mardi, août 03, 2010

Récital Lyrique Dessay/Flórez


CONCERT LYRIQUE
Nathalie Dessay, Juan Diego Flórez
17 juillet, Chorégies d’orange
« Comme la plume au vent, partitions volent… » aurait-on pu chanter en parodiant le bis superbe donné par Juan Diego Flórez à l’issue de ce magnifique concert. Sous le ciel estival et festival de Provence, les artistes proposent et le vent dispose, indispose souvent
Orchestre philharmonique de Radio-France sur scène, la fosse était comble de sièges ajoutés, ambiance électrique en attente de grands moments lyriques de haut vol, de voltige. Au programme, des ouvertures, airs et duos de bel canto romantique tirés d’opéras de Bellini et de Donizetti : I Capuleti e i Montecchi, La Sonnambula, I Puritani, L’Elisir d’Amore, Don Pasquale, Lucia di Lammermoor et La fille du régiment. Jusque-là assez sage, le vent laissa juger, sous la baguette précise de Giovanni Antonini qui débutait à Orange, que l’ouverture des Capuleti est guillerette en diable pour un opéra belliqueux. Celle de Norma, au contraire, montrait que Bellini dépassait l’ouverture comme ouverture du théâtre et installation des spectateurs pour en faire enfin une entrée dans le drame, avec les motifs vocaux annoncés d’avance, comme celle, toute gracieuse de Don Pasquale.
Mais le chef, dans ces œuvres toutes de vocalité voltigeante, tout voué et dévoué à la voix de ces deux interprètes d’exceptions, sut les servir humblement, se contentant de faire un écrin souple aux joyaux et colliers de vocalises.
Natalie Dessay, toute pimpante, piquante, perchée sur de hauts talons fut aussitôt taquinée par le mistral, le vent maître qui tentait de lui imposer sa loi, faisant voltiger ses partitions : aux rafales de roulades s’opposaient celles du vent et la merveilleuse vocaliste faisait fantaisies des facéties du mistral, faisant jeu de tout, théâtre même de quelques problèmes, en grande artiste du chant et de la scène.
Juan Diego Flórez, pour ses débuts devant le mur d’Auguste,  offrait l’élégance d’une ligne de chant impeccable rappelant celle du grand Alfredo Kraus, une aisance admirable, une facilité étonnante dans les aigus (la série de contre-ut de la Fille du régiment !). Dans les duos, stimulés l’un par l’autre, les deux interprètes défièrent vent et nuées de poussière visibles sous les projecteurs et firent déferler les ondes d’ovations d’enthousiasme.


Photos Philippe Gromelle.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire