyriques), le directeur artistique de l’Opéra de Marseille et d’autres personnalités bénévoles.

Aurore des voix asiatiques
Ce XI è Concours s’est déroulé du 10 au 16 octobre et réunissait145 candidats inscrits de 35 pays, pour 123 s’étant finalement présentés aux épreuves. Encore une fois, avec 45 participants, la Corée du Sud représentait une forte majorité, pour une seule présence italienne, preuve de la vitalité et qualité des études lyriques en ce pays même si nombre de ces candidats se sont déjà perfectionnés en Europe. Les candidatures chinois et japonaises ne manquaient pas : ces chanteurs asiatiques sont un modèle de travail et de maîtrise des langues et des styles musicaux d’une tradition culturelle venue d’ailleurs.





Le crépuscule des voix graves ?
Les candidats devaient pouvoir chanter dans trois langues vivantes au moins, dont le français obligatoirement, -ce qui n’est pas une mince épreuve en l’occurrence. On remarque l’éclipse des voix graves : 5 basses à peine et 19 barytons, 19 mezzo, dont aucune ne sera couronnée par le jury; le reste étant des soprani, 21 ténors,  d’où sortiront les vainqueurs. Aux deux extrêmes de la tessiture et des genres, ni alto féminin ni masculin. Seuls une mezzo (russe) et un baryton (tchèque) arriveront en finale, dignes d’un meilleur sort au palmarès.

Jurys et Prix



Il réunit, comme toujours, des personnalités notables de l’art lyrique, chanteurs ou directeurs d’Opéras. Ainsi, on avait le plaisir de retrouver la grande chanteuse hongroise Sylvia Sass, Gaëlle Le Gallic, productrice et animatrice bien connue de France-Musique, dont il ne faudrait pas oublier la carrière lyrique. Le ténor péruvien et désormais aussi agent artistique Ernesto Palacio côtoyait Christophe Capacci, conseiller artistique à l’Opéra-Comique de Paris, Jean-Louis Pichon, metteur en scène, ancien directeur de l’Opéra de Saint-Étienne, Vincenzo de Vivo, aux multiples casquettes, de consultant du Théâtre Felice de Gênes à la Fondation Pergolese/Sponini et Directeur artistique d’Eurobottega.
 Le Président était Rolando Villazón, qu’on ne présente pas, qui fit l’unanimité par sa gentillesse, son humour, son écoute (il reçut en particulier tous les candidats, heureux et malheureux, jusqu’à très tard dans la nuit après chaque épreuve), si bien qu’il a été proposé (et il a accepté) pour devenir Président permanent de ce Concours international, qui, après approbation de  son Assemblée générale (on doute qu’elle refuse ce glorieux parrainage), s’achemine donc pour devenir le Concours Rolando Villazón.
Un excellent jury des jeunes (le plus âge de 25 ans, le plus jeune 17) était recruté parmi des étudiants musiciens et chanteurs des Conservatoires. Par ailleurs, un Prix du public était décerné après un vote anonyme.
Les Premiers prix étaient récompensés par 7500, les Seconds, de 4000, les Troisièmes, de 2500 € ; le Prix du public était gratifié  de 1500 € offerts par Scotto Musique, le Prix des jeunes consistait en un séjour à Casablanca offert pr  l’Hôtel Beauveau et Air Maroc et, enfin, le CNIPAL accordait un stage de dix mois gratuit au récipiendaire.

Palmarès
Après des épreuves éliminatoires au piano (avec les excellents Nino Pavlenichvili, Nina Huari –de l’équipe du CNIPAL- et Jean-Marc Bouget), en présence du public très nombreux interdit d’applaudissements, la finale, avec l’Orchestre de l’Opéra de Marseille dirigé par  Dominique Trottein, était une frémissante soirée de gala, avec chaleureux applaudissements à ces  dix finalistes triés sur le volet.
 Dotée d’une puissante voix de soprano spinto, très souple et homogène, Jeehee Han (Corée du Sud) remporta le Premier Prix femmes à l’unanimité et le Prix du public. Sa compatriote, Yu Ree Jang, soprano plus légère, joliment vocalisante, belle silhouette et actrice consommée, remporta le Deuxième. Le Troisème, Clémence Fritier, soprano au beau timbre musical, remporta le Troisième et celui des jeunes, avec beaucoup de discussions côté public, peu convaincu par sa placidité scénique.
Pas de Premier prix pour les hommes… Mais deux Deuxième aequo, deux ténors coréens, Minseok Kim, expression poétique et émouvante sans effet, et Jaesig Lee au beau timbre raffiné. Franchement et aigrement discuté par le public, le Troisème revenait à  Kévin Amiel, tout jeune ténor  puissant de 20 ans, qui eut des problèmes d’intonation à son premier air et d’autres de liaison des registres au second. Sans doute défauts véniels pour cette toute jeune voix brute qui se polira sûrement avec le temps, mais pour qui un prix semblait bien prématuré. Alors qu’on regrettait, laissés sur la touche, la jolie soprano portugaise Edouarda Melo, musicienne et expressive et le généreux baryton tchèque Filip Bandzak.
Enfin, heureuse compensation, une candidate qui n’était pas arrivée en finale,  Caroline Cartens, soprano des Pays-Bas recevait le Prix du CNIPAL.
Il faut saluer l’exceptionnelle couverture médiatique de ce Concours, non seulement une heure et demie sur France-Musique, ais un feuilleton d’une semaine intitulé « Plus belle la voix », sur Antenne deux, à la fin journal de 13 heures.
Alors que Marseille se gargarise des proches feux de 2013 qui la verront Capitale culturelle européenne, ce joyau culturel local, le CNIPAL, nid d’illustres voix françaises qui honorent internationalement la France, faute de subventions suffisantes, semble vivre ses dernières heures locales pour renaître, peut-être, à Nice ou Bordeaux… rivales malheureuses de Marseille. Ainsi va (à vau-l’eau) la politique culturelle en France.


Photo: Les deux jurys.




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