mardi, avril 21, 2020

Journal musical d’un confinement (8)



Journal musical d’un confinement
(8)
Leçons d’un confinement
Nous savons tous, désormais, qu’il y a des effets positifs de notre confinement, non seulement parce qu’il freine la course du virus,  mais aussi bénéfiques sur notre environnement : moins de voitures et, du coup, un silence merveilleux sur nos cités, miraculeux pour le sommeil  et  pour le réveil quand on réentend les oiseaux ; moins de pollution, et l’air est plus respirable ; le ciel nocturne purifié laisse revoir des étoiles qu’on avait oubliées ; des animaux que, lentement, nous avons repoussés de leurs territoires, redécouvrent un espace, autrefois à eux, que nous avons usurpé,  et ils osent, timidement, libérés du bruit et de la brutalité humaine, s’y promener un peu ; on a vu des chevreuils, des sangliers, une mère canne sur la chaussée suivie de la file dandinante de ses cannetons. Dans nos calanques, on a revu des dauphins, et même des cachalots s’y ébattre, sans risquer les hélices meurtrières des bateaux ; épargnée par le rouleau compresseur des pneus, j’ai même vu éclore, entre les rides des pavés, le rire d’une fleur et j’en ai fait un poème.
Nous avons tous vu, comme si nous étions des témoins extérieurs, ces saisissantes images aériennes de nos villes désertes, vidées d’habitants : vidées de nous.
Que notre arrogance humaine tire au moins une leçon de cette pandémie qui pourrait exterminer les hommes : nous ne sommes pas nécessaires au monde, à la terre, à la nature. Sans nous, le soleil se lève toujours, les fleurs fleurissent, les arbres verdissent, les animaux revivent en paix. Privé d’hommes, le monde existe toujours, la nature revit. La nature n’a pas besoin de nous, c’est nous qui avons besoin d’elle. Retenons cela pour la préserver, et nous protéger.
Et puisque nous savons que le saccage des forêts de Malaisie, le non-respect des frontières entre les espèces vivantes, font naître ces virus nouveaux qui risquent de nous exterminer, pleurons sur la déforestation criminelle de l’Amazonie, poumon de la planète. J’eus le bonheur de l’arpenter un peu et d’y naviguer en pirogue avec un indien, évoquons ces contrées merveilleuses du Brésil en écoutant un extrait de cette Bachiana N°5, enregistrée en 1956 par Victoria de los Àngeles, accompagnée par huit violoncelles, sous la direction du compositeur lui-même, le Brésilen Heitor Villa-Lobos :


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